Si vous ne désirez plus notre cyberfanzine, veuillez nous le faire
savoir MERCI
félicite mars 2006
Ma chère Agnès
Voyez l’en-tête de mon cyberfanzine N’est-ce pas admiraaaableuuu ?
Pour répondre à votre si gentille lettre ce n’est pas que je sois
triste moins encore dépressif mais je ne vis pas des jours
spécialement heureux vous me direz que nous ne sommes pas les seuls
c’est bien pourquoi nous mêlons notre voix au chœur des citoyens Je
refuse que mon « je » se meurt dans cet environnement aride dans
l’exclusion l’isolement en exil pour cause de vieillissement et pour
vous prouver que je suis bien citoyen à part entière vous prouver ma
bonne foi et mieux encore mes actions ma participation au mouvement
politique entre autre qui me mange mon temps me bouffe le temps Voyez
dans quel remous dans quelle agitation intérieure je vis Je progresse
cependant dans mon parcours intérieur Et pourquoi pas ? Il n’y a pas
d’âge pour apprendre ; justement, sur ce fameux troisième âge qu’on
nous vante Je vous disais donc que toute la semaine dernière j’étais
émergé dans les élections qui ont pris une large part de mes jours
voire de mes soirées J’allais pointant, cochant je lisais les sondages
au jour le jour, sondages sur le « net » sondages dans les journaux je
sautais de web en web, de site en site, criant : Solidarité !
Solidarité ! Et on nous appelle’exclus en parlant de nous ? Vous
auriez du me voir ! Une trèèèèès Marie Chantal !! Développant les
diaaaalectiqueuuuus les plus multis-choses-politiquement correctes ;
Si j’ai bien saisi votre concept chèèèèreuuu je me dois de revisiter
plusieurs concept politique que j’aurais mal interprété à la première
lecture.
Vous vous inquiétez, très gentiment, de mon Aide à Domicile J’en suis
à ma 25e Aide familiale en moins de deux ans et quatrième stagiaire Ce
changement constant me donne un sentiment d’insécurité profond.
Hirondelles de mer à la calotte noire comme un chapeau de Dame
Patronnesse Elles vont, elles viennent, elles partent.
Me voici SDF en ordre de Mutuelle
Cela a encore ses côtés cocasses Imaginez, je ne trouve plus mes
produits de nettoyage parce que, chacune range à sa façon. La semaine
dernière je n’ai pu atteindre mes produits de lessive tous placés dans
le placard mais… En hauteur ! J’avais une grande Aide Familiale Une
autre, animée des meilleurs sentiments avait mis mes cassettes audio
dans un tiroir… Je ne les ai trouvées que le lendemain.
Sans vouloir, le moins du monde me plaindre puisque me voilà pris en
charge par les Soins à Domicile je viens de vous le dire elles sont
pour le moment 25 donc sans vouloir émettre le moindre embarras, je
vous pose la question sans détour Aimeriez vous que l’on vous envoie
toutes les semaines une inconnue ? Aimeriez-vous que n’importe qui
ouvre vos armoires, vos tiroirs connaisse votre adresse votre numéro
de téléphone ? Pourquoi suis-je obligé de l’accepter moi qui fais
partie des fragilisés ?
Impossible de s’inscrire à quelque club que ce soit…, je suis avertie
du changement d’heure et de jours auquel vient mon aide familiale que
la veille voire le jour même Et ils parlent de notre solitude ! Notre
tissu social comme nos cadets mignonnets se plaisent à le nommer
inutile de vous dire que c’est la DÉCHIRURE… On a du mal à se définir
dans ce changement constant et que rien ne justifie sinon un manque
d’égard minimum donc de mal-traitance au sens de « mal- traiter » mais
eux justifient ces changements pour éviter qu’un lien d’affection se
tisse entre l’Aide Familiale et le patient ! Et on parle de
communication… Voire d’intercommunication Si je n’avais pas mon
Internet et vous bien évidemment ma très chère je serais bien seule ma
foi
Je crois Chère Agnès qu’il n’est pas indiqué de ravaler l’amour-propre
l’orgueil de qui que ce soit seniors compris Il n’est pas adéquat de
tabler sur notre silence, prendre cette tactique est une aberration en
soi quand nos élus parlent de nous ils font preuve d’un étrange
vocabulaire déprimant nous entendons les exclus, les fragilisés, les
plus démunis, les petits revenus, la population toujours
vieillissante, les vieilles personnes Je pense que les VIPOS
suffiraient amplement Je ne me vois pas dans ce tableau digne de Zola
avec une horde de vieux misérables à souhait Moi ? Fragilisé ? Jamais
je vais la plume au vent le chapeau bien planté sur la tête l’épée au
clair et..sur ma Rossinante je vais, je viens je crie tonitrue
Holà marauds ! Vous nous maltraitez et de quel droit s’il vous plaît ?
Vous me changez d’Aide Familiale soit, mais vous ne pourrez exiger mon
silence Vous pouvez m’isoler non m’abrutir, Pardieu Ma chère amie je
dénonce le vol le viol de notre intimité nous n’avons même plus le
droit d’avoir un chez soi, Nous voici chosifiés avortement de tout
sentiment humain dont l’affection est bien le plus important Et vous
voudriez que je me taise ? Vous espérez que nous allons nous laisser
faire sans opposer la moindre résistance ? Nous revendiquons notre
citoyenneté à part entière il leur faut bien compter avec nous aux
élections à toutes les élections.
Quand les vieux ne disent rien, sont dociles, c’est que la canonnade
se fait au-dedans, que le séisme intérieur ne peut se contenir alors
ma chère Agnès il leur faut trembler Il faut écouter les hurlements
d’une classe qui relève de plus en plus la tête, qui résiste, alerte,
dénonce leur traitement de mal-traitance
Ils les vieux en ont assez d’être les petits Vendredi sur l’île de la
connerie humaine avec pour entours des peurs des fantômes des visages
grimaçants et des doigts crochus faisant la charité
Nous sortons d’un long sommeil ma chère Agnès et vous me conseillez de
rester calme Jamais ! Jamais je ne resterai calme quand tous se
mettent en marche, le monde des vieux sort de sa longue hibernation De
mon côté dans mon cyberfanzine j’écris sur tous les modes le verbe
Agir Dans le giron de l’histoire vais chercher mes modèles Je brûle je
suis feu et flamme suis fiévreux de tout Il n’est plus l’heure de
dormir c’est le temps de la
RÉSISTANCE
a.colon