Abuja, capitale du dialogue pour le financement du programme régional sur l’investissement agricole
Abuja (14 nov 2009) – « Faire de l’investissement agricole un facteur de croissance économique et de réduction de la pauvreté » est l’un des engagements réitéré par la plupart des acteurs lors des travaux de la conférence internationale sur le financement de la politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest, tenue les mercredi et jeudi 11 et 12 novembre 2009 à Abuja au Nigeria.
Cette conférence internationale a fini jeudi dernier par la signature d’un pacte engageant la Cedeao, les partenaires techniques et financiers et tous les autres acteurs impliqués dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la politique agricole (le secteur privé, les organisations professionnelles agricoles, la société civile et les Ongs).
La ministre de l’Agriculture et des ressources en eau du Nigeria, M. Abba Ruma (dont le pays assure la présidence de la Cedeao) a rappelé mercredi dans son discours d’ouverture l’engagement pris par les Chefs d’Etat africains à Maputo de consacrer 10% du budget de leur pays à l’investissement dans le secteur agricole pour doper la croissance agricole et réduire la pauvreté. Il a émis le vœu que le pacte soit un contrat social important pour l’atteinte des objectifs agricoles du NEPAD et de la politique agricole de la Cedeao.
Les Chefs d’Etat
En 2002, les Chefs d'Etats ont mandaté la Cedeao pour coordonner la mise en œuvre du Nepad en Afrique de l’Ouest. En janvier 2005, la CEDEAO a adopté la politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) avec pour ambition majeure d’assurer l'alimentation d'une population qui va doubler à l’horizon 2030.
Selon le vice président de la Commission de la Cedeao, M. Jean de Dieu Somda, la mise en œuvre de l’Ecowap s’inscrit dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) développé par le NEPAD. Il invite tous les acteurs, notamment les partenaires techniques et financiers à faire du PDDAA, le cadre idéal pour rendre opérationnels dans l’agriculture les principes de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
Le Président du Comité exécutif du Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), M. Ndiogou Fall, mettant en exergue le paradoxe d’un continent africain potentiellement riche et effectivement pauvre, a déclaré : « les agriculteurs m’ont mandaté pour vous dire que ne pourrions plus continuer à vivre sur de l’or et mourir de faim ».
Il met un accent particulier sur la cohérence des politiques en indiquant que des mesures complémentaires indispensables à la réussite du programme régional d’investissement agricole (PRIA) sont nécessaires dans les domaines tels que le commerce, la fiscalité, le crédit et le foncier.
La Représentante des Nations-Unies, Mme Florence Lesbennes se réjouit de l’implication de tous les acteurs et de la prise en compte de toutes les dimensions de la sécurité alimentaire dans l’élaboration de l’Ecowap et du PRIA.
Les partenaires
L’Ambassadeur d’Espagne au Nigeria et Représentant permanent de l’Espagne auprès de la Cedeao, son Excellence Angel Losada, en qualité de porte-parole des partenaires techniques et financiers, a précisé que le fait que 9 des 10 Etats africains ayant signé le pacte sur l’investissement agricole soit de la CEDEAO, est la preuve de l’engagement collectif de la région Afrique de l’Ouest à faire de la croissance dans l’agriculture le socle de la croissance économique globale et le moteur de la lutte contre la pauvreté.
Il revient sur la cohérence des politiques en martelant qu’aucun « investissement agricole ne peut réussir, s’il ne s’accompagne pas d’harmonisation des politiques et de régulation du marché ».
A en croire le Conseiller agriculture/NEPAD à la Commission de la Cedeao, Dr Yamar Mbodj, la crise alimentaire avec la flambée des prix mondiaux en 2007-2008, a montré la pertinence des orientations développées par l’ECOWAP pour affronter les enjeux agricoles et alimentaires ouest africains.
Cet effet catalyseur de la crise a conduit les chefs d'Etat à adopter en juin 2008 une offensive régionale visant entre autres la relance de la production et la formulation des politiques et programmes au niveau de chaque pays.
La CEDEAO et la Communauté internationale se sont engagés fin 2008 à faire de l’ECOWAP un exemple de coopération centrée sur les orientations et les priorités définies par la région, et à assurer la programmation et la coordination des appuis extérieurs en se référant à cette politique.
Les acteurs non étatiques
Pour les organisations de la société civile, leur implication au processus Ecowap/PDDAA offre l’opportunité d’actions citoyennes de suivi des budgets sectoriels afin de s’assurer que les engagements pris par les Etats en faveur de l’agriculture sont respectés.
La mise en œuvre de l’ECOWAP/PDDAA s’appuie sur les programmes nationaux d’investissements agricoles (PNIA) dans chacun des 15 pays et sur un programme régional complémentaire, mis en œuvre à l’échelle de la CEDEAO.
Les PNIA définissent la stratégie et les programmes agricoles permettant d’atteindre un taux de croissance agricole supérieur à 6 % par an, considéré comme le minimum pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Ils précisent les besoins de financement en ressources publiques internes et en ressources externes pour atteindre cet objectif de croissance et de réduction de la pauvreté.
Le programme régional d’investissement agricole se résume en trois programmes mobilisateurs et fédérateurs. Ces programmes combinent des investissements régionaux et des instruments de politique publique destinés à soutenir le secteur, et fournir des incitations permettant d’impulser une transformation massive et durable de l’agriculture régionale.
Outre la signature du Pacte régional de partenariat pour la mise en œuvre de l’ECOWAP/PDDAA, trois autres résultats sont attendus de la rencontre d’Abuja, à savoir :
- partager la vision développée par l’ECOWAP/PDDAA pour la transformation du secteur agricole régional ;
- présenter les principaux résultats des processus PNIA et les besoins d’investissements qui en découlent au niveau national ;
- adopter les modalités de mise en œuvre de l’ECOWAP/PDDAA au niveau régional.
La signature du pacte
La réunion prend fin jeudi après midi avec la signature du pacte dans lequel sont consignés les engagements des différents acteurs (Gouvernements et Commission de la Cedeao, partenaires techniques et financiers, secteur privé, organisations paysannes et société civile).
Sept personnalités ont posé tour à tour leur signature sur ce document d’engagement collectif. Il s’agit de :
- Mme Fidelia Akuabata Njeze, Ministre délégué chargé de l’agriculture et des ressources en eau ; pour le compte de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements,
- Dr Mohamed Ibn Chambas, Président de la Commission de la CEDEAO pour le compte de son organisation ;
- M. Angel Losada, Ambassadeur d’Espagne au Nigeria et Représentant permanent auprès de la Commission de la Cedeao, pour l’ensemble des partenaires techniques et financiers ;
- M. Keizire Boaz Blackie pour le compte de la Commission de l’Union Africaine ;
- M. Ndiogou Fall, président du Comité exécutif du Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) pour le compte des organisations professionnelles du secteur agricole ;
- M. Abel Gbêtoénonmon, Président du Réseau des journalistes économiques (RJE ou WANEJ) et représentant de la Plate-forme des acteurs de la société civile d’Afrique de l’Ouest (PASCAO) pour le compte de la société civile et des Ongs ;
- M. Kassim Dembele, représentant du Réseau des Chambres d’agriculture d’Afrique de l’Ouest (RECAO) pour le compte du secteur privé.
Mercy Uk / BETA / Afriperf