"Lionel Tacchini" <
lionel....@arcor.de> a �crit dans le message de
news: 399588c0-a78f-411f...@googlegroups.com...
Un ami a post� sur Facebook un commentaire �logieux sur un enregistrement de
l'op. 106 de Beethoven. Curieux, j'ai fouill� Spotify pour l'entendre. D�s
les premi�res mesures, j'ai su que je n'allais pas insister. Trop lent. La
musique essayait de "dire" des choses qui ne lui allaient pas. Le pianiste,
un grand du pass�, mettait de la r�flexion l� o� il n'y a pas lieu d'en
attendre, des approfondissements l� o� la musique se veut brillante,
d�ferlante. Ce n'est pas nouveau, depuis que j'ai entendu Schnabel se
m�langer les doigts pour jouer le 1er mouvement dans son esprit, je n'en ai
pas aim� d'autres, m�me plus Pollini.
J'avais de la m�me mani�re d�couvert, enfin, le concerto pour violon du m�me
Beethoven, dans un enregistrement couinant mais parlant un langage plus
plausible par Kolisch et Leibowitz. L� aussi, la diff�rence est un tempo
radicalement diff�rent, bien plus rapide que ceux que l'on nous sert depuis
un si�cle et sans doute plus longtemps. Je n'avais jamais vraiment aim� ce
concerto avant. Et puis, un autre ami a fait publier sur Youtube un
enregistrement du 5�me concerto pour piano qui m'a surpris de la m�me fa�on,
avec le m�me r�sultat. Le tempo nettement plus rapide remet cette musique �
sa vraie place et elle devient intelligible.
Toute cette musique a �t� alourdie non pas d'orchestres �tendus, de cordes
envahissantes et de sonorit�s d'instruments dits modernes mais d'une
attitude r�v�rencielle qui la rend hors sujet. On a voulu l'"Empereur"
majestueux, le violon introverti, l'op. 106 approfondi. Foutaises. D�rive
d'une philosophie appliqu�e � ce qui s'en moquait, attirance vers l'embrum�
qui donne de l'importance. Qui cherche un sens cach� se rend int�ressant,
puis important. Qui l'�coute se targue d'une culture inexistante, s'imagine
entrer dans un secret qui impressionne le non-initi�, suscite le d�sir
d'�tre admis dans le club secret de ceux qui savent comment faire semblant
de savoir de mani�re impressionnante.
Qui cherche la profondeur dans un concerto de Beethoven ne fait que
s'inventer un id�al artistique fantasm�. Lorsqu'il voit ses champions de
l'interpr�tation s'amuser du "sucre du printemps" et chanter � table, il se
dit avec une indulgence pleine d'espoir qu'ils ont bien arros� la soir�e
alors que c'est lui qui, ivre de ses propres d�sirs idol�tres, titube dans
un temple plein d'encens et aussi vide de pr�sence r�elle que ceux d�di�s
nagu�re � Auguste ou � Zeus.
J'aimerais voir l'"Empereur" ou l'op. 106 jou�s par une pianiste au regard
assassin dans une robe courte. �a ferait du bien.
C'est comme la musique de Mozart, qu'on joue "romantique", j'ai eu la chance
d'avoir Malgoire comme chef pour le Requiem, avec un m�tronome de l'�poque.
Je ne peux plus l'�couter autrement....