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Identification
électronique RFID.
Obligatoire pour les ovins et caprins nés en France à partir du 1er
juillet 2010
http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/identification-electronique-obligatoire-pour-les-ovins-et-caprins-nes-a-partir-du-1er-juillet-2010-20177.html
Publié le lundi 07
décembre 2009 - 18h14
Les ovins et caprins
nés à
partir du 1er juillet 2010 devront être identifiés
électroniquement.
L'arrêté du 27 novembre 2009, paru au Journal officiel du
4 décembre
2009, précise que le délai d'identification est de six
mois pour les
caprins et de sept jours pour les ovins, à partir de leur
naissance et
avant leur livraison.
Par dérogation, le délai d'identification est
porté à six mois pour les
ovins nés en cours de transhumance et ceux appartenant à
une race dont
les particularités anatomiques ne permettent pas
l'identification à
sept jours. Par ailleurs, l'identification est facultative pour les
caprins destinés à être abattus avant l'âge
de douze mois.
A.Ca.
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Siebenthal F dette partie 2
Siebenthal F dette partie 2
1934,
16 octobre, Suisse , Werner Zimmermann, Paul réalise la théorie
de la monnaie complémentaire de Silvio Gesell , en créant la Banque
WIR Cercle , comme une banque centrale, elle émet sa propre
monnaie, la valeur du WIR est liée au franc suisse (1 WIR = 1 CHF)
sans taux dintérêt, la Suisse a interdit l'entraide publique mais
pas privé , la Banque WIR, a été tolérée, 2000, la banque WIR s ouvre
au public. Non seulement les entreprises mais aussi les
particuliers peuvent aujourdhui recourir à ses services et
devenir membre La monnaie de la WIR a reçu de la British Standards
Institution de Londres, avec laccord de la Banque Mondiale, le
code CHW (selon ISO 4217), 62 000 membres , règlent entre eux des
paiements dun montant denviron 1,65 milliard de francs WIR par
année.
http://ferraye.blogspot.com/2008/12/les-cupides-ne-reculent-devant.html
Des
moutons & des hommes
contre l’identification électronique des animaux et des humains
http://infokiosques.net/spip.php?article414
L’identification électronique
des animaux consiste à associer à chaque
animal une puce électronique RFID. On commence par nous
encourager à
pucer les animaux. Aucun inconvénient, que des avantages. Puis
on nous
propose de pucer les humains. Tous les dispositifs qui s’appliquent au
bétail s’appliqueront un jour aux hommes, avec pour objectif que
le
troupeau humain se comporte normalement, et non librement.
Il est possible de refuser de pucer ses animaux, comme d’autres
refusent le prélèvement ADN malgré les poursuites
judiciaires. Il ne
tient qu’à nous de nous insoumettre pour enrayer ces processus.
Nous
avons les moyens de nous y opposer, individuellement ou collectivement.
|
Contre l' identification électronique des animaux et des humains
http://infokiosques.net/lire.php?id_article=414
Cet été, j’étais berger. A deux,
nous gardions un troupeau de 1700
brebis dans les Alpes de Haute-Provence. Cinq éleveurs et
éleveuses
rassemblés en groupement, qui envoient leurs bêtes
à 2000 mètres
d’altitude de fin juin à mi-octobre. Au final, les brebis ne
dorment en
bergerie que de janvier à mai.
Les brebis nées avant 2006 portent à l’oreille une boucle
en plastique
qui indique le numéro de l’exploitation où elles sont
nées et leur
numéro personnel. Idem pour celles nées en 2006, sauf
qu’elles portent
deux boucles, une à chaque oreille, et que la
numérotation a changé
(1). Je savais déjà qu’un jour il ne s’agirait plus d’un
simple «
bouclage », mais d’un dispositif électronique,
peut-être implanté sous
la peau. Beaucoup d’éleveurs attendent cette réforme avec
impatience,
vu le côté contraignant et inesthétique des boucles
aux oreilles (les
trous aux oreilles s’infectent fréquemment, la
numérotation des boucles
a récemment changé et beaucoup d’éleveurs ne
comprennent pas pourquoi
on les embête avec ces satanées boucles). Il paraît
que les puces
électroniques vont permettre d’en finir avec ces boucles.
Peut-être. En
tous cas, cette réforme sera mise en place dans un an seulement,
en
janvier 2008.
Un sujet monopolise toutes les discussions de bergers, toutes les
conversations dans les foires et les tee-shirts édités
par les chambres
d’agriculture. Ce sujet c’est le loup. Pourtant je crois que ces puces
devraient bien plus inquiéter les éleveurs. Parce que
« mille milliards
de mouchards » (2) sont peut-être beaucoup plus
dangereux que quelques
gros prédateurs.
Je ne suis pas éleveur, juste un berger occasionnel.
Peut-être que ça
ne me concerne pas directement. N’empêche, ça me tracasse.
Je voulais
vous expliquer pourquoi, alors j’ai pris le temps d’écrire ce
texte. Ne
vous attendez pas à un catalogue de toutes les raisons de
refuser ces
puces : j’ai simplement mis des mots sur mon refus.
Le
puçage des animaux
L’identification électronique des animaux
(domestiques ou d’élevage)
consiste à associer à chaque animal une puce
électronique miniature. Il
s’agit d’une puce électronique un peu particulière,
appelée «
transpondeur RFID » (pour Radio Frequency Identification Device,
du nom
de la technologie utilisée). A la différence d’une puce
de carte
bancaire ou de téléphone, pas besoin de coller le lecteur
contre elle
pour lire les données : une puce RFID est lisible «
à distance », de
quelques centimètres à plusieurs centaines de
mètres. Souvent comparée
à un code-barre amélioré, « il s’agit en
fait d’un minuscule ordinateur
communicant, d’une puissance équivalente à celle des PC
produits en
1985 » corrige Le Monde (3).
L’identification des carnivores domestiques (chiens, chats et
furets)
est obligatoire (4). En juillet 2001, deux arrêtés ont
fixé les moyens
d’identification : l’un pour le tatouage classique, l’autre pour la
puce électronique (implantée sous la peau). Pour les
animaux
domestiques le puçage est donc possible, mais non obligatoire.
On
constate cependant que l’identification électronique prend le
pas sur
le tatouage : en France 1,5 millions d’animaux domestiques sont
pucés
électroniquement. Cela représente un animal sur deux. De
plus, le
nombre de puçages augmente chaque année (200 000 en 2002,
500 000 en
2005). C’est le syndicat des vétérinaires qui gère
le fichier.
Mais alors, pour les animaux d’élevage ? Avec
l’augmentation de la
taille des troupeaux et les scandales alimentaires récents
(vache
folle, grippe aviaire,...) la « traçabilité
», s’impose comme
incontournable (5). La loi imposera bientôt aux éleveurs
de pucer leurs
bêtes, sous peine d’interdiction de vente, comme aujourd’hui pour
les
boucles. Ainsi en janvier 2008 pour les ovins et les chevaux (6). Les
modalités de cette identification électronique ne sont
pas encore
fixées. « Différents supports de ces transpondeurs
ont été développés
pour s’adapter aux diverses caractéristiques des animaux et des
produits consommés. La solution la plus simple en élevage
consiste à
intégrer un transpondeur aux marques en matières
plastiques
traditionnelles placées à l’oreille des animaux et
lisibles par
l’éleveur. Le second système, davantage utilisé
pour les animaux de
compagnie, consiste à injecter, sous la peau de l’animal, le
transpondeur intégré dans une enveloppe en verre ou en
matière
plastique inerte. Un troisième système, spécifique
aux ruminants, est
désigné sous le terme « bolus ». Le bolus est
un cylindre en céramique
(haute densité) de masse et de taille variables selon les
espèces qui
est placé par intubation dans les pré-estomacs du
ruminant où ils y
restent séquestrés. Enfin un quatrième
système, utilisé chez les
porcins, consiste à injecter un transpondeur dans la
cavité
péritonéale. A terme, tous les animaux d’élevage
de la Communauté
Européenne devront être identifiés par un des
quatre types de support »
(7).
La technologie semble efficace, quoique le
professeur Gilbert Mouthon
(Ecole vétérinaire de Maison-Alfort) prétende que
les puces soient
facilement sabotables (8). De nombreux pays européens l’ont
déjà rendue
obligatoire pour les animaux domestiques. Actuellement, chiens, chats
et furets se font implanter la puce à la base gauche du cou. Par
contre, les tests « grandeur nature » menés sur le
cheptel ovin
français consistent à poser des boucles
électroniques aux oreilles des
animaux (9), c’est-à-dire des boucles comme celles
d’aujourd’hui, qui
conserveraient le même numéro, avec une puce RFID à
l’intérieur
contenant elle aussi ce numéro. Quoi qu’il en soit, les
éleveurs
hériteront de lecteurs, fixes ou portables, qui leur permettront
«
d’identifier » chaque animal.
Blanquette
la chèvre
Je me rappelle de Blanquette, la seule chèvre
avec notre troupeau de
1700 brebis. Elle avait sa petite boucle n°4013 à
l’oreille. Pour ce
grand troupeau, les boucles ne me choquaient pas (pas facile de
distinguer la 3065 et la 3075 sans regarder leur boucle), mais pour
Blanquette le ridicule et l’absurdité de cette «
traçabilité »
industrielle et bureaucratique sautaient aux yeux : on la connaît
par
son nom, c’est notre copine (elle nous réveille quand on fait la
sieste
et que les brebis se barrent en douce), elle est la seule chèvre
à des
kilomètres à la ronde... Pourquoi lui avoir foutu une
boucle comme ça à
l’oreille ? Ridicule, absurde... mais aussi inquiétant, quand on
sait
que la manière dont les humains traitent leurs animaux
préfigure
souvent la manière dont ils vont se traiter entre eux.
Le
problème avec les puces
Pour me faire comprendre, je vais vous faire quitter
le monde de
l’élevage un instant. En Grande-Bretagne, le Ministère de
l’Intérieur a
annoncé en juillet son intention de pucer certains criminels
sexuels
pour suivre leurs déplacements par satellite.
Réservées aux
volontaires, les puces utilisées seront également
capables de suivre le
taux de pression sanguine et le rythme cardiaque des individus. On a
fait appel à une entreprise qui produit déjà des
dispositifs de suivi
de voitures par GPS. Arguments des promoteurs du projet : « Si
nous
sommes préparés à suivre les voitures, pourquoi ne
suivrions nous pas
les individus ? » (10), mais surtout « des puces de
repérage similaires
sont déjà utilisées de manière intensive
sur les animaux et le bétail »
(11).
Pour moi, le cœur du problème est là.
On commence par nous encourager à
pucer les animaux. Aucun inconvénient, que des avantages. Puis
on nous
propose de pucer les humains. Pas seulement les pédophiles,
l’entreprise américaine Applied Digital Solutions s’étant
fait une
spécialité du puçage des humains avec sa puce
sous-cutanée Veri-Chip. «
Début 2006, plus de 2000 personnes avaient un VeriChip dans le
bras »
(12). Clients de boîtes de nuit à Barcelone et Amsterdam,
policiers à
Mexico, personnes hospitalisées aux Etats-Unis et à
Rome... la liste
est longue. Aux Etats-Unis, Mickey Sklar, 28 ans, qui habite Brooklyn,
a choisi de vivre avec un chip RFID dans la main gauche. « C’est
un
modèle bas de gamme, un peu gros, fabriqué en
série pour le bétail. Je
l’ai payé 2 dollars, et les lecteurs 40 dollars pièce.
(...) J’ai
connecté un lecteur RFID à mon Macintosh. Il se met en
marche dès que
j’approche la main du clavier. J’ai aussi fabriqué un petit
écran sans
fil : quand je passe la main devant, il me reconnaît et affiche
mes
e-mails ou mes sites favoris » (13). Un modèle «
fabriqué en série pour
le bétail ? » Oui : même pour son fameux VeriChip,
Applied Digital
Solutions « a simplement amélioré un système
couramment utilisé aux
Etats-Unis pour marquer le bétail et les animaux de compagnie
» (14).
Simplement.
Un jour il s’agit d’un puçage volontaire pour
le dossier médical dans
certains hôpitaux, un autre jour d’un puçage obligatoire
mais restreint
à certaines catégories (criminels, sans-papiers,...) puis
sans doute,
au final, d’une pratique généralisée à
chacun et chacune d’entre nous.
« Imperceptiblement, notre société se transforme et
elle va se
réveiller engluée dans un réseau de fichiers et de
contrôles, et au
final, on aura laissé amputer notre vie privée et notre
identité »
(15). Celui qui tient ces propos n’a rien d’un contestataire. Il s’agit
d’Alex Türk, sénateur non-inscrit de la majorité,
également président
de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL),
l’institution chargée d’officialiser chaque nouveau
réseau, chaque
nouveau fichier, chaque nouveau contrôle et de tirer de temps en
temps
la sonnette d’alarme. A aucun moment nous n’aurons été
consultés, et
nulle part ni vous ni moi n’aurons trouvé le courage ou
l’énergie de
nous insoumettre à ce totalitarisme rampant, fait de petites
choses qui
s’additionnent et se multiplient « simplement » les unes
les autres...
Vers
la traçabilité universelle
J’exagère ? Vous trouvez ça absurde ? Vous
êtes convaincus que jamais
nous n’en viendrons à pucer l’ensemble de la population ? Vous
pensez
que ce n’est pas parce qu’on puce les animaux, quelques criminels
dangereux, et que quelques férus de technologie choisissent de
se faire
implanter des mouchards sous la peau que ce modèle se
généralisera à
toute la population ? Vous pensez que la CNIL, les comités
d’éthique et
les consultations citoyennes nous protégeront des
éventuelles « dérives
» ? Je voudrais bien croire ça. Mais j’ai fait quelques
recherches, et
des exemples historiques m’ont rendu sceptique.
Exemple 1 : comment la carte d’identité
s’est généralisée.
Les papiers d’identité sont une invention récente,
concomitante du
développement des grandes villes et des moyens de
déplacements. Au XIXè
siècle, la pièce d’identité unique n’existait pas.
Il était courant de
voir des gens, pour justifier leur identité, produire passeport
intérieur, livret ouvrier, livret militaire, livret de famille,
permis
de chasse, acte de naissance, certificat d’identité, certificat
de
bonne vie et mœurs, certificat de domicile, puis carte d’usager de
chemin de fer, carte d’association d’étudiants...
En 1880, Alphonse Bertillon du service de l’Identité Judiciaire,
invente l’anthropométrie, technique qui mesure les
particularités
dimensionnelles des personnes. Il ajoutera les empreintes digitales
à
ses fiches anthropométriques en 1890. Dans le même temps,
en 1888,
obligation est faite aux étrangers de se déclarer en
mairie. Quelques
années plus tard, le carnet anthropométrique est
imposé aux nomades
(1912) puis aux étrangers (1917). De la même
manière, le bertillonage
qui concernait initialement les délinquants récidivistes,
s’étend à
tous les délinquants puis à tous les prévenus du
dépôt. Bertillon, qui
est à l’époque un scientifique aussi honoré que
Pasteur, suggère de
ficher « tous les adultes sans exception ».
L’idée d’une « carte d’identité » qui
permettrait de distinguer les
vagabonds des honnêtes gens se dessine ainsi tout au long de la
Troisième République. Elle est partiellement
appliquée par le préfet de
police de Paris en septembre 1921.
C’est le 18 Août 1940 que l’idée d’une Carte
d’Identité de Français va
vraiment prendre forme sur tout le territoire. Ce jour-là, les
autorités allemandes imposent une carte d’identité
préfectorale à tous
les français de la zone occupée. En zone
française, le régime de Vichy
va lui aussi rendre la carte d’identité obligatoire, mais il
peinera à
l’imposer. Sous la pression des autorités allemandes, qui voient
d’un
œil intéressé l’instauration de cette carte, elle est
imposée en
priorité dans les zones où peuvent se trouver juifs et
hommes
mobilisables.
Aujourd’hui la carte d’identité est pleinement rentrée
dans les mœurs
en France, et on oublie souvent qu’elle n’est toujours pas obligatoire,
les citoyens étant simplement tenus de pouvoir « justifier
leur
identité ». Ces habitudes sont très récentes
: le XIXè siècle voyait
parfois d’honnêtes ouvriers affronter les gendarmes qui osaient
leur
demander leurs papiers. Au Royaume-Uni (où la carte
d’identité n’existe
pas encore) le National Council for Civil Liberties a
dénoncé en 1995
le projet de carte nationale d’identité britannique comme
« une
intolérable atteinte à la liberté individuelle des
Anglais et comme un
encouragement au développement des pires instincts autoritaires
de
l’Etat ». Même l’association des Chiefs Police Officers
s’est montrée
défavorable au projet (16). Mais les parlementaires britanniques
ont
tranché durant l’été 2005 : en 2007 ou 2008 leurs
concitoyens auront
bien une carte d’identité électronique,
biométrique et obligatoire.
En un siècle, cette idée absurde, cette «
intolérable atteinte à la
liberté individuelle », cet « encouragement au
développement des pires
instincts autoritaires de l’Etat » est devenue une
évidence.
Exemple 2 : comment le Fichier National
Automatisé des Empreintes Génétiques
s’étend.
A sa création, ce fichier génétique de la police
concernait
exclusivement les délinquants sexuels. C’est d’ailleurs bien le
caractère révoltant des agressions sexuelles qui, seul,
pouvait être
utilisé comme cheval de Troie pour mettre en place ce nouveau
type de
fichage de la population. Comme chaque fois, il ne s’agissait que d’une
exception : seules 1300 personnes étaient fichées,
déjà condamnées pour
crimes sexuels. Mais l’usage s’est vite élargi. Premier temps :
le vote
de la Loi sur la sécurité quotidienne, en 2001 (Daniel
Vaillant, PS).
Le champ d’application s’est étendu aux terroristes, meurtriers
et
auteurs de braquages et vols avec violence (23 000 personnes).
Deuxième
temps : la Loi sur la sécurité intérieure
(votée en mars 2003,
appliquée par les décrets de mai 2004). Le fichage a
alors passé un cap
: « Avant [cette date], seul le profil des personnes
définitivement
condamnées étaient conservé. Ceux des suspects
étaient comparés avec
ceux des échantillons non identifiés
prélevés sur la scène d’infraction
et ceux des individus déjà dans le FNAEG. Depuis, ils
sont tous insérés
dans la base et conservés de vingt-cinq à quarante ans.
De plus, les
crimes et délits sont presque tous intégrés.
» (17).
Ainsi, on peut aujourd’hui se faire prélever son ADN lors d’une
garde à
vue, pour un vol en supermarché ou même pour de simples
soupçons. Des
personnes se retrouvent ainsi fichées sans avoir commis de
délit. Au 31
octobre 2006, le FNAEG comptait près de 350 000 profils
(18).Objectif
affiché par le gouvernement lors du vote de la LSI : en obtenir
700
000, y compris ceux des mineurs de 13 à 18 ans. « Il
faudra recruter du
personnel » avait-on alors judicieusement fait remarquer à
l’Assemblée
Nationale. Certes.
Mais pourquoi s’arrêter à 700 000 personnes alors qu’on
est si bien
lancé et que la population ne se plaint guère ? Toujours
lors du vote
de la LSI, Jean-Christophe Lagarde (député UDF)
déclarait à l’Assemblée
Nationale : « A l’origine, le groupe UDF souhaitait
déposer un
amendement tendant à étendre le FNAEG à l’ensemble
de la population.
(...) Nous avons cependant renoncé au dépôt d’un
tel amendement car
nous ne disposons pas aujourd’hui des moyens - financiers et autres -
nécessaires. Mais je souhaite que le Gouvernement y
réfléchisse pour
l’avenir. » (19).
Fichier génétique, carte d’identité
: au début réservés à des
populations « marginales » (pédophiles, terroristes,
récidivistes,
étrangers,...), ces dispositifs s’étendent en quelques
années à
l’ensemble des crimes et délits et, pour finir, à
l’ensemble de la
population. Ceci malgré toute l’attention des commissions
d’éthique et
autres conférences de citoyens. Il en sera sans doute de
même pour les
puces RFID sous-cutanées.
Vous rappelez-vous de William Harwin, ce chercheur
cité au début qui se
voulait rassurant en nous expliquant que « des puces de
repérage
similaires sont déjà utilisées de manière
intensive sur les animaux et
le bétail » ? Je voudrais vous présenter un des ses
collègues du
département de cybernétique de l’Université de
Reading : Kevin Warwick.
Il s’est lui-même fait implanter, en 1998 et 2002, des puces sous
la
peau, pour qu’à son approche certaines portes s’ouvrent et que
la
lumière s’allume. Son épouse s’étant fait elle
aussi implanter une
puce, les deux tourtereaux échangent maintenant leurs
émotions
électroniquement. Et il affirme « [qu’] à long
terme cette technologie
permettra de communiquer par la pensée. C’est la prochaine
étape de
l’évolution. Les puces implantées vont améliorer
l’homme et augmenter
ses capacités. (...) Je pense qu’il y aura un monde à
deux vitesses,
avec une sorte de sous-espèce : ceux qui n’auront pas ce type
d’implants seront laissés pour compte » (20). Un monde
à deux vitesses
qui fait terriblement penser à l’effrayant « Meilleur des
Mondes »
décrit par Aldous Huxley (21). Après les
eugénistes, voici le mouvement
« transhumaniste », qui prétend dépasser
l’espèce humaine. Au lieu de
quoi il va simplement ravaler l’humanité au rang de
bétail. Pendant ce
temps, on prend doucement l’habitude de traiter les animaux comme des
machines à viande.
Alors, que penser de tout cela ? Pucer les animaux
est-il finalement
plus choquant que d’élever des centaines de brebis pour abattre
et
manger leurs petits ? Personnellement, je ne mange pas de viande. Je
frissonne déjà quand des gens parlent d’abattre un lapin
ou une poule.
Mais ce que j’ai appris cette année, c’est que certains
éleveurs font
leur métier de façon plus humaine que d’autres.
Connaissent chacune de
leurs bêtes, leur donnent des noms. Sont prêts à
arpenter la montagne
pendant des heures plutôt que de se dire qu’ils en ont perdu une.
Et se
foutent bien que les brebis bouffées par les loups soient
remboursées X
euros. C’est peut-être ça la différence entre
« paysan » et «
exploitant agricole ». Ces éleveurs-là,
accepteront-ils de pucer leurs
animaux ?
Le puçage des ovins deviendra obligatoire en
janvier 2008. C’est
mauvais signe pour les paysans, qui se laissent petit à petit
imposer
des choses dont on n’a pas besoin (OGM, élevages de poules en
batterie,
agriculture intensive...). Et petit à petit le monde agricole
disparaît...
Mais ça signifie surtout que le filet se resserre
autour de moi, autour
de nous. Cette mesure s’ajoute à bien d’autres dispositifs
(technologiques ou administratifs) et au contexte politique et
juridique actuel. C’est une maille de plus dans une
société déjà bien
quadrillée, où celles et ceux qui n’ont « rien
à se reprocher » se
retrouvent tracés, surveillés, contrôlés
comme les pires criminels. Où
tout comportement anormal, tout regroupement collectif, toute
initiative subversive est qualifié de « terroriste
». Cette
normalisation de la société va-t-elle dans le sens d’une
humanisation
ou d’une animalisation ? Les bénéfices de cette
pacification seront-ils
pour la population, ou plus sûrement pour les élites qui
gouvernent
notre oligarchie ? (22) Sommes-nous prêts à sacrifier
toutes nos
libertés pour vivre en sécurité ? Dans ce cas il
faudra arrêter
d’employer le mot de démocratie, reconnaître le
caractère totalitaire
de ces tendances à la normalisation et nous demander quelle
« sécurité
» nous aurons gagnée.
Mon oncle Philippe, éleveur de brebis
à la retraite, me disait que
cette « traçabilité », bonne pour le
bétail, devient dangereuse
utilisée sur des humains. Je crois qu’il se trompe : la question
à
poser n’est pas celle des usages, mais celle des mondes. Je m’explique.
Bien sûr, toutes ces technologies ont leurs côtés
« positifs » et leurs
côtés « négatifs ». Mais elles ne sont
pas neutres : elles sont
indissociables du monde qui les produit et qu’elles viennent renforcer
: le monde moderne, gouverné par la marchandise. Ici, les
sciences et
les techniques servent avant tout à renforcer le pouvoir de la
classe
dominante. Elles sont mises au service de la production
aliénée et du
contrôle social. Tous les dispositifs qui s’appliquent au
bétail
s’appliqueront un jour aux humains, avec pour objectif que le troupeau
humain se comporte normalement, et non librement. Voulons-nous d’un
monde prêt à pucer les humains ?
Moi je n’en veux pas. Parce que j’ai des
rêves plus grands que cette
vie « sans frottement, sans arrêts ni incidents,
dépourvue de toute
saute d’intensité, (...) [sans] aventures, [sans] rencontres non
plus »
(23), la seule vie que ce monde nous autorise encore. Une vie qu’on
nous impose, à coups de caméras, de puces RFID, de
fichage ADN. Une vie
misérable que nous intériorisons, à force de
travail salarié, de
télévision abrutissante, de relations sociales
normées. C’est au nom de
mes rêves que je refuse les puces RFID et le monde qui les
produit et
qu’elles viennent renforcer.
Mais comment s’opposer à ce pouvoir diffus ? Comment
savoir à quoi
faire front, à qui, à quel moment ? Il est si facile de
se dire qu’on a
déjà tout accepté, alors pourquoi pas ça ?
Oh, et puis finalement ce
n’est pas si grave, on s’opposera quand ce sera vraiment dangereux,
franchement totalitaire. Hélas, de nos jours même le
totalitarisme
n’est plus franc, tout fout le camp. Mieux vaut donc prendre les
devants.
Nous opposerons-nous quand il faudra faire pucer les
enfants à la
naissance ? Eh non ! Ce ne sera pas plus scandaleux que le fichage
ADN
ou le puçage des animaux aujourd’hui, car on s’habitue à
tout.
Il est possible de refuser de pucer ses animaux,
comme d’autres
refusent le prélèvement ADN malgré les poursuites
judiciaires (24).
Mais si nous ne réagissons pas, si pour commencer les
éleveurs ne
réagissent pas, il y a gros à parier que dans une dizaine
d’années ce
texte fera sourire. « Ah bon ? En 2007, tous les humains
n’étaient pas
pucés ? »
Nicolas Bonanni
10, rue Yves Farge
38 600 Fontaine
04.38.02.99.49
Janvier 2007
Notes :
(1) Nouvelles règles d’identification et d’enregistrement des
ovins de
juillet 2005, en application du règlement ovin européen
21/2004 du
17/12/2003.
(2) Selon le terme du Monde (02/06/2006) à propos des puces RFID.
(3) « Mille milliards de mouchards », Le Monde, 02/06/2006.
(4) Lois de 1991 et 1999.
(5) Sur la traçabilité universelle, lire Pièces et
Main d’Oeuvre, « Nanotechnologies, maxiservitude »,
L’Esprit Frappeur, 2005.
(6) Dans le cadre du programme européen IDEA : Identification
Electronique des Animaux d’Elevage.
(7) Description d’un « Procédé et dispositif de
détection automatisée
des chevauchements entre animaux », sur le site de l’Office
Européen
des Brevets.
(8) http://perso.orange.fr/bouledoguefr....
(9) Projets pilotes menés par le Comité de pilo-tage
national de
l’identification électronique (FNO, Office de l’élevage,
Ministère de
l’agriculture, Assemblée permanente des Chambres d’agriculture
et
Institut de l’élevage) dans 110 élevages, sept centres
d’allotement, un
marché et dix abattoirs, pour 110 000 boucles en 2005. Plaquette
«
L’identification électronique ovine en France »,
disponible sur le site
de l’institut de l’élevage, http://www.inst-elevage.asso.fr/.
(10) Ken Jones, responsable du projet, http://www.timesonline.co.uk,
juillet 2006.
(11) William Harwin, département de cybernétique de
l’université de Reading, http://www.timesonline.co.uk,
juillet 2006.
(12) Le Monde, 17/04/2006.
(13) Le Monde, 11/04/2006.
(14) Le Monde, 17/04/2006.
(15) Politis, 02/11/2006, qui boit les paroles de M. Türk sans
émettre une seule critique sur le rôle de la CNIL.
(16) Les informations ci-dessus sont tirées de « Histoire
de la carte
nationale d’identité » de Pierre Piazza, Odile Laffont,
2004 et de « Du
papier à la biométrie. Identifier les individus »,
sous la direction de
Xavier Crettiez et Pierre Piazza, Presses de Sciences Po, 2006. On se
reportera à ces ouvrages pour une histoire plus complète.
(17) Intérieur Magazine, juin 2005.
(18) Le Monde, 24/11/2006.
(19) Discussion générale du projet de loi «
Sécurité Intérieure » (LSI) à
l’Assemblée Nationale, séance du 16/01/2003.
(20) Kevin Warwick, Ca m’intéresse, 02/2005.
(21) Aldous Huxley, « Le Meilleur des Mondes », 1932.
(22) « Nous ne vivons pas dans des démocraties. Nous ne
vivons pas non
plus dans des camps (...). Nous vivons dans des Etats de droit
oligarchiques, c’est-à-dire dans des Etats où le pouvoir
de
l’oligarchie est limité par la double reconnaissance de la
souveraineté
populaire et des libertés individuelles ».
C’est-à-dire un régime où
quelques élites politiques et économiques exercent le
pouvoir de «
police », tandis que les mouvements démocratiques doivent
constamment
se battre pour conserver ou élargir la sphère de la
« politique ».
Selon Jacques Rancière, « La haine de la démocratie
», La Fabrique Éditions, 2005.
(23) Tract « Détruisons les caméras », Lyon,
octobre 2006.
(24) http://refusadn.free.fr.
Nicolas Bonanni
P.S.
Pour Micheline, Marcelline, Gwendoline, Blanquette, Peugeot, Loulou,
Princesse, Marylin, Choupette, Mona et quelques autres. Et pour Frédéric.
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