Turquie : Un journaliste star en prison
pour avoir ‘’menacé le Président’’
Ragip Duran
Fatih Altayli (63), le plus populaire des journalistes de l’ordre établi a été arrêté et mis en prison le 22 juin dernier, pour avoir ‘’menacé le Président de la République d’une initiative de meurtre’’.
Altayli, qui a plus d’un million d’abonnés sur son compte You Tube avait critiqué le Président Erdogan et avait donné des références historiques: ‘’70 pc. de la population ne vous apprécie pas. Parmi ces gens il y en a pas mal qui vous déteste. Peu importe. La nation turque désire toujours déterminer son propre destin. Dans la passé il ya eu des Sultans qui ont été tués, étranglés, victimes de complots…’’.
Un conseiller du Palais Présidentiel le 20 juin avait averti sur son compte X le journaliste: ‘’Fatih maintenant c’est ton tour!’’. 12 heures après la publication de ce message les policiers sont allés chez Altayli pour l’arrêter. Le tribunal a décidé de mettre le journaliste sous les verrous, donc le nouveau locataire de la fameuse prison de Silivri s’est installé dans sa cellule.
La carrière d’Altayli est assez riche car il a travaillé longtemps pour plusieurs quotidiens et chaînes de TV des médias grand public tous pro-gouvernement. Il a été directeur de publication, rédacteur en chef, chroniqueur et producteur-présentateur. Journaliste touche à tout il a été toujours Kémaliste convaincu, fervent opposant contre les kurdes, les arméniens, les gens de la gauche et les activistes des droits de l’homme. Son style populiste voire parfois gonzo était bien reçu par une partie des citoyens.
Depuis peut être deux ans il était devenu de plus en plus contre le régime Erdogan et il a gagné en deux jours 50 milles nouvels abonnés depuis qu’il est entré en prison.
L’ensemble des opposants sont par principe contre cette arrestation. Mais plusieurs chroniqueurs et collègues d’Altaylı n’omettent pas de republier et rediffuser les articles et les propos de ce journaliste star qui ne brille pas par ses positions libérales ou démocratiques.
Altayli continue à faire du journalisme depuis sa cellule grâce aux lettres envoyées aux médias par l’intermédiaire de ses avocats. ‘’Les jeunes policiers étaient très gentils avec moi’’. ‘’Je connais personnellement notre Président de la République’’, ‘’Je n’avais jamais menacé qui que ce soit et en particulier le Président de la République. J’avais simplement rappelé quelques faits historiques’’ a-t-il écrit.
‘’Ainsi Erdogan a montré encore une fois sa puissance et a envoyé un message fort aux journalistes qui oseraient le critiquer’’ estime un collègue d’Altayli.
Le Président de la République est obligé d’elargir le front de l’opposition car les sondages d’opinion publique montrent qu’il perd encore au moins 10 points depuis six mois. De plus il y a encore des dirigeants de son Parti qui commencent à le critiquer d’une façon très modérée, mais cela suffit pour enrager Erdogan, croit-on dans les coulisses du pouvoir. (FIN/RD)