Vénézuela : A propos des assassinats, par les USA, de prétendus trafiquants sur des bateaux le long des côtes vénézuéliennes .

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jacotdescombes

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Dec 20, 2025, 12:22:28 PM (4 days ago) Dec 20
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"Les frappes de drones menées par les États-Unis dans les Caraïbes – officiellement pour neutraliser des trafiquants vénézuéliens – ravivent le spectre d’une escalade régionale et d’une nouvelle guerre de changement de régime. Mais au-delà de la conjoncture, ces opérations s’inscrivent dans une trajectoire plus profonde : celle d’un pouvoir présidentiel américain qui, depuis vingt ans, s’est arrogé le droit de mener des exécutions extrajudiciaires. Les démocrates, qui s’émeuvent de ces pratiques, ont pourtant contribué à leur banalisation sous l’ère Obama."

 En effet, ce n'est Trump, mais bien OBAMA qui a inventé et banalisé le système des exécutions extrajudiciaires, rappelle David Sarota, sur le site de "Le Jour se lève", le 3 décembre 2025 :

 "Il y a plus de dix ans, la revue Jacobin posait une question qui aurait pu servir d’intrigue à un épisode de Black Mirror : qui peut être à l’abri de la liste d’exécutions extrajudiciaires entre les mains du président des Etats-Unis ?

 Cela n’avait pourtant rien d’une fantaisie dystopique. La question répondait à une actualité politique brûlante : au nom de la lutte antiterroriste, Barack Obama revendiquait alors le pouvoir d’ordonner des mises à mort sans juge, sans jury, sans procès.

 Certains craignaient déjà que cette prérogative soit détournée, par l’administration Obama elle-même, qui a fait exécuter trois citoyens américains, mais aussi par les futurs présidents. Les inquiétudes ont redoublé lorsqu’un tribunal fédéral a validé sans sourciller le dispositif, et quand le porte-parole d’Obama a balayé la mort par drone d’un adolescent américain d’un cynique : il « aurait dû avoir un père plus responsable » [il s’agit du fils d’Anwar al-Awlaqi, imam américain devenu cadre d’Al-Qaïda au Yémen NDLR].

 Dix ans plus tard, ces craintes paraissent tristement confirmées : Donald Trump et son secrétaire à la Défense, Peter Hegseth, ordonnent des assassinats extrajudiciaires en mer caraïbe sous couvert de « guerre contre la drogue », tandis que Trump gracie par ailleurs un trafiquant condamné par la justice [Juan Orlando Hernández, ancien chef d’Etat du Honduras, au centre du trafic de drogues dans le pays NDLR].

 À l’image d’Obama, Trump s’appuierait sur des memos secrets émanant du même bureau obscur du ministère de la Justice. Nous n’en savons quelque chose que parce qu’une longue bataille judiciaire a fini par contraindre l’administration à publier – sous une forme caviardée – l’un de ces mémos datant de l’époque Obama. Comme l’a résumé Jameel Jaffer, du Knight First Amendment Institute : « notre gouvernement commet à nouveau de graves violations des droits humains en se réclamant d’un avis juridique tenu secret ».

 Difficile de savoir quelles règles, s’il en existe, encadrent les décisions de Trump. On sait en revanche, d’après le New York Times, que les conseillers d’Obama avaient « élaboré des règles explicites pour les assassinats ciblés par drones afin qu’un nouveau président hérite de standards clairs » dans l’usage de cette force extrajudiciaire.

 Interprétation charitable : Obama aurait tenté de poser quelques garde-fous. Interprétation moins charitable : il n’a pas seulement ordonné des exécutions extrajudiciaires ; il a bâti l’architecture juridique secrète qui permet aujourd’hui à Trump – et permettra demain à d’autres présidents – de tuer qui bon leur semble.

 Certains ont spéculé sur l’éventualité que Trump ou Hegseth puissent être poursuivis pour avoir donné l’ordre de « tuer tout le monde » lors d’une attaque maritime. Mais l’an dernier, la Cour suprême a statué que Trump bénéficiait d’une immunité au moins présumée pour ses actes officiels en tant que président.

 La logique est limpide : lorsqu’un parti légitime les excès de pouvoir de l’autre, il déplace durablement les frontières du possible et normalise ces excès pour tous les présidents à venir. Dans ce cas précis, Obama et les démocrates – pourtant parmi les plus virulents critiques des dérives exécutives de l’ère Bush-Cheney – ont eux-mêmes étendu ces prérogatives, sans réelle résistance de leur propre camp. Pourquoi ? Parce qu’à l’heure du tribalisme politique, la fidélité partisane a souvent pris le pas sur tout examen critique.

 Résultat : Trump mène aujourd’hui une politique d’exécutions extrajudiciaires rendue possible par les pouvoirs transmis successivement par Dick Cheney et Barack Obama. Face aux récits glaçants de frappes de drones dans les Caraïbes, on pourrait croire que cette séquence servira de leçon, et que les démocrates – et leurs soutiens – ne reproduiront pas les mêmes erreurs lorsqu’un prochain président de leur camp prêtera serment.

Mais Dick Cheney comme Barack Obama (1) sont toujours célébrés comme des figures tutélaires par une grande partie des cadres démocrates, alors même que Donald Trump utilise les outils qu’ils ont contribué à forger. Peut-être que Trump aura contribué à changer les lignes ; peut-être que des enseignements en seront tirés. Mais ne pas se faire d’illusions : le réflexe partisan reste une drogue puissante."

https://lvsl.fr/avant-trump-quand-obama-banalisait-les-executions-extrajudiciaires/?utm_source=brevo&utm_campaign=Newsletter%20Derniers%20Articles&utm_medium=email

(1)  Obama a reçu le prix Nobel de la paix du Comité Nobel norvégien en 2009, le prix Ambassadeur de l'humanité de l'Institut de la Fondation Shoah pour l'histoire visuelle et l'éducation en 2014, le prix John F. Kennedy Profile in Courage en 2017 et le prix Ripple of Hope du Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme en 2018. Il a été désigné Personnalité de l'année par le magazine TIME en 2008 et 2012.

 







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