Les approches agiles pour le grand public

[Jean-Luc Lambert]

Bonjour à tous,

Je suis en train de préparer une conférence sur le thème de "L’importance croissante de l’informel dans la création des logiciels" qui sera présentée dans le cadre de l'Université Interage de Basse-Normandie.C'est l'occasion de parler du mouvement agile à des non informaticiens. Je suis convaincu que cela vaut le coup car il y a beaucoup de concepts de management d'équipe ou de résolution de problème (les rétrospectives ou le scrum quotidien) qui valent d'être connus bien au-delà de la discipline informatique. La première présentation aura lieu le vendredi 23 novembre à Granville, J'ai encore un peu de temps pour la préparer.

Voici le résumé que j'ai proposé:

Depuis les années 70 la discipline informatique n’a cessé de rationaliser et de formaliser les processus de la création des logiciels. L’approche scientifique cartésienne domine la discipline. Pourtant depuis la fin des années 90 un mouvement, initié pour une part importante par des consultants américains, prône un retour à des approches beaucoup plus informelles et très fortement fondées sur la relation humaine, le pragmatisme, la confiance réciproque et le flou assumé. Loin de n’être qu’une mode, ce mouvement, qualifié en général d’ « agile », a inspiré les approches de développement utilisées par des sociétés telles que Microsoft, Google, Amazon, Orange ou SAP. Il se développe aussi au sein des DSIs des grands groupes.

Dans cet exposé nous chercherons à comprendre ce qui se passe et pourquoi l’approche d’ingénierie scientifique qui est, et de loin, la plus enseignée aujourd’hui, est probablement sur son déclin. Vu l’importance de l’informatique dans nos sociétés ce déclin aura des conséquences sur les modes de management, les relations sociales au sein des entreprises, les relations contractuelles et…. l’enseignement de notre discipline informatique.

Suivre cet exposé ne nécessite pas de connaissance particulière en informatique. Nous parlerons de logiciels qui ne sont jamais au point, d’interfaces incompréhensibles, d’informaticiens qui ne comprennent rien, de projets logiciels qui ne terminent jamais mais aussi de travail en groupe, de communication non violente, d’intelligence collective, de créativité et… de pédagogie.

Si vous avez des exemples particulièrement marquants illustrant le dernier paragraphe et qui permettent d'expliquer pourquoi l'approche cartésienne a de très fortes limites en matière de création logicielle, je suis preneur. En bon universitaire je cite toujours mes sources.

N'hésitez pas aussi à me faire part de vos réactions sur le programme de mon exposé.

Amicalement,,

Jean-Luc

[Alfred Almendra]

Bonjour,

Je remplacerais les termes suivants :
- approche scientifique cartésienne par approche prédictive
- approches informelles par approches empiriques

Je ne veux pas généraliser, mais j'ai le sentiment qu'il s'agit
presque d'un contre sens :
- les approches prédictives essayent de tout prévoir à l'avance, à la
fois sur le produit et sur le processus de fabrication : elles se
basent parfois sur des chiffres passés, mais surtout sur l'imaginaire,
loin de la réalité des utilisateurs et des développeurs
- les approches empiriques se basent sur l'expérimentation,
l'exploration, et tendent à obtenir au plus tôt un retour en vue d'une
amélioration (feedback user sur le produit, rétrospective sur la
démarche de l'équipe). Elles se basent beaucoup sur des méthodes
scientifiques et cartésiennes (ex: théorie des contraintes, loi de
Little, courbes de cohortes, etc...)

Il me semble donc que le thème de la conférence concerne surtout la
révolution de l'empirisme sur le prédictif.

Quelques compléments :
- plusieurs techniques ou méthodes empiriques utilisées depuis
quelques années en informatique existent dans l'industrie depuis des
dizaines d'années (cf. Toyota Production System)
- les jeux sérieux sont des outils très efficaces, et largement
utilisés en agile pour : sensibiliser, augmenter la valeur
produit/projet, apprendre/s'entraîner, résoudre des problèmes
- les outils visuels (visual management, radiateur d'information) ont
également beaucoup de valeur (transparence, visibilité, identification
des problèmes, avancement, motivation, etc...)

Alfred


2012/9/11 Jean-Luc Lambert <jean-luc...@unicaen.fr>:

[Claude Aubry]

Bonsoir,

Bien d'accord avec les commentaires d'Alfred. Dire informel me paraît maladroit. D'une part ce qu'on appelle les méthodes formelles (Z, B) est tout à fait marginal, d'autre part l'insistance donnée aux tests dans les méthodes agiles ne manque pas de rigueur.
J'ajouterais 3 remarques sur la formulation :

• plutôt que flou assumé, je parlerais d'incertitude assumée,
• la référence aux consultants américains est restrictive et ne paraît pas utile,
• l'agilité de Microsoft, SAP, voire des autres cités est discutable.

Claude

[Sylvie HAZEBROUCK]

Bonjour,

Je préciserais la phrase "Il se développe aussi au sein des DSIs des grands groupes."

Il me semble que cela se développe aussi au sein des maitrises d'ouvrage ; et j'en profite pour partager mon expérience : j'ai un profil MOA et j'ai impulsé les méthodes agiles au sein du CNRS pour les SI de gestion au niveau national. J'ai assuré le rôle de PO sur un premier projet dont les retours ont été très positifs.

Cette expérience a été menée conjointement avec la DSI du CNRS. Les impacts organisationnels et contractuels sont importants ; notamment au CNRS où la majeur partie des projets est développée par des sociétés prestataires de service.

Bien cordialement,
Sylvie Hazebrouck

[Bernard Notarianni]

Jean-Luc,

En réponse à cette affirmation:

> l'agilité de Microsoft, SAP, voire des autres cités est discutable.

Je peux te mettre en relation avec des personnes de Microsoft France
et Orange qui connaissent et pratiquent l'agile. Peut-être
accepteront-ils de te faire un retour d'expérience.
Je connais aussi des personnes de Microsoft Seattle qui font de
l'agile (et bien d'autres choses), mais ca sera un peu plus compliqué
de prendre contact.

Pour SAP, j'imagine que tu te souviens de l'équipe de SAP que nous
avions croisé à Caen qui me semblaient avoir une expérience de l'agile
tout à fait intéressante.

Bernard.

[Alexandre]

Bonjour

En fait la question serait plutôt : "Peut-on considérer qu'une société est
agile dès lors que certains projets sont réalisés en agile par des équipes
qui savent de quoi elles parlent ?"

En effet, lorsque l'on écrit "Microsoft est agile", le lecteur peut penser
honnêtement que c'est de la société dans son ensemble dont on parle, et ce
n'est souvent pas le cas.

Pour ma part, j'adhère à la remarque de Jean-Luc et je préfère dire que
"Certains projets chez Microsoft sont conduits avec agilité" pour éviter
toute ambiguïté.

Alexandre

PS : J'utilise Microsoft, mais je pourrais utiliser Orange, SAP, Yahoo ou
d'autres :)

-----Message d'origine-----
De : enseign...@googlegroups.com
[mailto:enseign...@googlegroups.com] De la part de Bernard Notarianni
Envoyé : mercredi 12 septembre 2012 11:09
À : enseign...@googlegroups.com
Objet : Re: Les approches agiles pour le grand public