Bart de Wever, ce héros

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Georges Berghezan

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Dec 23, 2025, 1:02:30 AM (yesterday) Dec 23
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Bart de Wever, ce héros – par Dominique Decherf

Déc 21, 2025 


Vendredi 19 décembre, 3 heures du matin. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, sort de la salle de réunion et annonce, triomphant : « nous avons un accord ». Suspense : est-ce la saisie des fonds russes gelés depuis près de trois ans dans les caisses de l’organisme de dépôts Euroclear basé à Bruxelles ? Non, c’est le plan B, un emprunt européen garanti sur le budget de l’Union !

La Commission et sa présidente, les médias européistes à travers l’Europe, le secrétaire général de l’OTAN, sont battus à plates coutures par la piétaille flamande armée de ses seules fourches, comme à la bataille des Eperons d’Or, ou bataille de Courtrai (1302). Hélas pour les armées françaises d’alors sous le roi Philippe IV le Bel, mais aujourd’hui l’événement deviendra aussi historique. David contre Goliath, le premier ministre belge, indépendantiste flamand, a combattu toute la nuit : quinze heures de pourparlers techniques, six heures de réunion des chefs d’Etat et de gouvernement. Bart de Wever a « retourné la table ». A la rescousse de la présidente de la Commission, mère porteuse du projet de captation des fonds russes, qui avait échoué au précédent conseil en octobre, le chancelier allemand, Friedrich Merz, avait pris la main, exerçant des pressions directes, quasi physiques, contre le « petit » Tintin. Ils auront tout essayé ou presque. Ils ont fait fuiter des accusations ignobles. A la tête d’une « campagne de délation », le site européiste « Politico » décrivait « comment la Belgique est devenue le meilleur atout de la Russie » jouant sur le vocable anglais « asset » qui signifie à la fois atout et avoirs. Bart de Wever était accusé d’être l’otage consentant du Kremlin. A l’ouverture du Conseil, le 18 décembre, Le Monde publiait un éditorial infamant, ajoutant que l’on devait « s ‘interroger sur les motivations réelles de Bart de Wever qui déclarait peu souhaitable que la Russie perde la guerre », ce qui était un travestissement éhonté des propos tenus par le Premier ministre à la grande conférence catholique belge le 1er décembre : « En général, faisait-il remarquer, la cession des avoirs souverains est prévue dans un traité de paix après une guerre. Celui qui a perdu donne l’argent gelé aux vainqueurs pour financer la reconstruction. Mais qui croit que la Russie va perdre la guerre ? ». Le bon sens suffit à comprendre que l’argent qui aurait été dépensé pour soutenir l’effort de guerre dans les deux ans à venir n’aurait plus été disponible pour la reconstruction. CQFD. Par contre, dans les négociations de paix, il sera un atout…à la condition qu’il soit toujours présent dans les livres d’Euroclear à Bruxelles.

Bart de Wever avait le soutien, « très rare », avoue la presse belge unanime, « de tous les partis politiques, du monde économico-financier, et de la population belge (à 67%) : « Chapeau bas, Bart de Wever » titre l’éditorialiste du Soir, qui cherche à comprendre que sont les « super-pouvoirs de « Super Barth » : « la véritable grandeur de ce qui s’est produit – le mot n’est pas trop fort – vient de l’extrême maturité dont le Premier ministre a fait preuve ». Devant les collègues européens, « médusés, épatés », il « redonne à la petite Belgique un poids sur la scène européenne qu’elle n’a plus eu depuis longtemps ».

La méthode de Wever

La diplomatie du Premier Ministre belge deviendra un cas d’école dans les études des relations internationales et de l’art de la négociation.

Son succès est avant tout dû à sa volonté politique personnelle constante. A partir de là, tout redevient possible. Le général de Gaulle l’avait montré en son temps, temps béni où il suffisait d’une chaise vide. Dans les règles contraintes du Traité de l’Union européenne, il faut savoir manœuvrer tout en douceur. L’exemple hongrois est trop exclusivement négatif, tournée que par des expédients provisoires. Injustement comparée à celui-ci, la Belgique est experte en compromis internes ; Bart de Wever y est rompu après plus de deux cents jours de constitution d’une majorité et sa survie depuis à une seule voix de majorité, heureusement soutenu par le Palais (le roi Philippe). Acculé de toutes parts, en entrant au Conseil européen le 18 décembre, il a su manoeuvrer en laissant d’une part la Commission s’empêtrer dans un montage style usine à gaz qui était censé faire passer le plan A de saisie des actifs russes contre des garanties qui seraient jugées recevables par la partie belge. Bart de Wever acceptait de se prêter au jeu mais de telle façon que le texte devenait totalement illisible et d’avance condamné, il le savait, à être rejeté pour la seule raison de technicité abusive par les responsables politiques. C’est en ce sens que « Politico » a pu analyser « comment  Bart de Wever a battu la machine européenne ». C’est bien de « machine » qu’il s’agit, ou peut-être même d’un « machin ».

Parallèlement, le Premier belge poussait le plan B, l’emprunt commun sur le budget de l’Union, dont ladite « machine» avait décrété (à juste titre car budget commun et exception au profit d’un Etat non membre, l’Ukraine) qu’il nécessitait l’unanimité, donc jugé impossible. Entre parenthèses, le plan A, lui, aurait pu, toujours selon les mêmes experts, être approuvé à la seule majorité qualifiée, ce qui était une interprétation pour le moins élastique de l’article 122 du Traité. Or d’heure en heure, on voyait qu’il n’obtiendrait même pas une majorité simple. Car de plus en plus nombreux étaient ceux des Etats-membres qui désormais se ralliaient au plan B, sous la direction désormais de l’Italie de Giorgia Meloni, dans une lettre signée par la Bulgarie, Malte et la Tchéquie. C’était un début dont les partisans du plan A n’ont pas tout de suite saisi l’importance de ce qui se passait. Le « coup de maître » ou le « tour de force » dont la diplomatie belge est créditée, a consisté en ceci qu’elle a pu lever toute opposition et donc garantir l’unanimité au plan B. La Tchéquie, dont le gouvernement est depuis quelques jours dirigé par Andrej Babis, indiquait en effet qu’elle avait trouvé un compromis grâce auquel la Hongrie, la Slovaquie, avec la Tchéquie, se rallieraient au consensus, à la condition qu’ils ne participeraient à l’emprunt commun ni bien entendu à son remboursement. La formalité était insignifiante puisqu’à eux trois, ils ne représentent que 3,64%. L’accord, qui a dû rester au travers de la gorge d’Ursula von der Leyen, comme un os de poulet, a été validé par le président du Conseil, le portugais Antonio Costa, pas fâché pour une fois de prendre une légère indépendance et d’affirmer un minimum d’autorité.

Le grand perdant, outre la Commission et sa présidente, est le chancelier allemand Friedrich Merz, non seulement parmi les Européens – il avait le soutien des Baltes, des Scandinaves, des Pays-Bas et de la Pologne -, mais surtout sur la scène politique intérieure allemande, où il était déjà critiqué pour être le chancelier des Affaires étrangères. Pour lui, plus dure sera la chute. Bart de Wever en revanche n’est pas seulement le héros que la Belgique n’a pas connu depuis longtemps, « l’une des plus importantes victoires – je souligne le mot – de sa carrière politique » (le quotidien flamand Der Standaard), mais il a montré que lorsqu’un intérêt national souverain était en jeu, un enjeu légitime, la nation pouvait l’emporter, non pas contre l’intérêt commun, – la Belgique ne voulait pas être « le mouton noir » de l’Union européenne – mais en sachant par la diplomatie reformuler les voies et moyens. Trop souvent la Commission ne laisse aucun choix, n’offre aucune alternative. Le Premier ministre belge montre que les nations peuvent l’emporter au sein du Conseil européen, et ce sans être l’un des grands. « La voix des Etats de petite et moyenne taille compte aussi ». On a déjà lu cela quelque part. La diplomatie française, apparemment largement absente du débat, par indécision ou par lâcheté, s’est toujours mordu les doigts d’avoir ignoré ce conseil.

Dominique DECHERF

Roland Marounek

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Dec 23, 2025, 4:29:47 AM (yesterday) Dec 23
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Je ne suis pas à ce point persuadé que ce soit une si grande victoire finalement, car le prêt est assorti de la clause : « l’Ukraine ne devra rembourser ce prêt qu’une fois qu’elle aura reçu des réparations de guerre de la part de la Russie »

Si la Russie est amené à devoir payer des réparations de guerre, cela ne peut signifier qu’une seule chose : elle a capitulé, elle a été complètement écrasée, comme l’Allemagne en 1918, comme l’Irak en 1991...  autrement dit, à l’issue d’une guerre. Guerre avec la 2de puissance nucléaire au point de l’amener à la capitulation sans condition ?... je pense que plus personne alors ne parlera de 90 milliards ‘pour reconstruire l’Ukraine’.

Donc à moins que l’UE accepte purement et simplement cette perte financière de 90 milliards (et quelques 45 autres précédents) et comme il n’y aura aucun remboursement, l’étape suivante est maintenant, nécessairement je dirais, la confiscation des avoirs russes.

Ce ‘Plan B’, c’est le ‘Plan A’ différé. Manfred Weber ne s’y trompe pas (https://www.politico.eu/article/eu-eventually-use-russia-assets-pay-ukraine-war-manfred-weber/)

 

Ce prêt de guerre écarte bien tout ‘risque’ de négociation de paix - c’était le but. Il ne peut plus y avoir de négociation de paix si on veut récupérer l’argent.

Pas vraiment de quoi encenser Bart De Wever

 

 

 

De : 'Georges Berghezan' via Alerte Otan [mailto:alert...@googlegroups.com]
Envoyé : mardi 23 décembre 2025 05:38
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Objet : [alerte-otan] Bart de Wever, ce héros

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