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Philippe Michaux

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May 27, 2015, 4:05:51 AM5/27/15
to objectif-...@googlegroups.com
Bonsoir a tous, tres recenment sensibilisé a la transition, je decouvre votre groupe de discussion et le livre de Rob Hopkins. N'etant helas pas Francais mais Belge (la vie est parfois injuste a la naissance ;-) ), je me demandais si l'un d'entre vous pouvait me conseiller un site ou un groupe similaire en Belgique mais aussi si a la frontiere Belgo/Francaise, je pourrais m'initier,m'impregner d'une initiative en cours.
Mes questions sont sans doute tres naive mais vos conseils me seront tres utiles. En vous remerciant. Respectueusement. Philippe

Kitty de Bruin

unread,
May 27, 2015, 10:19:34 AM5/27/15
to objectif-...@googlegroups.com
Philippe , si vous envoyez une message vers  in...@reseautransition.be et le sites en anglais et français sont:

http://www.reseautransition.be

https://www.transitionnetwork.org/initiatives/r-seau-transitionbe

 

amicalement,
Kitty

Le 26 mai 2015 22:33, Philippe Michaux <philippem...@gmail.com> a écrit :
Bonsoir a tous, tres recenment sensibilisé a la transition, je decouvre votre groupe de discussion et le livre de Rob Hopkins. N'etant helas pas Francais mais Belge (la vie est parfois injuste a la naissance ;-) ), je me demandais si l'un d'entre vous pouvait me conseiller un site ou un groupe similaire en Belgique mais aussi si a la frontiere Belgo/Francaise, je pourrais m'initier,m'impregner d'une initiative en cours.
Mes questions sont sans doute tres naive mais vos conseils me seront tres utiles. En vous remerciant. Respectueusement. Philippe

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Josué Dusoulier

unread,
May 27, 2015, 11:19:01 AM5/27/15
to objectif-...@googlegroups.com
Je confirme, Philippe, le réseau transition belge (francophone) est très dynamique :-)
www.reseautransition.be
Josué

Pascal Bourgois

unread,
May 28, 2015, 8:15:27 AM5/28/15
to objectif-...@googlegroups.com
Une publication intéressante sur le thème en Belgique

Une nouvelle manière de faire de la politique

http://www.lalibre.be/debats/opinions/une-nouvelle-maniere-de-faire-de-la-politique-55648ad835704bb01c7d588b

Contribution externe Publié le mardi 26 mai 2015 à 17h01 - Mis à jour le mercredi 27 mai 2015 à 12h12

Né en 2006, dans la ville anglaise de Totnes, ce mouvement de Transition compte aujourd’hui 2 000 initiatives - souvent à l’échelle du quartier - pour changer la société sans prendre le pouvoir. Une opinion d'Olivier De Schutter, professeur à l'UCL, coordinateur du dossier "Vive la transition?!" dans la revue "Politique" (1).

Les unes après les autres, les digues se rompent. Les seuils écologiques sont franchis à un rythme que, il y a seulement dix ans, nous n’anticipions pas. Or malgré ce traitement que nous infligeons aux écosystèmes, les inégalités ne cessent de croître. Ne contribuant plus à combler les écarts de revenus, la croissance aboutit paradoxalement à distendre les liens sociaux, et malgré l’augmentation considérable du PIB par habitant depuis le milieu des années 1980, elle nous laisse plus insatisfaits que jamais : les classes moyennes vivant dans la crainte permanente du déclassement et les classes défavorisées dans le ressentiment. La politique paraît incapable de réagir, notamment en raison de l’écart d’échelle entre une concurrence devenue mondiale et des mécanismes de gouvernance qui peinent à s’esquisser au-delà de l’Etat-nation.

C’est dans ce contexte qu’une nouvelle manière de faire de la politique voit le jour. Né en 2006 dans la ville anglaise de Totnes, le mouvement de Transition connaît depuis une expansion spectaculaire : un rapport portant sur 13 Etats membres de l’Union européenne répertoriait en 2013 près de 2000 initiatives de Transition dans les pays étudiés, allant de projets d’énergie renouvelable produite de manière décentralisée à des potagers collectifs urbains ou à des nouvelles manières de recycler des déchets. Ce sont des citoyen-ne-s ordinaires qui s’investissent dans ces projets, souvent à l’échelle du quartier ou de la rue, parfois à l’échelle d’une ville entière.

Ils ne sont pas des désaffiliés de la politique. Mais ils mesurent les limites des changements qu’ils peuvent amener par le bulletin de vote et par leurs achats de "consomm-acteurs" responsables. D’abord, compte tenu du retard avec lequel le système politique et le marché réagissent aux signaux de l’électeur ou du consommateur, il y a un risque qu’à s’en tenir à ces deux instruments de contrôle l’on perde la course de vitesse qui est dorénavant lancée : les écosystèmes se dégradent, et les liens sociaux se distendent, plus vite que le système ne parvient à réagir. Ensuite, ces signaux souffrent toujours d’être ambigus. Les revendications qu’exprime l’électeur ou le consommateur sont toujours susceptibles d’être réinterprétées par les décideurs auxquels elles s’adressent : cette réinterprétation prend souvent la forme d’une déradicalisation, ou parfois d’une récupération pure et simple, comme l’illustrent chacun à sa manière le vote "vert" ou le sort que connaît le commerce équitable.

En outre, les systèmes dont nous dépendons sont relativement inertes : leurs composantes techniques, économiques et culturelles ont co-évolué, et à présent se renforcent mutuellement, faisant obstacle au changement. A ce désarmement du politique s’ajoutent enfin des facteurs quasi anthropologiques de mieux en mieux cernés. Les individus sont conditionnés par les dispositifs d’une société qui repose sur la mise en concurrence généralisée comme principale source de motivation de l’action individuelle. Et - à la fois cause et conséquence de ce conditionnement psychologique - la "liberté" de chacun demeure étroitement encadrée par l’obligation de performance afin qu’il ne tombe pas dans la dépendance vis-à-vis des mécanismes de la solidarité collective, ce qui conduit à une perte d’autonomie de l’individu.

Alors ils n’attendent plus. A l’échelle de leur quartier, de leur école ou de leur ville, ils innovent. Ils inventent des nouvelles formes de partage, réhabilitant une certaine idée des "communs" que l’on avait pu croire vouée à l’oubli, après la perte des formes traditionnelles de solidarité et la mise sur pied d’une société hyperindividualiste dans laquelle la place de chacun paraissait devoir se définir par sa consommation. Ils mettent sur pied des outils permettant de relocaliser les rapports économiques, donnant un nouveau souffle aux systèmes d’échanges locaux et encourageant le recours aux monnaies locales afin de maximiser les effets multiplicateurs sur l’économie locale des échanges marchands. Dans les domaines de l’énergie, de la mobilité, ou de l’alimentation, ils encouragent des nouvelles manières de produire et de consommer. Ils font coup double : limitant l’empreinte écologique en même temps que resserrant les liens entre les individus, donc luttant contre l’exclusion sociale. Dans la mise sur pied de ces initiatives citoyennes, le processus compte autant que le résultat. Il s’agit certes d’amorcer la descente énergétique et d’aller vers des communautés plus résilientes aux chocs externes, que ces chocs soient économiques ou naturels, en misant sur les ressources locales. Mais il s’agit aussi d’affirmer, à l’échelle micropolitique des pratiques culturelles et des rapports sociaux, une exigence de démocratie et de participation qui érige chacun et chacune, vraiment, en co-auteur(e) de son environnement.

Il y a trois motifs de miser plus sur ces initiatives qui émergent. Premièrement, ces initiatives font reposer la transition écologique sur les valeurs auxquels les individus adhèrent et sur la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes, plutôt que simplement sur l’imposition de réglementations ou sur les incitants économiques. Ce sont des motivations intrinsèques qui animent les transitionnaires, et non pas des injonctions venues de l’extérieur : cela peut constituer un atout, permettant d’espérer que l’engagement dans des nouvelles manières de produire ou de consommer, de partager et de construire des solutions ensemble, sera plus robuste dans le temps.

Deuxièmement, la sociodiversité qui résulte du développement d’initiatives de transition permet à la fois d’accélérer notre capacité collective à innover face aux crises qui s’annoncent, et de responsabiliser chacun face aux choix qu’il ou elle a à poser. La sociodiversité - la diversification des modes de vie et l’encouragement aux innovations sociales - place chacun et chacune face à la réalité des choix qu’il ou elle aura à faire : il n’est plus possible de se réfugier dans une sorte d’abstentionnisme passif, dès lors que la gamme des possibles s’élargit.

Troisièmement, ces innovations sociales permettent à chacun de co-construire des solutions qui concernent son environnement immédiat, et donc aussi de se rapporter à l’autre autrement : dans la mise sur pied d’un projet commun à l’échelle locale, dans la construction d’un dispositif placé au service de la communauté, nous quittons nos positions de producteur et de consommateur, et nous nous reconnaissons d’autres qualités, plus authentiquement humaines. L’étalon par lequel nous nous mesurions les uns par rapport aux autres était celui de la consommation ostentatoire, pathologie initialement repérée par Veblen il y a plus d’un siècle : à présent, c’est comme sculpteurs de notre environnement que nous nous reconnaissons.

Afin que le potentiel de ces innovations se réalise, une nouvelle grammaire du pouvoir doit émerger peu à peu : non pas pour se supplanter à l’ancienne, ce qui serait périlleux, mais pour la dédoubler. Hannah Arendt disait de la Révolution française qu’elle tenait plus du coup d’Etat que de la révolution. Le pouvoir était passé du Roi au peuple : il avait changé de mains. Mais il avait gardé la même forme : le pouvoir révolutionnaire demeurait concentré, "condensé" en un lieu unique, bref, il avait conservé la grammaire de l’Ancien Régime. Ne serait-il pas possible, se demandait Arendt, d’imaginer un pouvoir véritablement décentralisé, entre les mains de la société, reposant sur l’inventivité qui vient d’en bas ? Elle appelait de ses vœux une politique décentrée, qui apprend et qui cultive la sociodiversité comme un atout. Le moment est venu.

(1)   Dans ce dossier de la revue Politique (n°90, mai-juin 2015) vous pourrez notamment lire une interview de Rob Hopkins, cofondateur du mouvement de la Transition, un historique du mouvement (de Josué Dusoulier et Isabelle Van Driessche) et des articles sur les processus d’intelligence collective (de Olivier Chaput et Dora Snoy), sur l’expérience de la "Ceinture aliment-terre" liégeoise (de Christian Jonet et Pascal Marcq) et sur les motivations des "transitionnaires" (de Nathalie Grosjean et Vincent Wattelet). En librairie ou sur http://politique.eu.org/

 

 

LE THÈME
Vive la transition ?! Changer la société sans prendre le pouvoir

Vive la transition ?! Changer la société sans prendre le pouvoir (présentation)

Urgence de la transformation

Olivier DE SCHUTTER

Quelle alliance avec le monde politique ?

Christian JONET , Pascal MARCQ

Ce qui motive les “transitionnaires”

Nathalie GROSJEAN , Vincent WATTELET

Du ver(t) dans l’école ?

Noémie BAUDOIN , Benoît GALAND

La révolution des “communs”

Etienne VERHAEGEN

Le choix de la cohérence

Emeline DE BOUVER

Entre effondrement et résilience

Pablo SERVIGNE

Le défi du changement social

Geoffrey PLEYERS

« Mettre l’accent sur le positif » (uniquement en ligne)

Rob HOPKINS

Une brève histoire du mouvement de la Transition (uniquement en ligne)

Josué DUSOULIER , Isabelle VAN DRIESSCHE

L’intelligence collective (uniquement en ligne)

Olivier CHAPUT , Dora SNOY

 

Une brève histoire du mouvement de la Transition (uniquement en ligne)

http://politique.eu.org/spip.php?article3208

 

Josué DUSOULIER , Isabelle VAN DRIESSCHE

formateur, psychologue et facilitateur de transition, co-initiateur du Réseau Transition.be et d’Ath en Transition.

ingénieur agronome des eaux et forêts, membre du Réseau Transition et co-initiatrice de Soignies en Transition.

2006 : Totnes, Sud de l’Angleterre, un enseignant fait découvrir la permaculture à ses étudiants.

2015 : 2000 initiatives – 90 en Belgique – ont bourgeonné à travers le monde.

Un mouvement de citoyens ordinaires, innovants et enthousiastes est né.

À l’heure où notre civilisation occidentale est soumise à des défis sans précédents, où de plus en plus de spécialistes constatent un épuisement accéléré des ressources, des groupes de citoyen(ne)s n’attendent pas pour commencer à transformer leurs quartiers, leurs villes, leur économie locale et leur mode de vie de façon créative, solidaire et enthousiasmante... Ce sont les initiatives de Transition, des groupes de citoyens qui ont décidé de prendre les choses en main et de commencer à agir au niveau de leur village, de leur quartier ou de leur ville. Ils s’adaptent aux changements climatiques et à la raréfaction des ressources naturelles et en particulier de l’énergie abondante et bon marché. Faisant de ces défis des opportunités, ils ont décidé de choisir et construire au lieu de subir. Cette expérimentation humaine à grande échelle teste des solutions adaptées aux contextes locaux. Ainsi, chaque initiative de transition construit sa propre vision d’un futur préférable et commence à la mettre en œuvre au travers des actions qui lui font sens.

Aujourd’hui, il faut prendre de plus en plus de risques, investir de plus en plus d’argent et d’énergie pour extraire et raffiner le pétrole. La production de pétrole va décliner irrémédiablement, soumettant nos économies aux limites de la croissance.

Ensemble, ces collectifs de citoyens ont commencé à écrire une nouvelle histoire, celle d’un monde moins énergivore, plus en équilibre avec les limites de notre planète et où la collaboration, l’imagination et l’intelligence collective prennent le pas sur la recherche du profit, la croissance économique à tout prix et le repli sur soi.

Aux origines, quelques contraintes

Parmi les défis cités plus haut, deux sont considérés comme centraux dans notre partie du monde, car irréversibles à l’échelle de plusieurs générations humaines : les changements écosystémiques – changement climatique et érosion de la biodiversité en particulier – et la fin de l’énergie abondante et bon marché.

Au centre de la question énergétique : le pétrole. Cette source d’énergie est centrale dans nos économies, qui en sont ultradépendantes. Le pic du pétrole conventionnel, c’est-à-dire le moment où la production mondiale de pétrole conventionnel atteint le maximum, a été franchi entre 2006 et 2008. Les pétroles non conventionnels (pétroles de haute mer, pétroles de schistes, sables bitumineux...) sont plus difficiles à extraire, donc plus coûteux ; et leur extraction produit sur nos écosystèmes des impacts encore plus importants. Aujourd’hui, il faut prendre de plus en plus de risques, investir de plus en plus d’argent et d’énergie pour extraire et raffiner le pétrole. La production de pétrole va décliner irrémédiablement, soumettant nos économies aux limites de la croissance. Le défi énergétique est d’autant plus crucial en Europe que celle-ci ne possède qu’environ 0,4 % des réserves mondiales de pétrole, ce qui la place dans une situation de forte dépendance [1]. À ce constat s’ajoute le rôle de la combustion des énergies fossiles, notamment le pétrole, dans les désordres climatiques, en raison des émissions de gaz à effet de serre qui en résultent.

Les initiatives de Transition partent de ces constats pour en déduire la nécessité d’une descente énergétique : en consommant moins d’énergie fossile et en préservant et restaurant notre écosystème, nous serons en mesure de ralentir le rythme des changements climatiques et celui du déclin de la biodiversité.

Naissance d’un réseau

Parties d’une initiative de quartier à Totnes (sud du Royaume-Uni) en 2006, ces initiatives sont inspirées des expériences d’un cours de durabilité appliquée (permaculture [2] ) animé par Rob Hopkins. Avec ses étudiants d’abord et ses voisins ensuite, il a conçu un processus citoyen simple, positif, adaptable et participatif qui s’est diffusé incroyablement vite. Les initiatives de Transition se multiplient aujourd’hui à travers le monde. Elles sont réunies dans un réseau (Transition Network) qui permet de partager des expériences qui se développent ailleurs dans le monde. En un peu moins de 9 ans, le réseau a rassemblé plus de 2000 initiatives de transition réparties dans près de 50 pays. La Belgique en compte environ 90 à ce jour.

Un peu partout, des personnes ordinaires saisissent cette extraordinaire opportunité de réinventer nos modes de vie avec créativité et imagination. Ils se réunissent en initiatives de transition et expérimentent à petite échelle une démarche d’innovation sociale, par la mise en place d’un futur choisi, positif et préférable au présent. S’il n’a pas la prétention de résoudre seul tous les problèmes, ce mouvement citoyen mondial est réellement enthousiasmant et redonne de l’espoir et du sens en ces temps d’incertitudes.

La résilience au centre des projets

Les scientifiques annoncent que pour éviter une augmentation des températures de plus de 2°C, qui aurait des conséquences catastrophiques sur le climat, il faut que 80% des carburants fossiles non encore exploités restent dans le sol. Et il ne reste que 5 à 10 ans pour que les choses changent… La question est donc : comment construire au plus vite une société viable en ayant recours le moins possible aux énergies contenues dans le sol ?

L’idée centrale des initiatives de transition est éminemment positive. Il s’agit de développer la résilience du territoire et de ses habitants pour mieux s’adapter aux bouleversements consécutifs aux chocs énergétiques, climatiques et économiques. Les projets visent à rendre l’économie locale plus robuste, vivante et créatrice de bien-être, à diminuer préventivement notre consommation énergétique tout en (re)créant du sens, du lien social et de la solidarité. C’est dans l’action concrète que le mouvement de la Transition se déploie.

Un des fondements de ces projets est l’élaboration collective d’une vision attrayante de l’avenir au-delà des défis actuels. Le groupe va ensuite planifier les étapes de mise en place progressive de cette vision. La permaculture est une source d’inspiration importante de ce processus.

Concrètement, cela se traduit par une multitude d’actions : de la mise en place d’un système de covoiturage entre voisins à la création d’un Repair Café (atelier de réparation d’objets et appareils pour éviter d’acheter du neuf), de projets privilégiant une alimentation locale et produite dans le respect de l’environnement à la création de monnaies locales, d’ateliers tricot/couture, de cuisine ou d’échange de savoir-faire à des projets de jardins, potagers ou vergers collectifs… Ces démarches ouvertes à tous et parfois mises en œuvre avec des partenaires locaux (producteurs, associations, communes), limitent l’empreinte écologique de nos activités et réduisent la consommation d’énergie.

Innovation et économie locale

L’alimentation constitue un terrain d’expérimentation privilégié des projets des initiatives de Transition. En cultivant localement selon des méthodes agroécologiques [3] ou permaculturelles respectueuses des écosystèmes, on soutient les producteurs, on réduit le gaspillage énergétique et les émissions de gaz à effet de serre (dont une part significative découle des systèmes agro-alimentaires), on préserve la biodiversité et on mange plus sainement.

Les potagers collectifs, jardins partagés, « incroyables comestibles » [4], marchés de producteurs locaux ou groupes d’achats solidaires fleurissent un peu partout et créent des dynamiques sociales et identitaires très positives. À Liège, un projet de ceinture alimentaire (voir par ailleurs dans ce dossier) autour de la ville prévoit la reconversion professionnelle de demandeurs d’emploi dans la production d’alimentation locale. À Ath, l’initiative de transition s’est associée avec d’autres acteurs locaux pour développer au travers du projet « L’Epi d’ici » la production et la commercialisation en circuits courts de légumes bio et de céréales. L’axe « bio d’ici » de ce projet met en lien des maraîchers de la région qui ont décidé de planifier ensemble leurs semis depuis 2014, d’acheter du matériel en commun, de faire des échanges de production et de proposer ensemble une partie de leur production à des cuisines de collectivité, des magasins locaux ou des restaurants. S’inspirant du projet liégeois, le projet de Ceinture alimen-Terre de la région d’Ath, dite CaliTerre rassemble Ath en Transition, Soignies en Transition, ainsi que de nombreux autres acteurs économiques, culturels et associatifs afin de recréer un système alimentaire local, rentable, créateur d’emplois, équitable, sain et résilient (à savoir, un système capable de s’adapter aux crises tout en continuant à nourrir les populations).

La finance et l’approvisionnement en énergie constituent d’autres terrains propices aux initiatives de Transition. Plutôt que de confier l’argent et l’épargne aux secteurs financiers non soutenables, les initiatives de transition proposent de les utiliser pour soutenir l’économie locale et les projets locaux. Le retour sur investissement est alors plus visible et éthique. Il se traduit aussi dans l’amélioration du cadre de vie et de la cohésion sociale. Grez-Doiceau en Transition développe actuellement un projet de coopérative intégrale : Get-it, qui gérera une banque et une monnaie locale, des microcrédits solidaires et servira d’incubateur pour des projets économiques locaux et résilients.

Dans la région namuroise, la Gelbressée en Transition s’est associée avec d’autres acteurs locaux pour créer la coopérative citoyenne « Champ d’énergie », avec pour but de se réapproprier la production d’énergie de manière éthique, locale et solidaire. À Brixton, les membres de l’initiative ont créé « Brixton Energy » et récolté de l’argent auprès des habitants afin de financer l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits d’immeubles de cette partie de Londres.

Un changement sociétal

La Transition, adoption collective de nouveaux modes de fonctionnement intégrant les limites de nos écosystèmes et les défis actuels, ne pourra se faire sans un réel changement sociétal. Afin d’atteindre la masse critique qui permettra d’inverser le cours des choses, et peut-être d’éviter ainsi la catastrophe et trouver un équilibre plus sain, le modèle actuel, basé sur la croissance économique, doit être abandonné et remplacé par un ensemble de modèles plus respectueux des contraintes qu’imposent les écosystèmes dont nous dépendons. Dans nos systèmes mondialisés et très standardisés, l’abandon de ce modèle dominant implique l’acceptation et l’intégration des nouveaux modèles par une grande partie de la population, et donc un véritable changement à l’échelle de la société dans son ensemble. Pour y arriver, il est nécessaire que le citoyen soit impliqué dans la construction et la mise en place de ces nouveaux modèles. C’est ce que le mouvement de la transition entend faire.

Les nouveaux modes de fonctionnement que nous devons adopter nécessitent également une autre vision de l’enseignement et de l’apprentissage. Le système éducatif officiel, de l’enseignement fondamental à l’université, nous prépare le plus souvent à nous insérer dans un mode de vie passé, plutôt qu’à être capable de s’adapter au monde à venir. Le système éducatif a grand besoin de se réformer pour répondre aux enjeux actuels et futurs. Nous aurons par exemple besoin de davantage de personnes ayant une formation généraliste et une vision plus holistique plutôt que de spécialistes. Nous aurons besoin de plus d’artisans, de maraîchers, de travailleurs de la construction... car moins d’énergie signifie moins de transport et de mécanisation et donc plus de travail pratique, manuel. Nous aurons également besoin de personnes qui feront preuve de sens de l’initiative, d’autonomie et d’une créativité plus développée, de personnes capables de travailler avec d’autres, de s’entraider et de fournir du soutien moral, de partager leur savoir et de gérer des projets tout comme des situations de crises. Il faudra plus d’esprit d’entreprendre, mais ceci dans le respect des limites des ressources naturelles et avec l’objectif de participer au bien-être réel de la collectivité locale. Enfin nous aurons besoin de mettre en place des modes de gouvernance locale participative et adaptative pour accompagner cette transition.

Pourquoi le niveau citoyen est indispensable ?

Nos modes de fonctionnement, nos modèles économiques basés sur la croissance, ne fonctionnent plus dans un monde fini. Nous devons changer de modèle. Ce changement est urgent parce que nous atteignons aujourd’hui des seuils critiques. On ne pourra pas se contenter d’adapter le modèle actuel à la marge. Le changement requis est plus fondamental et doit concerner le système dans son ensemble. C’est un véritable changement sociétal qui doit être initié et il doit arriver rapidement si on veut minimiser les dégâts et éviter une fracture sociale. Au vu de l’ampleur, de l’urgence et du caractère systémique de ce changement, on ne pourra y arriver que si l’ensemble des acteurs (producteurs, chercheurs, consommateurs, décideurs,…) se l’approprient et s’en sentent responsables. Le niveau du citoyen individuel est essentiel à cet égard. C’est à partir de l’individu que se construit l’action collective. C’est également le niveau qui est le plus à même de modifier son propre récit et sa vision du futur. Les mouvements citoyens comme la transition ont donc un rôle fondamental à jouer car il nous faut maintenant écrire une nouvelle histoire de ce que demain pourra être dans un monde construit en tenant compte des limites de notre planète et où chacun pourra trouver sa place et se sentir bien. Nous devons construire ensemble une nouvelle vision et une nouvelle culture de la durabilité.


Quelques références

Réseau Transition Wallonie-Bruxelles : http://www.reseautransition.be/

Réseau international : https://www.transitionnetwork.org/

Plans d’action de descente énergétique : http://www.transitionnetwork.org/ingredients/building/energy-descent-action-plans

Plan économique local : http://www.reconomy.org/evaluate-the-economic-potential-of-your-new-economy/

Ceinture alimentaire liégeoise : http://www.liegeentransition.be/wp-content/uploads/2013/01/Ceinture-Aliment-Terre-v-Courte.pdf

L’Epi d’ici et les rues en transition : www.athentransition.be

Grez Doiceau en transition et le projet Get-it : http://www.grezentransition.be/

Incroyables comestibles Etterbeek : http://www.etterbeekentransition.be/communaute/groupes/incroyables-comestibles/

Brixton Energy : http://transitionculture.org/2012/12/04/a-visit-to-brixton-energy-were-not-wedded-to-solar-panels-were-wedded-to-wellbeing/

Champ d’énergie : http://www.reseautransition.be/champs-denergie-se-reapproprier-la-production-denergie/

Richard Heinberg, La fin de la croissance, s’adapter à notre nouvelle réalité économique. Éditions Demi-lune, 2012.

Mots Clés : Transition

[1] Ce chiffre est issu du rapport « L’Europe face au pic pétrolier », réalisée par Benoît Thevard et disponible sur http://www.peakoil-europaction.eu/.

[2] La permaculture est une méthode de conception de lieux de vie soutenables et résilients. Elle peut s’appliquer à un jardin, un quartier, un groupe, une organisation...

[3] L’agroécologie est une approche globale de l’agriculture qui comprend une reconnaissance des savoirs et savoir-faire paysans, tout en utilisant de façon respectueuse les ressources de la nature, selon une démarche qui s’inspire du biomimétisme. La démarche vise à associer le développement agricole à la protection de l’environnement, voire à sa restauration le cas échéant. Il s’agit aussi de faire évoluer une agriculture à orientation quantitative vers une agriculture plus qualitative, ce qui implique un changement de buts et de moyens (inspiré de wikipédia).

[4] Les « incroyables comestibles » sont des groupes de citoyens qui décident de cultiver des légumes pour le mettre à disposition gratuite des passants sous le principe de la nourriture à partager. Cette action de partage a pour but de participer à la relocalisation de la production de nourriture et de changer notre vision de l’alimentation.

 

 



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Kitty de Bruin

unread,
May 28, 2015, 9:27:38 AM5/28/15
to objectif-...@googlegroups.com
merci Pascal, la même dynamique en Flandres avec les articles intéressant en hollandais, je peux faire une sélection , et cherche des personnes qui peuvent aider pour mettre les articles sur notre site; François Bouchet a traduit le pdf fait par Asher Miller et Ron Hopkins et nous partageons pas mal de fiches et traductions avec la Belgique http://wp.me/p66kLi-2sQ
On peut sur ce page télécharger ce document, très actuel ( Cop21)

amicalement
Kitty



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