Le virus libéral

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Sep 25, 2010, 6:35:56 PM9/25/10
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Le virus libéral

Ce texte est la reproduction de deux articles rédigés par André
Gandillon et publiés dans la revue « Militant » (n° 582 et n° 583 des
1 er et 25 janvier 2007). La pensée exprimée est en concordance avec
la doctrine sociale du mouvement nationaliste « L’OEuvre française »
fondé par Pierre Sidos.

Dans les discours tenus par des membres de mouvements regroupés
génériquement sous l'appellation large de "nationaliste" ou bien
"d'extrême droite" par le pouvoir médiatique, il en ressort bien
souvent une pensée philolibérale, autrement dit des idées qui, d'une
manière ou d'une autre sont marquées - ou contaminées - par la pensée
libérale. Le Front national et autres mouvements souverainistes ou
clubs de pensée comme le Club de l'Horloge en sont ainsi victimes à
des degrés divers. Il convient d'en traiter une nouvelle fois afin de
clarifier un aspect capital du débat.

Le fourre-tout du mot libéral

Une acception traditionnelle du mot "libéral" désigne une personne qui
aime à répandre ses bienfaits, à soulager ses semblables, ou même
seulement à leur être utile ou agréable, selon la définition du
dictionnaire Bescherelle de 1863. Ce n'est bien entendu pas de cette
qualité, de cette inclination de la personnalité de quelqu'un qu'il
s'agit dans notre présent propos.

L'acception du terme "libéral" qui nous intéresse se rapporte
évidemment au courant de pensée né de la philosophie des Lumières et
qui est passé dans le langage politique au cours de la décennie 1790
pour désigner des hommes modérés, dévoués aux doctrines libérales - et
non pas terroristes - de la Révolution française. Il désigne
généralement des hommes affichant des idées généreuses, professant une
certaine bienveillance envers toutes les classes de la société dont on
souhaite améliorer le sort. Ainsi, le terme fut, après 1815, appliqué
aux adversaires de la Restauration tels le député Manuel et le général
Foy qui étaient censés réagir contre l'obscurantisme de la monarchie
bourbonienne restaurée dont, il faut malheureusement le reconnaître,
nombre de ses partisans ont manqué d'intelligence et d'à-propos comme
avec la loi dite du "Milliard des émigrés" et la loi sur le Sacrilège.
Il y eut aussi la République libérale qui se confond avec la IIIème
République, dont l'investissement par les radicaux de tous poils après
1901 ne changea pas fondamentalement l'esprit, la République, en
France, signifiant un régime anti-chrétien plus encore qu'anti-
clérical.

Le mot "libéral" a connu des connotations diverses au point qu'aux
États-Unis, un libéral reste considéré comme étant de gauche,
autrement dit l'équivalent de la mouvance socialo-communiste en
Europe, alors qu'en Europe se dire "libéral" désigne une personne
comme étant "de droite".

Toutefois, le mythe démocratique qui lui est pourtant lié étant devenu
un lieu commun pour tous ceux qui, peu ou prou se sont ralliés au
modèle dit "occidental" à savoir la sacro-sainte économie de marché et
le droit de l'hommisme (à des doses variables), le mot "libéral" se
rapporte de nos jours essentiellement à la doctrine économique et à
une conception de l'ordre social. Il désigne une pensée qui repose en
premier sur la volonté de dégager l'individu de tout lien social, la
notion de bien commun disparaissant, en second sur l'affirmation d'un
ordre naturel qui tend à s'établir spontanément de manière équilibrée,
notamment dans le domaine économique, en laissant l'homme, conçu comme
un agent économique rationnel (homo oeconomicus), agir librement, sans
contrainte.

Une idéologie matérialiste

Ces deux points appellent quelques remarques. Dans la pensée libérale,
issue de ce courant de pensée "moderne" reposant sur le postulat
galiléen que le monde est écrit en langage mathématique et peut donc
être expliqué à partir des chiffres et des nombres, l'être humain est
considéré et traité comme un individu et non comme une personne. Cela
signifie que l'être humain est dépouillé de ses qualités sensibles,
pensé comme détaché de toute appartenance culturelle, nationale,
professionnelle, comme n'ayant aucune relation avec la société dont il
est membre autre qu'économique : c'est un être construit
artificiellement selon une rationalité matérialiste, faisant fi de la
réalité. De l'homme concret de chair et d'os, qui a un métier, un
milieu, une personnalité, une spécificité ethnique, raciale et
culturelle, l'utopie libérale et démocrate en a fait un être irréel,
théorique, un personnage allégorique en dehors du temps et de l'espace
et identique à tous les étages de la société et en tous lieux de la
planète. De ce fait, la pensée libérale n'est qu'un matérialisme, dont
le pendant à la fois antithétique et complémentaire est le socialisme
théorisé par les marxistes, qui pense recomposer l'indispensable lien
social a priori, à partir des individus.

Naturellement, il découle de cette rationalité matérialiste, nourrie
de l'addition et de l'agrégation de nombres, la notion de démocratie
dite "représentative", fondée sur des élections périodiques au cours
desquelles on additionne arithmétiquement les voix d'individus,
autrement dit de numéros matricules considérés en eux-mêmes.

Ce matérialisme se trouve synthétisé dans la mystique du marché, selon
laquelle toute relation économique et par suite sociale dépend de la
loi du marché, ou plus exactement des multiples marchés qui
s'établissent autant qu'il y a de matières et de sujets pouvant servir
de prétexte à l'établissement d'un marché, cela allant du marché de la
pomme de terre au marché d'objets immatériels comme les marchés à
terme sur les taux d'intérêt et autres "trucs" financiers de nature
spéculative.

Tel est, succinctement résumé, le corpus idéologique du libéralisme
qui infiltre à des degrés divers la réflexion de nombre de personnes
sincèrement attachées à leur nation, à leur civilisation. Or, de ce
qui précède, il ressort clairement qu'une telle idéologie va à
l'encontre de l'objectif recherché, à savoir la défense et la
promotion des intérêts nationaux, les seuls par lesquels l'authentique
personnalité de chaque être humain peut être affirmée, développée et
défendue.

Une nation, en effet, n'est pas une addition d'individus, de
"clones" : c'est une communauté de destin, faite certes des hommes qui
l'incarnent dans le présent mais aussi de la terre qui lui a permis et
lui permet de subsister, des générations antérieures qui l'ont édifiée
dans l'effort et dans les sacrifices de toutes sortes nourries d'une
pensée, d'une culture ancrée dans une histoire souvent plus que
millénaire qui en nourrit une tradition vivante dont l'âme et la
pensée de chacun de ses membres est alimentée et vivifiée. Une nation
ne se réduit pas à son PNB (Produit national brut). Une nation n'est
pas un agrégat économique ni un ensemble de marchés. Elle n'est pas
quantifiable, ni mesurable : elle se réfère à l'Être et donc à son
Être propre marqué par une identité spécifique, une âme unique et
inimitable. Un peuple n'est pas une somme d'individus assemblés dans
un corps électoral mais un tissu de corps intermédiaires tissant entre
eux de multiples liens intellectuels, sociaux et économiques.

Vouloir défendre la nation et le peuple dont on est membre tout en
professant des idées libérales revient à se priver des moyens
efficaces de son combat. Cela consiste à couper les griffes d'un félin
ou le bec d'un oiseau.

Le mirage libéral

Cette dérive de la pensée chez ceux qui se disent - accordons-leur ce
sentiment -sincèrement attachés à leur patrie, vient de ce que leur
sentiment patriotique, leur sentiment nationaliste n'est pas étayé,
structuré par une doctrine. Et la seule doctrine qui permette d'y voir
clair, d'agir efficacement pour le salut de la nation est la doctrine
nationaliste, autrement dit la manière de penser les événements en
fonction du seul intérêt de la nation considérée objectivement dans sa
réalité pleine et entière, faite à la fois d'âme et de matière. Aucune
action politique ne peut être valable si elle ne relève pas d'une
conception spiritualiste.

Il est facile d'expliquer l'attrait de la pensée libérale trop souvent
réduite à son seul aspect économique sur ces personnes par le succès
économique mondial des États-Unis présentés et perçu comme étant le
modèle d'un État appliquant le libéralisme, étant entendu que les
puissances dominantes ont toujours tendance à rayonner et servir
d'exemple à imiter. Il est pourtant aisé de montrer que ce qu'on
appelle le libéralisme nord américain repose largement sur un
protectionnisme notamment dans le domaine agricole, et sur de
multiples interventions de l'État. Cette réalité est d'ailleurs
dénoncée par des libéraux que l'on peut qualifier conventionnellement
d'ultra-libéraux, tels les disciples d'Hayek et le mouvement
libertarien dont le principal théoricien fut Murray Rothbard. Il est
aussi aisé de montrer comment les attaques contre ce protectionnisme
américain menées ces dernières années fragilisent, sans que cela
apparaisse encore clairement, les structures de l'économie américaine
dont le déficit extérieur va croissant et dont l'économie, victime du
libre-échangisme mondialiste, se vide peu à peu de sa substance,
notamment sa substance industrielle : en témoigne la déconfiture
actuelle des trois grosses entreprises automobiles que son Ford,
Chrysler et General Motors. Dans les années 1950, les États-Unis
produisaient quatre-vingt-quinze pour cent de ce qu'ils consommaient.
Aujourd'hui, ils importent le quart de leur acier, les trois quarts de
leurs vêtements. la moitié de leurs machines-outils et quarante pour
cent de leurs voitures.
Le mirage libéral doit donc être dénoncé et dissipé. Pourtant - et
c'est ici qu'interviennent confusion et quiproquo - la critique que
font les libéraux du fonctionnement de notre société est loin d'être
infondée. Or il ne s'agit pas ici de libéralisme mais d'organisation
de la société et plus précisément de celle des pouvoirs publics, à
savoir celle de l'Etat et de ses démembrements. La seule question qui
se pose est celle de l'efficacité de l'État relativement à la défense
et à la promotion de l'intérêt national.

Libertés économiques et nationalisme

Ainsi, la question qui se pose relativement à l'économie n'est pas de
démembrer l'État parce que l'idéologie le commande mais de savoir
comment permettre aux nationaux d'exercer leurs talents créatifs,
autrement dit de traiter de la question des libertés économiques
relativement à l'intérêt de la nation, c'est-à-dire dans le cadre
d'une économie nationale orientée en fonction de l'intérêt et du bien
commun de la nation. Il ne faut pas confondre les libertés économiques
indispensables à la vie d'une nation dans la mesure où elles
permettent aux différentes énergies créatrices de s'épanouir, et le
discours libéral, idéologique, qui se situe de par sa nature hors du
cadre national et des préoccupations nationales. Il est clair que,
dans le cas de la France, se pose la question du rôle de l'Etat et
singulièrement des dérives parasitaires qui caractérisent son
évolution depuis quelques décennies, notamment l'emprise tentaculaire
qu'il déploie sur la société française au point de l'asphyxier par
l'intermédiaire de corps de fonctionnaires en pleine prolifération et
qui se traduit par les insupportables racket et inquisition fiscaux.
Une refonte de l'organisation des pouvoirs publics, avec notamment une
remise en ordre de l'organisation administrative de la France
supposant la suppression des nombreux doublons, est indispensable ; ce
qui implique au préalable un changement de régime mettant la
ploutocratie politicienne parasitaire hors circuit ; ce qui nécessite
aussi la sortie de l'UE (Union européenne), structure à dérive
soviétoïde qui renforce encore l'emprise sclérosante de la
bureaucratie et de la technocratie, détruit notre souveraineté et vend
notre pays aux puissances financières transnationales et
nécessairement apatrides.

Par conséquent, s'il est entendu que le carcan de la bureaucratie
étatique doit être supprimé, il n'en demeure pas moins que l'État doit
jouer un rôle directeur dans l'orientation de l'activité économique.
Celle-ci doit être soumise à l'intérêt national, au bien commun et non
pas à l'intérêt de puissances privées comme c'est le cas actuellement,
avec des institutions financières aux capitaux anonymes et divers
groupes de pression idéologiques tels les clubs issus du fabianisme et
autres officines plus ou moins occultes.

Les idiots-utiles du mondialisme

Plus largement, aucun redressement de la France, aucun redressement
des autres États d'Europe n'est envisageable s'il ne s'inscrit pas
dans une optique de prise en compte première des intérêts nationaux,
autrement dit dans une optique nationaliste. En l'état actuel de la
situation, cela signifie qu'il ne s'agit pas de réaménager le système
actuel, ni de le réformer, car il n'est pas réformable : il s'agit de
rétablir les nations européennes dans la continuité de leur histoire,
celle qui a été interrompue par la mise en place, progressive depuis
1789 et généralisée après 1918, de régimes fondés sur la rationalité
des Lumières, qui est une mutilation de la raison et de notre
civilisation et qui est fondamentalement un universalisme négateur des
nations et par suite de l'ordre voulu par le Créateur.

A cette aune, les gens qui se disent "de droite" et se considèrent
comme des patriotes, ne peuvent être que les "idiots utiles" du
système mis en place lentement mais sûrement depuis la fin du XVIIIe
siècle. Ces gens, choqués par les dérives du système, passent leur
temps à les dénoncer et à proposer des remèdes sans pour autant
remettre en cause ce système et à en analyser les tares. En se disant
"de droite", ils ne font que s'opposer à "la gauche" qui, de par la
nature même du système, en est le moteur diabolique. L'histoire le
montre : la "droite" a passé son temps, depuis deux siècles, à jouer
le rôle de frein qui, au mieux, avec plus ou moins d'effets, réussit à
ralentir le char du modernisme sans pour autant l'arrêter. Plus
encore, avec le temps et s'y accoutumant par manque de vigilance, elle
fait siennes les "idées avancées" d'hier, celles-là même qu'elle
critiquait alors.

Progressivement mais sûrement, elle se gauchit elle-même, au point
qu'au fil des ans, on assiste à l'émergence de ce que l'on peut
désigner comme étant le spectre idéologique de la droite, allant des
plus modérés - ceux qui s'accommodent le mieux du système - aux plus
réticents - ceux n'acceptent pas la majeure partie des dérives tout en
étant convaincu de l'irremplaçable valeur de la démocratie. C'est ce
qu'en France on peut, grosso modo, désigner sous les appellations de
pseudo-droite - la droite régimiste - ou encore de droite nationale
qui se réfère à ce qui était la pensée commune de la droite française
républicaine dans les années 1950.

Il importe maintenant de commenter quelques-uns des derniers
développements de cette droite nationale libérale et démocrate, avec
ses différentes expressions, en insistant sur une des composantes, à
savoir le Club de l'Horloge qui a tenu sa XXIlème Université annuelle
en septembre 2006.

Le cas du Club de l'Horloge

Cette réunion avait pour thème : "Les ruptures nécessaires : une
stratégie pour redresser la France." Le sujet était donc d'un grand
intérêt : redresser la France est le souci de tout Français conscient
du déclin et de la décadence actuels. Le président du Club, Henry de
Lesquen, a ainsi présenté son projet : "Il est des hommes politiques
de droite qui se plaisent à jouer les matamores sur le thème de la
"rupture", pour mieux reculer ensuite, piteusement, devant la gauche,
comme on l'a vu en 2006 dans l'affaire du CPE (Contrat première
embauche). Il faut prendre la rupture au sérieux car le redressement
de la France ne sera pas concevable tant que la voie de la réforme
n'aura pas été dégagée par de véritables ruptures, dans tous les
domaines de la politique. Il faut d'abord rompre avec les tabous
imposés par la gauche pour revenir aux principes de la Nation et de la
République; il faut, ensuite, développer la liberté et la démocratie,
pour amorcer le changement nécessaire ".

Un langage flou

Ce propos commence plutôt bien : il dénonce la pseudo-droite qui
gouverne à la remorque de la gauche, comme elle le fait piteusement
depuis des générations, et accessoirement fustige l'imposteur et
illusionniste Sarkozy. Puis il continue en affirmant que rien ne peut
se faire sans véritables ruptures. En effet, nous le savons, le
système n'est pas réformable : il faut en changer. Pourtant, très
vite, les choses se gâtent. En effet, que lisons-nous ? Il faut
"revenir aux principes de la Nation et de la République". Certes,
revenir au principe national est d'un élémentaire bon sens, mais
l'expression "revenir aux principes de la République" ne peut que nous
intriguer. En effet, quels sont ces principes ? La XXIème Université
du Club de l'Horloge avait traité de ce sujet mais n'avait fait que
"noyer le poisson", définissant la République à sa façon et ignorant
l'acception précise qu'a la notion de "République" en France. Ne nous
payons pas de mots. Le mot "République" n'est pas en soi infamant : il
y a eu la République romaine, la République de Gênes, la République de
Venise etc.

Il a paru en 1577 le livre de Jean Bodin Traité de la République qui
prend le mot république dans son acception primitive, à savoir
"administration de la chose publique", (ce qui ne fait pas pour autant
de Bodin un "républicain" au sens moderne du terme : il se prononce
pour la monarchie héréditaire).

Mais en France, faire référence à la "République" consiste, dans le
sens commun, à viser une conception mutilée de la France, cette
"France qui a commencée en 1789", qui a servi de modèle désintégrateur
à l'Europe d'après 1918, qui rejette fondamentalement les racines
spirituelles de l'Europe et de la France, en rupture totale avec son
passé pluri-millénaire et pense la France comme modèle cosmopolite et
universel au prix de la dissolution de son être dans cet "universel".
Si, dans le présent cadre institutionnel, on peut comprendre que l'on
ait la prudence de ne pas remettre en cause la forme républicaine du
gouvernement, ceux qui veulent oeuvrer au redressement de la France
devraient éviter de se référer explicitement à "la" République que
l'on ne peut confondre avec la France.

Au mieux, qu'ils parlent de "leur" République afin d'éviter toute
confusion, à supposer que, dans leur esprit, la distinction existât,
chose la moins sûre qui soit comme nous allons le voir ci-après.

Liberté et démocratie

Ensuite, Henry de Lesquen poursuit en demandant de "développer la
liberté et la démocratie". Mais quelle est "la" liberté? Il faut alors
remarquer que depuis des décennies, on ne parle que de développer la
liberté. Et que trouve-t-on comme libertés ? La liberté d'avortement,
la liberté de conspuer la nation, la liberté d'afficher des moeurs
déviants etc.
Ah ! certes, Henry de Lesquen pense surtout à la liberté économique.
Mais, là encore, nous le savons, qu'est-ce que la liberté économique ?
Car si la liberté économique réclame la liberté d'entreprendre et de
créer, elle peut conduire au pire et le libéralisme économique soumis
à la finance internationale que nous connaissons en est
l'illustration. Quant à la "démocratie", qui est présentement la
démocratie représentative, nous savons qu'elle est l'un des facteurs
majeurs de notre déclin. Il ne s'agit en fait que d'un gouvernement
oligarchique aux mains de groupes d'intérêts privés qui laisse place à
toutes les corruptions et toutes les médiocrités : que l'on relise Les
Responsabilités des dynasties bourgeoises d'Emmanuel Beau de Loménie
pour s'en convaincre. Que l'on pense à notre histoire pétrolière où
l'intérêt national a été sacrifié à des collusions d'intérêt entre
politiciens et groupes pétroliers telle la Standart Oil de
Rockefeller. Par suite, vouloir développer la liberté et la démocratie
"pour obtenir les changements nécessaires" revient à employer une
formule creuse.

Aussi, lorsque Henry de Lesquen demande de rompre avec les tabous
imposés par la gauche, il faut en premier lieu dénoncer la nature même
du régime dont les fondements, rappelons-le sont "à gauche" :
n'oublions jamais que, par suite du processus continu de dérive
gauchisante de la pensée depuis le XVlIIème siècle et exposé
précédemment, les idéaux "de droite" que fait siens le Club de
l'Horloge étaient sous l'Ancien Régime finissant, ceux de la gauche
d'alors, dans la mesure où la gauche incarne, dans le mythe
contemporain le "progrès" et son accessoire marxiste le pseudo sens de
l'histoire, lequel n'est en réalité que le produit de la volonté des
hommes.

La confusion républicaine

Henry de Lesquen, dans sa conclusion, a insisté sur le fait que "les
ruptures proposées sont d'inspiration libérale et nationale, donc
républicaines". Là, nous touchons le fond de la pensée de la droite
nationale : le fond en reste la destruction du corps national en tant
qu'ensemble de corps intermédiaires, le refus d'une conception
organique de cet être vivant qu'est une nation pour n'en faire qu'un
agrégat d'individus. De ce point de vue, républicains libéraux et
républicains socialistes partagent les mêmes fondements : ceux d'une
conception constructiviste de la société, d'un peuple, et non une
conception charnelle, une conception en accord avec l'expérience de
millénaires d'histoire et qui est consubstantielle à la nature
humaine. A lire cette citation, la conception de la république que se
fait le Club de l'Horloge est sans confusion possible, celle de la
Révolution : la Révolution française est une révolution libérale et
l'épisode de la Terreur, lié en outre à la situation apocalyptique
d'un régime aux abois, menacé d'invasion, ne peut nous le masquer. La
loi Le Chapelier, le décret d'Alarde (bien que votés dans les derniers
temps d'une monarchie vidée de sa substance) sont d'inspiration
libérale. Et la IIIe République, fidèle à sa nature libérale, du moins
en économie, mènera une politique d'inspiration anti-sociale qui
aboutira à l'explosion de 1936, tandis que l'Allemagne bismarckienne,
présentée comme un parangon d'autoritarisme, d'aristocratisme - donc
d'obscurantisme réactionnaire pour les "républicains" - instaurera dès
les années 1880 des lois visant à maintenir la substance sociale d'une
société allemande qui, par ailleurs, n'avait pas subi le traumatisme
déstabilisateur d'une révolution faisant table rase du passé. Il est
impossible, par suite, de redresser la France avec de tels prémices.

Des ruptures faibles

Cela précisé, cette XXIlème université allait, par le truchement d'une
dizaine d'intervenants, énoncer ce que le Club de l'Horloge considère
de fait comme les principales ruptures à réaliser. Rétablir la
primauté du droit national sur le droit européen ; rétablir la peine
de mort ; supprimer le regroupement familial pour en finir avec
l'immigration invasion ; abolir le PaCS (Pacte civil de solidarité)
pour restaurer la famille ; instituer le référendum d'initiative
populaire ; créer le chèque éducation ; libérer le marché du travail ;
introduire la concurrence en matière de sécurité sociale ; réformer la
droite.

Dans tout cela, il y a bien sûr nombre de points qui vont dans le bon
sens. Rétablir la primauté du droit national va de soi ou devrait
aller de soi.

Mais il n'est qu'une conséquence de l'affirmation d'un principe
premier : celui de l'inaliénabilité de la souveraineté nationale.
L'Europe n'est pas les États-Unis dont les États sont une émanation
d'un pouvoir central fondé sur treize colonies ; elle est faite
d'États et de peuples à l'identité propre, plongeant ses racines dans
la profondeur des siècles, ayant contribué à nourrir une civilisation
commune. Si une coopération est indispensable et vitale, elle ne peut
se faire par une abdication de la souveraineté quelle qu'elle soit.

Par conséquent, se contenter de la réaffirmation de la primauté du
droit national est insuffisant. Supprimer le regroupement familial est
certes nécessaire, mais c'est une mesure minimale et il semble que le
Club de l'Horloge reste très modéré face à un phénomène gravissime. En
fait, outre la suppression de l'automaticité d'une protection sociale
accordée à tous ces arrivants, il est vital de mettre en place une
politique drastique de lutte contre l'immigration illégale : nous
sommes objectivement en état de guerre pour la survie de notre
identité et de notre civilisation, et les mesures à prendre sont
celles que tout État digne de ce nom adopte en période de guerre.
Conjointement, c'est le renvoi des immigrés inassimilables et
inassimilés dans leurs pays d'origine qui doit être organisé. Que l'on
ne dise pas que c'est impossible : une dizaine de millions d'Allemands
installés en Europe centrale et orientale depuis plus de cinq siècles,
sinon plus encore, en ont été expulsés dans des conditions abominables
en quelques semaines en 1945. Plusieurs centaines de milliers
d'Européens installés depuis plus d'un siècle en Algérie, pays qu'ils
avaient construit, en ont été chassés en quelques semaines en 1962.
Autant agir calmement, avec humanité, de manière concertée avec les
pays concernés, plutôt que de se trouver dans des situations
critiques. Si la situation actuelle ne permet évidemment pas sa mise
en oeuvre immédiate, il faut la maintenir comme principe politique
fondamental car l'histoire présente toujours des situations que l'on
n'imagine pas lorsque l'on a le nez collé à l'actualité quotidienne :
qui, en 1906, aurait imaginé que moins de quinze ans plus tard,
l'Autriche-Hongrie serait rayée de la carte, que la Russie tsariste
laisserait place au sanglant régime bolchevique ?
Abolir le PaCS est aussi une mesure de bon sens, à condition qu'elle
soit accompagnée d'un changement du climat médiatique qui ne cesse de
propager l'inversion de toutes les valeurs. Il en est de même pour le
chèque éducation, mais il reste à savoir comment il sera mis en
oeuvre. Par ailleurs, s'il faut "libérer" le marché du travail, cela
ne peut s'envisager que dans le cadre d'un État nationaliste dans
lequel la dimension sociale est prise en compte. Or, nous savons par
expérience que la pensée libérale, sous-jacente dans ce Club, est
porteuse de bien des désastres et, en tout état de cause, il est hors
de question de laisser des "libéraux" se charger d'une telle réforme.

La remarque vaut tout autant pour la Sécurité sociale : si le système
français actuel est failli, il ne faut pas pour autant tomber dans une
situation à l'américaine où nombre de gens se trouvent de fait exclus
du système de santé. Ajoutons que, si l'on parle de protection
sociale, une mesure "de rupture", pour reprendre le langage "horloger"
consisterait à limiter fortement le droit d'accession à la propriété
des étrangers en France, afin de mettre fin au processus de
dépossession des Français de leur patrimoine qui se produit
actuellement, ne serait-ce que par la hausse vertigineuse des prixde
l'immobilier en province sous l'effet des acquisitions faites par les
étrangers, fussent-ils européens. Mais, pour des libéraux, cela est
peut-être contraire à l'idéologie !

En somme, dans cette liste de "ruptures", nous ne trouvons que des
mesures d'ordre technique, des mesures partielles, sinon secondaires.
Il y a tout d'abord une grande absente : la politique monétaire et
financière nationale. Certes, de la part de gens ayant attrapé le
virus libéral, ce n'est pas étonnant. Pourtant, c'est l'un des
éléments fondamentaux de toute souveraineté nationale et si, dans le
cadre actuel, dans une hypothèse d'application immédiate, il faudrait
nécessairement tenir compte de l'environnement international dominé
par une finance apatride et spéculative, une politique financière
fondée sur la monnaie permanente serait largement réalisable.

Plus encore, n'apparaît pas la véritable rupture qui consiste à
affirmer la souveraineté d'une France à fondements européen et
chrétien, incarnée et dirigée par un État à la fois national et
social, autrement dit une souveraineté fidèle à la nature et à
l'identité de la France. Or, tout le reste découle de ce principe qui
n'est ni de droite ni de gauche, mais qui est le principe même de la
France, comme il l'est plus généralement pour tout peuple et nation
existant en ce bas monde.

La seule voie possible : le nationalisme

Aussi, lorsque Henry de Lesquen propose comme huitième rupture de
"réformer la droite", pouvons-nous lui indiquer la seule voie possible
de réforme : celle de la conversion de la droite à la doctrine
nationaliste, au nationalisme qui n'est, répétons-le, ni de gauche ni
de droite mais tout simplement la doctrine, le parti de la France sans
lequel celle-ci ne peut que connaître de graves déboires comme elle en
fait l'expérience, elle qui ne cesse tendanciellement de se déclasser
dans le concert de nations depuis 1789. Le nationalisme est en effet
la compréhension des règles qui ont permis à une nation de se
constituer et de durer, et dont l'oubli ou la négation entraînent la
décadence et la désagrégation. Si la "droite" ne se convertit pas en
quelque sorte au nationalisme, elle se condamne à disparaître en tant
que force de redressement de la nation si ce n'est en tant que force
politique, tout simplement, les événements en faisant une force
définitivement périmée. On ne peut préconiser et conduire une
politique de régénération nationale en développant une pensée
hémiplégique.

L’OEuvre française
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