– par Roméo Bouchard (dans Le mouton noir, 16 décembre 2010)
« Faut-il ajouter qu’il n’y a qu’une façon de revitaliser les périphéries, qui est de revitaliser leur économie et leur territoire en misant sur ce qui leur est propre, en leur redonnant la gestion de leur gagne-pain naturel, les ressources naturelles, et le contrôle de leur développement par d’authentiques gouvernements locaux et régionaux autonomes et imputables établis sur la base d’une restructuration du territoire ? Tout le reste, les pactes ruraux et les programmes de soutien aux municipalités dévitalisées, n’est que palliatif qui accroît encore davantage la dépendance des communautés périphériques.
Mais de cela, nos universitaires et nos ruralistes patentés ne parlent pas. Ils croient à la concertation dirigée et contrôlée par Québec et par les grandes compagnies qui ont fait main basse sur nos pêcheries, notre agriculture, nos forêts, nos mines, notre énergie, nos sites naturels. Ce sont eux qui gouvernent et personne parmi nos savants et nos dirigeants ne semblent s’en inquiéter. Nos dirigeants régionaux semblent eux aussi satisfaits dans l’ensemble de la concertation et du statu quo. Les MRC et les CRÉ se satisfont d’être contrôlées par Québec et par des maires de villages qui ont trop peu de contribuables pour pouvoir agir ; ils se nomment entre eux, administrent en vase clos et rendent des comptes à Québec plutôt qu’à la population. Chaque fois que des citoyens veulent poser des questions ou s’opposer à quelque chose, c’est la panique. C’est la culture de la dépendance totale : la démocratie ne fonctionne plus.
En somme, le discours nostalgique sur la ruralité finit par évacuer les enjeux politiques concrets de l’occupation du territoire : la restructuration du territoire, la décentralisation politique, la gestion des ressources naturelles en partenariat avec de véritables gouvernements locaux et régionaux. Pourtant, sans ces réformes structurelles, l’occupation du territoire restera une coquille vide qui servira à recycler nos vieux discours sur le développement régional et local et à nous enfermer dans le cercle vicieux de la « gouvernance régionale » plutôt qu’à nous faire progresser vers une reprise en mains de nos territoires et un nouvel équilibre entre Montréal et les périphéries, entre l’État central et les régions du Québec. »
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Michel Saint-Denis
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