LA RÉSURRECTION UN SENS NOUVEAU DE L'HISTOIRE.

0 views
Skip to first unread message

BRUNO LEROY.

unread,
Mar 24, 2008, 1:12:23 PM3/24/08
to ÉDUCATION ET ACTION SOCIALE POPULAIRE.
Jésus a proclamé tout au long de sa vie l'avènement du Royaume de
Dieu, l'irruption de la fin des temps. Sa parole prophétique
s'accompagnait de gestes libérateurs signifiant l'accomplissement du
Jour de Dieu.
Guérisons diverses, expulsions des démons, lutte contre les
discriminations et les barrières élevées notamment par
l'interprétation pharisienne de la Loi, gestes de réintégration
sociale et religieuse, tels sont quelques gestes qui caractérisent
l'OEuvre par laquelle Jésus travaille à rendre dignité aux hommes qui
l'ont perdue, et plus particulièrement aux plus pauvres de son temps.

Il mourra en attendant ce Royaume promis par Dieu. Dieu ne peut, en
effet, qu'être fidèle à ses promesses. Il a promis d'intervenir en
faveur des justes et Jésus meurt dans l'espérance que le Règne de Dieu
arrive définitivement.

Par la résurrection, Dieu délivre Jésus de la mort. Les disciples de
Jésus reconnaîtront dans la résurrection du Christ l'arrivée de la fin
des temps. Le Règne de Dieu est arrivé par Jésus ressuscité d'entre
les morts.
Jésus est descendu aux enfers ( de la mort ) mais Dieu l'en a délivré.
Dieu, en relevant Jésus des morts, a fait advenir son Royaume que
Jésus a inauguré par sa pratique prophétique.

Ainsi la promesse de la résurrection faite par Dieu aux justes de
l'Ancien Testament s'en trouve accomplie, au-delà même de ce que Dieu
avait dit. En effet, la résurrection de Jésus se démarque de la
résurrection des justes par deux caractéristiques. Si les justes
doivent ressusciter, il s'agit toujours d'un événement futur dont
l'accomplissement aura lieu à la fin des temps et qui concerne la
collectivité de ceux qui ont été fidèles à Dieu. Dans la résurrection
de Jésus par contre, la promesse de résurrection pour les justes à la
fin des temps se fait Don de Vie effectif maintenant à une personne,
Jésus de Nazareth.
La résurrection est réalisation de la promesse sur un " juste ",
l'homme jésus. La promesse de Dieu est donc anticipée et
personnalisée. Elle a trouvé son accomplissement en Jésus qui est
ainsi fait par Dieu le " premier-né d'entre les morts ". Les hommes
deviennent co-héritiers, dit Paul, de la vie donnée par Dieu à Jésus.
Le destin personnel de Jésus préfigure celui de tout homme et de toute
l'humanité. La résurrection de Jésus est gage de notre résurrection.
Cela implique une transformation du sens de l'histoire et de l'homme
et de notre rapport à l'histoire et à l'homme. Par la résurrection,
Jésus inaugure en effet une nouvelle existence où la Vie triomphe de
la mort.
L'histoire, du coup, éclate : la mort n'a pas raison des hommes
puisque la puissance de Dieu est plus forte que la mort. La mort n'est
plus néantisation de l'histoire et de l'homme : c'est elle au
contraire qui est anéantie. Dire que l'avenir ( l'histoire ) est
bouché, c'est ne pas faire confiance à Dieu qui a ressuscité Jésus,
c'est ne pas croire en Jésus ressuscité d'entre les morts. La
résurrection de Jésus transforme complètement la conception que l'on
se fait de l'histoire et de l'homme : par Jésus ressuscité, l'homme
nouveau est apparu, le salut est réalisé et l'histoire s'en trouve, en
un certain sens, achevée.


Achevée, l'histoire l'est, car Dieu a anticipé en Jésus ressuscité
l'événement réservé aux justes à la fin des temps. Le sens ultime de
l'homme et de l'histoire est déjà dit de manière unique et décisive.
Le Royaume est là.

Cette manière de présenter le Salut comme définitif laisse toutefois
de côté une autre conception de l'histoire et de l'homme liée au
schème de pensée avant/après. Cet axe temporel en effet indique que
l'existence de l'homme et son insertion dans l'histoire reçoivent, par
la résurrection, la promesse d'un accomplissement définitif. L'homme
demeure dans une histoire faite de clarté et d'ombre, où il ne perçoit
pas l'accomplissement définitif de la résurrection. Il sait qu'il vit
l'histoire comme n'étant pas encore achevée. Si la résurrection dit la
promesse de Dieu comme étant accomplie en Jésus, il n'en reste pas
moins qu'elle n'épuise pas cette promesse. La résurrection renvoie
ainsi à une conception de l'histoire ouverte, en voie
d'accomplissement. L'homme qui vit dans cette histoire reçoit de la
résurrection la promesse d'un achèvement.

Les apôtres forts de leur Foi en Jésus ressuscité, c'est-à-dire de
leur certitude que le salut est réalisé pour l'homme en Jésus-Christ,
s'en vont proclamer la Bonne Nouvelle du salut pour tous les hommes,
salut qui, s'il est accompli en Jésus, est promis à tout homme. Cette
effectuation du salut pour tout homme est ce qui manque à
l'accomplissement total de la résurrection.
Le " déjà là " et le " pas encore " du Salut est bien exprimé par Paul
en Rm8,24 : " car nous avons été sauvés, écrit-il, mais c'est en
espérance ". Le salut, le Royaume sont des réalités déjà présentes par
la résurrection et l'OEuvre de l'Esprit en ce monde. Et pourtant, nous
les attendons encore, nous les espérons.

Mais quand nous parlons d'espérance, de quoi parlons-nous ? " Voir ce
qu'on espère dit Paul dans ce même verset, ce n'est plus espérer : ce
qu'on voit, comment pourrait-on l'espérer encore ?".
L'espérance fait du croyant un nomade toujours en chemin. Pour qui
espère, rien n'est figé, l'avenir est toujours ouvert. L'Espérance est
résistance aux leurres du désir qui s'accroche de manière nostalgique
au passé, s'accommode du présent ou se projette imaginairement sur un
objet qui apportera le bonheur définitif et total. L'Espérance est
ainsi le désir devenu assez fort pour subvertir ses propres objets.

Espérer, ce n'est pas ignorer la mort, ou en avoir peur, mais
l'affronter pour vivre. C'est oser affronter la mort en tant qu'elle
n'est pas ce qui clôt toute vie donnée. L'Espérance et la Foi
partagent ici un terrain commun : celui de s'en remettre sans réserve
à l'Autre qui tient parole. " Gardons indéfectible l'espérance, dit
l'épître aux Hébreux, car celui qui a promis est fidèle." ( Hé 10,23 )

Lorsque l'horizon paraît bouché, l'amour flétri, la vie arrêtée, la
communication bloquée, bref, lorsque la mort semble à l'OEuvre dans
l'alliance, la résurrection, en tant qu'elle est victoire sur la mort
et avènement du Royaume, ouvre à l'Espérance. Dieu a toujours des
possibilités que nous ne soupçonnons pas. Il peut encore produire
l'inattendu ou l'impossible. Il nous invite à ne pas nous résigner
devant la situation présente, car il a, par la résurrection, ouvert un
avenir meilleur pour tout homme.

L'espérance s'inscrit dans l'histoire comme une brèche ; elle ose
croire que rien n'est jamais définitivement joué et qu'aucun être
n'est exclu du Don et de l'échange. Ainsi le grand péché contre
l'Espérance réside-t-il dans le découragement, l'inertie, la
lassitude, voire la démission, attitudes où l'homme se recroqueville
sur lui-même, désespère de l'Autre et manque de confiance en la parole
du Christ qui est la Résurrection et la Vie.
La résurrection nous entraîne à une vie livrée. Elle nous signifie que
Dieu est Amour. Elle manifeste aussi la logique du don, de l'excès, du
surcroît inouï : la Vie est rendue luxueusement à Jésus par son Père.
C'est parce que Jésus ne dispose pas de sa vie, il ne s'est ni tué, ni
ressuscité lui-même, mais La donne, que celle-ci lui est rendue
somptueusement. Ainsi, Jésus ressuscité nous sollicite-t-Il à donner
notre Vie gratuitement.

Bruno LEROY.
Reply all
Reply to author
Forward
0 new messages