Mode et idéal classique dans Etude de femme d’après nature de Marie-Denise [9-10 avril 2014]

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Justine De Young

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Mar 29, 2014, 5:23:49 PM3/29/14
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Nous avons le plaisir de vous convier à la conférence de Susan Siegfried (University of Michigan) à l'auditorium du Louvre ainsi qu'à la quatrième séance du séminaire "Qu'est-ce que les études de genre font à l'histoire de l'art ?". Cette double programmation est conçue par Frédérique Desbuissons (INHA), Anne Lafont (UPEM/INHA) et Marcella Lista (musée du Louvre)

Mercredi 9 avril 2014
Conférence
19h-20h
Auditorium du Louvre

Jeudi 10 avril 2014
Séminaire
15h-17h
Institut national d’histoire de l’art, salle Vasari

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Conférence en français : Mode et idéal classique dans Etude de femme d’après nature de Marie-Denise Villers

Par Susan Siegfried, University of Michigan, Ann Arbor

Cette conférence interroge l’importance de la mode comme source de renouveau des formes artistiques. Elle a pour point de départ un tableau peu connu de Marie-Denise Villers, Etude de femme d’après nature (1802), conservée au musée du Louvre, et s’intéresse à la culture visuelle et matérielle qui entoure cette œuvre des débuts de l’ère napoléonienne. La composition puise ses effets dans les traits d’une robe à la dernière mode, tout en exaltant les codes du classicisme et de la peinture d’histoire. L’incorporation d’un élément étranger – éphémère, féminin, matérialiste – dans un format noble joue simultanément avec plusieurs genres picturaux. C’est une synthèse confiante que l’artiste propose de ces différents codes, produit d’un moment historique particulier, amené par les valeurs de la Révolution Française et par l’encouragement (qui fut de courte durée) d’une pratique artistique ouverte à l’expérimentation féminine. Les mémoires d’Albertine Clément-Hémery (publiées en 1832 sous le titre Souvenirs de 1793 et 1794) offrent un rare témoignage sur l’atelier pour femmes dirigé par Jean-Baptiste Régnault et son épouse au début des années 1790 et soulignent le rôle joué par la mode et le costume parmi les pratiques artistiques et sociales de leurs élèves. Cette source fournit des éléments de lecture historiques et culturels pour interpréter la robe et les accessoires élégants de la peinture de Villers, qui s’avèrent riches de connotations. En se référant également à la notion de gestus, ou geste social, telle qu’elle est développée par Walter Benjamin, on examinera ici comment les cultures de l’image très différentes qui ressortent de cette œuvre véhiculent et expriment les idées sociales.

Susan Siegfried est Professeure d’Histoire de l’art et d’Études Féminines à l’Université du Michigan à Ann Arbor, où elle est titulaire associée de la Chaire Denise Riley. Elle est l’auteur de plusieurs importantes monographies qui ont renouvelé l’interprétation de la peinture française du XIXe siècle : Ingres: Painting Reimagined, Yale University Press, 2009 ; Staging Empire: Napoleon, Ingres, and David (co-écrit avec Todd Porterfield), Penn State University Press, 2006 ; Fingering Ingres (co-dirigé avec Adrian Rifki), Blackwell, 2001 et The Art of Louis‑Léopold Boilly: Modern Life in Napoleonic France, Yale University Press, 1995.  Parmi ses essais publiés récemment : « Alternative Narratives », in Art History 36, 2013 ; « Expression d’une subjectivité féminine dans les journaux "pour femmes", 1800-1820 », dans le volume Plumes et Pinceaux - Discours de femmes sur les arts en Europe (1750-1850), sous la direction de Mechthild Fend, Mélissa Hyde et Anne Lafont, Les presses du réel, 2012 ; « Fashion and the Reinvention of Court Costume in Portrayals of Josephine de Beauharnais (1794-1809) », dans le volume Se vêtir à la cour en Europe, 1400-1815, sous la direction d’Isabelle Paresys et Natacha Coquery, Centre de recherche du Château de Versailles, 2011.  Susan Siegfried consacre ses recherches actuelles à la représentation de la mode et du costume en Europe au XIXe siècle.

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Séminaire : Carte blanche à Susan Siegfried

Susan Siegfried : Imaginer un persona féminin dans la France postrévolutionnaire
Cette intervention porte sur les personæ créés par des femmes artistes en France dans la période postrévolutionnaire. Le persona, cette construction identitaire complexe servant d’interface dans la vie sociale entre l’individuel et le collectif, s’avère pertinent pour aborder les sujets exposés au Salon par les femmes entre les années 1790 et le début du siècle suivant. Ceux-ci prennent souvent la forme de tableaux hybrides, mêlant peinture d’histoire, scène de genre et portrait. Cette séance s’attachera plus particulièrement aux œuvres de Marie-Denise Villers, dont les grandes compositions figuraient des femmes modernes présentées comme des figures imaginaires. L’affinité de la femme moderne pour la mode était ainsi représentée par Villiers à travers ses personnages.  Son travail relève la question de l’identification féminine avec la mode, l’ornement et la coquetterie à l’aune d‘une émancipation artistique des femmes.  Peut-on réconcilier des thèmes comme la vogue et la toilette avec les relectures féministes de l’œuvre de la femme française du XIXe siècle?    Quels étaient les autres thèmes et sujets imaginaires privilégié par les artistes femmes de l’époque ?  L’admissibilité des femmes pour les prix d’encouragements des concours des Salons pendant le Directoire et le Consulat sera ainsi considérée comme un cadre de patronage de l’état qui encourageait la création de nouveaux sujets.
 
Discutante : Nicole Pellegrin
Nicole Pellegrin est spécialiste de l'anthropologie historique du XVIe au XIXe siècles et chargée de recherche au CNRS. Elle collabore également à Musea, musée virtuel d'histoire des femmes et du genre, édité par l'université d'Angers, pour lequel elle a conçu l'exposition Les genres de Jeanne d'Arc. Elle a enseigné à l'université d'Abidjan et de Poitiers, ainsi qu'au Québec, aux États-Unis et aux Pays-Bas comme professeure invitée. Tendues vers la compréhension de la culture matérielle des sociétés préindustrielles, ses recherches se sont attachées à reconstituer les façons de faire et de dire propres ou communes, à l’un et l’autre sexe. Parmi ses nombreux écrits et collaborations, signalons Entre inutilité et agrément. Remarques sur les femmes et l'écriture de l'histoire à l'époque d'Isabelle de Charrière (1740-1805) (2005) ; Histoires d'historiennes (2006) ; et plus récemment, une collaboration dans Éliane Viennot (dir.), Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l'égalité/inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution (2012).

Contacts INHA : piyush....@inha.fr ; leonie.m...@inha.fr
Pour en savoir plus, cliquez ici

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