Par Hervé Gilbert

Il n’était pas seulement un guitariste virtuose, ni une voix dans le chœur tumultueux de la musique haïtienne : il était une vibration, une âme en mouvement, un souffle de poésie posé sur six cordes. Avec la disparition d’André “Dadou” Pasquet, c’est plus qu’un artiste qui s’éclipse : c’est une école d’élégance, de rigueur, d’audace et de tendresse sonore qui se tait doucement. Cofondateur du Magnum Band aux côtés de son frère Claude “Tico” Pasquet, il avait façonné l’un des ensembles les plus emblématiques de notre patrimoine musical.
Dadou Pasquet appartenait à cette caste rare de musiciens que l’on ne peut contenir dans un style, un genre ou une époque. Il était plus qu’un artiste : il était une présence. Un trésor culturel qui dépassait Haïti — et c’est peut-être là, dans cette grandeur silencieuse, que réside l’une de nos plus grandes tristesses. Au fond de moi, j’ai souvent rêvé qu’il fût né ailleurs, ou qu’il évoluait dans un pays où l’on sait reconnaître ses génies de leur vivant... Lire la suite...