Bonjour
1/ aucune disposition législative ou réglementaire ne prévoit qu'un établissement public de SCoT doive être consulté lors de l'instruction d'un projet (> 5000 m² SP) qui doit être compatible avec le SCoT (pas plus par exemple qu'un EPCI doive être consulté parce que c'est l'EPCI qui a élaboré le PLUi avec lequel le projet doit être conforme) : un service instructeur "normalement" constitué doit être capable, aussi bien d'appliquer le règlement du PLU(i) qu'il n'a pas fait lui-même que d'apprécier la compatibilité avec le DOO du SCoT.
Il n'est pas interdit de consulter l'établissement public de SCoT... mais ce n'est pas du tout prévu qu'on doive le faire
2/ même si cela avait été obligatoire, un avis reste... un avis ! Dont l'autorité compétente tiendra compte... ou pas ! Est-ce que parce que l'établissement public de SCoT donnerait -explicitement ou tacitement- un "avis favorable" à un projet (d'autorisation d'urbanisme... mais ça vaut aussi pour des PLU !), alors que le projet en question serait incompatible avec le SCoT, cela légaliserait la décision incompatible ? Evidemment non.
Et en plus, si c'est pour un projet < 5000 m² qui n'a absolument aucune obligation à l'égard du SCoT, si on soulève une éventuelle incompatibilité, ça n'aura strictement aucun effet juridique possible ! En fait, si un tel projet (< 5000 m²) devait s'avérer incompatible avec le SCoT, c'est très probablement parce que le PLU qui le permettrait n'est lui-même pas compatible avec le SCoT ! Et je ne crois pas une demi-seconde dans ce cas que le maire refuse le permis en écrivant "considérant que mon PLU est incompatible avec le SCoT ; considérant que mon PLU est donc illégal ; considérant que je n'ai pas le droit d'appliquer une règle illégale ; le permis est refusé" !
3/ dès lors qu'aucun texte ne prévoit la consultation de l'établissement public de SCoT, dès lors que, même si un texte le prévoyait un jour, il ne s'agirait que d' "avis", ni à plus ni à moins de 5000 m² SP, l'avis d'un établissement public de SCoT n'a plus ou moins de valeur "légale". Si on le lui demande alors que ce n'est pas prévu, l'établissement public de SCoT peut exprimer son avis... dont l'autorité compétente (pour l'autorisation) fera ce que bon lui semblera de faire. Et si c'est un projet < 5000 m² SP, de toute façon, l'incompatibilité du projet avec le SCoT n'est pas un motif légal de refus (sauf à écarter l'application du PLU incompatible et donc illégal)
4/ c'est à l'autorité compétente pour prendre une décision de s'assurer que cette décision est prise dans le respect des lois ! C'est son boulot (et celui de son service instructeur) !
Comme indiqué, le maire ne peut accorder de permis de construire que si le projet respecte le PLU... même si ce n'est pas la commune qui a fait le PLU(i) et même si l'EPCI qui a fait le PLU(i) n'est pas consulté dans le cadre de l'instruction ! Où est le problème ?
Est-ce qu'un gendarme ne peut pas faire de PV d'excès de vitesse alors que ce n'est pas lui qui a pris l'arrêté qui limite la vitesse à 30 km/h ?...
Un SCoT est censé être compréhensible par tout le monde (et donc aussi par des services instructeurs d'autorisation d'urbanisme) et si on ne comprend pas les orientations du DOO, on est censé avoir donné des explications dans le rapport de présentation. Et un service instructeur est censé savoir ce qu'est la "compatibilité" (sinon, il existe des formations pour apprendre...)
(nota : il ne s'agit pas d'apprécier la compatibilité globale du SCoT avec le projet, mais au contraire la compatibilité du projet avec le SCoT !)
Si on ne sait pas, si on ne veut pas savoir, il est possible de consulter l'établissement public de SCoT... qui rendra ou pas un avis expliquant que le projet est ou non compatible... mais ce ne sera qu'un avis... (éventuellement erroné d'ailleurs, ça s'est déjà vu ! mais je ne donnerai pas de nom(s)...)
Il me semble au contraire que les articles du code sont d'une grande clarté en ce domaine : a) les opérations > 5000 m² doivent être compatibles avec le DOO b) il n'y a aucun besoin -et ce n'est pas prévu- de consulter l'établissement public de SCoT pour cela, et c) c'est à l'autorité compétente de prendre des décisions respectant la loi (et donc l'obligation de compatibilité avec le DOO, de conformité avec le PLU et les servitudes d'utilité publique, etc.)
Après, que les établissements publics de SCoT puissent remplacer ou compléter les CAUE dans leurs missions de conseils sur les projets, puissent contribuer à la formation intellectuelle, urbanistique, architecturale, des instructeurs, peut-être. ça ne leur est pas interdit ! cela ne relève peut-être pas directement de leurs missions premières. mais ça ne leur est pas interdit !
Bien cordialement
--Jean-Philippe Strebler
directeur du pôle d'équilibre territorial et rural Sélestat - Alsace centrale
Le 07/10/21, Emmanuel Ami <emmanu...@gmail.com> a écrit :