Andr Goosse nat Lige (Belgique) le 16 avril 1926. Les nombreuses lectures qu'offre la bibliothque paternelle veillent une passion certaine pour la langue franaise. Il entame des tudes de philologie romane en 1945 l'Universit catholique de Louvain o il rencontre Marie-Thrse Grevisse, fille de l'illustre grammairien. Ils se marieront en 1950. Aprs une exprience dans l'enseignement secondaire, il devient professeur dans son universit en 1967. Dj membre de plusieurs institutions littraires, il entre l'Acadmie royale de langue et littrature franaises de Belgique le 9 octobre 1976. Il en devient le secrtaire perptuel de 1996 2001. Trs vite associ son beau-pre, il prend la succession de Maurice Grevisse afin d'assurer la prennit du Bon Usage. Avec toujours plus de rigueur, Andr Goosse continue actualiser et enrichir ce gigantesque tableau de la langue franaise. En 2011, il achve la ralisation de la 15e dition de l'ouvrage.
Maurice Grevisse nat le 7 octobre 1895 Rulles (Belgique), d'un pre forgeron et d'une mre couturire. En obtenant son diplme d'instituteur, il s'carte de la voie professionnelle paternelle. Il devient alors successivement rgent littraire, professeur et, enfin, accde en 1925 au titre de docteur en philosophie et lettres l'Universit de Lige. Ayant accept de refondre une grammaire scolaire existante, il rdige une œuvre originale, Le Bon Usage, qui parat en 1936 et deviendra le centre de toute une vie. Les plus grands grammairiens et crivains de l'poque, dont Andr Gide, vont saluer ce travail minutieux. Il publie galement une srie de manuels reconnus pour l'enseignement secondaire. Plusieurs distinctions viendront ponctuer une carrire admirable, comme le prix De Keyn de l'Acadmie royale de Belgique en 1939 et la mdaille d'or de l'Acadmie franaise en 1946. Maurice Grevisse disparat le 4 juillet 1980 aprs avoir confi les rnes du Bon Usage son gendre, Andr Goosse.
La grammaire descriptive se distingue de la grammaire normative (dite aussi prescriptive)[2]. La premire a pour objectif de dcrire et d'analyser les structures et particularits de la langue franaise d'un point de vue linguistique. La grammaire descriptive du franais a de nos jours nettement profit du dveloppement de la linguistique contemporaine, que ce soit dans le domaine de la grammaire du texte, de la pragmatique ou de la smantique, renouvelant et affinant ainsi la comprhension des mcanismes du franais.
La grammaire normative, pour sa part, a pour objet les rgles du parler correct , principalement l'crit. Cette grammaire n'a pas de fin scientifique, mais a seulement pour but d'indiquer comment utiliser les ressources de la langue.
On aborde gnralement la description de la langue en identifiant l'ensemble des classes de mots qui la composent. Deux mots appartiennent la mme classe grammaticale lorsqu'ils peuvent tre remplacs l'un par l'autre dans une phrase sans que la phrase cesse d'tre correcte. La grammaire franaise distingue neuf classes de mots :
Un groupe nominal est un groupe de mots qui a pour noyau un nom, prcd en gnral d'un dterminant. Dans le groupe nominal, le nom transmet ses marques de genre et de nombre au dterminant et l'adjectif : une veste bleue.
Le groupe nominal est constitu d'un dterminant et d'un nom commun : une veste.Le groupe nominal est dit tendu lorsqu'il comporte en outre des expansions du nom, c'est--dire des mots ou des groupes de mots qui compltent le nom noyau, apportant des prcisions sur ce qu'il dsigne, sans tre indispensables la correction grammaticale de la phrase. Les diverses expansions du nom sont :
Le pronom est variable en genre (masculin ou fminin), en nombre (singulier ou pluriel), et parfois aussi en personne. Il prend toujours la signification du mot ou du groupe de mots qu'il remplace (la rfrence). Cette fonction est exprime par son nom : pro-nom signifiant ce qui est pour , mis la place d'un nom.
Sa signification dpend aussi du contexte extralinguistique (quand le pronom est un dictique), ou du contexte textuel (selon que le pronom est un anaphorique ou un cataphorique). La signification du pronom cataphorique celle-ci , en revanche, dpend soit du contexte, soit du mot auquel il se rfre.
Le pronom personnel est une catgorie de pronom servant dsigner les trois types de personne grammaticale : je/nous, tu/vous, il/elle//ils/elles. Il a deux rles possibles dans la phrase : il peut avoir la valeur d'un pronom dictique ou celle d'un pronom reprsentant.
Le pronom personnel dictique de premire ou de deuxime personne sert dsigner une personne qui participe l'acte d'nonciation. Il possde donc une valeur dictique. Dans la phrase Regarde-moi quand je te parle, moi et je dsignent le locuteur, alors que te dsigne l'interlocuteur.
Le pronom personnel reprsentant de troisime personne sert dsigner des personnes ou des choses qui ont dj t mentionnes ou qui vont l'tre. Il a une valeur anaphorique ou cataphorique, il fait partie des pronoms reprsentants.
Aux troisimes personnes du singulier et du pluriel, et aux formes disjointes, le pronom personnel prend une forme spcifique lorsqu'il est rflchi, c'est--dire lorsqu'il reprsente le mme rfrent que le sujet.
Les formes en et y sont des pronoms remplaant gnralement une prposition. On parle alors de pronoms adverbiaux[3], car ils ont souvent, comme les adverbes, une fonction circonstancielle.
Lorsque la proposition subordonne relative est adjective, le pronom relatif remplace un groupe de mots que l'on appelle son antcdent. L'antcdent est situ dans la proposition dont dpend la relative, le pronom a alors une valeur anaphorique.
Le pronom dmonstratif simple ce est dsign comme neutre, car il ne varie pas en genre ni en nombre, et se rfre uniquement des inanims. Il intervient exclusivement pour former des propositions subordonnes relatives.
La forme compose d'un pronom dmonstratif n'est pas ncessairement modifie par un autre rfrent. La particule localisatrice ci renvoie la forme la plus proche, alors que la particule l renvoie quelque chose de plus loign.
Un pronom indfini dsigne un tre anim ou inanim dont on ne prcise pas l'identit ou le nombre. Cette classe est assez htroclite. Riegel, Pellat et Rioul identifient deux grandes catgories : l'une de quantification et l'autre d'identit ou diffrence[4].
Le pass simple dsigne une action sans rapport avec le moment prsent et compltement acheve (aspect accompli de l'action) au moment o le locuteur parle. C'est un temps du rcit qui a disparu de la langue parle. Cependant, dans la narration crite (romans, essais historiques, etc.), ce temps reste couramment employ : Raphal laissa tout coup chapper un clat de rire si brusquement intempestif, que son ami lui demanda compte de cette joie brutale. (Honor de Balzac).
Le pass compos s'emploie pour dsigner un acte qui a eu lieu dans le pass et qui, dans le pass, a t fini (J'ai mang puis je suis parti) alors que l'imparfait dsigne une action qui a t commence dans le pass mais qui a t interrompue (Je mangeais mais mon frre est arriv ce moment-l).
Tout comme le pass simple, le pass antrieur s'utilise plutt l'crit qu' l'oral. Il sert indiquer qu'une action s'est termine au moment o une autre commenait, contrairement au plus-que-parfait qui indique une action en cours d'accomplissement.
Le plus-que-parfait est un temps compos, comme le pass compos avec un verbe auxiliaire + le participe pass du verbe que l'on veut conjuguer, mais l'auxiliaire n'est pas conjugu au prsent, il est l'imparfait.
Le futur immdiat se construit avec le verbe aller conjugu au prsent de l'indicatif (en auxiliaire) suivi du verbe principal l'infinitif et exprime une action dans un futur proche ou considr comme une intention certaine :
Le futur antrieur est un temps compos avec l'auxiliaire tre ou avoir conjugu au futur simple suivi du verbe au participe pass. Il exprime l'aspect accompli ou l'antriorit par rapport au futur simple correspondant : Tu ne seras content que quand tu auras cass cette chaise. (Cocteau)[6].
Il sert aussi remplacer le futur dans une pense ou un discours rapport indirect dans une narration au pass. Dans cet emploi, il joue le rle d'un temps de l'indicatif et on peut alors l'appeler indicatif futur du pass.
La grammaire franaise compte six modes, deux rels (l'indicatif et l'infinitif) et quatre irrels (le subjonctif, le conditionnel, l'impratif et le participe) qui permettent d'exprimer des fictions, des suppositions, des ordres, etc.
Tous les langages artificiels, tels que les mathmatiques, font des propositions selon un mode rel (le plus souvent quivalent de l'infinitif), mme s'ils distinguent les hypothses des axiomes et possdent des oprateurs indiquant des conditions. L'opposition logique disjonctive entre le vrai et le faux est diffrente de l'opposition modale entre ralit et fiction.
Le subjonctif s'emploie surtout dans une proposition subordonne compltive, relative ou circonstancielle, aprs une proposition principale dont le verbe exprime un sentiment, une volont ou un jugement[7].
Au mode conditionnel, ce qui est dit est propos comme tant soit rel, soit irrel selon qu'une condition exprime ou sous-entendue est considre comme vraie ou fausse. Alors qu'il tait considr traditionnellement comme un mode, le conditionnel est maintenant souvent intgr l'indicatif en raison de ses caractristiques formelles et smantiques[8].
Au mode infinitif, le verbe reste invariable et continue exprimer la ralit d'une action. Il est assimil un nom qui cesse d'avoir le mme sujet que le premier verbe pour jouer la fonction de complment d'objet direct de celui-ci dans la premire proposition.
Au mode participe, le verbe est assimil un adjectif et joue la fonction d'attribut du sujet dans la premire proposition. Lorsque le premier verbe est un verbe auxiliaire, c'est--dire avoir ou tre, le second verbe est au mode participe.
La forme compose varie selon le genre, le nombre et la fonction du rfrent, et peut se contracter avec les prpositions et de. Elle a une valeur anaphorique, car elle reprend un groupe nominal.
4a15465005