On 24.02.2015 18:33, Beber wrote:
> Tousalut...
Je ne suis pas "musico".
Je vais répondre quand même.
Pour faire plaisir au Melchose qui n'aura plus à le faire.
> Voilà:
> Il "semblerait" que les musiques de Bach, Mozart, Wagner soient plus
> "abouties" ( que l'écriture en soit plus "fouillée") que les musiques (
> surtout italiennes, avec un bémol pour Bellini) d'autres compositeurs.
C'est vrai à partir du 19ème siècle. C'est à cause du Nabot.
> Sauf que, quand j'écoute toutes ces musiques, je ne me munie pas de la
> partition (ce qui ne servirait pas à grand chose), et c'est mon corps
> qui reçoit les ondes sonores et que mon émotion aux sons n'est pas
> vraiment sensibles aux finesses de l'écriture (sauf que j'ai moi aussi
> des préférences...).
Lorsque j'écoute l'Art de la Fuite, je ne ressens aucune "émotion",
seulement le plaisir purement intellectuel de voir se dérouler quelque
chose d'inventif et de surprenant. Je n'en comprend sans doute pas le
10ème des complexités mais c'est intéressant quand même. C'est comme un
film dans lequel il se passe des choses imprévues.
Ceci peut se généraliser à toutes les musiques qui sortent un peu de la
routine facile à prévoir.
> La musique étant écrite pour être jouée, pas "seulement" lue,
> contrairement à la littérature qui est d'abord écrite pour être lue, et
> à l'occasion, déclamée...
> Qu'est-ce qui pousse tous ces spécialistes à dédaigner les musiciens
> "populaires" au profit de ces germains qui sont pour la plupart allés en
> stages en Italie pour parfaire leur formation?
Les Germains allaient apprendre le contrepoint et la musique savante en
Italie, la polyphonie simple, la compliquée et même la multi-chorale.
Mozart allait y écouter Allegri, pas la Traviata, y travailler avec le
Padre Martini (sans le remuer), pas avec Rossignol ou je ne sais quel
glouton mangeur de pizza.
On dédaigne les musiciens populaires car ils sont communs. On les
dédaigne par goût, quand on en a. Tout est question de goût. Les uns en
ont, les autres reçoivent le droit de définir le leur, c'est la méthode
moderne pour garantir la paix sociale.
Après le passage du Nabot, disais-je, la bonne musique italienne s'est
étiolée, il n'est resté que le divertissement du bon peuple et du
marchand friand de spectacle loufoque et surtout d'émotion facile à
appréhender. Les Germains ont cessé d'y aller mais conservé un temps des
structures leur permettant de conserver la culture héritée du siècle
précédent et de mécèner des choses nouvelles de qualité. Puis il y a eu
la guerre, l'inflation et les socialoperies des années 30 et tout s'est
mal barré. On ne s'en est toujours pas remis.
> Je ne demande qu'à comprendre...
On a compris.
--
Lionel Tacchini