Samedi 13 Août [1932] - Ce matin, avec Vallette, à propos de l'extrême
chaleur qu'il fait, je parle des gens qui passent leur temps à boire
et qui, naturellement, n'en ont que plus chaud. La conversation passe
de là sur les apéritifs, l'absinthe. Je dis combien j'apprécie de
n'avoir aucun penchant pour ces saletés. Je suis sans mérite, ne les
aimant pas. Néanmoins, je considère cela comme une vraie chance.
Vallette tout à fait de mon avis. Pas plus d'attrait que moi.
Considérant le mal qu'on se fait, il a ce mot, pour notre abstention,
à lui et à moi : « On peut en effet considérer cela comme une
bénédiction du ciel. » Je parle des gens qui prennent chaque soir une
absinthe. « Et même deux ! dit-il. Gourmont, par exemple Chaque soir,
ses deux absinthes. » Détail que j'ignorais jusqu'ici (Paul Léautaud,
" Journal littéraire ", Mercure de France)
Détail confirmé par ce que Jacqueline Peltier m'avait écrit : John
Cowper Powys a rencontré Remy de Gourmont en août 1913 à Paris. Il
raconte dans une lettre à une amie, écrite du Lutetia, qu'il a bu
l'absinthe avec lui, et que Gourmont lui a fait part de sa crainte à
l'idée de rencontrer Ezra Pound, qu'il s'imaginait comme une sorte de
Buffalo Bill! (Ref: Jack and Frances, " The Love Letters of John
Cowper Powys to Frances Gregg ", vol. I, Cecil Woolf, London, 1994, p.
58) Il profite de son séjour à Paris d'ailleurs pour acheter
Promenades Philosophiques.
http://www.remydegourmont.org/vupar/rub1/powys/notice.htm
Au passage, j'ai lu récemment " Givre et sang ", un de ces rares
livres pour lesquels LITTERATURE peut s'écrire en capitales.