Désolé si cette question est dans la FAQ, je ne l'ai pas trouvée. Doit-
on faire la liaison avec les lettres de l'alphabet? Doit-on dire "l'e"
ou "le e"? Encore plus subtil: "l'h" ou "le h"? Merci de vos réponses
éclairées.
--
Genji, H224 7872
"Se venger, c'est être quittes - c'est courir le risque de se
réconcilier, c'est oublier l'injure. Ô combien je préfère oublier la
personne..." -- Sacha Guitry
Dans le B.U. (3e édition, 1946, N° 271), Grevisse écrivait :
<cit>
"Les noms des voyelles sont du masculin : *Un* a /majuscule/, *un* y /mal/
*fait*.
Quant aux noms des consonnes, dans la nouvelle appellation (§ 80, Rem.), ils
sont tous masculins."
<fin cit>
Pour l'élision, c'est moins simple (N° 105, Remarques, 3, b) :
<cit>
Devanr les lettres-voyelles et devant les lettres-consonnes /d, h , l, m, n,
r, s , x/ citées comme mot, le plus souvent l'élision n'a pas lieu : /a/
suivi *de* /i/ (...).
Mais devant ces mêmes lettres-voyelles ou lettres-consonnes désignées par
leurs noms et non plus citées comme mots, l'élision a lieu : *l'* /e
ouvert/, * l'* /s sonore/, /beaucoup *d'* a et *d'* m/.
<fin cit>
J'espère que les dernières éditions du B.U. ont simplifié cette dernière
règle !
SDB
> Dans le B.U. (3e édition, 1946, N° 271), Grevisse écrivait :
> Quant aux noms des consonnes, dans la nouvelle appellation (§ 80, Rem.),
> ils sont tous masculins."
> <fin cit>
Dans la nouvelle épellation seulement, épellation qui n'est pas si nouvelle.
Il existe une autre tradition lorsque la consonne forme une syllabe fermée.
Une effe, une hache, une elle, une emme, une enne, une erre, une esse (voir
aussi le nom propre dérivé de ce nom de lettre).
Rappelons qu'au cours du XIXe s., on a dit beu, ceu, deu, feu... après avoir
utilisé bé, cé, dé... Cette épellation a duré du milieu du XIXe s. jusqu'au
début du XXe et elle a aussi été dite nouvelle. Puis on est revenu à
l'épellation ancienne, mais en oubliant que les consonnes féminines
existaient !
Signalons, en outre, la lettre impudique qui était épellée Que /ke/ au
Québec et non Qu /kü/ chez les bon pères et les bonnes soeurs. Mais les
histoires de cul pouvaient tourner aussi à des histoires de queues... Lettre
étrange comme le K puisqu'elle porte la marque des voyelles qui les
suivaient en latin (kalendae, quis) et on voit là une sorte de survivance de
l'apprentissage calqué sur celui du latin.
> Doit-on faire la liaison avec les lettres de l'alphabet? Doit-on dire
> "l'e" ou "le e"? Encore plus subtil: "l'h" ou "le h"?
À l'oral, je vous recommande de toujours pratiquer la disjonction expressive
afin d'être bien compris : l'e, l'a risquent d'être confondus avec le, la...
Peu de risque de croisement entre l'y et un lit grec, mais on ne sait
jamais... Il en va de même pour les citations de nombres monosyllabiques
comme le un, le huit, le onze plutôt que l'un, l'huit, l'onze. À l'écrit, on
peut choisir des conventions différentes afin de noter les signes ou les
sons :
* Le « e », lettre, graphème. C'est ce signe qui est nommé avec des
guillemets distinctifs. On emploie aussi sur Usenet le <e> entre chevrons
quand il s'agit d'un signe. Enfin, l'emploi des guillemets, surtout sous
forme de gants de toilette, rend les choses assez illisibles quand on
utilise certaines fontes : « l'"l" est distinct de l'"I" ».
* Le E, archigraphème pour les différentes voyelles. Pas d'élision, la
majuscule vaut comme une marque de citation tout comme les guillemets, les
chevrons, les barres ou crochets.
* Le /e/, notation phonologique ou le [e], notation phonétique pour le
phonème /é/ comme dans « thé ».
* L'e (dit) muet et l'e caduc (noms courants pour des phonèmes) risquent
d'être pris à l'oral comme des surnoms pour Étienne Daho et Johnny Halliday.
Il vaut mieux dire le e muet, le e caduc.
Je remarque dans la leçon de prononciation du _Bourgeois gentihomme_, le
maître de philosophie dit :
<cit.>
vous ne sauriez lui dire que U.
</cit.>
La disjonction est clairement expressive et distinctive. La forme « qu'U »
prête à équivoque.
Mais il déclare ensuite :
<cit.>
L'F, en appuyant les dents d'en-haut sur la lèvre de dessous : FA.
</cit.>
Pas de disjonction ici, tout comme pour l'R dans la réplique suivante. Le
contexte est clair grâce aux descriptions des consonnes.
Mais, aujourd'hui, même dans un contexte clair (jeu de lettres, cours de
français, révision d'un texte), on a tendance à détacher les lettres ou les
sons y compris à l'écrit car on se livre à une citation. On peut comparer
avec le sésame dans Arsène Lupin, « La hache tournoie dans l'air qui frémit,
mais l'aile s'ouvre, et l'on va jusqu'à Dieu. » Pas de jeu de mots possible
sans la disjonction de <h> (mais <h> a toujours une double valeur comme
lettre simple, valeur zéro ou valeur disjonctive). Le jeu entre la forme de
la lettre <h> et la hache existe aussi dans _les Travailleurs de la mer_ de
Victor Hugo avec la même disjonction. Normalement, c'est l'h dit muet ou l'h
disjonctif (prétendument aspiré) et l'on devrait dire une <h> comme on le
faisait à l'époque classique.
Cependant, il ne faut jamais écrire « Caran de Ache ».
Harlan Messinger a écrit :
>
> Cependant, il ne faut jamais écrire « Caran de Ache ».
Je suppose que vous le savez et bien que Google n'en garde pas trace,
il me semble qu'on a déjà évoqué ici le surnom de ce caricaturiste,
Caran d'Ache, pris au russe "karandach" signifiant "crayon noir,
mine". Le mot russe vient lui même du turc, où "kara" est la racine
signifiant "noir".
Caran d'Ache était connu pour ses positions antisémites :
http://perso.wanadoo.fr/arkham/thucydide/lycee/premiere/dreyfus/dreyfusetcie.html
Oui, je le savais, jusqu'à l'origine turcque.
Harlan Messinger a écrit :
>
> Oui, je le savais, jusqu'à l'origine turcque.
Le réticompte d'hui :
turcque : 40
turque : 32900
grecque : 73500
greque : 540
JV a raison, le français est difficile, mais les troupes suivent, en
gros.
J'ai d'abord écrit "turque", et il ne me semblait pas bon, donc je l'ai
changé. Mon intuition m'a fait défaut.
Et "turquois"?
Harlan Messinger a écrit:
Celui-là, c'est l'adjectif "traditionnel" : je le laisse à alain d.
Vous auriez aussi pu choisir turquesque ou turquin !
Pour éviter des mouvements de foule parmi mes étudiants, j'utilise
kiou, très "James Bondien".