Salut les Zanimaux,
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Paris->Brest->Paris; 18-21 Aout 2019; 1220 km 12000m d+ à boucler en moins de 90h
Le PBP – c’est 9 mois de préparation. 9 mois vécus dans la perspective du PBP, un objectif que nous avons choisi tous les 2 avec Eric (Le Lapin) pour réaliser en couple, et que nous avons préparé avec toute l’équipe Assas Cyclisme Évasion (ACE), animé par notre ami Gérald (animé vient aussi de son âme qu'il donne pour le groupe). Nous étions 9 cyclistes du club au départ, et 7 à l'arrivée.
9 mois c’est le temps de gestation chez les
humains. Il me semble légitime de comparer le PBP à l’accouchement. Je connais
le deux, et je vous assure que c’est le PBP qu’est plus dur (et plus long).
Mais le PBP c’est aussi une sensation de bonheur profond et intense que j’ai pu
ressentir tout au long de notre route, même dans des moments difficiles.
Avant de passer au déroulement de l’épreuve et
d’autres détails, voici les points importants qui résument l’expérience vécue
au PBP.
1) Le PBP c’est la Mecque du cyclisme. Un
sentiment d’appartenir à l’histoire et toucher le cœur de la culture cycliste.
Voir toute la Bretagne ouvrir les cafés et les boutiques 24h/24, sortir dehors
à nous admirer, encourager et offrir l’eau et la nourriture gratuite, les
gosses tendre leurs petites mains pour une touche au passage… Croiser les
cyclistes qui on fait des multiples fois le PBP.
2) Sur une distance longue tout le monde, même
les plus forts, ont les coups de mou. Et à des moments différents.. Il faut
attendre que ça passe. Je le savais, mais je n’avais jamais vraiment testé sur
moi, il m’a fallu plus que 600 km pour ça. A cause de ça les groupes se forment
et se déforment. Quand on veut rouler ensemble on peut perdre du temps.. Mais ça
fait du bien d’être ensemble, c’est motivant et rassurant car la route est
longue. Il faut donc gérer ça intelligemment.
3) On peut en même temps avoir mal et être
heureux sur son vélo. J’ai fait une expérience nouvelle, ou malgré la douleur
(c’est surtout mon genou gauche) j’avais du plaisir à rouler, sentir le vent
dans les cheveux, admirer le paysage et la sensation des pneus neufs qui
effleurent le goudron. J’étais étonnée de me réveiller après 4h de sommeil dans
la voiture à Brest et avoir envie de repartir pour monter le Roc’h Trevezel (la
plus belle montée du PBP, d’ailleurs). Même la dernière étape avec toute la
fatigue accumulée, l’idée qu’au bout de cette étape j’aurai réussi mon PBP me
donnait une motivation suffisante !
4) Nous avons choisi de faire mon premier PBP
avec assistance de Nikita, mon fils aîné. Sa contribution dans la réussite de
cette entreprise est énorme. Il était parfais dans son rôle, à l’écoute et
plein d’initiatives utiles, mais surtout je sentais comment il était fier de
moi. Peut-être autant que je suis fière de lui. Je considère donc que on a
réussi en équipe et cela rajoute une dimension supplémentaire dans l’espace de
mes ressentis.
5) Une autre dimension encore s’est construite
grâce au suivi des participants. Tout au long de la route et à l’arrivée nous
n’étions pas seuls. C’était un délice de recevoir les messages des amis… Ils
arrivaient directement sur le compteur Garmin, je lisais en roulant.
Maintenant l’histoire en ordre.
Départ à 16h45 avec Eric et Serge (un autre ami
d’ACE) après avoir salué quelques amis qui partaient plus tard. Je verse une
larme derrière ma visière photochromique quand Gérald me souhaite bonne chance
pour la dernière fois. Heureusement il y a du soleil et personne ne voit mes
émotions excessives. Les 200 premiers kms sont pratiquement non-stop à 30 km/h
et passent comme une lettre à la poste. Jamais je n’ai développé une telle
puissance (140 W) sur une telle distance ! On change juste les vêtements et les
bidons à Mortagne-au-Perche (km 118). Gérald nous rattrape déjà et on repart ensemble.
A Villaines (km 216, premier contrôle) on fait une grosse pause - Eric a faim
et froid. Du coup nous repartons seuls. C’est la nuit paisible, on ralentit et
profite de l’accalmie – la nuit il y a moins de vent. Villaines- Fougères (jusqu’au
km 305) est encore une étape nocturne, je commence d’avoir mal au genou mais le
moral est bon. Ce n’est que à Tinténiac (km 359, il fait jour) que on prend
notre petit déjeuner – Nikita a su faire plaisir à Eric avec les croissants aux
amandes. Le temps de manger et on retrouve Gérald. Nous repartons ensemble
direction Loudeac (km 444). A Loudeac Gérald mange et nous dormons 20 min. On
voit Serge qui est malade et obligé d’abandonner. Le vent de ouest est très
fort et usant. Je pense à un bon peloton du BRM600 qui m’amenait dans le vent
en direction de Carcassonne…. ; Le genou me fait de plus en plus mal. A Carhaix
(km 520) nous mangeons tous au self du contrôle et dormons 30 min avant de
remettre nos gilets jaunes et repartir pour Brest (km 609) ou nous avons prévu
de dormir. Nous y serons à 0h15.
4h de sommeil et le réveil sonne à 5h. Départ 6h
ensemble avec Gérald. Direction retour – je suis motivée à bloc et profite bien
des paysages et des bosses malgré le genou qui fait mal. Je négocie avec lui et
promets le repos après PBP. Ce mardi 20 Août nous allons faire 4 étapes pour
aller jusqu’au Fougères (km 922). Le vent a tourné et reste plutôt défavorable
(NE). Je commence à m’inquiéter sur les délais et les temps de pause trop
longs, j’aurais préféré réussir une étape de plus ce jour-là. Mais impossible à
se faire pression. Je m’endors déjà trop sur le vélo pendant le dernier étape
(obligée de faire du fractionné pour ne pas s’endormir !).. A Fougère il est 1h
du matin, il faudra rester dormir à Fougères.
3h de sommeil et un nouveau départ 6h. Il faut
bien gérer maintenant pour bien rentrer dans les délais. Comme presque toujours
le matin je suis motivée pour rouler, malgré le genou que fait mal (je peux plus du tout me mettre en danseuse) et les brûlures d’estomac fort désagréables qui
m’empêchent de bien m’alimenter. Je m’étonne moi-même. Deux petites siestes
dans l’herbe de 8 et 3 min me permettent de rester éveillé le reste de temps.
Eric me fait le rythme ad hoc, pas trop fort, pour que je puisse suivre bien.
C’est important, car le vent est toujours NE. A plusieurs reprises Fiona
Kolbinger (la championne Allemande qui a gagné la TCR cette année ) et son
équipe nous dépassent, ils roulent plus vite mais s’arrêtent un peu plus. A
Dreux (km 1173) Gérald nous rattrape- je suis contente, on va faire le dernier
étape et franchir le ligne d’arriver ensemble! Je sens que
le final est proche. C’est très excitant, j’ai hâte d’arriver, mes yeux coulent
de douleur, fatigue et bonheur à la fois….
Je n’ai plus ma tête très claire à l’arrivée,
j’ai du mal à marcher. Les messages des félicitations arrivent, les gens autour
crient et applaudissent. Les photos, la remise de médailles et un repas, puis
Nikita nous amène à Paris pour que on puisse enfin nous laver et dormir dans le
lit. Au final le bonheur, 78 h d’aventure, dont 52h45 sur le vélo, moins de 8h
de sommeil, et 18h d'arrêts contrôle, habillage et nourriture.
Ce fut une aventure magnifique réalisé et partagé en couple. Nous avons bien géré toutes les difficultés. J’espère bien qu’on sera au rendez-vous à la prochaine edition en 2023 !
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Salut les Zanimaux,
Je suis La Lapine, et c'est mon premier message sur cette liste. Il me remet d’une part de me presenter à la partie du Zoo que je ne connais pas, et d’autre part partager avec l’ensemble des Zanimos ma premiere experience d'une épreuve cycliste longue distance: Paris-Brest-Paris (www.paris-brest-paris.org)%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%
Paris->Brest->Paris; 18-21 Aout 2019; 1220 km 12000m d+ à boucler en moins de 90h
Le PBP – c’est 9 mois de préparation. 9 mois vécus dans la perspective du PBP, un objectif que nous avons choisi tous les 2 avec Eric (Le Lapin) pour réaliser en couple, et que nous avons préparé avec toute l’équipe Assas Cyclisme Évasion (ACE), animé par notre ami Gérald (animé vient aussi de son âme qu'il donne pour le groupe). Nous étions 9 cyclistes du club au départ, et 7 à l'arrivée.
9 mois c’est le temps de gestation chez les humains. Il me semble légitime de comparer le PBP à l’accouchement. Je connais le deux, et je vous assure que c’est le PBP qu’est plus dur (et plus long). Mais le PBP c’est aussi une sensation de bonheur profond et intense que j’ai pu ressentir tout au long de notre route, même dans des moments difficiles.
Avant de passer au déroulement de l’épreuve et d’autres détails, voici les points importants qui résument l’expérience vécue au PBP.
1) Le PBP c’est la Mecque du cyclisme. Un sentiment d’appartenir à l’histoire et toucher le cœur de la culture cycliste. Voir toute la Bretagne ouvrir les cafés et les boutiques 24h/24, sortir dehors à nous admirer, encourager et offrir l’eau et la nourriture gratuite, les gosses tendre leurs petites mains pour une touche au passage… Croiser les cyclistes qui on fait des multiples fois le PBP.
2) Sur une distance longue tout le monde, même les plus forts, ont les coups de mou. Et à des moments différents... Il faut attendre que ça passe. Je le savais, mais je n’avais jamais vraiment testé sur moi, il m’a fallu plus que 600 km pour ça. A cause de ça les groupes se forment et se déforment. Quand on veut rouler ensemble on peut perdre du temps... Mais ça fait du bien d’être ensemble, c’est motivant et rassurant car la route est longue. Il faut donc gérer ça intelligemment.
3) On peut en même temps avoir mal et être heureux sur son vélo. J’ai fait une expérience nouvelle, ou malgré la douleur (c’est surtout mon genou gauche) j’avais du plaisir à rouler, sentir le vent dans les cheveux, admirer le paysage et la sensation des pneus neufs qui effleurent le goudron. J’étais étonnée de me réveiller après 4h de sommeil dans la voiture à Brest et avoir envie de repartir pour monter le Roc’h Trevezel (la plus belle montée du PBP, d’ailleurs). Même la dernière étape avec toute la fatigue accumulée, l’idée qu’au bout de cette étape j’aurai réussi mon PBP me donnait une motivation suffisante !
4) Nous avons choisi de faire mon premier PBP avec assistance de Nikita, mon fils aîné. Sa contribution dans la réussite de cette entreprise est énorme. Il était parfais dans son rôle, à l’écoute et plein d’initiatives utiles, mais surtout je sentais comment il était fier de moi. Peut-être autant que je suis fière de lui. Je considère donc que on a réussi en équipe et cela rajoute une dimension supplémentaire dans l’espace de mes ressentis.
5) Une autre dimension encore s’est construite grâce au suivi des participants. Tout au long de la route et à l’arrivée nous n’étions pas seuls. C’était un délice de recevoir les messages des amis… Ils arrivaient directement sur le compteur Garmin, je lisais en roulant.
Maintenant l’histoire en ordre.
Départ à 16h45 avec Eric et Serge (un autre ami d’ACE) après avoir salué quelques amis qui partaient plus tard. Je verse une larme derrière ma visière photochromique quand Gérald me souhaite bonne chance pour la dernière fois. Heureusement il y a du soleil et personne ne voit mes émotions excessives. Les 200 premiers kms sont pratiquement non-stop à 30 km/h et passent comme une lettre à la poste. Jamais je n’ai développé une telle puissance (140 W) sur une telle distance ! On change juste les vêtements et les bidons à Mortagne-au-Perche (km 118). Gérald nous rattrape déjà et on repart ensemble. A Villaines (km 216, premier contrôle) on fait une grosse pause - Eric a faim et froid. Du coup nous repartons seuls. C’est la nuit paisible, on ralentit et profite de l’accalmie – la nuit il y a moins de vent. Villaines- Fougères (jusqu’au km 305) est encore une étape nocturne, je commence d’avoir mal au genou mais le moral est bon. Ce n’est que à Tinténiac (km 359, il fait jour) que on prend notre petit déjeuner – Nikita a su faire plaisir à Eric avec les croissants aux amandes. Le temps de manger et on retrouve Gérald. Nous repartons ensemble direction Loudeac (km 444). A Loudeac Gérald mange et nous dormons 20 min. On voit Serge qui est malade et obligé d’abandonner. Le vent de ouest est très fort et usant. Je pense à un bon peloton du BRM600 qui m’amenait dans le vent en direction de Carcassonne…. ; Le genou me fait de plus en plus mal. A Carhaix (km 520) nous mangeons tous au self du contrôle et dormons 30 min avant de remettre nos gilets jaunes et repartir pour Brest (km 609) ou nous avons prévu de dormir. Nous y serons à 0h15.
4h de sommeil et le réveil sonne à 5h. Départ 6h ensemble avec Gérald. Direction retour – je suis motivée à bloc et profite bien des paysages et des bosses malgré le genou qui fait mal. Je négocie avec lui et promets le repos après PBP. Ce mardi 20 Août nous allons faire 4 étapes pour aller jusqu’au Fougères (km 922). Le vent a tourné et reste plutôt défavorable (NE). Je commence à m’inquiéter sur les délais et les temps de pause trop longs, j’aurais préféré réussir une étape de plus ce jour-là. Mais impossible à se faire pression. Je m’endors déjà trop sur le vélo pendant le dernier étape (obligée de faire du fractionné pour ne pas s’endormir !)... A Fougère il est 1h du matin, il faudra rester dormir à Fougères.
3h de sommeil et un nouveau départ 6h. Il faut bien gérer maintenant pour bien rentrer dans les délais. Comme presque toujours le matin je suis motivée pour rouler, malgré le genou que fait mal (je peux plus du tout me mettre en danseuse) et les brûlures d’estomac fort désagréables qui m’empêchent de bien m’alimenter. Je m’étonne moi-même. Deux petites siestes dans l’herbe de 8 et 3 min me permettent de rester éveillé le reste de temps. Eric me fait le rythme ad hoc, pas trop fort, pour que je puisse suivre bien. C’est important, car le vent est toujours NE. A plusieurs reprises Fiona Kolbinger (la championne Allemande qui a gagné la TCR cette année ) et son équipe nous dépassent, ils roulent plus vite mais s’arrêtent un peu plus. A Dreux (km 1173) Gérald nous rattrape- je suis contente, on va faire le dernier étape et franchir le ligne d’arriver ensemble! Je sens que le final est proche. C’est très excitant, j’ai hâte d’arriver, mes yeux coulent de douleur, fatigue et bonheur à la fois….
Je n’ai plus ma tête très claire à l’arrivée, j’ai du mal à marcher. Les messages des félicitations arrivent, les gens autour crient et applaudissent. Les photos, la remise de médailles et un repas, puis Nikita nous amène à Paris pour que on puisse enfin nous laver et dormir dans le lit. Au final le bonheur, 78 h d’aventure, dont 52h45 sur le vélo, moins de 8h de sommeil, et 18h d'arrêts contrôle, habillage et nourriture..
Ce fut une aventure magnifique réalisé et partagé en couple. Nous avons bien géré toutes les difficultés. J’espère bien qu’on sera au rendez-vous à la prochaine edition en 2023 !
Elle est forte ma Lapine, hein?
Le Lapin, admiratif et heureux.
Ça sera plus difficile pour nous d'arriver à nous préparer pour l'Altriman 2020, que pour toi de refaire PBP. Donc, si on est sur la ligne de départ dans 9 mois, tu n'auras plus le choix. Parce que nous, oui, on y retournera à PBP :-)
Le Lapin