Nicolas
> J'étais toujours cru que ce mot (ou cette expression car j'imaginais
> "mal poli") était incorrecte et que impoli s'imposait. Malpoli ne figure
> pas dans un Robert de 88 mais est présent dans le dernier Larousse.
Mais est aussi présent dans un Larousse de 89. On peut consulter le TLF pour
voir les dates plus en détail.
> Que dois-je penser? Est-ce la faute qui a créé le mot?
Non. La faute est dans votre tête seule. Il peut y avoir erreur, mais elle a
été enregistrée comme un usage. Girodet indique que l'on *préférera* dans la
langue écrite *soutenue* « impoli » après avoir noté justement la forme
soudée « malpoli ». Cela ne signifie pas que la forme soudée est incorrecte
et encore moins que ce soit une ***faute***, terme absolument déplorable en
matière de langue. Le procédé de la soudure est normal pour les créations de
mots. Ou alors, vous ne diriez jamais malpropre, maladroit, malhabile.
MALPOLI, IE [malpóli] adj. et n.
- Fam. (le mot lettré est *impoli*). Impoli, grossier. - N. /Un malpoli, une
malpolie. Vous n'êtes qu'un malpoli./
Ce qui n'empêche pas le dictionnaire de trouver une citation de Jean Giono :
" Il est bien vrai, dit-elle, que les malpolis le sont autant avec les
femmes qu'avec les dieux."
J. GIONO, Naissance de l'Odyssée, p. 47.
(sic) a écrit:
> "Nicolas" <paulsim...@free.fr> a écrit dans le message de news:
> 3e7ba4ba$0$28778$626a...@news.free.fr...
>
> > J'étais toujours cru que ce mot (ou cette expression car j'imaginais
> > "mal poli") était incorrecte et que impoli s'imposait. Malpoli ne figure
> > pas dans un Robert de 88 mais est présent dans le dernier Larousse.
>
> Mais est aussi présent dans un Larousse de 89. On peut consulter le TLF pour
> voir les dates plus en détail.
Euh, non. Malpoli n'y figure pas officiellement, mais seulement par le biais
d'une citation à l'entrée "Prolongation", de surcroît dans un contexte qui ne
lui fait pas vraiment honneur :
« Assez! J'te demande pas si on t'paye pour êt'e un malpoli. »
>
>
> > Que dois-je penser? Est-ce la faute qui a créé le mot?
>
> Non. La faute est dans votre tête seule. Il peut y avoir erreur, mais elle a
> été enregistrée comme un usage. Girodet indique que l'on *préférera* dans la
> langue écrite *soutenue* « impoli » après avoir noté justement la forme
> soudée « malpoli ». Cela ne signifie pas que la forme soudée est incorrecte
> et encore moins que ce soit une ***faute***, terme absolument déplorable en
> matière de langue. Le procédé de la soudure est normal pour les créations de
> mots. Ou alors, vous ne diriez jamais malpropre, maladroit, malhabile.
A noter que "impropre" existe aussi , à côté de "malpropre", mais dans un sens
spécialisé.
Un dictionnaire d'usage du milieu du XIXe donne aussi "malplaisant" au sens de
"déplaisant".
La forme "malpoli" est certes parfaitement légitime en elle-même, mais il y a
eu, apparamment, "faute" contre l'usage ; le mot n'était pas reçu dans les
meilleurs cercles, ce qui arrive à des mots très bien formés, et même pourvus
d'ancêtres latins. J'ai quand même l'impression que sa condamnation date un peu
et que la majorité des locuteurs d'aujourd'hui ignorent qu'il a pu être mis à
l'index. Bref, c'est un peu comme l'interdiction du port du pantalon par les
femmes. Notre époque ne respecte plus rien !
Je ne parle pas de correction ni de niveau de langue, mais de sens :
j'entends dans "malpoli" --> "mal poli" --> "qui n'est pas bien poli" et
dans "impoli" --> "qui n'est pas poli (du tout)".
J'y vois le même "abus" (est-ce le bon terme ?) que dans le qualificatif
"mal rasé" pour une personne objectivement "non rasée", abus pouvant par
extension logique confondre un "malfaisant" avec un "fainéant"... ! ;o)
Qu'en pensez-vous ?
Coralament,
Xavièr.
> La forme "malpoli" est certes parfaitement légitime en elle-même, mais il
> y a eu, apparamment, "faute" contre l'usage ; le mot n'était pas reçu dans
> les meilleurs cercles, ce qui arrive à des mots très bien formés, et même
> pourvus d'ancêtres latins.
Je pense que l'on a dû opposer les couples poli/politesse à
impoli/impolitesse. Comme « malpolitesse » n'existait pas ou était encore
plus décrié comme un barbarisme, l'adjectif « malpoli » ne pouvait être
admis. Mais « malgracieux » existe sans « malgrâce » et « malencontreux »
sans « encontreux ». Cela me fait aussi songer que le premier roman de feu
Sébastien Japrisot sous vrai nom de Jean-Baptiste Rossi était _les
Malpartis_. Oui, en un mot. Il précédait de loin la malbouffe et la malvie.
> J'ai quand même l'impression que sa condamnation date un peu
> et que la majorité des locuteurs d'aujourd'hui ignorent qu'il a pu être
> mis à l'index.
Colin dit dans son _Dictionnaire des difficultés_ : « est refusé par le bon
usage de façon arbitraire si on regarde les autres adjectifs composés avec
mal ». Suit une citation de Sagan, chez Girodet c'est une de Giono. Je ne
comprends d'ailleurs pas pourquoi l'on admet les deux graphies alors pour :
malbâti et mal bâti, mal venu et malvenu, mal famé et malfamé... La forme
soudée est plus ancienne et moins courante.
> Bref, c'est un peu comme l'interdiction du port du pantalon par
> les femmes. Notre époque ne respecte plus rien !
Ces femmes sont des malapprises, mon bon monsieur !
--
Il faut parler de manière personnelle à toutes les personnes menacées
personnellement et collectivement. (Jean-Pierre Raffarin.)
Ce mot est aussi dans le Robert/CD :
malpoli, ie adj. et n. . 1636 mal poli; de 2. mal et poli
¨ Pop. Mal élevé, grossier. >>> impoli, malappris. Il est malpoli. -
N. « Eh bien, tant mieux, espèce de malpoli, tant mieux » (Fallet).
Bénac - Dictionnaire des synonymes :
< cit. >
'Impoli', qui suppose le manque total de politesse
[...]
'Mal poli' implique seulement une politesse imparfaite.
< /cit. >
> Mais « malgracieux » existe sans « malgrâce » et « malencontreux »
> sans « encontreux ».
On a bien Malaparte et Bonaparte...
Xavièr Remenet a écrit:
Il me semble que vous avez raison, les deux mots ne sont pas synonymes
stricts. Outre la citation de Benac, voici celle du dictionnaire des synonymes
de Bailly (Larousse) :
« "Impoli" implique l'absence complète de politesse et regarde toujours les
procédés d'une personne envers les autres. "Mal poli" dit moins : il désigne
seulement celui qui n'est pas suffisamment poli. "Malappris" renchérit au
contraire sur "impoli" ; il implique non seulement l'absence de politesse,
mais encore celle d'éducation, l'ignorance des bonnes manières. "Malhonnête",
syn. d' "impoli", est très employé dans le langage courant et suit
généralement, dans ce sens, les noms de personnes auxquels on le joint.
"Discourtois" est moins fort qu' "impoli" ; c'est un terme du langage relevé
qui suppose surtout l'absence de politesse raffinée dans les rapports avec le
monde. "Incivil", syn. de "discourtois", est peu usité. »
Tout cela est assez subtil et j'ai l'impression que, plus que pour d'autres
mots peut-être, les usages des uns et des autres sont largement différents ;
déjà, tous ceux qui considèrent encore "malpoli" comme impropre se privent
d'une nuance avec "impoli" ; d'autre part et surtout, la notion même de
politesse et de ses manquementq est certainement très variable selon les
conditions sociales, l'éducation et l'âge des personnes.
Pour moi-même, bien qu'il me semble que j'utilise l'un ou l'autre, j'ai un peu
de peine à trouver des exemples marqués où je dirais franchement l'un et pas
l'autre. Je crois pourtant rapporter plus volontiers "malpoli" à des
manquements très ponctuels aux usages polis, notamment dans la parole, et
"impoli" à une attitude plus générale, à l'ensemble d'un comportement.
Voilà qui m'étonne fort. Dans mon esprit, « malhonnête », signifie, comme
son nom l'indique, quelqu'un qui manque d'honnêteté, et non quelqu'un qui
est impoli. On peut être très impoli tout en étant parfaitement honnête. Et
par ailleurs, ne dit-on pas « trop poli pour être honnête » ?
Bref, il me semble que votre dictionnaire prend quelques libertés, là !
Marion
--
Marion Gevers,
Newcastle, NSW, Australia
mar...@eepjm.newcastle.edu.au
>>"Malhonnête",
>>syn. d' "impoli", est très employé dans le langage courant et suit
>>généralement, dans ce sens, les noms de personnes auxquels on le joint.
> Voilà qui m'étonne fort. Dans mon esprit, « malhonnête », signifie, comme
> son nom l'indique, quelqu'un qui manque d'honnêteté, et non quelqu'un qui
> est impoli. On peut être très impoli tout en étant parfaitement honnête. Et
> par ailleurs, ne dit-on pas « trop poli pour être honnête » ?
>
> Bref, il me semble que votre dictionnaire prend quelques libertés, là !
Je jurerais pourtant avoir déjà entendu « malhonnête »
utilisé dans le sens d'« impoli » à l'adresse, par exemple,
d'un enfant qui répond un peu véhémentement à ses parents.
Isabelle
> > Bref, il me semble que votre dictionnaire prend quelques libertés, là !
>
> Je jurerais pourtant avoir déjà entendu « malhonnête »
> utilisé dans le sens d'« impoli » à l'adresse, par exemple,
> d'un enfant qui répond un peu véhémentement à ses parents.
Pour ce que cela vaut, le dictionnaire dit que cet emploi est VX. :
2¨ (1674) Vx Qui manque à la civilité, aux convenances. Þ grossier,
impoli, malappris.
Vous et DB fréquentez donc des gens qui connaissent leurs classiques.
:-)
Joye
Voir le second sens indiqué par Bob/CD :
malhonnête adj. . malhoneste 1406 « délabré »; de 2. mal et honnête
1? (XVe) Vieilli Contraire à la pudeur. Þ déshonnête, immodeste,
inconvenant, indécent.
2? (1674) Vx Qui manque à la civilité, aux convenances. Þ grossier,
impoli, malappris.
3? (1680) Mod. Qui manque à la probité; qui n'est pas honnête.
Þ déloyal, voleur.
> Je jurerais pourtant avoir déjà entendu « malhonnête »
> utilisé dans le sens d'« impoli »
Belgicisme, nord-de-la-francisme ;-)
--
(-8 domi
Isabelle Depape Hamey a écrit :
Et inversement, on utilise encore, souvent un peu ironiquement certes,
la formule classique "vous êtes bien honnête" au sens de "vous êtes
bien poli, c'est gentil".
Je dois sans doute être [Mod.] plutôt que [Vx].
[...]
> Je jurerais pourtant avoir déjà entendu « malhonnête »
> utilisé dans le sens d'« impoli » à l'adresse, par exemple,
> d'un enfant qui répond un peu véhémentement à ses parents.
Bénac, dans son Dictionnaire des Synonymes :
« Au XVIIe s., 'Honnêteté' ajoutait à 'politesse' l'idée d'une culture sans
pédantisme, d'un bon jugement naturel, et parfois de valeur morale. De nos
jours seul le sens moral est resté et 'honnêteté' au sens de 'politesse' est
pop. »
Nord-de-la-francisme, possible ; mais belgicisme, je ne crois pas !
> « Au XVIIe s., 'Honnêteté' ajoutait à 'politesse' l'idée d'une culture sans
> pédantisme, d'un bon jugement naturel, et parfois de valeur morale. De nos
> jours seul le sens moral est resté et 'honnêteté' au sens de 'politesse' est
> pop. »
Ben oui, c'est l'honnête homme classique.
Sur certains forums, sur le ton de l'ironie, voire de la dérision, on trouve
aussi ces formules bien ampoulées : "vous êtres bien civil", "vous êtes bien
urbain", dans le sens de vous êtes bien élevé, vous êtes bien courtois et
aimable.
--
©lõ
"Dominique" <domi...@alussinan.org> a écrit dans le message news:
1fsbfz0.13twxu412v3f0cN%domi...@alussinan.org...
> Isabelle Depape Hamey <ha...@free.fr> wrote:
>
>
> Belgicisme, nord-de-la-francisme ;-)
>
>>>> Alors, c'est que Nice est au Nord. On est toujours au nord de
quelqu'un, c'est vrai...
Parce que ma grand'mère, qui parlait presqu' exclusivement le Nizzart et
n'utilisait qu'avec prudence les quelques mots de français qu'elle
connaissait , se servait bien de "Malhonnête" pour qualifier un peigne-cul.
Aprés tout l'honnête homme, s'il est necessairement honnète, est quelque
chose de plus qu'un homme honnète. Il est également poli. Ergo et a
contrario, pourquoi un homme impoli ne serait il pas malhonnête? Un homme à
la fois indélicat et poli, ça existe, pourrait être alors un honnête homme
malhonnête, tout autant qu'un homme intègre et impoli pourrait être un
malhonnête homme honnête...
Sans préjudice de l'honnête homme honnête, et de son opposé le malhonnête
homme malhonnête. Tout de même plus cohérents.
Serveur, un autre!...double...
Calumet
--
> (-8 domi