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© L'Est Républicain, Lundi le 11 Mars 2013 / Région Lorraine
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>Femmes L'ancienne secrétaire de la CGT, devenue docteur en droit, évoquera ce lundi à Lunéville ses engagements
> Janine Olmi et ses soeurs de combat
Janine Olmi évoquera la grande grève des tricoteuses de Chaligny en 1971. Photo Pierre MATHIS
Nancy. Son avenante bonhomie cache un esprit vif. Une vraie lame. Normal quand on vient du pays de l'acier. Janine Olmi est de Longwy, père militaire d'origine italienne, mère luxembourgo-belge. Pas trop de fantaisie. Une famille carrée. Janine s'en est un peu échappée, mais au fond celle qui fut permanente à la CGT était une bagarreuse.
A l'image des femmes dont elle retracera le destin lors d'une conférence ce lundi 11 mars au château de Lunéville. « Un siècle d'engagement féminin ». Elle évoquera évidemment Olympe de Gouges, les suffragettes anglaises, Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, et Louise Michel. Mais elle s'arrêtera plus particulièrement sur les Lorraines, notamment Eliane Minette, permanente comme elle. « Une vraie pasionaria. Minette qui était infirmière au CPN de Laxou portait bien son nom : elle était très belle, les hommes en étaient fous ! »
Autre Lorraine engagée : Marianne Cunin. « Elle a été de celles qui ont été arrêtées et jetées en prison pendant neuf jours à Charles III. La police avait délogé à coup de grenade les animateurs et syndicalistes de la radio libre Lorraine Coeur d'Acier à Nancy, au siège de la CGT, rue Drouin. C'était en juin 1980. Krasucki était venu en personne. Marianne a été relâchée avec les huit autres quand on a rassemblé 15.000 personnes pour leur libération. Elle fut aussi une des leaders de la marche de Paris à Longwy. »
« On a tenu en respect le patronat »
Elle parlera aussi de cette figure d'avant-guerre que fut « Tata Guy », ouvrière à La Godasse comme on appelait l'usine des Chaussures André. Elle fera revivre aussi la grande grève des tricoteuses de Chaligny en 1971. « Il n'y avait pratiquement que des femmes dans l'entreprise. Elles ont fait grève pendant quinze jours et le temps fort a été la marche de Chaligny à Nancy. Même les femmes enceintes marchaient ». Parties à 500 de Chaligny, elles étaient 5.000 à Nancy où bien d'autres femmes les ont rejointes. « Elles chantaient la romance des tricoteuses, les filles de la Filoche : ''ah, mon dieu qu'c'est embêtant, Tous ces licenciements ! ''».
Ces luttes pour les droits des femmes, elle les a vécues de l'intérieur de la CGT. Jusqu'au jour où, en 1985, la centrale a dissous les collectifs féminins, créés en 1955. En 1989, ce fut la fin du périodique féminin 'Antoinette''. Déçue Janine le fut. Mais ajoute-t-elle : « Nous, on a fait des choses pour les femmes et tenu en respect le patronat. Rien à voir avec les follingues qui vont montrer leurs nichons ! Le 8 mars 1980, après la sortie du livre de Christiane Collanges '' Je veux rentrer à la maison'', nous avons fait une grande manifestation de femmes à Longwy où on proclamait sur les banderoles '' la liberté, c'est aussi le droit au travail'', tout en faisant un concert de casseroles ! »
L'âge venu, Janine a pris sa retraite de la permanence de la CGT et des luttes syndicales actives. « J'étais désoeuvrée, je me rendais compte que j'avais côtoyé des tas de gens importants, mais sans trop savoir leur rôle. J'ai alors passé ma capacité en droit. » Et comme sa connaissance de la société augmentait en même temps que son appétit de connaissances, elle continue. En 2008, l'ancienne sténodactylo devient docteur en droit. Elle avait à peine 70 ans.
Guillaume MAZEAUD
Les Lundis de Lunéville, organisés par l'Institut d'Histoire culturelle européenne. De 17 h à 19 h et de 20 h à 22 h.Entrée libre. Janine Olmi partagera l'affiche avec Laurence Guignard, historienne.
