Ici, ca reste le club de vacances, meme si c'est un club de vacances un
peu sportif. Joszef et Dominique partagent une progression assez
equivalente et les stands hongrois et francais sont cote-a-cote. Ca y est,
la decision est prise par Joszef : Dominique, si on termine nous deux, on
va boire une biere ensemble. Et Joszef de m'apprendre, un peu plus tard
dans la journee, que les deux mini futs sont deja achetes !
Christian pense deja a la fin pendant que je l'accompagne sur un tour. Il
aimerait qu'on fasse le dernier tour ensemble, mais il me lance : si je
suis vraiment en forme, tu ne pourras pas me suivre car je le ferai au
carton. Je suis pour ma part persuadee qu'il ne pourra pas atteindre une
vitesse que je ne peux pas atteindre en resistance dure.
Au camp de base, le buzz du jour, ceux qui lisent ma lettre d'information
le savent deja, c'est le film sur la natation au double-deca. Ils sont
dans un etat ! Et encore, le film ne montre meme pas les yeux brules par
le chlore, la peau desquamee, etc.
http://www.youtube.com/watch?v=yyk6UJPf7vs&feature=player_embedded
Christian commence a avoir envie de voir le film, lire les forums, les
messages d'encouragement que j'ai recus sur ma boite, toutes ces infos
d'internet que je lui transmets. Lui se sent seul. Et il en a plus que
marre des bruits du parc. Toujours le soir les usines, les trains,les
sonneries. Et le jour, la fanfare qui repete. Quand il etait etudiant,
Christian faisait partie d'une fanfare, dont tous les membres vivaient
dans la residence universitaire, au meme etage du meme batiment, le T4. Et
au T$, surtout en debut d'annee scolaire quand les debutant etaient
recrutes, on entendait a longueur de journee des pouets et des couacs.
Tout le monde s'y habituait de gre ou de force. Mais Christian me l'assure
: meme le pire debutant de sa fanfare jouait mieux que ceux-ci, au
Mexique.
A midi, Christian remet de la Nok sur ses pieds. Etrangement, il est le
seul de la competition a utiliser ce soin. Certains se tartinent de
vaseline. Mais visiblement ils ne connaissent pas les cremes
specifiquement anti-frottement : Ferenc lui dit son etonnement. Christian
en a un peu marre de l'odeur. Tout ce qui l'entoure sent la Nok, meme la
nourriture qu'il prend avec les doigts. Malgre tout, cela reste
indispensable, et il etait temps d'en remettre : il a une ampoule a chaque
pied. Il ne s'en etait pas rendu compte : ses pieds brulent tellement
qu'il ne sent pas ces petits trucs-la.
Ce qu'il sens par contre, c'est une gene sur le dessus du pied. Il
chercher le pli de sa chaussure qui provoque cela, ne trouve rien. Il
examine sa chaussette. Finalement, il decouvre a l'interieur une petite
plante, de ces boules qui s'accrochent a tous les habits. Un souvenir
d'Antibes, il en est certain. Les chaussettes trainaient dans la nature
la-bas.
Cette journee est particulierement chaude et meme lourde, l'humidite de
l'air est palpable. C'est vraiment un jour a glaces, me dis-je. Et j'ai
encore du succes a la distribution de mes 5 glaces. Mais Christian ne va
pas s'en contenter, alors qu'un peu plus tard il constate qu'il a
l'occasion de faire un tour avec Wayne. Il me demande un peu d'argent, et
par bras dessus bras dessous avec Wayne. David se leve alors et leur
emboite le pas. Ni une ni deux, je cours vers Christian completer la somme
pour qu'il puisse payer 3 glaces. Un bon quart d'heure plus tard, nous
voyons tous arriver nes trois lascars la main dans la main, et Christian a
bien troque ses deux billets pour 3 petites pieces.
Ils arrivent tels des heros de science fiction (mais un peu lents, les
heros), ca fait tiou, tiou, tiou, on croirait trois pistolets lasers.
Christian a trouve etrange, des le debut, que le son au passage puce soit
un simple bip pour les velos et un tiou de science fiction, evoquant bien
plus la vitesse, pour la course a pied.
La chaleur demande de bonnes mesures de precaution, Christian est fiere
d'avoir trouve un truc genial : une technique pour mouiller son bob en
l'enfilant sur les mini-fontaines du parcours, ces robinets dont le jet
est dirige vers le haut pour que l'on puisse boire directement a la
regalade.
Dominique de son cote vit les souffrances du debut de deshydratation : sa
tendinite se reveille. Il devient a nouveau difficile d'avancer et
malheureusement, il ne nous croit pas quand on lui dit qu'il vaudrait
mieux boire du Coca coupe d'eau pour moins solliciter l'organisme et plus
lui offrir d'eau. Et en fin de journee, c'est le tendon d'Achille de
l'autre jambe qui se reveille. La, ca devient problematique car le tendon
d'Achille, c'est crucial pour la course a pied qui suivra.
J'adore l'ambiance de la course, nous en parlons de plus en plus sur les
portions que nous realisons ensemble, Christian et moi. Nous nous
connaissons de plus en plus, triathletes, accompagnateurs. Je vais meme
feliciter pour Pari Lehman, la soeur de Roger, pour son super boulot : il
gagne des heures avec une accompagnatrice si performante ! Oui, elle adore
ce boulot, comme moi.
Et puis il y a tout le suspens de la course. Christian prend le large par
rapport a Dave, Dave a toujours une bonne avance sur les suivants. Mais la
course a la troisieme place est ouverte. Deja, Sergio a double Wayne. Il a
une belle foulee, une allure a la Henri Salvador. Mais Christian n'y croit
pas plus que ca : il fait trop de pauses etil n'y a pas de prix du style.
Et puis Antal n'etait qu'a 7 tours devant Sergio en debut d'apres-midi,
mais il s'accroche et est passe a 10 tours. Il a le visage determine, il
ne s'arrete presque jamais. Nous croyons tous les deux que c'est lui qui
va aller chercher le troisieme place. Roger le laissera passer devant, si
ca doit se faire, car on sens chez lui une motivation de finir simplement
ce deca a son rythme, sans souci de sa position de course. Bref, Roger n'a
pas la gnaque. Antal, si.
Dominique, lui, souffre. "T'y crois, toi ?", "C'est un truc de malades !"
sont ses phrases fetiches. A quoi s'ajoute, a la nuit tombee, un "Et moi
qui disais toujours que J'ADORE le velo, qu'on voit du pays..."
Christian souffre mentalement. Il a des visions. Il me demande tout a coup
: "Mais ils etaient la, avant, ces dessins sur le trottoir ?" puis au tour
d'apres il se plaint de la chaleur moite : "C'est terrible, on voit la
fumee monter du sol. C'est tellement gros, qu'on se dit qu'on a des
visions. Mais en vrai, c'est vrai ! Tu as vu toute la fumee ?" Non
Christian, on peut se dire qu'on a des visions.
Pendant ce temps, 3 triathletes du double ont depasse la distance
decaironman en velo : 1800km, plus que 1800 de plus faire... avant les 844
km de course a pied.
Et Christian qui ne va pas mieux. La micrisieste de 10 min de 21h30 lui
permettra de faire encore quelques tours avant un coucher plus tot que les
autres jours, a minuit trente. Mais il faut se preparer pour le grand
jour. Pas sur qu'il redorme avant la fin de la course. Malheureusement,
l'objectif du jour n'est pas atteint : il voulait faire 130 km chaque jour
comme a Antibes, il va se coucher avec 249 km au compteur. Mais demain est
un autre jour, "I'll be back