Dimanche

0 views
Skip to first unread message

Valérie Mauduit

unread,
Nov 22, 2010, 6:41:10 AM11/22/10
to deca-m...@googlegroups.com
Comment s'est passee la journee de dimanche ici au Mexique ? Un petit peu
comme ca :
(et toujours les photos sur le site deca.ufoot.org)

Si j'ecris ces lignes au milieu de la nui a Monterrey, c'est que ce soir
les choses sont differentes des jours precedents. Cette nuit, Christian ne
dort pas. Il finira dans la journee de demain, si tout se deroule
correctement. Mais on entre dans la derniere ligne droite (plus que deux
marathons a faire !) alors il s'agit de finir sans tarder. Mais revenons
d'abord au debut de journee.

Notre arrivee sur la piste a ete marquee par une demonstration d'humour.
Joszef, qui avait fini le velo la veille au soir, commencait la course
pied. Il a double Christian deux fois dans le tour, d'une foulee gracieuse
et aerienne. Bref, comme un coureur de 10 km. Au tour suivant, il etait
meme fou de joie de realiser un record du tour : 10 min pour un peu moins
de 2 km, quand tous les coureurs en tete ne sont jamais descendus sous les
15 min.
C'etait a 4h30. A 7h, il etait arrete au stand, se faisant masser. Mais
quand je lui dis que ca me semblait lie a sa vitesse, il rit. Non, me
repondit-il, "when I run, I run". C'est aussi ce qu'il avait fait a velo,
doublant de nombreuses fois Christian, mais faisant des pauses tres
nombreuses. Christian ne l'a jamais double, au point qu'il le voyait en
tete de classement.


La veille au soir, Christian avait couru une heure ou deux avec son casque
MP3. Mais il l'enlevait a chaque pointage puce. Bien lui en pris
puisqu'une fois, la puce ne bippa pas pendant 3 tours de suite, chacun fut
enregistre manuellement. Je constatai ce matin que d'autres avaient le
meme reflexe d'enlever leurs ecouteurs. Ah, fiabilite bien aimee des puces
de Monterrey.

Le soleil se leve et il est temps. L�humidite poisseuse de la nuit est
prenante. Elle nous tombe dessus comme de la pluie. Humidite, temps a
ampoules ? C'est probable quand on regarde les pieds de Dave. Il avait
bien pense a se proteger avec des secondes peaux Compeed. Mais les
ampoules ont gonfle sous les pansements protecteurs. Il me demande quoi
faire, mais si j'ai l'experience des Compeed, je dois avouer que je ne
connais pas grand chose a son cas. J'en parle a Christian ensuite, en
l'accompagnant un peu sur le circuit. "Propose-lui donc mes chaussons !"
Mais Dave refuse, l'idee lui parait saugrenue. Roger quant a lui a chois
de naviguer toute la journee en sabots de plastique.


Pendant ce temps sur le double... 3600 km ca use, ca use, 3600 km, ca use
les machines. Une roue du velo de Greger a un beau pet. Ca n'est pas bien
droit tout cela, et il faut la changer. Le velo de Kim, lui, fait un
claquement a chaque tour de roue. Le bruit augmente au fur et a mesure que
la journee avance. On l'entend arriver et je ne peux que me demander si la
machine tiendra la deuxieme moitie de sa course !

A 9h, les jeux sont faits pour Christian : le record est inaccrochable
pour lui. Il devrait realiser moins de 20 min par tour et il en fait deja
21 a l'heure qu'il est. A bien sur, il peut regretter de ne pas avoir ete
meilleur en natation. Mais il n'etait pas venu pour un record et
finalement, se concentrer sur l'objectif de finir est le seul costume qui
lui convienne vraiment. Alors on avance.

Maintenant, Christian court avec ses guetres de contention et pense que
les chaussettes de contention ne sont vraiment pas adaptees a l'ultra. "Il
faudrait en changer 15 fois pendant la course, je me vois mal avec autant
de paires !" Je me permets alors de lui rappeler qu'il existe certains
ultras sur lesquels le gens ne changeant pas 15 fois de chaussettes, en
particulier ceux qui durent moins de 7 jours.


Il faut surveiller les pieds, ils sont dans un etat assez pitoyable. La
cause, d'apres Christian ? Le lecteur MP3, qui le fait negliger d'ecouter
ses parametres internes. Mais il lui permet de gratter quelques tours la
nuit, quand il est trop fatigue. Christian craint la fracture de fatigue
dans les metatarses. Les releveurs faiblissent. Et il a les dessous de
pieds qui brulent. Pour eviter cela il lui aurait fallu s'entrainer pied
nus, mais en automne a Saint-Quentin en Yvelines, il n'etait pas tres
tente.
Marcher lui fait plus mal que courir, mais courir l'epuise. Il s'essaie a
la technique de Martina Hausmann, entre marche et course, dans la relance
permanente.

Et il conserve un regard positif : dans une epreuve si longue, chaque
epreuve offre son lot de douleurs, mais ce qui est bien, c'est que
l'epreuve suivante est si longue que les douleurs de la precedente ont le
temps de s'estomper et de disparaitre completement pour laisser la place
aux douleurs de la nouvelle. Bon, par contre, on en viendrait presque a
regretter les epreuves precedentes quand on pense qu'en course a pied,
chaque metre doit etre gagne de force, il n'y a pas de roue libre comme en
velo, ni la glisse qui suit le demi-tour dans le bassin de la piscine.

La journee suit son court, lentement. Maintenant les coureurs font de plus
en plus de tours ensemble. Le rythme ballade est de rigueur. A 18h,
Christian fait sa pause chaussettes de la journee : chaussettes neuves et
Nok pour donner un coup de jeune a ses pieds. Le constat s'impose : la
douleur sous le pied, c'est une grosse ampoule, qui se continue dans
l'espace entre les orteils. Et a l'autre pied, c'est le deuxieme doigt qui
est transforme en grosse ampoule rose bonbon. Je suis trop impressionnee
pour en faire un photo, ce que me reproche Wayne : il voulait en profiter
aussi, dit-il d'un air hilare.


Le soir arrive, la decision est prise : Christian ne dormira pas cette
nuit. Il doit faire de son mieux et pas simplement conserver sa premiere
place. Il ne faudrait pas avoir des regrets ensuite. Avec la tombee du
jour, la chaleur ecrasante s'estompe, mais elle est remplacee pour une
moiteur tiede. Christian decide tout de meme de se remettre a courir. De
temps en temps, il s'arrete. Eh oui, fini la strategie "J'avance
toujours". Maintenant marcher est plus douloureux que courir.
Je fais quelques tours avec lui, ou seulement des bouts. Je me place
devant et je fais le lievre. Un lievre un peu lymphatique, ma foi. Le plus
difficile est d'avoir une foulee de coureuse quand nous avancons a 6 km/h.
Christian n'aime pas me voir marcher devant lui plus vite qu'il ne court.

Une coequipiere de Greger, du double deca, decouvre ce soir que ce nous
buvons tous, c'est des glacons fondus. Elle est horrifiee : "It's
disgusting!" Je crois que le plus degoutant est qu'elle y mette les mains
pour se servir et en remplir une petite poche. Eh non, ma cocotte, a la
piscine, ici, c'est de l'eau du robinet que vous avez bu.

23h : une excellente nouvelle. Dominique finit le velo. 1800 km : il
savoure son dernier tour et se sent d'attaque pour la course a pied. Apres
une bonne nuit de sommeil. Son objectif ? Avancer, jusqu'au bout, et faire
les kilometres qu'il pourra. Finies les fesses en feu. Pour les genoux,
les tendons d'Achille, on verra demain si le changement de discipline
atenuera les douleurs.

On entre de plus en plus dans la nuit. Moi d'athletes en piste. Il ne
reste plus aucun coureur. Christian continue a avancer, a coup de cafes,
de micro-pauses si necessaire, et de chansons paillardes chantees a
tue-tete. Est-ce parce que Roberto est un gentleman detestant la vulgarite
qu'il me conseille de faire dormir Christian "tant qu'qucun des qutres
coureurs n'est pas revenu en piste" ? Christian ne veut surtout pas. Il ne
veut plus etre eveille au bout d'un cycle de sommeil pour partir en donner
encore et encore. Maintenant, c'est tout d'une traite.

Pendant que j'ecris, Christian marche et court. La derniere chronique de
ce deca-ironman devrait etre ecrite aujourd'hui.

Reply all
Reply to author
Forward
0 new messages