Aristophil gavé en lettres d’or

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Feb 4, 2013, 6:12:41 AM2/4/13
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Aristophil gavé en lettres d’or


ENQUÊTE Spécialisée dans l’achat et la vente de manuscrits, la société propose d’acquérir des autographes en indivision. Un marché juteux qui profite du flou juridique.

Par VINCENT NOCE

La société Aristophil est-elle en train de s’imposer dans le monde de la culture ? En tout cas, le leader de l’achat-vente des autographes est porté par une vague montante. Huit ans après l’ouverture de son musée des lettres et manuscrits, boulevard Saint-Germain (Paris, VIIe), il vient de reprendre, pour 28,5 millions d’euros, l’hôtel de la Salle, rue de l’Université (VIIe). L’immeuble abritait la direction des douanes, si bien qu’il offre une revanche symbolique à savourer au «président fondateur» d’Aristophil, Gérard Lhéritier, lequel eut quelquefois maille à partir avec l’Etat et la justice.

Ses 1 700 m2 doivent accueillir des expositions, abriter un club d’adhérents et un observatoire du marché «du patrimoine écrit»,ouvert aux spécialistes et aux journalistes, nous a expliqué ce patron de 64 ans. Volubile, rond et charmant, partageant son temps entre Paris et Nice, l’homme semble loin de la réputation sulfureuse que lui prête le milieu de la bibliophilie. Ce gestionnaire de patrimoine s’est fait la main sur la joaillerie, les courriers de la guerre de 1870 et la philatélie. Cette dernière affaire lui fit connaître, avoue-t-il, «la pire période de sa vie»,quand il fut impliqué dans le scandale dit des timbres de Monaco. Qui lui valut une mise en examen pour escroquerie puis abus de confiance, un séjour de deux semaines à la prison de Grasse en 1996, avant d’obtenir une relaxe au terme de dix années d’instruction chaotique.

Un stock de 80 000 pièces

Aujourd’hui, ce fils de plombier lorrain, fier d’avoir reçu un prix du patron autodidacte, applique avec succès ses recettes au marché confidentiel de l’autographe. Il acquiert des originaux célèbres, tels le Manifeste du surréalisme ou le testament de Louis XVI, qu’il «découpe» virtuellement en plusieurs centaines de parts. Celles-ci sont proposées aux épargnants par un réseau de courtiers, traité par un partenaire, auquel il reverse un dixième du revenu. Pour une commission tournant autour de 5%, l’épouse du préfet ou l’assureur local placent des parts, généralement pour cinq ans, en faisant miroiter des plus-values d’au moins 8% par an. Quinze mille personnes en France ont ainsi confié leurs économies à Aristophil, qui étend ses activités au livre ancien et même au tableau.

La société ne souffre pas de la crise, et même, elle en profite. Réparti entre le fondateur et ses deux enfants, le capital a été porté au printemps de 5 à 15 millions d’euros, prélevés sur les bénéfices. Ceux-ci ont presque décuplé en quatre ans, atteignant 23 millions en 2011. Pour un chiffre d’affaires de 162 millions, dont la croissance oscille selon les années entre 28 et 67%. Sans compter le développement de filiales en Suisse et en Belgique, où elle a ouvert un autre musée.

Magazine, expositions, catalogues et ouvrages illustrés : cet ovni entend bien désormais occuper le champ culturel. Il étale ses fleurons, sur les 80 000 pièces de son stock, en un livre de promotion doré par Gallimard (1). En octobre, à l’hôtel Salomon de Rothschild (VIIIe), il a tenu ses premières «Rencontres internationales des lettres et manuscrits», avec une belle brochette d’invités : Jean Lacouture, Richard Berry, Jean-Louis Debré, Christophe Bourseiller, Franz-Olivier Giesbert ou Patrick Poivre d’Arvor. Journalistes-animateurs, comédiens et musiciens «rétribués», précise la société, de même que les médias partenaires, via des achats d’espace, le site plutôt confidentiel duQuotidien de l’art, mais aussi le Point, Lire ou France Culture.

PPDA tient une place à part, en s’affichant comme compagnon de route de Lhéritier. Présenté comme «le parrain» de son musée, il joue le Monsieur Loyal dans les promotions de ses produits financiers, au côté d’un professeur de droit, Jean-Jacques Daigre, d’un expert près la cour d’appel de Paris, Thierry Bodin, et d’un dynamique libraire, Jean-Claude Vrain (2).

1,5 million pour les archives de Romain Gary

Le 9 novembre, Lhéritier a remis au maire de Nice, Christian Estrosi, un «don historique» (Nice-Matin) : le discours dactylographié prononcé par le général de Gaulle dans la ville libérée, le 9 avril 1945. Il n’était pas moins fier d’être invité au «dîner des mécènes» qu’organise chaque année la Bibliothèque nationale de France (BNF). C’était bien le moins après avoir accepté 2,5 millions d’euros pour l’acquisition d’un manuscrit enluminé, la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie. Et alors que l’institution sollicite aujourd’hui une nouvelle contribution (1,85 million) pour l’achat des archives de Michel Foucault (3). Aristophil confie aussi à la BNF ses précieux documents pour qu’elle puisse les numériser. Ainsi de ses prises à la vente chez Christie’s, le 29 octobre 2012.

Comme à son accoutumée, la firme a fait ce jour-là s’envoler les enchères. L’exposé des thèses de Newton par la marquise du Châtelet a frôlé le million d’euros. Dans les semaines qui suivirent, elle a encore déboursé 1 million pour deux courriers de Napoléon ainsi que le tiers d’une vente de livres à Drouot. En 2010, elle a mis 1,5 million sur la table pour convaincre le fils de Romain Gary, Diego, de lui céder les archives de son père, qu’il est allé rechercher à l’Institut mémoires de l’édition contemporaine (Imec), où elles étaient déposées et recensées. En 2009, Aristophil dit avoir investi 2 millions pour récupérer auprès d’un Américain la Déclaration à tous les Français de Louis XVI, à la veille de sa fuite de Versailles. En 2008, la maison fit grand bruit en dépensant 3,6 millions pour neuf manuscrits d’André Breton, dont celui du Manifeste du surréalisme de 1924. Tout récemment, un libraire de province a eu la surprise de sa vie en entendant un représentant lui proposer d’acquérir tout son fond d’un coup.

A l’inverse, quand Aristophil s’abstient d’enchérir, comme ce fut le cas à Drouot le 14 novembre dernier, c’est la catastrophe : le commissaire-priseur attendait 1 million de la vente, c’est à peine si elle a dépassé 150 000 euros. Sur 65 lots, 49 lui sont restés sur les bras. Personne n’a levé la main pour le texte corrigé par Marguerite Duras de l’Amant. Il se trouve que l’expert de cette vente, Frédéric Castaing, n’a jamais caché son opposition aux méthodes d’Aristophil. «Sa marchandise ne m’intéresse pas, lâche Lhéritier, il nous a toujours mis des bâtons dans les roues, je ne vois pas pourquoi je lui ferais un cadeau.» Pour autant,«il n’y a pas de marché fictif» sur lequel vogueraient ses placements collectifs, s’emporte-t-il. «Nous ne faisons pas exploser les enchères, c’est une contre-vérité», poursuit-il, assurant que plus de 80% de ses achats, en nombre, sont négociés avec des marchands ou des particuliers. Même un libraire qui a étroitement travaillé avec lui est à demi-convaincu : «Il y a de quoi être inquiet, tout cela peut tourner vinaigre du jour au lendemain.»

«Système à la Madoff»

Un petit coup de tonnerre s’est bien fait entendre sous les cieux belges avec l’annonce d’une instruction pour escroquerie et blanchiment. La police a débarqué le 6 novembre au siège d’Aristophil et à son musée, saisissant des pièces comptables et disques durs. Pour la RTBF, la firme, qui compte 3 000 clients dans le pays, aurait été soupçonnée de faire miroiter «de fabuleux bénéfices» qu’elle financerait par une chaîne «de nouveaux investisseurs, et ainsi de suite». La «comparaison épouvantable» avec «un système à la Madoff» a fait bondir la société, qui proclame son mécanisme de ventes «complètement transparent et conforme à la législation, tant française que belge», se disant victime d’une manigance. Non sans raison apparemment, puisque, le 10 janvier, elle annonçait avoir obtenu la récusation du magistrat, décision rarissime.

Néanmoins, à Paris, le 12 décembre, l’Autorité des marchés financiers (AMF) affichait une «mise en garde du public» envers «les placements atypiques proposés aux épargnants dans des secteurs aussi divers que les lettres et manuscrits, les œuvres d’art, les panneaux solaires, les timbres, le vin, les diamants et autres secteurs de niche». Ce qu’on appelle «des intermédiations sur des biens», qui ont la couleur et l’odeur des placements financiers, sans en offrir les garanties. Et qui bénéficient d’un flou juridique qui n’a jamais été dissipé.

Aristophil n’est pas spécifiquement désigné. Cependant, par deux fois, il y a une demi-douzaine d’années, l’AMF avait appelé les consommateurs«à la plus grande prudence» à l’égard de ses propositions alléchantes, alertant même la justice. Mais le tribunal a relaxé la société, estimant qu’«aucun motif juridique» n’avait été «apporté» aux soupçons à son encontre. Le parquet n’a pas fait appel. L’AMF, qui n’avait pas été invitée à s’expliquer devant les juges, a dû retirer ses alertes de son site.

Depuis, «nous nous sommes mis en conformité avec ses recommandations», tient à souligner Gérard Lhéritier. Apparemment, sans apaiser toutes les craintes. Président de la Compagnie des conseils en gestion de patrimoine indépendants, Jean-Pierre Rondeau spécifie avoir interdit à ses «adhérents de traiter avec Aristophil». «Nous avons un devoir de protection du client, mais aussi de notre profession»,expose-t-il. Il craint que Gérard Lhéritier «ne fasse miroiter des retours sur investissement irréalistes» en faisant «le marché tout seul» (4).

En écho, le Syndicat de la librairie ancienne appelle régulièrement ses membres à «s’abstenir de prêter la main à des opérations purement spéculatives, qui sapent la confiance en notre métier». «Il n’est pas dans notre rôle de critiquer telle ou telle société, mais de faire observer que, en aucun cas, il n’est possible de prédire la valeur d’un bien dans cinq ans», assène sa présidente, Anne Lamort.

Pour l’avocat de Gérard Lhéritier, Me Francis Triboulet, tout ce qui lui est reproché, c’est «son flair» : «En vérité, il a été le premier à se positionner sur un marché qui sommeillait, qui gardera longtemps un très fort potentiel de croissance alors que l’écran d’ordinateur a remplacé la feuille de papier.» A ses yeux, les reproches de «bulle spéculative» et de «système pyramidal» ne tiennent pas : «Madoff détournait l’argent de ses clients, tandis que les souscripteurs d’Aristophil sont propriétaires d’un bien.»

Le cas du manuscrit Einstein-Besso concentre les caractéristiques du système. Ces 54 pages de formules mathématiques échangées entre Albert Einstein et Michele Besso en 1913 et 1914, quand ils cherchaient la clé des anomalies de l’orbite de Mercure, furent acquises fin 2002 pour 560 000 euros chez Christie’s, à New York. Elles avaient été payées 400 000 euros, six ans plus tôt. Déjà, la revue Nature parlait de«petite fortune».

Aristophil a divisé le lot en copropriété, pour vingt fois plus cher : 12 millions d’euros, répartis entre près de 400 copropriétaires. La société a envisagé de proposer ce même document aux épargnants en 2011, en Suisse, à 24 millions d’euros cette fois, découpés en parts d’un peu plus de 4 000 euros, assorties d’une «promesse d’intérêt» de 40% en cinq ans. Autrement dit, en 2016, ces feuillets couverts de chiffres auraient-ils pu atteindre 35 millions, 65 fois la mise initiale, un prix record pour un écrit.

Un hybride mi-acteur culturel mi-marchand

En l’occurrence, la mécanique a grippé. Lhéritier affirme que le second investissement n’a jamais dépassé le stade du «projet» : «Nous avons fait machine arrière, car la loi en Suisse ne permet pas de proposer une indivision comme en France.» Le droit helvétique autorise pourtant bien les indivisions à terme, même si elles sont strictement encadrées. Il y a quelques mois encore, ces feuillets circulaient sur le marché à Genève, où ils ont été proposés à quelques grands hommes d’affaires, dont l’un confie n’avoir «prêté aucun intérêt à cette liasse, proposée à un prix ridicule». Aujourd’hui, Lhéritier affirme l’avoir revendue «à un collectionneur qui ne veut pas communiquer». Mais dans son fameux livre Gallimard, il avance une autre version : il assurait l’avoir cédée, pour 24 millions, «à des collectionneurs privés», si bien que, dans cette valse des millions, on peine un peu à s’y retrouver.

Qui avance ces valeurs ? Gérard Lhéritier a lui-même signé l’estimation donnée à la Lloyd’s pour assurance. Physicien et historien des sciences, Jean-Jacques Samueli connaît bien ce texte : «Il est incomplet. C’est un tissu d’erreurs de calcul, tout est faux, même la masse du soleil. Il est très intéressant pourtant, car c’est un essai majeur d’application de la théorie de la relativité générale. Mais, enfin, ce n’est pas la théorie elle-même, qu’Einstein a publiée à Berlin puis à Leipzig en 1915-1916. […] Il n’existe pas de marché proprement dit du document scientifique, car ces documents sont rares. La valeur de celui-ci est certainement plus importante, et aussi plus difficile à évaluer. Mais, aux enchères, les papiers de la main d’Einstein, généralement peu importants scientifiquement, ne dépassent pas quelques dizaines de milliers, voire quelques milliers d’euros», fait-il remarquer.

«Nous avons des experts attitrés qui ont eux-mêmes rédigé les estimations de nos pièces», réagit Lhéritier, en citant Thierry Bodin et Alain Nicolas. Pourtant, même la première estimation déjà fabuleuse de 12 millions avait donné lieu en 2003 à des échanges acrimonieux avec ce dernier. Après s’être rétracté, il concluait que le manuscrit valait en réalité un peu plus de 1,8 million, ce qui aurait été déjà beaucoup. Aujourd’hui, cet expert voudrait bien faire savoir qu’il a «pris ses distances avec tout cela».

Mais Lhéritier cite un autre spécialiste : Jean-Claude Vrain est devenu un fidèle d’Aristophil, auquel il a essayé de vendre le rouleau des Cent Vingt Journées de Sodome écrit par le marquis de Sade à la Bastille. La négociation n’a pas abouti : volé aux Noailles en 1982, ce trésor de la littérature a été passé en contrebande en Suisse, si bien qu’il aurait été confisqué dès le franchissement de la frontière (5). Grande gueule virtuose, figure attachante du métier, dont il se veut un «électron libre», Vrain a longtemps dit pis que pendre de Lhéritier. Mais quand il l’a rencontré, il a été séduit par le personnage : «Je ne sais rien de ses mécanismes financiers, et je ne veux pas les connaître. Mais il prend une place laissée libre par les institutions publiques et la BNF, qui n’ont plus un sou pour valoriser leur patrimoine.» Mi-acteur culturel, mi-marchand, cet hybride occuperait ainsi un vide entre l’affaiblissement de la puissance publique et le recul de la librairie traditionnelle.

Mais sur quels critères avoir approuvé l’estimation des feuillets Einstein-Besso, lui qui est plutôt connu pour sa connaissance du surréalisme ? Jean-Claude Vrain ne dément pas sa réputation : «Ce prix reflète ma fascination pour ce document. Il me touche et me parle, cela me suffit. Je suis complètement indépendant. D’autres experts disent le contraire, je n’en ai rien à foutre. Je l’estime à 24 millions, et j’emmerde le monde.»

Un placement échappant à l’ISF

Il faut espérer que les souscripteurs ont bien lu l’article VII des contrats, stipulant que la société se réserve «l’option» de reprendre leurs parts, mais sans obligation de rachat de son côté. Elle contourne l’obstacle en proclamant «avoir toujours systématiquement racheté ses collections, au prix majoré défini contractuellement». Elle prend également soin de faire signer un document à ses clients, certifiant qu’ils ont bien examiné le contrat. Elle a même remboursé sans discuter des mécontents qui se plaignaient de n’avoir pas bien compris ce passage.

Dans la réalité, ses représentants incitent aussi les souscripteurs à se reporter sur les nouveaux fonds, créés chaque année : où trouveront-ils un placement échappant à l’ISF, à 8% d’intérêt ? Ainsi, l’un des derniers investissements phares a-t-il été «réservé uniquement» aux «clients actuels et à leur famille» : celui des «manuscrits secrets du général de Gaulle à Londres».

Pour ces 313 messages et notes rédigés par le chef de la France libre de 1940 à 1942, 100 épargnants se sont partagé 1 500 parts à 5 000 euros chacune, pour verser 7,5 millions au pot. Assorties d’une«promesse de vente au prix nominal augmenté de 8,75% par année».Petit souci : la société n’est plus en possession du bien dont elle est censée assurer la garde. L’Etat l’a fait saisir, estimant qu’il faisait partie du patrimoine inaliénable des archives publiques (Libération du 11 novembre 2011).

Ces dossiers «oubliés» ne l’étaient pas pour tout le monde. Ils avaient été gardés par la secrétaire du Général à Londres, Marie-Thérèse Guinet-Desseignet. Aristophil les a achetés à son fils, Jean-Claude Chalumeau. «Ma mère, explique-t-il, m’a toujours dit avoir proposé après la guerre de rendre ces papiers au Général, qui lui a dit de les conserver.» Version que le directeur des Archives de France, Hervé Lemoine, juge «impossible à croire» alors que le grand homme prenait la précaution de remettre l’intégralité de ses «archives de guerre» à l’Etat. Aujourd’hui, Jean-Claude Chalumeau nous avoue : «Il n’existe aucun document écrit» à l’appui du dire maternel.

La procédure a donné lieu à quelques péripéties cocasses. Fin 2011, François Fillon devait honorer de sa présence le vernissage de l’exposition des «Manuscrits secrets». Averti à la dernière minute, le chef du gouvernement dut précipitamment annuler sa venue boulevard Saint-Germain. Deux ministres, Frédéric Lefebvre et Michèle Alliot-Marie, répondirent quand même à l’invitation.

Neuf mois plus tard, à la requête du tribunal, devant une employée en pleurs, la conservatrice des Archives fit saisir les pièces exposées, dans leurs chemises de présentation. «A mon arrivée aux Archives, rue des Francs-Bourgeois, quand j’ai sorti les télégrammes, raconte-t-elle, je me suis aperçue que [les chemises] contenaient… des photocopies. Il fallut refaire une démarche auprès d’Aristophil, pour qu’elle consente enfin à se dessaisir des originaux, qu’elle a fini par déposer à la BNF.»Histoire de bien souligner les rapports «de confiance» noués avec son président, Bruno Racine. «Je constate que Lhéritier a toujours tenu sa parole», estime ce dernier, en faisant observer que les mécénats sont soumis à l’aval des ministères de la Culture et du Budget. Lui que sa nature incline plutôt à favoriser des solutions amiables avoue qu’il«encouragerait» bien son mécène à «séparer sa structure d’opérateur financier de ses activités culturelles, qui pourraient se retrouver sous l’égide d’une fondation». Et il garde un regard soucieux sur une collection de manuscrits qui compte des trésors de l’Histoire.

Ceinture et bretelles

Le procès des archives De Gaulle suit son cours. Lhéritier se dit sûr de gagner. A ses yeux, il s’agit de brouillons d’un officier rebelle : «Rien à voir avec un chef d’Etat, qui, lui, était à Vichy.» Au pire, il se dit couvert par l’assurance, tout en ayant le temps de provisionner la perte dans ses bilans. Ceinture et bretelles. Il vaudrait mieux, car, dans ce cas, au lieu d’approcher les 11 millions espérés à l’échéance 2016, la valeur de l’investissement tomberait à zéro. Les clients ont-ils été renseignés par avance de ce péril ?

(1) «L’Or des manuscrits», à paraître en mars. (2) Voir la présentation d’Aristophil sur YouTube. (3) Au titre du mécénat, la société déduit 90 % de ces sommes de son impôt. En revanche, cette formule ne s’appliquerait pas à la remise du document à la ville de Nice, qui s’apparenterait à la restitution d’un document à caractère public. Ce que les Archives nationales n’ont pas manqué de rappeler. (4) «Que choisir ?» du 31 mars 2011. (5) «Le Monde» du 10 octobre 2012.

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