POUR UNE ÉDUCATION AUTHENTIQUE.

0 views
Skip to first unread message

BRUNO LEROY.

unread,
Apr 4, 2008, 11:35:29 AM4/4/08
to ÉDUCATION ET ACTION SOCIALE POPULAIRE.
Il peut être utile de discerner quelques exigences communes d'une
éducation authentique. Elle a besoin avant tout de cette proximité et
de cette confiance qui naissent de l'amour ; je pense à l'expérience
première et fondamentale de l'amour que font, ou du moins devraient
faire, les enfants avec leurs parents. Mais tout éducateur véritable
sait que pour éduquer il doit donner quelque chose de lui-même et
qu'ainsi seulement, il peut aider les jeunes à surmonter leurs
égoïsmes et à devenir, à leur tour, capables d'un amour authentique.

Chez le petit enfant déjà, il existe un grand désir de savoir et de
comprendre qui se manifeste dans ses questions et ses demandes
d'explications incessantes. Une éducation qui se limiterait à fournir
des notions et des informations, mais qui laisserait de côté la grande
question concernant la vérité, surtout cette vérité qui peut servir de
guide dans notre vie, serait une pauvre éducation.

La souffrance aussi fait partie de la vérité de notre vie. Par
conséquent, en cherchant à tenir les plus jeunes à l'écart de toute
difficulté et expérience de la douleur, nous risquons de faire
grandir, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu
généreuses : la capacité d'aimer correspond de fait, à la capacité de
souffrir et de souffrir ensemble.

Nous arrivons sans doute au point le plus délicat de l'oeuvre
éducative : trouver un juste équilibre entre la liberté et la
disciple.

Sans règles de comportement et de vie, mises en évidence jour après
jour jusque dans les petites choses, on ne forme pas le caractère et
on n'est pas préparé à affronter les épreuves qui ne manqueront pas à
l'avenir. Cependant, la relation éducative est avant tout la rencontre
de deux libertés et l'éducation bien réussie est une formation au bon
usage de la liberté. Au fur et à mesure que l'enfant grandit, il
devient un adolescent, puis un jeune ; nous devons donc accepter le
risque de liberté, en demeurant toujours prêts à l'aider à corriger
des idées et des choix erronés. En revanche, ce que nous devons jamais
faire, c'est de le seconder dans les erreurs, faire semblant de ne pas
voir, ou pire de les partager, comme si elles étaient les frontières
du progrès humain.

L'éducation ne peut donc pas se passer de cette autorité morale qui
rend crédible l'exercice des rapports d'autorité. Elle est le fruit de
l'expérience et de la compétence, mais s'acquiert surtout par la
cohérence de sa vie propre et par l'implication personnelle,
expression de l'amour véritable. L'éducateur est donc un témoin de la
vérité et du bien : certes, il est fragile lui aussi et peut se
tromper, mais il cherchera toujours à être en harmonie avec sa
mission.

Combien est décisif, dans l'éducation, le sens des responsabilités :
responsabilité de l'éducateur, certes, mais aussi, et dans une mesure
croissante avec l'âge, responsabilité du fils, de l'élève, du jeune
qui entre dans le monde du travail. Celui qui sait se répondre à lui-
même et répondre aux autres est responsable. En outre, celui qui croit
cherche avant tout à répondre à Dieu qui l'a aimé le premier.

La responsabilité est en premier lieu personnelle, mais il existe
aussi une responsabilité que nous partageons ensemble, comme citoyens
d'une même ville et d'une nation, comme membres de la famille Humaine
et, si nous sommes croyants, comme fils d'un unique Dieu et membres de
l'Église.

De fait, les idées, les styles de vie, les lois, les orientations
globales de la société dans laquelle nous vivons, et l'image qu'elle
donne d'elle-même à travers les moyens de communication, exercent une
grande influence sur la formation des nouvelles générations, pour le
bien, mais souvent aussi pour le mal. La société n'est toutefois pas
une abstraction ; à la fin, nous sommes nous-mêmes, tous ensemble,
avec les orientations, les règles et les représentants que nous nous
donnons, bien que les rôles et les responsabilités de chacun soient
différents.

La contribution de chacun de nous est donc nécessaire, de chaque
personne, famille ou groupe social, car la société est un terreau
favorable à l'éducation.

Seule, une Espérance fiable peut être l'âme de l'éducation, comme de
la Vie tout entière. Aujourd'hui notre Espérance chrétienne est
assiégée de toutes parts et nous risquons de redevenir nous aussi,
comme les païens d'autrefois, des hommes " sans espérance et sans Dieu
en ce monde " comme l'écrivait l'apôtre Paul aux chrétiens d'Éphèse
( Ep 2,12 ). C'est ici précisément que naît la difficulté peut-être la
plus profonde pour une véritable oeuvre éducative : à la racine de la
crise de l'éducation se trouve, en effet, une crise de confiance dans
la Vie.

Je ne peux donc pas terminer sans une chaleureuse invitation à placer
en Dieu notre espérance. Lui seul est l'espérance qui résiste à toutes
les déceptions ; seul son Amour ne peut pas être détruit par la mort ;
seuls sa justice et sa miséricorde peuvent panser les injustices et
récompenser les souffrances subies.

L'Espérance qui s'adresse à Dieu n'est jamais une espérance pour moi
seul, c'est toujours aussi une espérance pour les autres : elle ne
nous isole pas, mais nous rend solidaires dans le bien, nous stimule à
nous éduquer réciproquement à la vérité et à l'amour.


Bruno LEROY.
Reply all
Reply to author
Forward
0 new messages