Des images et un décompte de tombes qualifiés de "
malhonnête" et "
macabre" par le pouvoir rwandais.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dévoilé, ce jeudi 4 septembre, une série de clichés satellites, pointant une forte augmentation du nombre de tombes au cimetière militaire de Kanombe à Kigali, depuis l'offensive du groupe armé M23 et des Forces de défense rwandaises sur Goma et Bukavu dans l'est de la RD Congo en janvier 2025.
460 tombes en plus en six mois
"De 2017 à mi-2021, on comptait en moyenne 1,7 nouvelle tombe par semaine. Depuis début 2022, après la résurgence du M23, ce nombre a progressivement augmenté pour atteindre 6 par semaine", écrit l'ONG, images à l'appui. "Entre le 15 décembre 2024 et le 9 avril 2025, une période qui comprend de violents combats autour de Goma et sa prise par le M23, le nombre de nouvelles tombes hebdomadaires a atteint 22".
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Selon les calculs de HRW, quelque 460 tombes ont été ajoutées au cimetière militaire de Kanombe, dans la capitale rwandaise Kigali, entre le 15 décembre 2024 et le 3 juillet 2025. Le bilan de soldats rwandais décédés à l'étranger signalé est pourtant de moins de dix pour cette période, pointe l'ONG, citant des chiffres rapportés par l'ONU et des forces rwandaises.
L'évolution du nombre de nouvelles tombes en plus dans le cimetière militaire de Kanombe de janvier 2017 à juillet 2025, selon les calculs de HRW.
Human Rights watch
Le M23, soutenu par le Rwanda, s'est emparé ces dernières années de larges pans de cette région riche en minerais, minée par les combats depuis plus de 30 ans, notamment des grandes villes de Goma et Bukavu au cours d'une vaste offensive lancée fin 2024.
Une opération "obsessionnelle"
Cette expansion territoriale du groupe armé, accompagnée de violations massives des droits humains, a placé Kigali dans une position diplomatiquement inconfortable. Le pouvoir rwandais, tout en dénonçant les exactions commises par l'autre camp, se distancie désormais officiellement des violences du M23 sur le terrain congolais.
"Human Rights Watch est malhonnête et cherche désespérément à attirer l'attention", a condamné vendredi sur X la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo. "En quoi le fait de traquer les cimetières rwandais pourrait être considéré comme une question relevant des 'droits humains'?", s'est-elle interrogée, accusant l'ONG de "couvrir" les attaques des forces congolaises et affiliés contre des civils et de "rejeter fréquemment et à tort la responsabilité sur le Rwanda".
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Le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a pour sa part décrié une opération "macabre", "irrespectueuse" et "obsessionnelle", et accusé HRW de fermer les yeux sur des massacres de Tutsi congolais "par les Nyatura, les FDLR et Wazalendo soutenus par Kinshasa".