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Cocorico

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Paul & Mick Victor

unread,
Dec 9, 2014, 5:49:21 AM12/9/14
to
Beethoven est fastidieux lorsqu’il développe, Bach pas, parce que
Beethoven fait du développement de forme, et Bach du développement
d’idée. La plupart des gens croient le contraire.
Beethoven dit : « Ce porte-plume a une plume neuve – il y a une plume
neuve à ce porte-plume – neuve est la plume de ce porte-plume » ou «
Marquise, vos beaux yeux… »
Bach dit : « Ce porte-plume a une plume neuve pour que je la trempe
dans l’encre et que j’écrive, etc. » ou « Marquise, vos beaux yeux me
font mourir d’amour, et cet amour, etc. »
Voilà toute la différence.

Ne me tapez pas sur la tête, gens du faux-rhum, ces phrases ne sont pas
de moi (mais elles ne sont pas ineptes). Je les ai extraites d'un livre
de Jean Cocteau : "Le coq et l'arlequin", publié en 1918 et enrichi en
1978 d'une préface de Georges Auric. Pensées musicales, aphorismes,
opinions, souvenirs d'une époque foisonnante où se côtoyaient
Stravinsky, Apollinaire, Satie, Milhaud, Picasso, Bonnard, Diaghilev,
Gide, Debussy et Ravel, Coco Chanel, et t'essaiera, et t'essaiera, on
prendra ce qu'on voudra, on laissera le reste, c'est le cadeau P&MV du
jour. C'est gratuit, c'est illégal, c'est au format epub, et c'est par
ici :
http://www1.zippyshare.com/v/54129417/file.html

Je retiens également cette phrase butinée au hasard des pages : "Le
public est choqué par le charmant ridicule des titres et des notations
de Satie, mais il respecte le formidable ridicule du livret de
Parsifal."

--
Paul & Mick Victor
Faut-y que j'vous aime, mes gueux©

Lionel Tacchini

unread,
Dec 9, 2014, 6:41:08 AM12/9/14
to
On 09.12.2014 11:49, Paul & Mick Victor wrote:
> Je retiens également cette phrase butinée au hasard des pages : "Le
> public est choqué par le charmant ridicule des titres et des notations
> de Satie, mais il respecte le formidable ridicule du livret de Parsifal."

Satie désacralise une chose qui n'aurait jamais du l'être. Il moque le
sérieux exagéré et déplacé avec lequel son entourage considère ce qui
jusqu'à la révolution était un divertissement sophistiqué. Satie est un
réactionnaire.

Wagner sacralise le théâtre, il y met ce que son public cherche de moins
en moins à l'église mais dont il ne veut se résoudre à se passer. Wagner
est un révolutionnaire.

--
Lionel Tacchini

Bebert

unread,
Dec 9, 2014, 10:14:59 AM12/9/14
to
"Lionel Tacchini" <lionel....@arcor.de> a écrit dans le message de
news:m66n4j$juq$1...@gwaiyur.mb-net.net...
Hum!!!Hum!!!
Ca vous chatouille ou ça vous gratouille?

Olivier Miakinen

unread,
Dec 9, 2014, 10:58:06 AM12/9/14
to
Le 09/12/2014 12:41, Lionel Tacchini a écrit :
>
> Satie désacralise [...]. Satie est un réactionnaire.
>
> Wagner sacralise [...]. Wagner est un révolutionnaire.

:-)

Jean Toulet

unread,
Dec 9, 2014, 2:26:13 PM12/9/14
to

"Paul & Mick Victor" <b.suisseVo...@gmail.com> a écrit dans le
message de news: m66k3f$22fk$1...@obelix.gegeweb.org...

>
> Ne me tapez pas sur la tête, gens du faux-rhum, ces phrases ne sont pas de
> moi (mais elles ne sont pas ineptes). Je les ai extraites d'un livre de
> Jean Cocteau : "Le coq et l'arlequin", publié en 1918 et enrichi en 1978
> d'une préface de Georges Auric. Pensées musicales, aphorismes, opinions,
> souvenirs d'une époque foisonnante où se côtoyaient Stravinsky,
> Apollinaire, Satie, Milhaud, Picasso, Bonnard, Diaghilev, Gide, Debussy et
> Ravel, Coco Chanel, et t'essaiera, et t'essaiera, on prendra ce qu'on
> voudra, on laissera le reste, c'est le cadeau P&MV du jour.

Je n'ai pas lu ce bouquin de Cocteau et je ne le lirai pas.

Qu'on y trouve des traits d'esprit, des phrases acidement bien tournées, je
n'en doute pas.

Mais qu'on prenne ce guignol parisiano-snobinard pour un connaisseur en
musique, ça non, jamais.

Il suffit de rappeler ce jugement énoncé dans ce bouquin:

"On ne peut pas se perdre dans le brouillard Debussy comme dans la brume
Wagner, mais on y attrape du mal"

Peut-être que pour un salonnard parisien ce genre de saillie peut séduire,
mais pour le bouseux que je suis, ça me montre surtout que ce pauvre Cocteau
était sourd.

Jazzmicalement,

Jean Toulet - EtCon,EnPlus...


---
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Paul & Mick Victor

unread,
Dec 10, 2014, 12:44:19 AM12/10/14
to
Dans son message précédent, Jean Toulet, rouge d'indignation et animé
par une belle et noble colère, a écrit :
> Mais qu'on prenne ce guignol parisiano-snobinard pour un connaisseur en
> musique, ça non, jamais.
> Il suffit de rappeler ce jugement énoncé dans ce bouquin:
> "On ne peut pas se perdre dans le brouillard Debussy comme dans la brume
> Wagner, mais on y attrape du mal"
> Peut-être que pour un salonnard parisien ce genre de saillie peut séduire,
> mais pour le bouseux que je suis, ça me montre surtout que ce pauvre Cocteau
> était sourd.

Ce crime de lèse-Debussy aura au moins eu de le mérite de faire bondir
Toulet et de le ramener sur le forum, où il se fait trop rare...

Bien sûr, c'est du "bon mot", c'est "très parisien", à la Sacha Guitry,
mâtiné de Jacques Chazot (ou de Jack Lang, ou de Frédéric Mitterrand,
pour les plus jeunes). On imagine ces cercles de la Belle Époque, puis
des Années folles, un peu snobs, courus tant par les cocottes et les
demi-mondaines que par les authentiques marquises, où les artistes plus
ou moins ratés côtoyaient et tutoyaient les vrais célébrités, et où les
critiques boulevardiers auraient tué père et mère pour faire un mot
d'esprit. Certains, tout de même, ne manquaient pas de talent. Une
mention spéciale à Henry Gauthier-Villars, "Willy", et à son "Ouvreuse
du Cirque d'été", savoureuse et caustique ouvreuse mélomane des
Concerts Lamoureux, - grande concurrente, à l'époque, des Concerts
Colonne - qui regrettait tout de même que Charles Lamoureux, "le
Patron" appliquât parfois une politique "colonniale". Les propos de
l'Ouvreuse, ses comptes-rendus de concerts, se réfèrent bien sûr
souvent à des évènements et des personnages oubliés aujourd'hui, mais
ça pète, c'est féroce, et c'est drôle : "Pour finir, on a dépecé le
septuor de Beethoven avec tous les instruments réglementaires de
torture, cordes, bois de justice, sans préjudice du cor du délit. La
conception, digne des singes ou des Yankees, qui consiste à transporter
un pastel sur une toile de panorama, et à remplacer deux violons par
trente, a été naturellement acclamée par le public de mollusques,
vaguement anthropomorphes, qui s'étale sur les gradins du Châtelet."
(C'est au théâtre du Châtelet que jouait généralement Colonne, alors
que Lamoureux occupait le Cirque d'été). On pourra lire les propos de
l'Ouvreuse sur le site de Gallica.

Une formule à l'emporte-pièce est presque toujours injuste et souvent
cruelle. On se souvient du mot de Hugo à propos de la musique de
Mendelssohn, "ce brouillard couvrant le néant".

On pourra reprocher à Cocteau (avec l'oeuvre duquel je n'ai pas de
grandes affinités), comme à Hugo (qui culmine très haut dans mon Petit
Panthéon Personnel Portatif (PPPP) de n'être pas musiciens, de "n'y
rien connaître", et l'on rejettera des jugements de profanes parfois
dignes du Dictionnaire des idées reçues (Musicien : Le propre du
véritable musicien, c’est de ne composer aucune musique, de ne jouer
d’aucun instrument, et de mépriser les virtuoses.) Mais lorsqu'on lit
les innombrables inepties de musiciens patentés, authentifiés et
estampillés parlant de leurs confrères ou de leur art, on se dit qu'en
ce domaine, la bêtise est la chose du monde la mieux partagée.

--
Paul & Mick Victor
salonnard

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 12:54:40 AM12/10/14
to
On 09.12.2014 20:27, Jean Toulet wrote:
> "On ne peut pas se perdre dans le brouillard Debussy comme dans la brume
> Wagner, mais on y attrape du mal"
>
> Peut-être que pour un salonnard parisien ce genre de saillie peut
> séduire, mais pour le bouseux que je suis, ça me montre surtout que ce
> pauvre Cocteau était sourd.

Il n'était pas sourd, au contraire, il exprimait une position. Pour
aller plus loin dans l'estime du personnage il faudrait en savoir un peu
plus.
--
Lionel Tacchini

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 1:00:29 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 06:44, Paul & Mick Victor wrote:
> Une formule à l'emporte-pièce est presque toujours injuste et souvent
> cruelle.

C'est pour faire réagir les simples, aboyer les roquets, s'envoler les
pigeons.
--
Lionel Tacchini - injuste et cruel

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 1:14:05 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 06:44, Paul & Mick Victor wrote:
> "Pour finir, on a dépecé le septuor de Beethoven avec tous les
> instruments réglementaires de torture, cordes, bois de justice, sans
> préjudice du cor du délit. La conception, digne des singes ou des
> Yankees, qui consiste à transporter un pastel sur une toile de panorama,
> et à remplacer deux violons par trente, a été naturellement acclamée par
> le public de mollusques, vaguement anthropomorphes, qui s'étale sur les
> gradins du Châtelet."

C'est le septantor op. 200 de Beethoven. J'ai ça par Toscanini, descendu
de l'étagère historique de bon matin pour l'occasion. Le résultat est
vif, léger, chantant, les cordes suffisamment discrètes pour laisser
leur place aux bois et au cor qui ne semblenet pas avoir été multipliés.

--
Lionel Tacchini - très anthropomorphe

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 1:43:28 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 06:44, Paul & Mick Victor wrote:
> On pourra reprocher à Cocteau (avec l'oeuvre duquel je n'ai pas de
> grandes affinités), comme à Hugo (qui culmine très haut dans mon Petit
> Panthéon Personnel Portatif (PPPP) de n'être pas musiciens, de "n'y rien
> connaître",

Ils ne sont pas plombiers. Ils sont ceux à qui l'art véritable
s'adresse, ceux à qui il doit parler pour être art et non chef d’œuvre
d'artisan. Ils sont vous et moi. Dehors les plombiers, retournez à votre
"Art de la Fuite", on vous appellera quand on aura besoin de vous.

Hugo regrette le "vide" de Mendelssohn. C'est décevant, c'est
regrettable et pourtant c'est peu surprenant en un 19ème siècle qui
érige en art l'expression directe et soulignée des petites misères
existentielles.
Mendelssohn, comme Spohr, Raff ou Saint-Saens, reste un classique, au
mieux un romantique détaché qui inspire sans dire et dont les évocations
les plus explicites sont géographiques.

> Mais lorsqu'on lit les
> innombrables inepties de musiciens patentés, authentifiés et estampillés
> parlant de leurs confrères ou de leur art, on se dit qu'en ce domaine,
> la bêtise est la chose du monde la mieux partagée.

J'attends toujours ma part.
--
Lionel Tacchini - aigri
Message has been deleted

MELMOTH

unread,
Dec 10, 2014, 2:32:11 AM12/10/14
to
Ce cher mammifère du nom de Paul & Mick Victor nous susurrait, le
mercredi 10/12/2014, dans nos oreilles grandes ouvertes mais un peu
sales tout de même, et dans le message
<m68mji$hi4$1...@obelix.gegeweb.org>, les doux mélismes suivants :

> C'est au théâtre du Châtelet que jouait généralement Colonne, alors que
> Lamoureux occupait le Cirque d'été

Je ne le répéterai jamais assez...Le couple Lamoureux/Markevitch durant
la période 1958/1991 était à l'époque du même niveau que le
Concertgebouw ou les WPO/BPO...Ohouialors©...

--
Car avec beaucoup de science, il y a beaucoup de chagrin ; et celui qui
accroît sa science accroît sa douleur.
[Ecclésiaste, 1-18]
MELMOTH - souffrant

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 2:37:12 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 08:28, MELMOTH wrote:
> Quant à se faire traiter de "sourd" par quelqu'un qui se vante de ne pas
> aimer Bach...No comment...

Je n'ai jamais vu un sourd se plaindre de la musique.
--
Lionel Tacchini - tout compris
Message has been deleted

Jean Toulet

unread,
Dec 10, 2014, 5:51:04 AM12/10/14
to

"MELMOTH" <th...@free.fr> a écrit dans le message de news:
mn.51fc7dec17...@free.fr...
>
> *Bouseux* est le mot juste, en effet...
> Quant à se faire traiter de "sourd" par quelqu'un qui se vante de ne pas
> aimer Bach...No comment...
>

Dire qu'on n'aime pas tel ou tel musicien n'est pas porter un jugement sur
la valeur de sa musique, ce que - bouseux, hein - je ne me permettrai
jamais.

Jazzmicalement,

Jean Toulet - Nuance,Macarel!...

Beber

unread,
Dec 10, 2014, 7:42:02 AM12/10/14
to
"Jean Toulet" <jtou...@free.fr> a écrit dans le message de
news:54882597$0$2003$426a...@news.free.fr...
Ce n'est qu'un avis, mais pour Bach nous sommes deux.....
Et franchement je ne culpabilise pas... Et ne me sens ni plus, ni moins,
intelligent, mélomane. Non, je me sens hors de la pensée unique musicale
française. J'aime les italiens de la même époque (et de toutes le époques à
vrai dire, et en cela je compte d'illustres prédécesseurs musiciens...qui
ont fait le voyage...) et là je me sens en marge...
Il est difficile de trouver des chorales qui mettent au répertoire des
musiques italiennes, alors qu'on passe son temps à s'arracher la langue à
prononcer ce qui est pour moi le plus difficile, le germain.
Pour cela, je crois que je vais raccrocher....
B.
Bof....

Message has been deleted

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 8:26:54 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 14:20, MELMOTH wrote:
> Ce cher mammifère du nom de Beber nous susurrait, le mercredi
> 10/12/2014, dans nos oreilles grandes ouvertes mais un peu sales tout de
> même, et dans le message <m69f2m$3uj$1...@speranza.aioe.org>, les doux
> mélismes suivants :
>
>> la langue à prononcer ce qui est pour moi le plus difficile, le germain.
>
> L'allemand se crache...
> L'anglais se vomit...
> L'italien se chante...
> Le français se parle...

C'est plus efficace pour dire des conneries.

--
Lionel Tacchini

Lionel Tacchini

unread,
Dec 10, 2014, 8:28:57 AM12/10/14
to
On 10.12.2014 13:42, Beber wrote:
> Non, je me sens hors de la pensée unique musicale française.

C'est rassurant, une pensée unique.
--
Lionel Tacchini

Alaric

unread,
Dec 10, 2014, 12:09:04 PM12/10/14
to
"Lionel Tacchini" <lionel....@arcor.de> a écrit dans le message de
news:m69hmt$95g$2...@gwaiyur.mb-net.net...
L'unilingue est l' analphabète de demain

nn

Beber

unread,
Dec 10, 2014, 12:40:37 PM12/10/14
to
"Alaric" <ala...@belarga.visi> a écrit dans le message de
news:54887e2c$0$5132$426a...@news.free.fr...
Qui est unilingue?
Mais aujourd'hui il ya de nombreux analphabètes polyglottes....
B.

Vireloup

unread,
Dec 16, 2014, 9:39:57 AM12/16/14
to
Le mardi 9 décembre 2014 20:26:13 UTC+1, Jean Toulet a écrit :

> Je n'ai pas lu ce bouquin de Cocteau et je ne le lirai pas.
>
> Qu'on y trouve des traits d'esprit, des phrases acidement bien tournées, je
> n'en doute pas.
>
> Mais qu'on prenne ce guignol parisiano-snobinard pour un connaisseur en
> musique, ça non, jamais.
>
> Il suffit de rappeler ce jugement énoncé dans ce bouquin:
>
> "On ne peut pas se perdre dans le brouillard Debussy comme dans la brume
> Wagner, mais on y attrape du mal"
>
> Peut-être que pour un salonnard parisien ce genre de saillie peut séduire,
> mais pour le bouseux que je suis, ça me montre surtout que ce pauvre Cocteau
> était sourd.
>
> Jazzmicalement,
>
> Jean Toulet - EtCon,EnPlus...

C'est un petit livre, plutôt bien écrit, provocateur... Il faut tenir compte du fait que Cocteau était très jeune lorsqu'il l'a écrit, et, qu'à l'époque, les "debussystes" étaient un peu envahissants. Il n'y a qu'à lire ce qu'a écrit Inghelbrecht sur l'interprétation des oeuvres de Debussy. Ils ont créé instantanément un académisme, ce que Debussy rejetait absolument en écrivant "les debussystes me tuent".
Je pense que c'est cet académisme que Cocteau désignait pas "on peut y attraper du mal".
Il n'empêche qu'il a envoyé quelques saillies bien senties et surtout pleines de bon sens contre Wagner, je trouve... en ceci, Debussy était plutôt d'accord avec lui, à ce que j'ai lu.
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