Le livre sur les donme de Salonique

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Ragip Duran

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Oct 19, 2025, 11:14:13 AMOct 19
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Le récit extra-ordinaire d’une famille dönme de Salonique: Retourner

Ragip Duran

 

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DönmekSabatay Sevi - Vikipedi

F.Nihan Hassan, nom de plume d’une universitaire, a publié récemment un livre (Dönmek-Retourner/Salonique-Istanbul-Salonique, chez Mundi, Istanbul, 237 p.) dans lequel elle raconte les mésaventures centenaires (1912-2022) de ses ancêtres de Salonique. Il s’agit de trois generations d’une famille ‘’Dönme’’, communauté juive sépharade qui a suivi le  kabbaliste  Sabbataï Tsevi après sa conversion forcée à l'islam en 1666.

Le récit dévoile la vie tumultueuse des parents, des grands-parents, des oncles et des tantes, en tout 10 personnes, tout au long du 20ème siècle. Donc un roman de famille, rédigé par la petite-fille qui a été choquée quand seulement à 40 ans elle a appris ses origines familiales : ‘’Nous sommes des juifs dönme de Salonique’’.

Cette communauté bannie voire condamnée et par les musulmans et par les juifs avait beaucoup souffert quand ses membres ont du quitter Salonique en 1912 et en 1924. De plus elle n’était pas bien accueillie par l’Etat et la société turque.

Mme Hassan, a fait beaucoup de recherches dans les archives publiques grecques et turques, a revu les documents et lettres de sa famille et beaucoup de livre sur Salonique et sa communauté dönme. Elle a passé des jours entiers dans le cimetière dönme d’Istanbul, à Bulbulderesi pour décrypter les inscriptions (En ancien turc) sur les pierres tombales pour rédiger ce récit. Elle était accompagnée pendant plus de 4 ans de recherche et de rédaction des spécialistes d’histoire de Salonique et des dönme.

L’autrice a un style et un langage simple, fluide et saisissant. De plus ses lignes, ses phrases sont très visuelles. Elle insiste sur les détails quand il s’agit de dresser des portraits de ses ancêtres mais également quand elle parle des repas et des habits.

Des dix  héros du récit, six sont des femmes.  C’est pourquoi d’ailleurs on peut facilement qualifier ce texte de ‘’roman de femmes’’.

Les membres de la grande famille avaient vécu à Salonique, à Bagdad et à Istanbul. Ces trois villes sont également bien décrites dans le récit.

Mme Hassan a su très bien fiancer les faits  individuels avec les évènements sociaux voire politiques. Ces grands-parents et ses parents ont été victimes de l’échange forcé de populations gréco-turques (1923-24) et de l’Impôt sur la Fortune (1942)  qui avait visé en particulier les non-musulmans de la population turque.

Le récit est très moderne, très actuel car il parle de l’immigration, de l’état d’âme des minorités, de la préservation des croyances religieuses et aussi des rapports des citoyens avec leurs propres origines.

La répression directe ou indirecte contre les personnes et les communautés non reconnues par l’Etat mais également par une grande partie de la société voit le jour dans ce récit.

Enfin Mme Hassan, avec ce livre, rend hommage à sa famille, nous informe sur un passé méconnu par la majorité des lecteurs turcs mais encourage également autres auteurs et autrices à révéler les histoires problématiques des grands-parents sujets de l’Empire Ottoman et plus tard citoyens de la République de Turquie. (FIN/RD) 

    

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