MERCI DE DIFFUSER LE TÉMOIGNAGE DE BEATRIZ, TORTURÉE PAR LA GARDE CIVILE ESPAGNOLE
(Au fait, La Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg a condamné l'Etat
espagnol à verser 23 000 euros à Aritz Beristain, pour n'avoir pas
enquêté à la suite de la plainte qu'il avait posée pour mauvais
traitements et tortures. Ce jeune homme avait été arrêté le 5 septembre
2002 à Donostia et mis au secret («incomunicado», en espagnol) pendant
plusieurs jours, aux mains de la garde civile):
http://www.lejpb.com/paperezkoa/20110309/252549/fr/LEspagne-condamnee
Personne n´en parle... mais l´Espagne torture!On
souhaite la liberté, la paix et une résolution du conflit par un
processus de paix démocratique! Personne n´en parle bien-sûr... les
attentats sont plus intéressants... regardez cette vidéo:
http://blip.tv/file/4681172?utm_source=player_embedded
Lisez donc le témoignage ci-dessous!
Désolée pour toutes ces info.... mais ce silence nous fait du mal!
Portez vous bien!
Beatriz Etxebarria- Date d’arrestation: 1er mars 2011 - Police: Garde civile - Garde à vue au secret: 5 jours - Tribunal: Tribunal central
d’instruction no 3 de l’Audience nationale. Juge, Fernando Grande-Marlasca
Arrestation et perquisition
Vers
4 heures du matin, le 1er mars 2011, la porte de chez moi est
enfoncée. On m'empoigne par les cheveux et je suis soulevée du sol et
emmenée au salon. Je suis en soutien-gorge et je n’ai pas le droit de
m’habiller pendant la durée de la perquisition.
Une fois dans le
salon, je suis réduite violemment et ils essaient de me passer les
menottes sur le canapé. Ils se fâchent parce qu’elles sont trop
petites. Pendant que je suis assise sur le canapé, ils me disent: «Les
cinq jours qui t'attendent vont être terribles!»
Dans la
perquisition il y avait beaucoup des Gardes civiles. L’un deux a dit que
des plaques de la Garde Civile avait été trouvées mais il s’agissait
des siennes.
J’ai eu un peu mal au coeur pendant la perquisition du débarras. Ils m’empoignaient par les bras et m’ont laissé
des marques. On m’a mis des menottes en cordes qui étaient progressivement serrées.
En
sortant dans la rue, les menaces commencent: je ne dois ni regarder ni
parler à mon compagnon. Je suis emmenée près de ma voiture et on
m’interdit d'observer la perquisition.
Je passe devant le médecin légiste de Bilbao, j’ai les bras rouges et engourdis à cause de la façon dont je suis maintenue.
Voyage
On
me fait monter dans une Patrol. Je dois fermer les yeux et ils me les
couvrent de la main. J’entends qu’ils parlent de rejoindre une autre
voiture. Arrêt. Un garde civil qui se fait appeler le Commissaire vient
me chercher et je change de véhicule. Ce n’est plus une Patrol mais
une voiture normale, je le sens à l’espace et à la hauteur en entrant.
Le Commissaire commence à me crier dans l’oreille et à proférer des
menaces: «Je suis militaire et je suis entraîné à tuer». Il me dit
que j’ai deux
possibilités: parler dès le début ou pas. Je sens qu'ils sortent un
sac et qu’ils me le mettent sur les mains.
Au cours du voyage à
Madrid, je reçois des coups sur la nuque et sur la tête; les menaces
ne cessent pas. On me dit que la voiture va s’arrêter et que «je vais
te mettre à poil, te jeter dans la neige et t’ouvrir en deux». Le
Commissaire enlève sa veste et commence à se frotter contre moi.
L’autre policier qui est à côté de lui le «calme» mais me menace en
même temps. Sur la route de Madrid, il me mettent le «sac» (sur la
tête) à deux reprises.
Commissariat
Au commissariat, il y avait
deux pièces différentes: dans l’une, j’entendais les cris des autres
détenus et dans l'autre, qui était en bas, j'avais l'impression
d'être isolée et le traitement était pire. Je vais nommer la
première «la pièce dure» et l'autre «la très dure».
Les menaces se
poursuivent et le
Commissaire me fait entrer dans une cellule et me dit de bien
réfléchir à ce que je vais faire. On me fait sortir et je passe
devant le médecin légiste. Il est 20h30 le mardi. Je dis au médecin
qu’on me torture. Retour en cellule.
On m’emmène à la «pièce
dure». De là, j’entendais les cris des autres détenus. On me fait
asseoir sur une chaise et on me mouille les mains, tandis que j’entends
des bruits qui ressemblent à celui que font les électrodes. De la
cellule, j’entendais les mêmes bruits. On me dit que je dois parler et
ils commencent à me déshabiller jusqu'à me retrouver complètement
nue. Je reçois de l’eau froide sur le corps. Il me mettent le sac sur
la tête trois fois de suite. Ils me menacent de me faire la baignoire.
Je suis nue, on me place à quatre pattes sur une sorte de tabouret. On
me passe de la vaseline sur l’anus et sur le vagin et ils font entrer un
peu un objet. Toujours
nue, je suis enveloppée dans une couverture et je reçois des coups.
Ils m’attrapent, me secouent et me lèvent du sol.
Je retourne en
cellule jusqu'au mercredi matin, moment où je repasse devant le
médecin légiste. Je lui raconte le traitement qui m’est réservé mais
il ne me croit pas.
Retour en cellule, j’essaie de me reposer un
peu. Au bout d’un moment, le Commissaire arrive et m’emmène dans la
«pièce très dure». Il me déshabille de nouveau. Il me tire les
cheveux, me frappe à la tête et me crie à l’oreille qu’il est
militaire et qu’il est entraîné à tuer et que «je vais te crever
par-dedans pour que tu ne puisses pas avoir de petits etarras».
Retour
en cellule et de nouveau le médecin légiste. Je ne lui raconte plus
rien étant donné son comportement la fois précédente où il avait
mis en cause le récit des tortures que j’avais subies.
Pendant les
interrogatoires, il y
avait toujours beaucoup de monde. Une fois, j’ai compté jusqu’à sept
voix différentes. Les menaces concernant mon compagnon sont incessantes
(j'entends d'ailleurs comment on le torture). Ils me menacent
d'arrêter mon frère. Ils me disent que, si je ne collabore pas, non
seulement mes parents seront arrêtés mais que ma grand-mère le sera
également, «en culotte et on va la baiser».
L’avant-dernier jour, le
Commissaire m'a encore déshabillée. Il a jeté une couverture au sol
et m’a crié que j’allais être violée de nouveau. J’ai eu l’impression
qu’il commençait à se déshabiller et j’ai entendu qu’il enlevait sa
ceinture. À ce moment, celui qu'ils nomment Garmendia a essayé de le
calmer et l’a fait sortir de la pièce. Je les ai entendu parler.
Garmendia est rentré dans la pièce et m’a demandé de lui promettre
que j’allais déclarer.
Le dernier jour, j’ai subi six
interrogatoires. La seconde déposition de police date de samedi, à
5h40. Après, ils ne m’ont plus déshabillée et l’agressivité a
diminué. On m’a même demandé si je voulais voir Iñigo.
Les
menaces n’ont pas cessé jusqu’au tribunal. Dans le fourgon, le
Commissaire assis à côté de moi m'a dit que je devais ratifier ma
déposition devant le juge.
Pendant la totalité de la garde à vue,
sauf pour les visites du médecin légiste, j'ai eu les yeux couverts
par plusieurs masques. Il y en avait un en latex avec une sorte de
poudre, ils disaient que si j'ouvrais les yeux, je deviendrais aveugle.
Moi, j’ai senti que lorsqu’on me l’enlevait (pour voir le médecin
légiste), les yeux me piquaient pendant un moment. Lorsque j’étais
avec le Commissaire, on me mettait un autre masque qui semblait de
velours.
Pendant la mise au secret, j’ai toujours été avec trois
policiers (le Commissaire,
l’Inspecteur et Garmendia, qui était le moins violent), même si il y
avait toujours du monde dans la pièce pendant les interrogatoires.
Au
cours de l’un des interrogatoires, le Commissaire m’a demandé quelle
police torturait le mieux (la Garce civile, la Police espagnole o la
Ertzaintza). Il répétait constamment qu’il était militaire et
entraîné à tuer.
Une fois devant le juge, je n’ai pas ratifié la déposition de police et j'ai dénoncé avoir été torturée.