Les Désarrois du Président Erdogan : Trump, Kurdes, Syrie, les Mécontents…
Ragip Duran
Humilié devant les caméras dans le Bureau Ovale par Donald Trump, le Président Erdogan a été très bien accuelli le lendemain par les députés kurdes de la Grande Assemblée Nationale de Turquie à Ankara.
‘’Il n’y a personne qui connaît mieux que lui (Erdogan) les fraudes électorales’’ avait lancé le Président Trump. Son homologue turc, ne parle aucune langue étrangère, mais bien qu’assisté d’un interprète, il a gardé le silence et n’a pas pu répondre. Trump a également diplomatiquement critiqué le Président turc: ‘’ J’avais demandé la libération du Pasteur Brunson il l’avait tout de suite libéré’’. Il s’agit du religieux américain, arrêté en Turquie, accusé de ‘’terrorisme et d’espionnage’’ en 2016 lors du Coup d’Etat raté de l’Imam Fetullah Gulen.
L’opposition turque a violemment protesté: ‘’Ce n’est pas Erdogan mais c’est la nation et l’honneur de la
Turquie qui ont été attaquées’’ estime-t-elle.
Le 1er octobre dernier, lors de la séance inaugurale du Parlement turc, Erdogan est allé jusqu’aux rangs des députés du DEM (Parti de l’Egalité et de la Démocratie des Peuples, kurdes et gauches, troisième parti du Parlement, 56 sièges sur 592) et s’est entretenu à bâtons rompus avec les dirigeants et députés kurdes. Ces derniers, visages souriants, ont royalement accuellis Erdogan.
DEM, qui garde encore l’espoir sur le projet de la ‘’Turquie Sans Terrorisme’’ ou bien de la ‘’Turquie de Paix et de la Démocratie Sociale’’ croit que le problème essentiel est la libération d’Abdullah Ocalan, ‘’Grand Leader du peuple kurde’’ et ‘’Négociateur en chef’’, bien qu’en prison depuis 1999.
Les médias d’opposition critiquent sévèrement ‘’la défaite à Washington du monarque’’. ‘’Il a promis à Trump d’acheter plus de 200 avions commerciaux Boeing, du gaz naturel américain et de supprimer les barrières douanières qui visent les produits importés des Etats Unis’’. En contre partie? ‘’Nous leur accorderons une légitimité’’ a répondu Tom Barrack, ambassadeur à Ankara des Etats Unis et envoyé spécial de Trump en Syrie.
Les relations entre la Turquie, les Etats-Unis, la Syrie et les kurdes sont devenus encore plus compliquées quand Devlet Bahceli, Président du MHP (Extrême-droite, allié d’Erdogan, 47 sièges) a déclaré, juste avant le départ d’Erdogan à New York pour participer à l’Assemblée Générale de L’ONU, qu’Ankara ‘’peut faire alliance avec la Russie et la Chine’’. Il croit que ‘’cette alliance n’affaiblira pas les relations d’Ankara avec l’Union Européenne et l’OTAN’’.
Ankara d’Erdogan et Damas d’Ahmed Al-Charaa désirent voir les kurdes de Syrie, qui contrôlent environ 1/3 du territoire du pays et possèdent une armée de 100 milles soldats, integrés complètement dans le système de l’Etat central de Syrie. Alors que les kurdes du pays, soutenus par Washington, Paris, Londres et Tel-Aviv veulent une autonomie voire une structure fédérale.
Erdogan, entrain toujours perdre des points dans les sondages d’opinion, incapable de gérer les crises économiques, sociales et morales est en même temps incompétent d’inventer et d’appliquer une bonne politique etrangère. Mais il est toujours maître dans le domaine d’arrêter les opposants, de nommer des administrateurs au lieu des maires élus et de présenter les défaites comme des victoires.
‘’Pas facile d’être l’Homme Unique du pays. Mais il est encore plus difficile d’être le citoyen simple du pays, car pauvre, en chômage et sans espoir’’ croit un journaliste chevronné en exilé à Bruxelles. (FIN/RD).