Tandem à la tête de l'Etat: quand le train arrive à
l'heure
La satisfaction de l'ensemble des participants aux
Journées Nationales de Concertation pour le retour des
réfugiés en Mauritanie est une occasion de rendre
hommage à ceux qui ont contribué à ce succès, ce
d'autant que nous en avons rarement eu l'occasion ces
vingt dernières années. Durant la campagne pour
l'election présidentielle en Mauritanie, le candidat
Sidi Mouhamed Ould Cheikh Abdallahi s'était engagé en
de nombreuses occasions à organiser le retour des
réfugiés dans les six ou tout au plus douze mois
suivant son élection à la magistrature suprême. De son
côté s'il ne s'était pas trop apesenti sur la
question, le candidat Zeine ould Zeidane ne s'était
pas moins engagé à rétablir les victimes dans leurs
droits. Au cours d'un entretien quelques jours après
sa déclaration de candidature et en réaction à une
note technique que je lui avait présentée au sujet des
questions qui me semblaient essentielles quant à la
vie de la Nation, le candidat ould Zeidane m'avait
clairement laissé entendre que le retour des réfugiés
etait non seulement une urgence politique et une
nécessité du point de vue du droit mais aussi une
question qui ne devrait perdurer compte tenu de son
insuportable aspect humain. Le principe était acquis,
restaient les modalités pratiques. Ce bref retour sur
la campagne électorale a pour objet de souligner le
fait que c'est bien une promesse qui vient d'être
tenue à travers l'organisation desdites journées. Les
acteurs politiques nous ont à ce point peu habitués à
respecter leurs engagements qu'il nous paraît
important de le relever.
Toutefois, quelque décisif qu'ait pû être l'acte posé,
il n'est que le prélude d'un processus minutieux qui
doit conduire à une situation d'apaisement qui
réconcilie les mauritaniens entre eux, leur redonne
foi en l'avenir et les rassure quant à la communauté
de destin.
L'organisation matérielle du rendez-vous des journées
nationales s'est heurtée à quelques modalités qui
doivent inviter à engager la réflexion sans tarder sur
des questions cruciales. En effet, à la veille du
départ pour la Mauritanie, certains representants
d'organisations de la société civile se sont entendus
signifier qu'ils ne pouvaient être du voyage au
pretexte qu'ils avaient opté pour la nationalité de
leur pays d'accueil. Seulement, le changement de
nationalité n'eteint pas le statut de victime. De
même, il est difficile concevable que des personnes
qui ont été chassés de leur pays vingt ans durant
s'entendent reprocher d'adopter des stratégies qui
leur permettent de s'adapter à leur pays d'adoption.
Des situations y sont nées -aux plans familial et
professionel- auxquelles il n'est pas facile de
renoncer. Ce choix ne signifie en aucun cas que les
interessés ont renoncé à leur Mauritanité. Ils ont
besoin aujourd'hui aussi bien de leur pays d'origine
que de leur pays d'adoption qui les a recuillis
pendant qu'ils étaient bannis tout comme l'enfant a
besoin à la fois de son père et de sa mère. La
Mauritanie doit reconnaître à ses ressortissants
établis à l'étranger le droit de participer aux
événements majeurs qui engagent l'avenir de la Nation.
La double nationalité et le droit de vote doivent leur
être reconnus. Nos voisins immédiats qui ont plus ou
moins le même profil que la Mauritanie le
reconnaissent à leurs expatriés : Maliens, Sénégalais
et Algériens votent à l'étranger. Les Mauritaniens
devraient pouvoir le faire et choisir les élus qui les
representent dans les deux chambres du parlement. Les
rencontres qui ont précédé ces journées nationales de
concertation ont montré que les uns et les autres
pouvaient discuter sereinement et les representants de
l'Etat ont montré qu'ils savient se mettre à l'écoute
de leurs administrés. Cette situation a redonné foi en
l'avenir, les administrés ont recommencé à croire en
l'Etat et c'estb le lieu de féliciter les
administrateurs qui y ont contribué à l'image du
Consul Général de Mauritanie à Paris. Ce climat de
confiance rend désormais possible le dialogue pour
défendre au mieux les intérets des citoyens.
Par ailleurs, sur un tout autre plan, les familles des
assassinés doivent pouvoir acceder à l'information au
sujet des lieux où les leurs ont été entereés à la
sauvette. C'est indispensable pour pouvoir faire le
deuil et comme le dirait un Premier Ministre, c'est
urgent d'un point de vue humain, de surcroit dans un
pays musulman où les populations sont attachées à
l'idée de Dernière Demeure. C'est une demande
humanitaire qui a valeur de symbole et de test pour la
sincérité du processus engagé.
Pour le reste, les engagements pris ont reçu l'aval
des principales organisations et méritent d'être
salués. Il reste à espérer que le gouvernement
connaisse autant de succès dans les autres aspects de
son action pour soulager les souffrances des
populations mauritaniennes.
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