Accusé d’apologie du terrorisme, l’ancien chercheur au CNRS François Burgat a été entendu en garde à vue

1 view
Skip to first unread message

Franco Carminati

unread,
Jul 11, 2024, 11:42:31 AM (5 days ago) Jul 11
to alert...@googlegroups.com

 

Justice

Accusé d’apologie du terrorisme, l’ancien chercheur au CNRS François Burgat a été entendu en garde à vue

 

La guerre entre le Hamas et Israëldossier

Cette convocation fait suite à une plainte déposée par l’OJE (Organisation Juive Européenne) après le partage et le commentaire d’une publication du Hamas fait par le politologue en janvier dernier. Il a été relâché «en début d’après-midi» précise le parquet d’Aix-en-Provence.

Francois Burgat à Doha, en mars 2022. (Ammar Abd Rabbo/AFP)

par Lucas Zaï--Gillot

publié le 9 juillet 2024 à 21h03

François Burgat avait l’habitude d’expliquer ses thèses dans des conférences. Ce mardi 9 juillet, il a dû s’expliquer devant la brigade de gendarmerie d’Aix-en-Provence. Visé par une plainte pour «apologie du terrorisme» déposée par l’Organisation Juive Européenne (OJE), le chercheur retraité du CNRS spécialiste des questions d’islam radical a été convoqué à 9 heures pour être entendu par les forces de l’ordre avant d’être relâché «en début d’après-midi» confirme le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blanchon.

Il est reproché à l’universitaire d’avoir reposté, le 2 janvier 2024, sur X (ex-Twitter) un communiqué du Hamas répondant à un article du New York Times sur des «allégations de viol et de violences commises par des combattants» du mouvement islamiste. Considérant ces affirmations comme «faisant partie de la tentative sioniste de diaboliser la résistance» du «peuple palestinien», le communiqué exigeait que le journal américain «s’excuse pour ce péché professionnel». Alors que ce retweet avait créé un tollé, l’islamologue ancien membre de l’Institut de recherche et d’étude sur le monde Arabe avait tenu à apporter des «précisions» : «J’ai infiniment, je dis bien infiniment plus de respect et de considération pour les dirigeants du Hamas que pour ceux de l’Etat d’Israël», affirmait-il sur X.

A lire aussi

En France, une inquiétante flambée des actes antisémites

Religions

25 janv. 2024

Interrogé en janvier par Libération sur ses propos, le chercheur avait maintenu ses positions : «Je comprends qu’il y ait un différend d’appréciation et que cela puisse choquer, mais je ne bouge pas d’un millimètre sur cette question.» Et d’ajouter : «Ce n’est pas parce que je dois reconnaître qu’il y a eu un mouvement de nature terroriste le 7 octobre que je dois criminaliser le mouvement de libération de la Palestine.» Des propos en accord avec la thèse souvent portée par l’islamologue qui soutient de longue date que la «violence islamique» ne viendrait pas de l’islam mais serait la conséquence d’une histoire coloniale dans laquelle prendrait place la création de l’Etat d’Israël. Mais ce repost n’est pas passé pour l’OJE, organisation connue pour avoir porté plainte contre Rima Hassan, Mathilde Panot ou encore Guillaume Meurice, et qui a décidé de poursuivre le chercheur.

«Atteinte à la liberté de la recherche»

Contacté par Libération, l’avocat de François Burgat, maître Rafik Chekkat décrit une audition pendant laquelle les enquêteurs ont questionné le chercheur au sujet de son avis sur le mouvement islamiste, ses différentes rencontres avec les cadres du mouvement, leurs circonstances. Pouvant exprimer en détail sa pensée, «François Burgat n’a pas essayé de se défiler», défend son avocat. «Il a répondu de manière détaillée aux interrogations des forces de l’ordre et s’est borné à les renvoyer vers ses travaux de recherches, ses différents livres et ses différentes conférences. Il a également rappelé avoir été auditionné par l’Assemblée nationale, Sénat ou encore la Cour d’assises antiterroriste», détaille Rafik Chekkat.

Pour l’heure, le dossier a été transmis «au parquet afin qu’il soit procédé à l’analyse juridique des faits qui ont justifié cette audition», précise Jean-Luc Blanchon. «C’est la première fois qu’un professeur d’université est inquiété par la justice pour avoir donné son avis politique sur un conflit étranger», déplore Rafik Chekkat qui dénonce «une atteinte à la liberté de la recherche». Le délit d’apologie du terrorisme, inscrit au Code pénal depuis 2014 est passible d’une peine maximale de sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsque les faits sont commis en ligne.

Après les attentats du 7 octobre, les poursuites pour «apologies du terrorisme» se sont multipliées. L’ex-ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait signé une circulaire disposant que «la tenue publique de propos vantant les attaques» du mouvement islamiste, «en les présentant comme une légitime résistance à Israël»,devait faire l’objet de poursuites. Emboîtant le pas à l’ex-garde des sceaux, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, avait adressé, dès le 9 octobre, un courrier aux présidents d’établissements les appelant à sanctionner les «actions et propos» relevant de «l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou à la violence».

Pour aller plus loin : 

AntisémitismeLa guerre entre le Hamas et Israël

 

https://www.liberation.fr/societe/police-justice/accuse-dapologie-du-terrorisme-lancien-chercheur-au-cnrs-francois-burgat-a-ete-entendu-en-garde-a-vue-20240709_VDBPPVVBCRBGPCNSBEOJL7GXFI/ 

 

Reply all
Reply to author
Forward
0 new messages