Un journaliste battu à mort en pleine centre ville et la suite...
Ragip Duran
Hakan Tosun (50), journaliste-documentariste, spécialiste des mouvements écologistes a été battu à mort, le 10 octobre dernier, à Esenyurt, le plus grand district d’Istanbul.
Sa soeur, ses avocats, ses collègues et amis ont expliqué en détail le déroulement de cet assassinat mais en particulier l’attitude des policiers, des responsables de l’hôpital et du Parquet à la suite de ce meurtre. Le site d’information générale T24 a publié sur Youtube un video de 32 minutes sur l’affaire Hakan Tosun.
Technicien dans les radios et télévisions privées depuis 1993, Tosun s’est lancé à produire des documentaires à partir de 2009. Il en a réalisé 5 sur les mouvements et luttes des écologistes. ‘’Mon frère était un résistant. Il résistait pour l’ensemble des vivants’’ affirme sa soeur Oznur.
Hakan Tosun a été agressé par au départ deux et plus tard par trois assaillants aux environs de 22h30 dans une rue commerciale à Esenyurt. Les caméras de surveillance des boutiques du quartier le confirment. Mais les parents du seul inculpé sont allés mettre la main aux films des autres caméras qui ont été déjà vus par les policiers. Ces parents ont été repérés entrain de déjeuner avec les policiers dans le même quartier.
Les assaillants ont pris le sac à dos de Tosun dans lequel se trouvait la carte d’identité et le caméra du journaliste. C’est pourquoi quand il était transporté à l’hôpital personne ne le connaissait. Et les responsables de l’hôpital n’ont pas intervenus médicalement pendant environ 20 heures. Le cours des choses ont commencé à changer grâce à une campagne sur la Toile. L’avocat de Tosun Me. Onur Cingil, son ami Koray Turkay et sa soeur Oznur croient qu’il s’agit d’une bande criminelle qui a le soutien de la police, de l’hôpital et des parents des assaillants.
L’affaire a été le sujet d’une question orale par un député à l’Assemblée Nationale. Le Ministre de la Justice a répondu se basant sur une déclaration du Parquet qu’il s’agit d’un crime individulel, isolé. Et que Tosun aurait insulté ses agresseurs alors qu’il n’y a pas de son sur les films des caméras de surveillance.
Par ailleurs un autre député a demandé au Parlement l’ouverture d’un enquête sur ‘’les bandes criminelles qui agissent dans les rues des grandes villes’’, requête refusée par les membres du pouvoir. Le député Dr. Turhan Comez a montré à ses collègues les captures d’écran diffusées sur l’application Telegram Web des annonces des bandes criminelles qui désirent recruter des assaillants (Obligation de savoir manier des revolvers et de conduire une moto). Il y a également sur cette même application les annonces des assaillants qui cherchent de l’emploi (‘’ Je peux exécuter qui vous voulez où vous voulez!’’).
Les journalistes, les écologistes et les défenseurs des Droits de l’Homme ont manifesté en masse contre l’assassinat de Hakan Tosun. Mais ni la police ni le Parquet n’a pu éclairer les motifs, le déroulement et les vrais auteurs de cette assassinat.
‘’Hakan luttait avec son caméra contre l’histoire falsifiée, il documentait la vérité’’ croit Oznur. ‘’Il a été tué car il voulait mettre des bâtons dans les roues des patrons de rente’’ estime Koray Turkay.
Albert Camus disait « Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt ». A Istanbul les gens meurent, victimes des accidents de route, de leurs maris, de la torture, des bandes criminelles ou bien ils se suicident par carence d’espoir, à côté des morts naturels.
Le Pape Léon 14 actuellement en visite officielle en Turquie n’y peut rien. (FIN/RD)