Bonjour Sarra et merci pour le partage de ce projet.
Pour être plus juste, il me semble qu'il faudrait dire que tu souhaites t'inspirer des outils plutôt que de l'approche elle-même, comme je l'ai fait pour mes outils qui ont trouvé un prolongement numérique avec les développements de Sylvain dans le cadre des projets d'ALeM.
Juste une précision concernant le nom de l'inventeur de l'approche pédagogique :
Comme tu l'as écrit, on prononcerait :
Alors qu'on prononce :
Avec le phonographe en mode graphie ou le phonodrop, tu pourras chercher la réponse si ses deux images ne suffisent pas.
Pour revenir à ta demande, difficile de répondre ici à l'écrit.
Peux-tu préciser si le public visé est arabophone ou allophone ? Cela changera tout quand aux objectifs à poursuivre et aux réponses qu'on pourrait apporter à tes questionnements. Par exemple, pour les gens qui apprennent à lire et écrire leur langue maternelle, dans l'approche originale, il n'y a pas besoin de panneau phonologique.
Tout ce que tu vois dans les outils en ligne d'ALeM n'est pas directement une adaptation de l'approche Silent Way pour l'enseignement des langues étrangères. Les outils d'ALeM sont issus des adaptations que j'avais faites des outils de l'approche pour pouvoir travailler avec mes élèves francophones. Ils sont français, certes, mais comme ce sont des enfants en difficulté, souvent dyslexiques avec des troubles phonologiques. La maitrise de leur langue ressemble à celle d'un public allophone. Leur propre langue peut ressembler à une langue étrangère tant ils n'ont pas automatisé certains traitements de bas niveau.
J'ai créé les formes et les bouches pour pouvoir travailler la voie phonologique en déplaçant physiquement des jetons phonologiques. Cela permet de contourner des problèmes de mémoire de travail que peut poser un long pointage sur le panneau phonologique, pointage qui demande de garder en mémoire toute la séquence des sons successivement désignés. Par contre, avec les jetons phonologiques, on perd les indices des positions relatives des sons dans le panneau phonologique. Cette spatialisation est primordiale dans l'approche. Comme il y avait trop de couleurs proches sur les jetons, il a fallu que j'ajoute des indices.
Une remarque importante, c'est que les bouches et symboles que j'utilise, servent à des francophones pour reconnaitre des sons qu'ils savent déjà produire. Dans certains cas, cela permet de mieux marquer des oppositions que mes apprenants ont du mal à entendre et/ou à produire. A eux seuls, ces indices ne peuvent pas permettre une production correcte de sons inconnus par des allophones.
Autre nuance, même pour des francophones, il n'y a pas une seule façon d'utiliser ses organes phonatoires pour produire les mêmes phonèmes. Par exemple, pour produire le son /s/, selon le rapport entre la taille de la bouche et celle de la langue, ou bien selon le degré de maitrise musculaire de la langue, certains locuteurs auront la langue qui se rapproche plus ou moins des dents, voire qui sort un peu au-delà. Ils vont utiliser soit la pointe de la langue, soit la lame. Par contre, ce qui est certain, c'est que l'air va frotter entre les dents et la langue. Cela aura aussi des répercussions sur la production du son /ʃ/. J'ai pu constater cela dans des ateliers à l'APF avec des adultes IMC.
Aussi, les représentations des sons sous formes de bouches ou de coupes sagittales ne doivent pas être des modèles stricts pour la production des sons mais plutôt des aides à la discrimination entre des sons proches.
Par exemple, d'après ton message écrit, tu as peut-être besoin de travailler des oppositions phonologiques comme
Pour justifier ma pratique, dans mes lectures universitaires de l'an passé, je prends appui sur le concept de perception audio-visuelle de la parole et la Théorie Motrice de Perception de la Parole. Mais tout ce que je lis concerne des processus mis en œuvre dans l'apprentissage de sa langue maternelle ou des moyens de compensation lors de la diminution ou la perte de l'audition.
C'est pourquoi je pense de plus en plus que les bouches et coupes sagittales ne sont pas forcément indiquées pour le FLE. Les formes avec les traits de nasalisation, vocalisation, peuvent suffire. En tout cas, elles ne peuvent pas remplacer le prof avec sa capacité à renvoyer du feed-back en direct lors de la phase d'apprentissage de la production des sons inconnus. Ces indices supplémentaires, quand les codes visuels ont été introduits sur quelques oppositions, peuvent par contre accélérer l'exploration en autonomie du panneau phonologique pour les sons que les apprenants maitrisent.
Pour en revenir à tes questions, je pense qu'il faudrait que vous affiniez (public, niveau, domaine linguistique - production ou réception, orale ou écrite,...).
La question sur la quantité d'indices donnée en dépend. C'est une question complexe et d'actualité sur le forum à travers le fil de discussion lancé par Robert et les claviers que je suis en train d'actualiser ainsi que les pop-up d'aide.
Peut-être que je ne réponds pas vraiment à tes demandes mais ce sont les questionnements qui en découlent qui sont intéressants. Il n'y aura pas de réponse simple et unique.
Bon courage