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Et si c'était la douleur qui faisait chanter les oiseaux ?

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Mordred de Lioncourt

unread,
Apr 23, 2001, 7:06:43 PM4/23/01
to
Et si c'était la douleur qui faisait chanter les oiseaux ?

Je viens de découvrir Giorgino en vo, auparavant la vf m'avait laissé
relativement de glace (c'est à propos ça !), je n'avais jamais vraiment
accroché. Dernièrement, on m'a prêté la vo et je l'ai donc revu, et j'ai
découvert un autre film, peut-être est-ce dû à mon état d'esprit, actuellement
plus "gothique", ou bien fus-je porté par la voix somptueuse de Jeff (en plus
d'être bô gosse, et sexy, il a une voix à mourir).

C'est un formidable film sur l'incompatibilité de deux mondes, celui de
l'enfance, symbolisé par les loups, avec comme figure de proue Catherine, et
celui des adultes, des femmes. Giorgo, accomplie un voyage du monde des adultes
(la guerre, la médecine), à celui de l'enfance qu'il redécouvre au moment de sa
mort, en voyant le loup.
A plusieurs reprises il est guidé dans son voyage, tout d'abord en s'adonnant
au jeu du loup dans le cimetière avec les enfants, puis par les jeux de
Catherine et de son père ("do, ré, mi, fa ,sol, toutes les femmes sont folles"
qu'il fredonne dans la nuit glacé). Cette évolution s'accomplit lors de sa
mort, alors qu'il voit le loup sur la tombe, loup que seuls les enfants peuvent
voir.
Le titre du film semble aller dans cette direction, Giorgo, peu à peu va
devenir Giorgino, doux surnom que sa mère aurait pu lui donné, mais n'ayant
jamais été appelé Giorgino, car orphelin, il doit apprendre à le devenir, ceci
grâce à Catherine.

Boutonnat semble vouloir nous dire qu'il existe donc deux univers, deux modes
de pensée, à la fois contradictoire et incompatible, l'un dit rationnel qui
conduit à la guerre, à la méchanceté, l'égoïsme; l'autre plus empathique, plus
primaire aussi, propre à Catherine et aux enfants. La folie, n'est que l'une
des expressions de l'incompatibilité des deux mondes. Est jugé fou ce qui ne
concorde pas avec son référentiel, avec son univers. Ainsi, Catherine est juste
une adulte vivant dans le monde de l'enfance, elle n'est pas folle, elle est
jugé comme telle par ceux qui ne comprenne pas dans quelle monde elle évolue.
Par exemple quant les enfant découvre le corps glacé de Giorgo, ils veulent
voir si le chariot peut lui couper le bras, il n'y a aucune référence de bien
ou de mal, ils veulent juste voir, pour s'amuser.

Mais voilà, la raison de mon message, je ne comprend pas très bien le dernier
plan du film: le cheval qui part se protéger dans l'église. Boutonnat veut-il
nous dire que cette différence que nous faisons entre ces deux univers, en fin
de compte n'existe pas. Le cheval semble entendre les loups et chercher la
protection d'un lieu fermé, religieux, donc très adulte. Ainsi, cette
différence ne serait qu'une abstraction propre à l'humain, et que l'animal,
lui, vit dans ces deux réalité, sans distinctions ? Serions nous en fait plus
aveugle que ce cheval aux yeux bandés, aveugle à une partie de la réalité ?
D'autre part, je ne comprend le symbole de l'enfant à la lampe, celui qui lui
vol son chapeau (on entend une voix qui l'appelle Giorgino), et que l'on voit 3
fois.

En espérant que vos plumes soient prolixes, que la nuit soit bonne !

Damien

Mr & Mme Coop'

unread,
Apr 24, 2001, 10:03:57 AM4/24/01
to
> C'est un formidable film sur l'incompatibilité de deux mondes, celui de
> l'enfance, symbolisé par les loups, avec comme figure de proue Catherine,
et
> celui des adultes, des femmes. Giorgo, accomplie un voyage du monde des
adultes
> (la guerre, la médecine), à celui de l'enfance qu'il redécouvre au moment
de sa
> mort, en voyant le loup.

Entièrement d'accord. Il est quand même dès le début du film un peu "à
part". Je crois qu'il est significatif dans la première scène que la Soeur
prenne le petit garçon pour Giorgio Volli. Le premier plan est d'ailleurs un
gros plan sur celui-là. A plusieurs reprises, les autres ont un regard
étonné sur lui : le père de Catherine qui lui dit qu'il est naïf, le curé
qui se moque de lui car il croit aux loups...

> A plusieurs reprises il est guidé dans son voyage, tout d'abord en
s'adonnant
> au jeu du loup dans le cimetière avec les enfants, puis par les jeux de
> Catherine et de son père ("do, ré, mi, fa ,sol, toutes les femmes sont
folles"
> qu'il fredonne dans la nuit glacé). Cette évolution s'accomplit lors de sa
> mort, alors qu'il voit le loup sur la tombe, loup que seuls les enfants
peuvent
> voir.

C'est vrai que finalement, seuls les enfants, Catherine et Giorgio voient
les loups. Est-ce parce que les autres ne veulent pas les voir, ne peuvent
pas les voir, ou parce qu'ils n'existent pas finalement ?

>Serions nous en fait plus
> aveugle que ce cheval aux yeux bandés, aveugle à une partie de la réalité
?

J'avoue que je ne sais pas... C'est une idée en tout cas.

> D'autre part, je ne comprend le symbole de l'enfant à la lampe, celui qui
lui
> vol son chapeau (on entend une voix qui l'appelle Giorgino), et que l'on
voit 3
> fois.

Serait-ce Giorgio en tant qu'enfant, qui guide (la lanterne dans la nuit)
l'adulte vers son enfance ? Ou le fantôme d'un enfant disparu ?

Il y aurait tellement à dire à propos de ce film ! Je ne réponds pas à tes
questions, mais bon, il ne faudra pas m'en vouloir ! ;-)

Coop',


Mordred de Lioncourt

unread,
Apr 24, 2001, 10:37:38 AM4/24/01
to
Merci beaucoup Coop pour avoir confirmé certain point...

Avec un tel nom je te soupconne d'aimer toi aussi les films à tiroir, à
intrigue...

..."les hiboux ne sont pas ce que l'on pense"...

Damien

Mr & Mme Coop'

unread,
Apr 24, 2001, 11:39:16 AM4/24/01
to
> Merci beaucoup Coop pour avoir confirmé certain point...

Mais de rien ! :-)

> Avec un tel nom je te soupconne d'aimer toi aussi les films à tiroir, à
> intrigue...
>
> ..."les hiboux ne sont pas ce que l'on pense"...

Effectivement, bien trouvé, mon pseudo vient de là... "She's dead... wrapped
in plastic !".

Coop',


Benjamin Thiry

unread,
May 1, 2001, 5:42:18 AM5/1/01
to
Bonjour.

J'aime bien parler du film Giorgino car il semble ouvrir une porte sur la
fantasmatique de Boutonnat comme aucune autre oeuvre de lui.

> Et si c'était la douleur qui faisait chanter les oiseaux ?

Je rejoins Damien sur beaucoup des points qu'il abordait. Je crois
effectivement que le monde de l'enfance et le monde "des adultes" sont mis
en opposition parce qu'ils proposent des lectures différentes de la réalité.
Si on se demande s'il y avait effectivement des loups, on oscille entre les
deux positions puisqu'il y a deux réalités dans le film : celle de la vérité
palpable et celle de l'imaginaire qui, comme chez Catherine Degrâce, fait
retour dans sa réalité subjective.

La souffrance interne de la jeune Catherine déborde sur sa perception de la
réalité. La frontière entre le monde intérieur et le monde extérieur
s'efface alors.
Le même phénomène se passe chez Giorgio Volli lorsqu'il est dans la forêt.
La perception présente se mèle probablement à un souvenir ancien, celui au
cours duquel il s'était perdu dans la forêt. C'est comme une image
traumatique qui fait soudainement écho dans le présent. Les images sont
alors décousues. Une voix maternelle se fait alors entendre, une voix peu
rassurante, une voix anxieuse, une voix apeurée...

En ce qui concerne le cheval, j'avoue encore me poser la question.
Ceci dit, Damien, tu rappelles que c'est un cheval qui fut sauvé de la mort
par Giorgio... A la fin, il se réfugie dans la maison de Dieu (le père) pour
y boire l'eau bénite. Cela resemble à un sacrilège comme celui que Catherine
commet en soufflant les cièrges.
On avait déjà pu pointer l'importance des chevaux pour Boutonnat qui les met
souvent en scène. Peut-être un de ses souvenirs à lui qui l'aurait marqué...
En tout cas, le cheval allait mourir le premier dans le film et il reste le
seul dans le village, à la fin.

Peut-être une référence à un conte d'Edgar Allan POE où un cheval représente
la mort ("Metzerstein" ou qqch comme ça)...?
Bien à vous.

Benjamin.


carolineG

unread,
May 1, 2001, 6:38:11 AM5/1/01
to
ben pour le cheval qui représente la mort : comme dans PQSD !!!

--
Caro
"Benjamin Thiry" <th...@skynet.be> a écrit dans le message news:
3aee8550$0$43046$456d...@news.skynet.be...

Wallace@wanadoo.fr Alfred Wallace

unread,
May 1, 2001, 9:52:25 AM5/1/01
to
ça n'est pas le cheval qui représente la mort dans "Pourvu qu'elles soient
douces" mais la femme vêtue de noir qui le monte (en l'occurrence Mylène
Farmer).
Tous les hommes qui l'approchent, aussi bien dans "libertine I" que
"libertineII", meurent... à l'exception du jeune homme de "pourvu qu'elles
soient douces".

Alfred Wallace.

"carolineG" <carog...@yahoo.fr> a écrit dans le message news:
9cm7c7$2qj$1...@wanadoo.fr...

Mordred de Lioncourt

unread,
May 1, 2001, 1:06:49 PM5/1/01
to
>ça n'est pas le cheval qui représente la mort dans "Pourvu qu'elles soient
>douces" mais la femme vêtue de noir qui le monte (en l'occurrence Mylène
>Farmer).

merci Alfred, c'est ce que j'allais dire... en effet chez LB le cheval me
semble plus etre un symbole de puissance animal - indomptée - comme dans un
clip de Cardonne où elle est tres "lassive" et dont le montage est entrecoupé
par des plans d'un cheval se cabrant ! Certe le tout n'etait pas de tres bon
gout ! un certain coté étalon en rute mais bon ... il en demeure que le symbole
reste...

Mais comme Benjamin je continue à me posser la question... à moins qu'il n'y ai
pas d'explication, qu'il ne s'agisse que de quelque chose de tres inconscient,
une image que LB voulait tourné mais dont consciement il ne connait pas le
signifant, il semble en effet travailler de cette facon, d'une maniere bien
plus instictive que resoné !

Y a pas un psy par ici pour nous aider ?

Damien / Mordred

Mordred de Lioncourt

unread,
May 1, 2001, 1:14:09 PM5/1/01
to

>Le même phénomène se passe chez Giorgio Volli lorsqu'il est dans la forêt.
>La perception présente se mèle probablement à un souvenir ancien, celui au
>cours duquel il s'était perdu dans la forêt. C'est comme une image
>traumatique qui fait soudainement écho dans le présent. Les images sont
>alors décousues. Une voix maternelle se fait alors entendre, une voix peu
>rassurante, une voix anxieuse, une voix apeurée...

Bien joué benjamin et merci ! je dois avouer n'y avoir jamais pensé et ton
explication me parrait etre la plus simple et la plus probante ! ca parrait
evident apres coup ! le souvenir inconscient, refoulé, les peurs infantiles qui
resurgissent a ce moment là ! et puis comme si LB voulait bien marquer que
Girogo devient le petit Giorgino (qu'il n'a au remeurant jamais été) il integre
a nouveau, plus tard, le petit garçon dans une scéne.

Damien / Mordred

pros...@hotmail.fr

unread,
Nov 17, 2015, 11:53:49 AM11/17/15
to
bonjour, le cheval est symbole de mort... (cf: Pourvu qu' elles soient douces, par exemple)
je pense que c' est tres certainement de l' ironie de la part de Sir Boutonnat... un pied de nez, cet humour noir caractéristique de son oeuvre, le côté doux-amer de son imagerie sensible qui fait que le monde qu' il (d)écrit n' est jamais tout blanc ou tout noir... ( cf: Sans Contrefaçon, Désenchantée)
Pour le petit gars à la lanterne, c' est un esprit de la foret... la lumière représentant un repère. Il lui ôte son chapeau, qui est l' apparat des bons-hommes. Lui-même a l' apparence d' un enfant, mais ses traits sont si marqués qu' il a plutôt l' air d' une vieille âme...
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