Roger Waters appelle les musiciens Rock and Roll à s’engager dans le
boycott culturel
d’Israël
Roger Waters*
Mercredi 21 Août 2013
Roger Waters appelle les musiciens Rock and Roll à s’engager dans le
boycott culturel d’Israël
À mes collègues du Rock and Roll
Le 18 août 2013, Varsovie.
Lors de la récente édition des « Promenade Concerts » au Royal Albert
Hall à Londres, Nigel Kennedy, virtuose violoniste britannique, a
mentionné la politique d’apartheid d’Israël.
Rien de bien nouveau, vous pensez.
Et puis une certaine baronne Deech a contesté cette affirmation et
demandé à la BBC de censurer la performance de Kennedy en coupant sa
déclaration. La baronne Deech n’a fourni aucune preuve pour étayer son
argument et pourtant la BBC, supposée être une chaine politiquement
neutre, a accepté sa requête, nous jouant un tour Orwellien.
Bon ! Il est temps pour moi de m’insurger à nouveau, au côté de mon
frère Nigel Kennedy.
Et
d’ailleurs, Nigel, bravo.
(Lire ci-dessous la déclaration officielle au nom de Nigel Kennedy )
S’ensuit donc cette lettre, dont j’ai repris la rédaction en juillet
dernier.
25 juillet 2013
À mes collègues du Rock and Roll,
Au lendemain de l’assassinat du jeune Trayvon Martin et de
l’acquittement de son meurtrier Zimmerman, Stevie Wonder a déclaré,
durant son concert, qu’il ne se produirait plus jamais dans l’État de
Floride tant que ce dernier n’abrogera pas sa loi « Défendez Votre
Territoire » (« Stand Your Ground Law »).
Il a, en fait, décidé d’un boycott, guidé par sa conscience.
J’applaudis sa prise de position, et la soutiens totalement. Cela m’a
rappelé ce que j’avais écrit dans une lettre que j’ai commencée à
rédiger en février dernier, à laquelle j’ai déjà fait référence, mais
que je n’ai jamais publiée.
Le moment est
venu, alors la voici.
Ça fait longtemps que cette lettre mijote sur le feu de ma conscience.
Voilà sept ans que j’ai rejoint le BDS (Boycott, Désinvestissement et
Sanctions), un mouvement non violent qui s’oppose à l’occupation
israélienne de la Cisjordanie, ainsi qu’aux violations de la loi
internationale et des droits du peuple palestinien commises par Israël.
L’objectif du BDS est de porter à l’attention du monde les politiques
mises en place par Israël et, nous l’espérons, de pouvoir y mettre fin.
Toute la population de cette région mérite mieux que la situation dans
laquelle elle se trouve.
Pour faire court, Israël a été reconnu coupable par les organisations
internationales des droits de l’homme, les officiels des Nations-Unies
et la Cour internationale de Justice de sévères violations de la loi
internationale.
Parmi ces violations, j’en nommerai deux :
1. Le
crime d’apartheid :
L’oppression systématique d’un groupe ethnique par un autre.
Le 9 mars 2012, par exemple, le comité pour l’élimination de la
discrimination raciale a appelé Israël à mettre un terme à ses
politiques racistes et à abroger ses lois contrevenant à l’interdiction
de la ségrégation raciale et de l’apartheid (1).
2. Le crime de nettoyage ethnique :
Le déplacement forcé de populations indigènes de leurs terres dans le
but d’y installer des occupants.
Par exemple, à Jérusalem-Est, les familles non juives sont
régulièrement expulsées de manière violente de leurs maisons pour faire
la place aux occupants juifs.
Il y a d’autres exemples.
Étant donné l’incapacité, ou le manque de volonté, de nos gouvernements
et du Conseil de sécurité des Nations-Unies à faire pression sur Israël
afin que cessent de telles violations, et que les victimes soient
indemnisées, il incombe à la société civile et aux citoyens de
conscience du monde entier de prendre leurs responsabilités et d’agir.
Je vous écris maintenant, mes frères et mes soeurs de la famille du
Rock and Roll, pour vous demander de vous joindre à moi, et aux
milliers d’autres artistes du monde entier, pour déclarer un boycott
culturel d’Israël afin d’exposer cette situation et de soutenir tous
nos frères et soeurs palestiniens et israéliens qui se battent pour
mettre fin à toutes formes d’oppression de la part d’Israël. Nos frères
et soeurs qui veulent vivre en paix, qui veulent la justice, l’équité
et la liberté.
Deux évènements récents m’ont poussé à vous écrire à tous.
1. Stevie Wonder.
J’ai entendu dire que Stevie Wonder allait donner un concert pour la
soirée de gala des Amis des Forces de Défense Israéliennes (Friends of
The Israeli Defense
Forces) à Los Angeles le 6 décembre 2012.
Pour récolter des fonds pour les forces armées israéliennes, comme si
les 4 300 000 000 de dollars que les contribuables américains leur
donnent chaque année ne suffisaient pas ?
Et cela, juste après que les Forces de Défense Israéliennes aient
achevé une nouvelle attaque sur Gaza (opération Pilier de Défense) que
l’association Human Rights Watch a qualifiée de crime de guerre contre
les 1,6 million de Palestiniens assiégés là-bas.
J’ai écrit à Stevie, pour essayer de le convaincre d’annuler. Ma lettre
disait à peu près ceci : « Aurais-tu pu jouer au bal des policiers de
Johannesburg, la nuit suivant le massacre de Sharpeville en 1960 ou à
Birmingham, Alabama, pour récolter de l’argent pour les officiers qui
tabassaient à coups de matraque, aveuglaient au gaz lacrymogène et
dispersaient au canon à eau, ces enfants qui essayaient
de s’intégrer
en 1963 ? »
L’archevêque Desmond Tutu a également adressé un appel passionné à
Stevie, et 3000 autres ont inscrit leurs noms au bas d’une pétition de
change.org.
Et Stevie, c’est tout à son honneur, a annulé sa prestation.
2. Plus tôt cette année, j’ai tenu un discours aux Nations-Unies. Si
cela vous intéresse, vous pouvez le trouver sur Youtube.
Il est remarquable qu’aucun de ces deux « évènements » n’ait été
mentionné, pas même une fois, dans les médias de masse aux États-Unis.
Il est clair que cette attitude des médias étatsuniens reflète un
désintéressement total envers le problème du peuple palestinien, et
celui du peuple israélien.
Nous ne pouvons qu’espérer qu’ils finissent par s’y intéresser, comme
ils ont fini par s’intéresser à la politique d’apartheid sud-africaine.
À l’époque de l’apartheid en Afrique du Sud,
seul un petit groupe
d’artistes a refusé d’y jouer dans un premier temps. Seuls quelques-uns
pratiquaient le boycott culturel. Une goutte d’eau. Qui est devenue une
rivière, qui est devenue un torrent, qui est devenu un raz-de-marée.
(Vous souvenez-vous de Steve van Zandt, Bruce et tous les autres ? «
Nous ne jouerons pas à Sun City ! »)
Pourquoi ? Parce que comme les Nations-Unies et la Cour internationale
de Justice, ils avaient compris que l’apartheid était mauvais.
Puis la communauté sportive a rejoint la lutte. Aucune équipe n’allait
jouer au rugby ou au cricket en Afrique du Sud. Et la communauté
politique a fini par se joindre à nous. Ensemble, dans un mouvement
global, nous, musiciens, sportifs, politiques avons élevé nos voix
comme une seule, et le régime d’apartheid sud-africain est tombé.
Nous atteignons peut-être le point de basculement en ce qui concerne
Israël et la Palestine. Ces deux peuples sont bons, et ils méritent une
solution juste à leur problème. Chacun d’entre eux mérite la liberté,
la justice, l’égalité des droits.
Dernièrement, le Congrès national africain (ANC), le parti qui est à la
tête de l’Afrique du Sud, a affirmé son soutien au BDS.
Nous y sommes presque. Je vous prie de nous rejoindre, moi et tous nos
frères et soeurs de la société civile, pour clamer notre refus de
l’apartheid en Israël et en Palestine occupée. Engageons-nous à ne pas
nous produire en Israël, à n’accepter aucune récompense, aucune
subvention provenant d’institutions liées au gouvernement d’Israël,
jusqu’à ce qu’Israël se conforme à la loi internationale et aux
principes universels des droits de l’Homme.
Roger Waters, 19 août 2013
Déclaration officielle au nom de Nigel Kennedy, contre sa censure par
la BBC
Nigel Kennedy estime incroyable, et assez effrayant, qu’au XXIe siècle,
il y ait toujours un tel problème insurmontable pour dire les choses
comme elles sont. Il pense qu’une fois que nous aurons réussi à faire
face aux problèmes pour ce qu’ils sont réellement, nous aurons enfin
une chance de trouver les solutions à des problèmes comme les droits
humains, les droits à l’égalité et même, peut-être, la liberté
d’expression. Sa première réaction à la censure par la BBC et à son
manque impérial d’impartialité a été de refuser de jouer pour un
employeur qui est influencé par des forces extérieures si contestables.
Mr Kennedy a toutefois rappelé que son principal objectif est de donner
au public la meilleure musique qu’il peut produire. Retirer ses
services ce serait comme si un chauffeur de taxi refusait de conduire
ses clients parce qu’ils seraient
politiquement incorrects. Par
conséquent, il ne retire pas les services qu’il doit au public, mais il
s’attend à moitié à être remplacé par quelqu’un jugé plus conforme en
vertu de son opportunisme débordant et de ses ambitions
professionnelles.
Cependant, Mr Kennedy est heureux que, en le censurant, la BBC ait créé
une si immense plate-forme pour débattre de sa propre impartialité, de
son respect (ou non-respect) de la liberté d’expression et pour
débattre du lamentable apartheid imposé au peuple palestinien par le
gouvernement israélien soutenu par tant de gouvernements du monde
extérieur.
Pour Mr Kennedy, sa très petite déclaration durant son concert était
purement descriptive, et en aucune façon politique.
Source :
http://www.kadaitcha.com/2013/08/20... - traduction :
Info-Palestine
Sur la
lettre de Roger Waters à Stevie Wonder :
- Roger Waters appelle au boycott d’Israël - 20 mars 2013
Voir aussi l’appel récent de la Campagne palestinienne pour le boycott
universitaire et culturel d’Israël :
- A la Société internationale de psychologie politique : répondez à
l’appel pour le boycott d’Israël ! - PACBI - 20 mai 2013
19 août 2013 - BDS France - Traduction : R.K-B
Mercredi 21 Août 2013