La séquence est à la fois historique et insupportablement longue.
Historique parce que tout le monde nous annonçait une campagne chiante à
mourir et déjà pliée d'avance et qu'à 4 jours du scrutin, bien heureux
celui qui pourra prédire l'issue et les choix de société que les
français auront préféré parmi l'offre existante.
Insupportablement
longue parce que les algorithmes facebook polarisent nos fils d'infos en
fonction de nos likes et que les derniers jours approchant, chacun
s'empresse d'aller convaincre son voisin, sa cousine et l'autre ami
d'ami qu'on ne connait pas pour lui dire ce qu'il ou elle doit faire ce
dimanche à base d'arguments délicieux.
C'est à la fois profondément énervant, et en même temps c'est le jeu de la démocratie, rassembler le plus grand nombre, informer, débattre, convaincre, parce que l'on pense qu'on a raison, parce qu'on pense détenir une sagesse, parce qu'on pense que ce programme mérite de vivre, d'exister, d'être tenté... Chacun avec ses raisons, chacun avec son angle et sa légitimité.
Alors j'ai envie d'amener une pensée un peu plus
grande, un peu plus globale, à toutes celles et à tous ceux avec qui je
ne suis pas d'accord. De leur dire que je les respecte malgré nos
différences, que nous avons le droit de profondément ne pas être
d'accord, de ne pas avoir le même avis, la même pensée, les mêmes
critiques, les mêmes espoirs, la même vision du monde.
Ce n'est pas grave et cela ne doit pas altérer notre amitié, nos liens familiaux ou parentaux.
On a le droit de ne pas être d'accord.
On a le droit d'être profondément en conflit sur un grand nombre de questions.
Ce n'est pas grave. C'est important de le noter, de le voir, de comprendre où et pourquoi, mais ce n'est pas grave.
Je crois même que c'est sain, de ne pas être tous d'accord sur tout, tout le temps.
Tant que nous pouvons nous parler et nous respecter dans ces
différences, alors nous grandirons et nous apprendrons de l'autre, des
autres.
Cela demande bien sûr un effort, du temps, de l'écoute, de
l'empathie, de la disponibilité d'esprit, et simplement l'envie d'être
prêt à faire un pas de côté. Alors c'est sûr que dans une course
électorale, l'efficacité semble plus optimale que le temps long et
l'empathie. Dans le fond, je n'en suis pas si sûr..
Je tiens juste à remettre du lien dans toutes ces séparations d'arguments, de pensée, de convictions qui existent en ce moment et qui nous traversent, qui me traversent.
La politique est importante pour construire la direction que prend un pays.
Je reste persuadé qu'elle vient en complément d'une transformation
personnelle et d'une transformation sociétale. Je crains qu'un seul ou
deux étages de cette fusée ne soient pas suffisants pour réaliser le
changement de monde dont nous avons besoin. Nous avons besoin des trois
en même temps.
Cultiver notre gandhi intérieur ET faire notre part de colibri, ET voter pour Marianne.
La politique ne doit pas nous amener à renier tout ce que nous avons appris et construit à un niveau personnel ou collectif.
On ne peut pas sacrifier l'un pour l'autre.
C'est ce que je crois. C'est ce que je m'évertue à mettre en œuvre dans cette pratique qui est nouvelle pour moi.
C'est sur cette fine ligne que nous pouvons garder notre intégrité et trouver notre cohérence.
Mesurons nos paroles et nos actes malgré nos désaccords, et quand l'heure sera venue, soyons prêts à construire des ponts et des passerelles autour de tout ce qui nous rassemble.
Merci pour votre écoute et belle fin de campagne à tous et à toutes.