Le 06/10/2014 19:14, Beber a écrit :
> Bonsoir,
> Je viens de suivre une conférence donnée par Gilles Cantagrel.
> J'ai pu apprécier l'art de l'orateur, ses connaissances, sa clarté,
> toucher du doigt la virtuosité des compositeurs évoqués, l'art du second
> à rendre hommage au premier, etc...etc...
Quel grand homme. Il aime la musique et il aime la recherche. Quoi de
mieux comme mélange pour sortir "la brique" a.k.a. "Les cantates de J.S.
Bach" chez Fayard. C'est une bible après la Bible. (Tout comme
l'anthologie du lied par Cao-Boisson). En effet, un orateur sans pareil
mais qui part du principe qu'il parle à des music{iens|ologues} à
différents niveaux
> Je n'ai pas eu les clés de l'émotion, ni pour l'un ni pour l'autre. Leur
> musique ne me pénètre pas, même si j'en reconnais le "grandiose", la
> complexité.
> Je leur reconnais la gravité, mais pas cette profondeur qu'il leur
> trouve....
Comme lu plus loin, j'hésite à placer Bach et Mozart dans le même panier
et ce pour plusieurs raisons. Une liste non exhaustive serait une bonne
idée peut être...
.1. Ce n'est *pas la même époque*. Oui, ils sont nés à 71 ans d'écart,
ce qui fait du premier le papy du second.
.2. Ce n'est *pas le même style*. Baroque VS Classique. Ouvrez les
paris. Je pense que le baroque est bien plus évolué esthétiquement que
le classique, et d'autant plus le classique représenté par Mozart.
Il y a quelque chose de trop classique dans ce style. Peut-être que son
nom vient de là.
.3. Ils n'ont *pas* eu le *même type de carrière*. Le travail acharné et
l'incompréhension pour l'un, le faste pour l'autre. (Je rapproche
souvent leurs différences par celles de Charpentier et Lully)
.4. Vous comprenez bien qu'il est impossible de faire une liste assez
courte ou assez longue pour montrer qu'il n'y a pas de point de
comparaison possible et qu'il faut donc les distinguer. Donc je m'arrête là.
Autrement, dans les styles, il m'est arrivé de parler longuement musique
avec des connaissances-amis-musiciens-whatever et tout dépend de
l'éducation musicale de la personne. Et surtout de la façon dont elle a
voulu être éduquée et vers quel lieux elle a voulu aller.
Quelqu'un qui aurait eu une expérience de prime-enfance sur du Mahler
(oui, ça existe) ne peut pas apprécier du Bach à sa juste valeur. La
compréhension de la compléxité est une chose, mais l'accepter en tant
qu'œuvre en est une autre.
De même qu'une personne ayant baigné dans un festival de musique baroque
et ancienne aurait du mal à sentir la profondeur de Stockhausen.
> Suis-je handicapé?
Si le baroque français (je ne compte pas Lully dans le lot) ne vous
touche pas, je ne saurais me décider sur votre sort... Autrement, rien
n'est perdu.
> B.
M.
--
Matthieu Bourlon