Bonjour,
Je me permets de vous signaler ce texte « Penser la famille aux
temps du Covid-19 », écrit pendant le confinement et après avec
Céline Bessière, Sibylle Gollac, Pascal Marichalar et Julie Minoc
et publié aujourd’hui sur le site de Mouvements.
La famille est « le plus familier des objets » selon l’expression du
sociologue Rémi Lenoir. Elle apparaît sous l’évidence du déjà-là, du
naturel et de l’universel. Nous défendons l’idée que pour mieux
comprendre et combattre une pandémie, il est nécessaire d’interroger
ce sens commun à partir des recherches en sciences sociales. Car,
comme ces dernières le montrent, la famille est une construction
historique, sociale, administrative, juridique, économique,
religieuse, politique et scientifique. Dans la lignée de nos travaux
précédents, notre analyse réinscrit les relations familiales dans
les rapports sociaux de classe, de genre, de race, de génération, de
sexualité et de dépendance qui les traversent et qu’elles façonnent
en retour.
La première partie de cette analyse s’applique à déconstruire le
sens commun de la famille dans l’expertise et les politiques
publiques – en premier lieu la notion de
ménage moyen.
Le décalage entre ces idées reçues et les réalités familiales a des
effets concrets sur les préconisations des épidémiologistes,
l’interprétation de leurs résultats et leurs appropriations par les
pouvoirs publics. Après avoir ainsi examiné ce que la famille fait à
la crise, la deuxième partie éclaire ce que la crise sanitaire fait
aux familles. Nous y montrons notamment comment les liens familiaux
se sont trouvés rattrapés par la "force du droit" depuis le
confinement.
En vous souhaitant une bonne lecture !
Emilie Biland