Joyeux Noël ! Jean-Pierre Petit + Janus

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Laurent Caillette

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Dec 24, 2017, 9:42:16 AM12/24/17
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Jean-Pierre Petit, probablement le plus grand scientifique français encore en vie, nous offre pour ses 80 ans une série de conférences sur YouTube. Il commence par un rappel de l'histoire de l'astronomie (épisodes 1-10) puis il développe un modèle d'univers jumeau qui permettrait de voyager à une vitesse supérieure à celle de la lumière. C'est un travail de vulgarisation fantastique, dans la lignée des aventures d'Anselme Lanturlu, la série de bandes dessinées débutée dans les années 80 qui lui a d'ailleurs valu un poste de directeur au CNRS.

Je ne sais pas ce que proposent les chaînes de télé pour Noël mais c'est forcément moins bien.

Jean-Pierre Petit est une terreur absolue dans le monde scientifique. Son nom est associé à des sujets maudits tels que la vie extra-terrestre, Aurora, le secret des Pyramides, des commentaires sur les événements du 11 septembre 2001, la critique du projet ITER et l'antigravité. Le site Web de Jean-Pierre Petit est également le plus ringard du monde. Faire la promotion du travail de Jean-Pierre Petit est une excellente façon de passer pour un jobard infréquentable (je parle pour moi, hein). Mais si on gratte un peu, on s'aperçoit que le problème est moins dans les sujets abordés que dans la façon dont ils sont en général abordés.


== Vie extra-terrestre

Commençons par un qui m'horripile particulièrement : la vie extra-terrestre. Position de Laurent Caillette : les chances d'une telle occurence sont tellement faibles que c'est pas la peine de s'emmerder avec ça. Position de Jean-Pierre Petit : savoir s'il existe une autre forme de vie que la nôtre est un sujet essentiel pour des raisons philosophiques, techniques et sociales. Ces deux points de vue ne sont pas incompatibles, ils diffèrent par une appréciation des probabilités. Le sujet de la vie extra-terrestre est pollué par une quantité phénoménale de fantasmes, de désinformation, d'imagerie ridicule etc. Si on essaye de l'aborder selon une approche scientifique, avec collecte de données, de témoignages, vérification d'hypothèses, que se passe-t-il ? On est grillé avant d'arriver à quoique ce soit, mais ce n'est pas un problème de démarche scientifique, c'est un problème avec des gens qui refusent cette démarche. 

Attention, ça donne des trucs terribles et pathétiques, comme ces émissions de télé "grand public" conçues pour donner un agréable sentiment de supériorité au spectateur en enfermant les invités dans des stéréotypes idiots, où la plupart se complaisent d'ailleurs volontiers. À la fin des années 80 Jean-Pierre Petit était invité en tant qu'ancien directeur du CNRS pour donner un peu de vernis scientifique, mais bien sûr tout le monde lui savonnait la planche et il n'avait pas l'occasion de placer la moitié d'une idée intelligente. Comme mission-suicide on ne peut pas rêver mieux.

Et que fit-il une fois grillé à point ? Il réitéra sur des radios de quatrième zone, dans des émissions sur les mystères de l'Atlantide et la télépathie, et les extra-terrestres bien sûr. Exemple de question posée par téléphone par le taré de service : "Eh bien moi je crois que les extra-terrestres existent et que ce sont des ESPRITS." Et là au lieu de dire au mec d'aller se coucher, Jean-Pierre Petit raconte en détails la rencontre d'explorateurs avec une tribu de Papous. Les Papous ont pris les explorateurs pour des dieux avec une impeccable logique, si l'on considère le système de croyance papou et certains aspects du comportement des explorateurs. Vu l'attachement des humains à leurs systèmes de croyances, il n'y a pas de raison de croire que l'homme dit "moderne" fasse mieux que les Papous, donc si on rencontre des extra-terrestres il y a des chances pour qu'on les prenne pour autre chose que ce qu'ils sont. Je ne cache pas mon admiration pour ce gars qui, après mise au ban par ses pairs, va tenter d'évangéliser des idiots complets avec bonne humeur, et parvient à transformer une bouillie horrible en quelque chose de passionnant avec un raisonnement qui tient de bout, et un tas de références à d'autres travaux méconnus.


== MHD (magnétohydrodynamique) et Aurora

Un sujet à peine moins piégé que les extra-terrestres c'est Aurora. Aurora serait l'avion ultra-secret conçu par les Américains, volant à `Mach 8` et dont l'existence a toujours été niée. Aurora selon Google c'est une tonne d'articles remplis de conditionnels de précaution avec des vues d'artiste montrant un machin noir à bout pointu. Donc un énorme gloubi-boulga, si le machin existe on peut être sûr que des gens sont payés pour saturer l'espace d'information avec de faux renseignements. Et `Mach 8` ça fait vraiment beaucoup, à cette vitesse le frottement de l'air produit une chaleur énorme. C'est plus ou moins la vitesse de rentrée dans l'atmosphère d'un objet satellisé. Déjà on est bien content quand le machin ne se disloque pas, donc ajouter quelque chose pour contrôler la trajectoire ça semble très compliqué. De plus il faudrait des moteurs fabuleusement puissants pour vaincre la résistance de l'air. Les statoréacteurs résolvent quelques-uns des problèmes (grâce à l'absence de pièces mobiles) mais `Mach 8` semble pour l'instant inatteignable par autre chose qu'une fusée. Une fusée n'a pas de surface portante et peut comporter des étages de propulsion larguables.

Je ne détiens pas la preuve de l'existence d'Aurora mais vers 1994 j'ai discuté avec un mec programmant les missions des Mirage 2000N sur les simulateurs de l'Armée de l'Air, donc il connaissait bien les gens chargés de l'analyse des photos prises par satellite. C'est lui qui m'a sorti le premier cette histoire d'avion volant à `Mach 8`. Ça ressemblait à une légende de bar des sous-officiers jusqu'à ce qu'il sorte le bon argument. "Tu vois les traînées de condensation que laissent les avions ? Leur vitesse de dissipation est fixe. Donc sur une photo satellite ça t'indique la trajectoire et la vitesse. Et ils ont mesuré `Mach 8`." Oui c'est de l'information de troisième main mais on évoluait dans un milieu où il était mal vu de propager des informations techniquement fausses. Et à l'époque Aurora était un sujet parfaitement inconnu du grand public donc il n'y a pas eu d'influence extérieure. Je pense que cette constatation sur image satellite a vraiment eu lieu.

Compte tenu des précédents (U2, SR-71, F-117) on peut sérieusement envisager que les USA disposent d'un avion d'observation hypersonique. Mais ça ne résoud pas la question de la faisabilité. Là Jean-Pierre Petit ne se contente pas de fournir une explication, c'est lui le fondateur de la magnétohydrodynamique (MHD), qui rend -- au moins théoriquement -- un tel exploit possible. 

La MHD c'est l'application de la "règle des trois doigts de la main droite" illustrant les Forces de Laplace. Un doigt pour le champ magnétique, un doigt pour le courant électrique, un doigt pour le mouvement. Si tu en a deux ça génère le troisième. Au lycée on a tous vu le professeur poser un cylindre métallique sur deux rails parallèles, une extrémité sur chaque rail. Un courant passe entre les rails. On approche un aimant et le cylindre se met à rouler. Inversement, en faisant rouler le cylindre on crée un courant électrique en présence de l'aimant. 

La MHD c'est quand on remplace le cylindre par un fluide. Ça veut dire qu'on collant des électrodes sur le flanc d'un bateau on peut accélérer ou ralentir l'eau le long de la coque, pour peu qu'elle soit conductrice, ce qui est le cas avec de l'eau de mer. Si on accélère l'eau devant l'étrave, et qu'on la ralentit passée la poupe, alors le bateau se déplace sans créer de vagues de sillage. Et oui ça fonctionne également avec de l'air ionisé (pour ça il suffit de le chauffer). 

Une grande partie de l'énergie requise pour un vol supersonique consiste à "ouvrir" l'air en créant une sorte de vague d'étrave qui sera ressentie par un observateur extérieur comme le "bang" supersonique. Mais si on parvient à accélérer momentanément l'air le long de l'avion, plus de "bang". 

Mais par quel miracle l'air accéléré ne produit-il pas d'échauffement ? Il doit y avoir un truc aérodynamique avec la pointe de l'avion qui chauffe juste assez pour ioniser l'air, et un effet MHD à proximité des ailes mais en laissant une couche d'air comme isolant. Après pour ralentir l'air il suffit d'appliquer l'effet inverse, en récupérant l'énergie au passage.

L'avion qui vole à quelques milliers de `km/h` sans onde de choc n'est qu'un exemple d'application de la MHD, qui offre un potentiel fabuleux. Comment pareil sujet a-t-il pu demeurer aussi confidentiel ? 

Il se trouve que Jean-Pierre Petit n'aime que modérément les militaires, qui étaient pourtant les principaux intéressés. Disons que s'engager comme pilote au moment de la Guerre d'Algérie, puis résilier quand on apprend que ça implique des missions d'attaque au sol qui vont tuer des gens, c'est vraiment le coup pour se faire bien voir. Donc après des expériences très prometteuses et des rapports assez tendus, les mecs ont cru pouvoir se passer de leur chercheur-trouveur. Grave erreur d'appréciation. Il faut dire que maîtriser à la fois la partie matheuse avec les fluides et la cuisine pour que tout fonctionne, ce n'est pas à la portée du premier venu. Bref le sujet a tourné à l'eau de boudin, en générant quelques rancœurs tenaces. Histoire d'aider les décideurs français, les USA ont annoncé que pour eux la discipline était sans intérêt (tactique usuelle pour s'y assurer la prédominance à moyen terme). Dans le monde il y a toujours quelques congrès de MHD, où Jean-Pierre Petit se fait inviter de temps en temps, un peu comme "Louis Blériot au salon du Bourget" (l'analogie est de lui). Jean-Pierre Petit a continué ses recherches un bout de temps avec d'autres gars et des moyens de garage avant de passer à autre chose.

À côté de ça, les prises de position publiques sur l'existence d'une vie extra-terrestre n'ont pas aidé à pacifier les rapports avec le reste de la communauté scientifique. De plus les recherches sur la MHD montraient que des aéronefs se déplaçant à plusieurs milliers de `km/h` n'étaient pas une impossibilité technique, argument fréquemment avancé pour réfuter certains témoignages d'objets volants non-identifiés (OVNI). Pour se faire aimer, rien de tel que de menacer des gens très sérieux de leur prouver qu'ils ont tort. Ah si, on peut leur montrer qu'on a plus de talent qu'eux. 


== ITER

ITER ("International Thermonuclear Experimental Reactor") est un projet international pour produire une fusion nucléaire contrôlée. La fusion consiste à soumettre deux noyaux d'atomes à une pression suffisante pour qu'ils n'en forment plus qu'un seul, dégageant au passage un énorme quantité d'énergie. On sait produire des réactions de fusion en "allumant" la réaction avec une bombe à fission, des lasers, ou une Z machine. Mais la réaction s'apparente à une explosion et il est très difficile d'en récupérer l'énergie. Ce qu'on voudrait c'est dégager de la chaleur à la demande, comme avec la fission contrôlée qui alimente les réacteurs nucléaires. Le Soleil, lui, s'auto-régule de la façon suivante : l'accumulation de matière dans le vide forme une boule qui s'écrase sous son propre poids. La pression est suffisante en son centre pour déclencher la réaction, qui se calme quand la pression décroît tandis que la chaleur dégagée repousse la masse autour. Ça marche bien mais c'est encombrant pour se chauffer, il faut savoir que par unité de masse, ta copine diffuse `10.000` fois plus d'énergie que le Soleil.

De plus la fusion nécessite des pressions fantastiques et des températures de plusieurs millions de degrés qui transforment la matière en plasma. Comment confiner un plasma ? Un plasma est forcément ionisé vu que les électrons se sont fait la malle, donc il est chargé électriquement, donc on peut lui donner une vitesse grâce à des champs électromagnétiques (tiens on reparle de MHD). C'est le principe du tokamak et de son petit cousin le stellarator : on boucle le flux de plasma sur lui-même et on le "serre". Le tokamak utilise un mécanisme particulièrement ingénieux d'induction pour forcer la rotation plasma, mais ça nécessite un champ magnétique très intense qui varie très rapidement. L'instabilité augmente avec la puissance. De plus le tokamak ne prévoit rien pour récupérer l'énergie produite.

En 2003 le tokamak Tore Supra a battu un record du monde, il a réussi à tenir 6 minutes avant qu'une disruption se produise, c'est à dire que le plasma s'échappe en endommageant la paroi de confinement pleine de matériaux fragiles et coûteux. Et pendant ces 6 minutes la fusion obtenue ne suffisait pas à produire la chaleur requise pour conserver l'état de plasma. 

Partant de là, envisager un truc 100 fois plus puissant qui doit tourner 6 mois d'affilée en produisant une énergie qu'on ne sait pas récupérer, c'est... très hasardeux. C'est pourtant l'objectif fixé pour ITER. ITER est présenté comme le programme de recherche qui permettra de produire de l'énergie à bas coût et sans déchets radioactifs. Son budget initial est de 15 milliards d'euros mais c'est bien parti pour doubler, alors que n'importe qui avec plus de la moitié d'un cerveau poserait des questions sur la faisabilité. Au lancement du projet, la réponse a été qu'on trouverait bien, ce qui est la même réponse que pour le traitement des déchets radioactifs au début du programme nucléaire civil français. Dans les deux cas on cherche toujours. Les gens qui ont validé ITER avaient tous les éléments pour prévoir qu'il ne fonctionnerait pas, mais ils ne risquaient rien et un budget pareil, ça ne se refuse pas. Le seul domaine où le succès d'ITER est indéniable, c'est le pillage des fonds publics.

Pour découvrir tout ça je n'ai eu qu'à lire quelques articles un peu spécialisés. Ce n'est qu'après que je suis tombé sur les vidéos de Jean-Pierre Petit à propos d'ITER sur YouTube. Il arrive aux mêmes conclusions, avec plein de détails passionnants et croustillants et une progression d'une grande clarté. Surtout, il essaye d'apprendre des choses aux gens, alors que la communication autour d'ITER est du genre images de synthèse avec un truc qui tourne et... magie ! Ça marche, posez pas de questions. Jean-Pierre Petit s'est encore fait plein d'amis, aidé bien sûr par les ramifications de l'industrie nucléaire dans le monde de la recherche.


== Secret des Pyramides

Jean-Pierre Petit a réalisé une incursion dans le domaine de l'égyptologie. Après avoir fait le tour des différentes hypothèses sur la méthode utilisée pour la construction des Pyramides, il fournit une solution techniquement réaliste, et en accord avec différentes observations (notamment la nature et l'emplacement des débris de taille de pierre). J'ai adoré la façon de prendre en compte tout plein de contraintes comme la nature des approvisionnements, l'éclairage à l'intérieur durant les travaux, le besoin de fournir des cotes dans l'espace, la logistique, la production en grande série.

Il y a aussi un papier sur un instrument de mesure qui ressemble furieusement au Vernier, apparu 38 siècles plus tard.


== Astrophysique

La recherche en astronomie et astrophysique ont été de tous temps les thermomètres de la vivacité du monde scientifique. L'astronomie rythme le progrès dans notre compréhension du monde, et les implications de chaque découverte sur le plan social ou religieux est à chaque fois considérable. On voit qu'après 1950, le monde de l'astrophysique se sclérose complètement. Ce qu'on nous présente comme des avancées majeures, la découverte du Boson de Higgs ou l'observation d'ondes gravitationnelles, c'est juste un perferctionnement les instruments de mesure. Mais ça ne fait que reprendre des théorie vieilles de près d'un siècle : Relativité Générale (1915) et mécanique quantique (1930). Et depuis on espère toujours que quelqu'un en trouvera la synthèse, mais rajouter du budget et des ordinateurs ne suffit visiblement pas. Ça semble même avoir l'effet inverse, les mecs sortent des trucs de plus en plus invérifiables et de moins en moins vérifiés (ah, une étincelle de logique au fond de tout ça !). On peut sans hésiter qualifier la Théorie des Cordes ou la traque de la Matière Noire de fiascos, mais un tel fiasco ne fera jamais les gros titres et il faut une bonne culture scientifique et un sérieux suivi de l'actualité pour dégager une vision claire du sujet. 

Dès lors on imagine bien que qui tente d'apporter des idées neuves a toutes les chances de se faire ostraciser. Surtout s'il espère prouver au passage que le voyage à vitesse supraluminique est possible, et lever ainsi la principale objection au contact avec une vie extra-terrestre, sujet qui m'énerve toujours autant, mais ce n'est rien par rapport à la vague de tremblements qui parcourt un baron de la recherche lorsqu'il entend citer le nom de Jean-Pierre Petit. Comme les canaux de publication institutionnels lui sont aujourd'hui fermés, le mec a décidé de taper au niveau du grand public avec des vidéos sur YouTube. 

Et donc le voilà qui s'attelle à la tâche incommensurable de rendre compréhensible par des gens normaux des sujets aussi pimpants que l'histoire de l'astronomie d'Aristote à Newton, la mécanique relativiste, et une théorie d'univers jumeaux. 


=== Épistémologie

Les exposés commencent par un long rappel d'épistémologie, qui est l'histoire des sciences. Ces exposés reposent bien le problème de la connaissance manquante. Ce que tu sais paraît toujours évident une fois que tu le sais. Jean-Pierre Petit réussit à nous remettre dans l'état d'esprit des astronomes qui ne disposaient de d'un matériel indigent et d'hypothèses fausses, et comment ils ont réussi à sortir quelque chose de logique de tout cela. Jean-Pierre Petit insiste évidemment sur tous les biais cognitifs et les influences politiques orientant ou freinant les diverses découvertes. On se refait la totale Aristote-Ptolémée-Kepler-Galilée-Newton-Einstein et c'est toujours un plaisir.


=== Masse négative

Le plus simple pour aborder la théorie de Jean-Pierre Petit c'est de commencer par la masse négative. 

Peu après la parution de la Relativité Générale on a tenté d'enrichir les équations d'Einstein avec des masses négatives, juste pour voir ce que ça donnait (comme pour les premiers univers non-euclidiens). Dans cette tentative, une masse positive attire toutes les autres masses, une masse négative repousse toutes les autres masses, donc une masse négative et une masse positive vont perpétuellement se "courir après" ("Runaway") ce qui donne un univers parfaitement instable.

Jean-Pierre Petit, lui, a mis au point une équation -- plus précisément une paire d'équations -- qui se simplifient en celle d'Einstein si on n'a que des masses positives. Ses masses positives s'attirent entre elles, ses masses négatives s'attirent entre elles, et deux masses de signe inverse se repoussent. C'est comme les pôles des aimants (mais à l'envers).

De la matière de masse négative n'interagit avec des particules de masse positive que par effet gravitationnel. Donc la seule façon d'emballer un kilo de masse négative comme cadeau de Noël c'est de la confiner au centre d'un solide de très grande masse positive, qui exerce des forces dans toutes les direction. Si on creuse un trou dans le solide, la masse négative s'échappera aussitôt et s'envolera par effet de répulsion.  

Une particule de masse négative peut traverser n'importe quel solide de masse positive si elle a une une vitesse suffisante. D'abord elle ralentira, mais si elle atteint la surface elle sera repoussée, donc accélérera de nouveau. 

Tout comme la masse positive, la masse négative courbe l'espace temps, mais en sens opposé. Les astronomes utilisent couramment le phénomène de lentille gravitationnelle : il y a moyen de voir ce qui se trouve derrière une masse importante -- et opaque -- parce que celle-ci incurve la lumière qui passe à proximité. L'effet est comparable à celui d'une lentille convexe, à effet grossissant. 

Donc avec une masse négative, on aura une sorte de lentille concave, qui diffracte la lumière et donne l'impression que ce qu'on voit à travers est plus petit. Et merveille ! Ça recolle avec l'observation de galaxies dites "naines".

Essayons d'imaginer ce qui se passe à la création de l'Univers, avec de la matière de masse positive et de masse négative uniformément réparties. Disons qu'il y a `95 %` de masse négative. Alors la matière de masse négative va s'agglomérer pour former de gros grumeaux. Des simulations mettent en valeur d'autres phénomènes comme la formation de galaxies à bras spiralés en rotation, ce que les théories en vigueur ne parviennent pas à expliquer. 

La masse négative de Jean-Pierre Petit est une alternative à la Matière Noire et à l'Énergie Noire, qui tentent d'expliquer pourquoi l'Univers observable ne contient que `5 %` de la masse qu'on s'attend à y trouver (selon une méthode de pesage qui m'échappe encore). La Matière Noire et l'Énergie Noire ne sont toujours pas mises en équation sous une forme compatible avec les observations, ou d'autres formules qui fonctionnent bien comme la Relativité. 


== Voyage supraluminique

Selon un matheux que je connais, l'équation de la Relativité autorise une vitesse plus élevée que celle de la lumière si la masse est négative. Plus haut je mentionnais un couple d'équations, une pour la masse négative, une pour la masse positive. Le truc c'est que l'univers de masse négative se comporte (plus ou moins) comme une dimension de plus, de la même façon qu'Einstein ajoute la dimension de l'espace-temps aux équations de Newton. Celui qui inverse le signe de sa masse se retrouve donc dans un univers jumeau de l'univers de la masse positive. Je ne veux pas développer sous peine de dire des bêtises. On notera qu'Andrei Sakharov a déjà envisagé un univers fait de deux univers jumeaux, sans attirer beaucoup d'attention.

Il reste encore à trouver le truc pour inverser le signe de sa masse. "Problème d'implémentation" comme disent les informaticiens. Hé, c'est pas tellement plus bizarre que la courbure de l'espace-temps ou l'antimatière, hein.


=== Trous Noirs

Une autre contribution de Jean-Pierre Petit à l'astrophysique, c'est d'expliquer la vraie nature des Trous Noirs : une simplification abusive dans une équation fondamentale que personne n'a lue. À l'origine c'est Schwarzchild qui modélise de fortes concentrations de masse. Schwarzchild invente le Rayon de Schwarzchild qui est une mesure proportionnelle à la masse et à la densité, publie un papier, puis un second qui corrige le premier mais demeurera méconnu. Puis il meurt à la guerre. Ensuite Hilbert, le mathématicien, reprend l'équation de Schwarzchild et opère quelques simplifications "raisonnables" si on considère le rayon d'une étoile, sa masse et sa densité. À l'époque on ne connaissait pas les étoiles à neutrons (un Soleil qui s'écrabouille sur lui-même pour ne plus mesurer que quelques km de diamètre). 

Donc les simplifications de Hilbert fonctionnent pour une étoile normale, mais les valeurs obtenues n'ont plus aucun sens physique si l'étoile se contracte, ce qui est la façon officielle de produire un Trou Noir. Et depuis on a plusieurs générations d'astrophysiciens médaillés qui racontent que dans un Trou Noir le rayon est remplacé par le temps, et le temps par le rayon. Si tu te risques à dire que ça ne veut rien dire c'est toi qui passe pour un débile. Bon. Vu la tonne de revues et de chercheurs qui font leur beurre avec les Trous Noirs, Jean-Pierre Petit a encore trouvé une bonne recette pour se faire des amis.

Une telle erreur peut sembler énorme. Pourtant le monde en est plein. Tu connais forcément des programmeurs qui pensent faire du REST sans savoir de quoi c'est l'acronyme, et sans avoir lu le papier original, sinon ils sauraient qu'ils font tout le contraire. Un opérateur de marché m'a raconté qu'un jour il a découvert une grosse erreur dans une formule de modélisation du risque. Il la présente à tout le monde qu'il peut et on lui dit : "Moui moui c'est intéressant mais nous on applique la norme, au moins on est sûr que c'est bon." Une crise financière et quelques milliards d'euros de perte plus tard ils ont admis qu'il fallait réviser la norme. 

Comme dans le monde scientifique le quantitatif a définitivement pris le pas sur le qualitatif ("publish or perish") les chercheurs ont autre chose à faire que chercher des erreurs pour se fâcher avec leurs collègues. 



== Conclusion

Concernant l'astrophysique, le travail de Jean-Pierre Petit a été officialisé dans diverses publications à comité de lecture, sans que personne se risque à le critiquer. Faute du niveau requis pour me livrer aux vérifications requises, je n'ai pas d'autre argument à présenter que la bonne gueule du mec, et son discours terriblement cohérent. En tous cas plus cohérent que ce qu'on lit sur les Supercordes, la Matière Noire, les Trous Noirs et autres trucs vraiment... pas clairs.

L'exemple d'ITER illustre bien comment des institutions fonctionnant en vase clos tendent rapidement vers la sclérose et l'irresponsabilité. Il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement pour l'astrophysique, où la science académique n'a rien théorisé de sérieux depuis plus de 50 ans.

Dès lors, si on veut autre chose que du jus de chaussette il ne faut pas craindre de les chercher hors des canaux officiels, quitte à s'approcher de quelques étendues fangeuses de théories alternatives sans grands fondements scientifiques. Oui le nom de Jean-Pierre Petit apparaît associé à plein d'âneries qui améliorent ainsi leur indexation. Et son site a quelque chose de délicieusement //craignos//. L'important c'est qu'il nous offre une mine de documents passionnants. J'ai adoré l'astuce avec laquelle il recombine des travaux existants, la solidité de ses raisonnements, et la clarté de l'explication. En plus avec lui on se marre. La science comme ça c'est bien. 

J'espère que j'ai donné envie de connaître les travaux de Jean-Pierre Petit. Bandes dessinées, vidéo, articles, y'a tous les formats pour tous les goûts. Satisfait ou remboursé !

Si quelqu'un connaît un laboratoire de recherche en cosmologie, astronomie ou astrophysique prêt à héberger Jean-Pierre Petit comme membre honoraire, ça lui permettrait d'enregistrer ses publications sur le site arXiv, un site qui centralise les publications scientifiques.


== Liens

Le premier épisode de la série Janus commence ici :

Les BD d'Anselme Lanturlu en français :

Le site de Jean-Pierre Petit, attention les yeux :

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