Répondant du tac au tac à Lionel Tacchini, Julien "Rocco Siffredi"
Barma avait prétendu :
>> Cela n'empêche pas
>> d'apprécier la façon dont elle joue du piano mais restons réalistes.
>
> Par rapport à son écriture, son jeu est simplement génial...
> Julien..
Ben non, je ne suis pas d'accord. Je trouve qu'elle écrit tout à fait
bien, il y a un style, un rythme, ça coule agréablement, c'est de bonne
facture.
Au demeurant, je n'ai rien contre Hélène Grimaud, si ce n'est le
plaisir un peu puéril de faire bisquer Melmoth. Simplement, et même si
elle paraît tout à fait sympathique, je trouve qu'elle ne mérite pas la
surenchère médiatique dont elle bénéficie, et qu'il y a, de par le
monde, des centaines de pianistes qui ont au moins autant de talent.
Peut-être a-t-elle pu surprendre agréablement à 17 ans, et il y a eu
quelques belles réussites, comme son Concerto de Schumann avec David
Zinman ou son Concerto de Brahms avec Sanderling, mais quinze ans plus
tard, force est de constater que les promesses ne se sont pas
concrétisées et j'ai l'impression que le succès tient davantage
aujourd'hui au minois (tout à fait charmant) sur les pochettes de
disques et à la lycanphilie qu'au contenu des galettes. Je viens
d'écouter son Concerto l'Empereur avec Jurowski, et, comme souvent, je
trouve son jeu brouillon, peu inspiré, pas mûri, pas construit, un peu
"chien fou", ou "écoutez comme je sais faire bouger vite mes didis",
mais j'y déplore, en plus, de regrettables faiblesses techniques, par
exemple le "savonnage" des gammes parallèles que ne parvient pas à
masquer l'abus de pédale. Accents mal placés, notes escamotées,
faiblesse des 4ème et 5ème doigts, confusion des plans sonores (mais
peut être la prise de son n'a pas vraiment aidé en ce domaine), bref,
c'est loin d'être une version de référence. Pas plus que ses concertos
de Mozart, assez lourdingues et indigestes, qui sont un peu à la
musique viennoise ce que la choucroute William Saurin est à la haute
gastronomie (ah, où est le délicieux et lumineux jeu perlé d'une Maria
Joao Pires ?) Quant à ses pièces du Clavecin bien tempéré, elles sont
plutôt scolaires, et l'on entend des interprétations de même niveau
dans pas mal d'auditions de classes d'excellence (et même de supérieur,
hein !) de conservatoires.
Les vieilles recettes du marketing fonctionnent toujours, et une fille
bien roulée sur l'affiche fait toujours vendre des bagnoles, des
bouteilles d'eau minérale, des fours micro-ondes et des CD. Et à talent
égal, une nana bien balancée aura toujours plus de chances de vendre
ses disques qu'une dondon boiteuse et mal foutue. C'est injuste, mais
c'est comme ça.
--
Paul & Mick Victor
y'a pas de justice