https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/covid-supervariant-masque-vaccins-continuent-peur-perronne
(40'24")
ENTRETIEN ESSENTIEL - Le Covid est de retour. C'est en tout cas ce
qu'une récente campagne médiatique affirme. Le 1er septembre dernier,
France-Info évoque lors de son édition matinale un "super variant" nommé
Pirola. Plusieurs journaux reprennent l'expression, comme Le Point ou
L'Indépendant. La veille, une dépêche AFP décrit un "nouveau variant du
Covid-19, BA.2.86, surveillé attentivement par l'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS)". Selon la présidente du Comité de veille et
d'anticipation des risques sanitaires (COVARS), Brigitte Autran, ce
variant issu de la famille Omicron inquiète du fait d'un "plus grand
nombre de mutations" qui le rendent "susceptible d'évoluer de façon plus
importante et de se répandre plus facilement". Mais s'agit-il pour
autant d'un "super variant", sous-entendu capable d'être plus redoutable
que les autres ? Vraisemblablement pas. "Nous ne nous attendons pas à
voir des niveaux comparables de maladies graves et de décès par rapport
(...) aux variants Alpha ou Delta", analyse le généticien François
Balloux, de l'University College de Londres. Un constat qui est partagé
par le professeur Christian Perronne, qui dénonce dans cet Entretien
Essentiel un nouvel épisode irrationnel de peur, imposé à la population.
Le Pr Perronne a été le conseiller santé de plusieurs gouvernements. Il
nous rassure sur la dangerosité des variants récemment évoqués par "les
médias de grand chemin". "Ce n'est pas vraiment un sujet de santé
publique dans les hôpitaux aujourd'hui", affirme-t-il.
"Un virus très bénin"
Le médecin infectiologue pointe ici du doigt un mécanisme virologique
bien connu. Plus un variant devient contagieux, moins il est dangereux.
L'hypothèse d'une infection virale qui cherche à se perpétuer, en
contaminant et en ne tuant pas le plus grand nombre d'hôtes, est
généralement évoquée au sein de la communauté scientifique.
"Le coronavirus s'adapte à la population humaine et l'homme s'adapte au
virus, il devient de moins en moins virulent", rappelle le Pr Perronne.
"Aujourd'hui, le variant Eris, on s'en fiche complètement. C'est un
virus très bénin qui donne des rhumes et des bronchites". Comme les
autres souches anciennes de coronavirus qui circulent sur le continent
européen depuis des dizaines d'années.
En effet, chaque hiver, des virus à tropisme respiratoire touchent la
population, principalement âgée ou fragile. Et cela n'a "pas à faire le
journal de TF1", résume-t-il. Certes, à l'hôpital, "quelques patients
très âgés, de plus de 85 ans", peuvent développer "de temps en temps une
forme grave" avec les nouveaux variants.
Pour autant, une baisse générale des cas graves et mortels, suite à une
infection à cause d' un variant ou d'un sous-variant du Sars-CoV-2, est
observée. Par exemple, le variant Omicron apparaît comme nettement moins
dangereux que son prédécesseur Delta : en décembre 2021, en Afrique du
Sud, les nouvelles admissions à l'hôpital se font alors rares et causent
très peu de décès malgré un bond des contaminations. En somme,"ce qui
compte, c'est la mortalité", dit Christian Perronne. Et celle-ci, à
l'heure actuelle, ne peut plus inquiéter la population en comparaison
avec le bilan d'autres infections respiratoires récurrentes.
Peur persistante relayée par les médias
Pourtant, l'idée que le nombre de "réinfections" peut causer un problème
général de santé publique s'installe. Une forme de peur persiste,
corrélée à l'idée qu'un variant puisse entraîner soudainement une
létalité élevée. Pour Pirola ou Eris, le "récit" est donc le même. En
janvier 2023, plusieurs médias français se sont affolés pour un autre
variant, baptisé Kraken, du nom d'un monstre marin... De façon assez
systématique, un scénario potentiellement obscur et anxiogène est
présenté, sans reposer toujours sur des données médicales et
scientifiques solides.
"C'est juste pour occuper l'actualité, c'est pour faire peur aux
Français", pense le Professeur Perronne. Mais pourquoi ? Les autorités
ont "encore des stocks de vaccins qu'ils ont achetés pour des milliards
à fourguer". La peur servirait à faire "adhérer la population" et à
relancer les campagnes de vaccination pour "justifier cette inoculation
expérimentale".
De fait, lorsque d'autres experts arpentent les plateaux télé et radio,
la vaccination est évoquée de façon régulière. Sur France-Info (01/09),
l'infectiologue Benjamin Davido, de l'AP-HP, tente de démontrer que les
variants Covid représentent toujours "un fardeau pour la société". À ses
yeux, une "pédagogie reste à faire" dans cette "nouvelle ère du Covid"
qui doit passer par une prochaine campagne de vaccination. Une campagne
de vaccination qui a été avancée au 2 octobre par les autorités sanitaires.
Dans cet Entretien essentiel, le Pr Christian Perronne répond à nos
questions afin de démêler le vrai du faux en matière d’information
sanitaire. D'après lui, l'actuel traitement médiatique du Covid continue
de poser un problème démocratique.
Rétabli dans sa position d'expert incontestable par le conseil régional
d'Île-de-France de l'Ordre des médecins, l'infectiologue international
nous offre les clefs de compréhension de la situation sanitaire. Non
opposé à la vaccination en soi, après avoir exercé notamment comme
expert en la matière auprès de l'OMS, il s'inquiète pour la jeunesse qui
a durement subi la gestion du Covid, avec de graves conséquences sur sa
santé mentale et physique.