Jeffrey D. Sachs, Common Dreams, 13/7/2024
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
https://tlaxcala-int.blogspot.com/2024/07/jeffrey-sachs-la-declaration-de-lotan.html
Pour le bien de la sécurité des USA et de la paix mondiale, les USA devraient immédiatement abandonner la quête néoconservatrice d’hégémonie en faveur de la diplomatie et de la coexistence pacifique.
En 1992, l’exceptionnalisme de la politique étrangère usaméricaine s’est emballé. Les USA se sont toujours considérés comme une nation exceptionnelle destinée à jouer un rôle de premier plan, et la disparition de l’Union soviétique en décembre 1991 a convaincu un groupe d’idéologues convaincus - connus sous le nom de néoconservateurs - que les USA devaient désormais régner sur le monde en tant que superpuissance unique et incontestée. Malgré les innombrables désastres de politique étrangère provoqués par les néoconservateurs, la déclaration de l’OTAN de 2024 continue de promouvoir l’agenda néoconservateur, rapprochant le monde d’une guerre nucléaire.
Les néoconservateurs étaient à l’origine dirigés par Richard Cheney, secrétaire à la défense en 1992. Tous les présidents depuis lors - Clinton, Bush, Obama, Trump et Biden - ont poursuivi le programme néoconservateur d’hégémonie usaméricaine, entraînant les USA dans des guerres choisies perpétuelles, notamment en Serbie, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et en Ukraine, ainsi que dans l’expansion incessante de l’OTAN vers l’est, malgré la promesse claire faite en 1990 par les USA et l’Allemagne au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev que l’OTAN ne bougerait pas d’un pouce vers l’est.
Le plan néoconservateur de domination militaire des USA a été exposé dans le Projet pour un nouveau siècle américain (Project for a New American Century). Ce plan prévoit l’expansion incessante de l’OTAN vers l’Est et la transformation de l’OTAN d’une alliance défensive contre une Union soviétique aujourd’hui disparue en une alliance offensive utilisée pour promouvoir l’hégémonie des USA. L’industrie usaméricaine de l’armement est le principal soutien financier et politique des néoconservateurs. L’industrie de l’armement a été le fer de lance du lobbying en faveur de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est à partir des années 1990. Joe Biden a été un néoconservateur convaincu dès le début, d’abord en tant que sénateur, puis en tant que vice-président et maintenant en tant que président.
Pour parvenir à l’hégémonie, les plans des néocons reposent sur les opérations de changement de régime de la CIA, les guerres choisies menées par les USA, les bases militaires usaméricaines à l’étranger (qui sont aujourd’hui au nombre de 750 dans au moins 80 pays), la militarisation des technologies de pointe (guerre biologique, intelligence artificielle, informatique quantique, etc.) et l’utilisation incessante de la guerre de l'information
La quête d’hégémonie des USA a poussé le monde à une guerre ouverte en Ukraine entre les deux principales puissances nucléaires du monde, la Russie et les USA. La guerre en Ukraine a été provoquée par la détermination implacable des USA à étendre l’OTAN à l’Ukraine malgré la fervente opposition de la Russie, ainsi que par la participation des USA au violent coup d’État de Maïdan (février 2014) qui a renversé un gouvernement neutre, et par la remise en cause par les USA de l’accord de Minsk II qui prévoyait l’autonomie des régions ethniquement russes de l’est de l’Ukraine.
La Déclaration de l’OTAN qualifie celle-ci d’alliance défensive, mais les faits disent le contraire. L’OTAN s’engage de manière répétée dans des opérations offensives, y compris des opérations de changement de régime. L’OTAN a dirigé le bombardement de la Serbie afin de diviser ce pays en deux parties, et a placé une base militaire importante dans la région séparatiste du Kosovo. L’OTAN a joué un rôle majeur dans de nombreuses guerres choisies par les USA. Les bombardements de l’OTAN sur la Libye ont servi à renverser le gouvernement de Mouammar Kadhafi.
La quête d’hégémonie des USA qui était arrogante et imprudente en 1992, est absolument délirante aujourd’hui, car les USA sont clairement confrontés à des rivaux redoutables capables de les concurrencer sur le champ de bataille, dans le déploiement d’armes nucléaires et dans la production et le déploiement de technologies de pointe. Le PIB de la Chine est aujourd’hui supérieur d’environ 30 % à celui des USA lorsqu’il est mesuré aux prix internationaux, et la Chine est le producteur et fournisseur mondial à faible coût de nombreuses technologies vertes essentielles, notamment les véhicules électriques, la 5G, l’énergie photovoltaïque, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire modulaire et d’autres encore. La productivité de la Chine est aujourd’hui telle que les USA se lamentent sur la “surcapacité” de la Chine.
Malheureusement, et de manière alarmante, la déclaration de l’OTAN répète les illusions néoconservatrices.
La déclaration affirme à tort que « la Russie porte l’entière responsabilité de sa guerre d’agression contre l’Ukraine », ignorant les provocations usaméricaines qui ont conduit au déclenchement de la guerre en 2014.
La déclaration de l’OTAN réaffirme l’article 10 du traité de Washington, selon lequel l’expansion de l’OTAN vers l’est ne concerne pas la Russie. Pourtant, les USA n’accepteraient jamais que la Russie ou la Chine établisse une base militaire à leur frontière (par exemple au Mexique), comme ils l’ont déclaré pour la première fois dans la doctrine Monroe en 1823 et l’ont réaffirmé depuis lors.
La déclaration de l’OTAN réaffirme l’engagement de l’OTAN en faveur des technologies de biodéfense, bien qu’il soit de plus en plus évident que les dépenses de biodéfense des USA par les Insituts nationaux de santé US ont financé la création en laboratoire du virus qui pourrait être à l’origine de la pandémie de Covid-19.
La déclaration de l’OTAN proclame son intention de continuer à déployer des missiles antibalistiques Aegis (comme elle l’a déjà fait en Pologne, en Roumanie et en Turquie), malgré le fait que le retrait des USA du traité ABM et le placement de missiles Aegis en Pologne et en Roumanie ont profondément déstabilisé l’architecture de contrôle des armes nucléaires.
La déclaration de l’OTAN n’exprime aucun intérêt pour une paix négociée en Ukraine.
La déclaration de l’OTAN insiste sur la « voie irréversible de l’Ukraine vers une pleine intégration euro-atlantique, y compris l’adhésion à l’OTAN ». Or, la Russie n’acceptera jamais l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, de sorte que l’engagement « irréversible » est un engagement irréversible à la guerre.
Le Washington Post rapporte qu’avant le sommet de l’OTAN, Joe Biden avait de sérieux scrupules à s’engager sur une “voie irréversible” vers l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais que ses conseillers ont balayé ces préoccupations d’un revers de main.
Les néoconservateurs ont créé d’innombrables désastres pour les USA et le monde, notamment plusieurs guerres ratées, une accumulation massive de la dette publique usaméricaine due à des milliers de milliards de dollars de dépenses militaires inutiles liées à la guerre, et la confrontation de plus en plus dangereuse des USA avec la Chine, la Russie, l’Iran et d’autres pays. Les néoconservateurs ont porté l’horloge de la fin du monde à 90 secondes de minuit (guerre nucléaire), contre 17 minutes en 1992.
Dans l’intérêt de la sécurité de l’USAmérique et de la paix dans le monde, les USA devraient immédiatement abandonner la quête néoconservatrice d’hégémonie en faveur de la diplomatie et de la coexistence pacifique.
Hélas, l’OTAN vient de faire le contraire.
++++++
La Fédération syndicale mondiale, qui représente plus de 105 millions de travailleurs qui travaillent, vivent et luttent dans 133 pays à travers le monde, condamne fermement la poursuite des interventions militaires et des guerres, la militarisation accélérée des relations internationales et la rhétorique de la confrontation, la montée en flèche des dépenses militaires, ainsi que les plans de l’OTAN dans un contexte d’escalade de la confrontation intra-impérialiste. Le sommet de 2024, qui se tiendra à Washington D.C. les 9-10-11 juillet 2024, constitue un pas de plus vers l’intensification des plans, des interventions et des guerres impérialistes agressives de l’OTAN.
L’OTAN a déjà annoncé une augmentation de son budget militaire pour 2024 de 12% à 2,03 milliards d’euros et de son budget civil de 18,2% à 438,1 millions d’euros, augmentant encore plus la capacité opérationnelle des sièges, missions et opérations de la structure de commandement de l’OTAN dans le monde entier. Les chiffres de cette année confirment la poursuite d’une évolution d’au moins 10 ans vers une « économie de guerre » pour les États membres de l’OTAN, le Secrétaire général de l’OTAN soulignant que « le partage du fardeau s’améliore au sein de l’OTAN » tandis que les dépenses militaires augmentent de 18% pour les Alliés européens et le Canada en 2024, et que 23 États membres dépenseront au moins 2% de leur PIB en dépenses militaires cette année.
Le mouvement syndical international de classe condamne sans équivoque les plans de guerre des impérialistes et s’oppose fermement à l’augmentation ininterrompue du budget de l’OTAN qui aiguise encore plus la confrontation et approfondit les préparatifs et le risque d’un conflit impérialiste généralisé avec des conséquences désastreuses pour les couches populaires et les gens ordinaires qui paient toujours le coût de l’antagonisme impérialiste.
L’histoire de l’OTAN n’est faite que d’interventions, de guerres, de juntes, de réfugiés, de famines, de destructions et de morts. En outre, l’augmentation continue des dépenses militaires constitue une provocation pour les populations qui voient constamment leur niveau de vie affecté par la hausse généralisée des prix, l’inflation et les politiques d’austérité à long terme.
Le mouvement syndical militant de classe intensifie la lutte contre les guerres impérialistes et le système qui les engendre. La FSM lutte pour la dissolution de l’OTAN qui constitue une machine de guerre agressive au service des intérêts impérialistes de ses États membres, visant à maintenir, et à étendre si possible, la corrélation favorable des forces existantes pour les pays de l’OTAN afin de sauvegarder les profits de leurs monopoles.
Simultanément, nous réitérons notre ferme exigence de dissolution immédiate de toutes les coalitions militaires, d’abolition complète des armes nucléaires, de fin immédiate de tous les conflits armés impérialistes et de respect total de la souveraineté, de l’indépendance et du droit de chaque peuple à choisir librement son présent et son avenir. Nous dénonçons les exclusions, les discriminations, les embargos et les sanctions imposés par les États-Unis, l’OTAN et l’UE à l’encontre de divers pays, qui ont un impact négatif sur le niveau de vie des familles à faibles revenus, des travailleurs, des petits agriculteurs pauvres et des couches populaires en général.
La FSM appelle les travailleurs du monde entier, les syndicats militants à rejoindre les rangs et les luttes du mouvement syndical international de classe pour une paix durable, pour un monde libéré des interventions impérialistes et de l’exploitation de l’homme par l’homme.
source : https://www.wftucentral.org/declaration-de-la-fsm-sur-le-sommet-de-lotan-de-2024/?lang=fr
Par Pepe Escobar, le 11 juillet 2024
https://ssofidelis.substack.com/p/nous-lotan-allons-vous-mettre-le
Nous sommes le monde. Nous sommes les peuples. Nous sommes l'OTAN. Nous allons vous mettre le grappin dessus - où que vous soyez, que vous le vouliez ou non.
Voilà la dernière mouture pop de l’“ordre international fondé sur des règles”, dûment proclamé à l'occasion du 75e anniversaire de l'OTAN à Washington.
La Majorité Mondiale avait déjà été avertie, mais sous le techno-féodalisme, les cerveaux ont tendance à se réduire en bouillie.
Un petit rappel s'impose donc. Le premier paragraphe de la déclaration conjointe de coopération entre l'UE et l'OTAN, publiée le 9 janvier 2023, l'indiquait déjà :
“Nous allons continuer à mobiliser l'ensemble des moyens dont nous disposons, qu'ils soient politiques, économiques ou militaires, (c'est moi qui souligne) pour poursuivre nos objectifs communs dans l'intérêt de notre milliard de citoyens.”
Correction : un million à peine, faisant partie de la ploutocratie des 0,1 %. Certainement pas un milliard.
Passons maintenant à la déclaration du sommet de l'OTAN de 2024 - manifestement expurgée par les Américains, avec une médiocrité exemplaire, les 31 autres membres vassaux ayant dûment donné leur assentiment.
Voici donc le principal triptyque “stratégique” de l'OTAN en 2024 :
· Des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour “aider” la future Ukraine déchue : l'écrasante majorité de ces fonds servira à blanchir les capitaux du complexe militaro-industriel.
· Imposition forcée de dépenses militaires supplémentaires à tous les membres.
· Croissance en flèche de la “menace chinoise”.
Concernant la chanson thème du spectacle de l'OTAN 75, il y en a en fait deux. Outre “La menace chinoise” (générique de fin), l'autre (générique d'ouverture) est “Ukraine libre”. Les paroles sont à peu près les suivantes : il semble que nous soyons en guerre contre la Russie en Ukraine, mais ne vous laissez pas abuser : l'OTAN ne participe pas aux hostilités.
Ils sont même en train d'installer un bureau de l'OTAN à Kiev, mais ce n'est que pour coordonner la production d'une série sur la guerre diffusée par Netflix.
Le bout de bois norvégien épileptique qui fait office de secrétaire général de l'OTAN - avant l'arrivée de son remplaçant, le Gouda néerlandais - s'est donné en spectacle. Il a notamment dénoncé avec virulence “l'alliance croissante entre la Russie et ses amis autoritaires d'Asie”, c'est-à-dire “les dirigeants autoritaires d'Iran, de Corée du Nord et de Chine”. Ces entités malveillantes “veulent toutes faire échouer l'OTAN”. Nous avons donc du pain sur la planche “avec nos amis de l'Indo-Pacifique”.
Le terme “Indo-Pacifique” est une invention grossière de l'“ordre international fondé sur des règles”. Personne en Asie, où que ce soit, n'a jamais utilisé ce terme ; tout le monde se réfère à l'Asie-Pacifique.
La déclaration finale accuse directement la Chine d'avoir alimenté l'“agression” russe en Ukraine : Pékin est décrit comme un “facilitateur décisif” de “l'effort de guerre” du Kremlin. Les scénaristes de l'OTAN menacent même directement la Chine : selon eux, la Chine
“ne peut favoriser la plus grande guerre de l'histoire récente en Europe sans nuire à ses intérêts et à sa réputation”.
Pour contrer cette diablerie, l'OTAN étendra ses “partenariats” avec les États de l'“Indo-Pacifique”.
Avant même la déclaration du sommet, le Global Times perdait déjà son sang-froid face à ces inepties :
“Sous le battage médiatique des États-Unis et de l'OTAN, il semblerait que la Chine soit devenue la ‘clé’ de la survie en Europe, contrôlant le sort du conflit Russie-Ukraine telle une ‘puissance décisive’”.
Le festival de rhétorique de Washington déplaira certainement à Pékin : l'hégémon veut simplement
“étendre sa présence en Asie, tentant d'établir une ‘OTAN Asie-Pacifique’ pour contribuer à la réalisation de la 'stratégie indo-pacifique' des États-Unis”.
L'Asie du Sud-Est, par le biais des canaux diplomatiques, est globalement d'accord : à l'exception des Philippins malavisés que les Américains ont soudoyés et récompensés, personne ne veut de graves turbulences en Asie-Pacifique, comme celles que l'OTAN a déclenchées en Europe.
Zhou Bo, maître de conférences au Center for International Security and Strategy de l'université Tsinghua et officier de la République populaire de Chine à la retraite, a également rejeté les manigances indo-pacifiques avant même le sommet : nous avons eu un excellent échange à ce sujet à la fin de l'année dernière lors du Forum d'Astana au Kazakhstan.
Quoi qu'il en soit, la politique exceptionnaliste continuera de fonctionner à plein régime. L'OTAN et le Japon ont décidé d'établir un lien direct et permanent pour les “informations de sécurité hautement confidentielles”. Comptez donc sur le docile Premier ministre japonais Fumio Kishida pour renforcer le “rôle pivot” du Japon dans la construction d'une OTAN asiatique.
Toute personne dotée de neurones, d'Urumqi à Bangalore, sait que la devise des exceptionnistes en Asie est “Aujourd'hui l'Ukraine, demain Taïwan”. La majorité absolue de l'ANASE et, espérons-le, de l'Inde, ne tomberont pas dans le panneau.
Ce qui est clair, c'est que les 75 pays membres de l'OTAN ne savent absolument pas ce qui s'est passé lors du récent sommet de la Coopération de Shanghai à Astana et qu'ils y sont imperméables. En particulier lorsqu'il s'agit de l'OCS, qui se positionne désormais comme un nœud clé dans la mise en place d'un nouvel accord de sécurité collective à l'échelle de l'Eurasie.
Quant à l'Ukraine, une fois de plus, Medvedev décape, dans son style inimitable, exposant la position russe :
“La déclaration du sommet de Washington du 10 juillet évoque ‘le processus irréversible d'adhésion de l'Ukraine’ à l'OTAN. Pour la Russie, il y a deux façons possibles de mettre fin à cette évolution : soit l'Ukraine disparaît, soit c'est l'OTAN qui disparaît. Encore mieux : les deux.”
Parallèlement, la Chine organise des exercices militaires au Belarus quelques jours seulement après l'adhésion officielle de Minsk à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Traduction : on oublie que l'OTAN “s'étend” à l'Asie quand Pékin montre déjà clairement qu'elle est bien présente dans la prétendue “arrière-cour” de l'OTAN.
Michael Hudson a une fois de plus rappelé à tous ceux qui réfléchissent que le spectacle belliciste de l'OTAN n'a strictement rien à voir avec un internationalisme pacifique. Il s'agit plutôt d'une
“alliance militaire unipolaire des États-Unis menant à une agression militaire et à des sanctions économiques pour isoler la Russie et la Chine”.
Ou, plus précisément, isoler les alliés européens et autres de leurs anciens accords commerciaux et d'investissement avec la Russie et la Chine, rendant ainsi ces alliés plus dépendants des États-Unis.
La déclaration de l'OTAN de 2024 est en fait une nouvelle déclaration de guerre, hybride ou non, contre l'Eurasie - ainsi que contre l'Afro-Eurasie (oui, il y a des promesses de “partenariats” qui progressent partout, de l'Afrique au Moyen-Orient).
Le processus d'intégration de l'Eurasie concerne l'intégration géoéconomique - y compris, de manière cruciale, les corridors de transport reliant, entre autres latitudes, l'Europe du Nord à l'Asie de l'Ouest.
Pour l'hégémon, il s'agit là du cauchemar ultime : le processus d'intégration de l'Eurasie éloignant l'Europe occidentale des États-Unis et empêchant la colonisation de la Russie, son éternel rêve éveillé.
Par conséquent, seul le plan A s'appliquerait, de façon absolument implacable : Washington a littéralement fait exploser l'intégration Russie-Allemagne (Nord Stream 1 et 2, etc.) et a transformé les terres vassales d'Européens effrayés et déconcertés en un territoire potentiellement très dangereux, à deux doigts d'une guerre ouverte qui ferait rage.
Alors, revenons à ce premier paragraphe du communiqué commun de l'UE et de l'OTAN de janvier 2023. C'est ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui, comme le titre mon dernier livre, “Eurasia v. OTANstan” : l'OTAN - en théorie - est entièrement mobilisée en termes militaires, politiques et économiques pour lutter contre l’ensemble des forces de la Majorité Mondiale susceptibles de déstabiliser l'Hégémonie Impériale.