Chers Collègues,
J'ai lu avec consternation les messages de Suzie GUTH et d'Ali AIT ABDELMALEK qui, somme toute, ne font que cautionner les récentes et scandaleuses autopromotions auxquelles s'est livré l'actuel CNU de sociologie.
Oui, Jan Spurk est d'origine allemande, Chère Suzie. So what ???? Il faut vraiment être à court d'arguments pour invoquer cela comme une qualité ! Et si être allemand est une qualité, quelles sont les nationalités indignes ???
Cela ne m'a pas gêné pour réclamer (déjà !) la démission de Jan Spurk dans un message adressé à l'ensemble des membres du CNU à l'automne dernier !
Car les graves dysfonctionnements du CNU sous ce mandat ne sont pas seulement apparus lors de la dernière session !!!
Vous pouvez, Chers Collègues, prétendre que tous les candidats ont désormais droit à deux rapports, Ali sait que c'est totalement faux !!!! J'avais alerté le président et mis en cause celui-ci pour son inaction lorsqu'a été atteint dès la première année le principe d'égalité des candidats. Il se trouve, en effet, que la plupart des candidats avaient bénéficié de deux vrais rapports, sérieux et argumentés, quand d'autres, desservis par le sort (ou les astres ...), avaient "bénéficié" de rapports qui tenaient en tout et pour tout en une ou deux lignes du type "Bon dossier, avis favorable" ou "dossier insuffisant, avis défavorable" !!!! Autant dire qu'il fallait quasiment accorder tout son crédit au seul avis réellement étayé...
Lorsque les promotions de l'an dernier ont eu lieu, j'ai publiquement demandé à Jan Spurk de communiquer aux membres du CNU la liste des différents promus et celle des candidats qui avaient été seulement classés. Sachant qu'il existe une tendance générale à promouvoir l'année suivante les candidats classés mais non promus une année donnée, je voulais vérifier que ne figuraient pas trop de membres du CNU actuel... Malgré mes demandes - publiques - répétées, Jan Spurk a constamment refusé de communiquer cette liste, sans que l'on connaisse ses raisons pour refuser ce fonctionnement transparent qui aurait pu provoquer une prise de conscience collective.
Devant les problèmes de fonctionnement qui me semblaient très graves de fonctionnement du CNU, atteinte au principe d'égalité des candidats et manque de transparence au sein de la section, j'ai démissionné à l'automne 2008 en invitant Jan Spurk à en faire autant. Celui-ci a préféré rester accroché à son poste. (je tiens pourtant à signaler que, de façon assez incompréhensible, Jan Spurk, bien que président en titre du CNU, était le plus souvent remplacé par son vice-président pour présider les sessions et animer les débats, ce que, bien qu'ayant siégé dans d'assez nombreuses instances, je n'avais encore jamais vu et ce qui ne manquait pas de m'interroger sur la ou les personnes dirigeant réellement cette section du CNU...).
Lors de l'annonce de ma démission, j'ai pris la peine de mettre en garde mes collègues élus SGEN, toujours publiquement, par voie de courriel, devant le danger qui me semblait grave et important de voir le CNU procéder à des autopromotions massives lors de la session de 2009. Je vous rassure, je n'avais pas deviné cela grâce à la lecture des travaux de Madame Elisabeth Tessier, mais en comprenant les modalités de fonctionnement extrêmement discutables du CNU mis en place en 2007...
Les récentes promotions sont scandaleuses et les défendre ne sert en rien la sociologie. Celle-ci, Chère Suzie, Cher Ali, ne se confond pas avec les intérêts particuliers de quelques personnes, bien au contraire. On a vu, lors de la thèse de sociologie attribuée à Madame Tessier, justement que ce même argument était déjà invoqué : taisez vous, ne dites rien, ou vous faites du tort à la discipline. Et vous ne croyez pas que se taire est précisément la meilleur façon de cautionner des errements comme la reconnaissance institutionnelle de disciplines fantaisistes (voyez comme je suis doux) ou le fait qu'une instance professionnelle se serve sans vergogne ?
Je ne suis pas du tout certain que les récentes promotions soient parfaitement conformes, et elles suscitent déjà des échos dont il est difficile de vérifier la véracité, mais qui témoignent bien du très grand malaise suscité dans la communauté professionnelle. Selon certains, un ou des bénéficiaires de promotions très enviées l'auraient été sur la base d'un CV tronqué ! Et les procédures de vote auraient étonnamment évolué au gré des concours ! Tous ceux d'entre nous qui ont fait un peu de science politique et d'analyse des procédures de vote savent combien celles-ci peuvent influer sur les résultats obtenus et comme il est tentant d'en changer quand on veut obtenir certains résultats pour tel ou tel concours... J'ose donc espérer que tel n'est pas le cas et qu'il s'agit simplement de rumeurs infondées, sans quoi le scandale des récentes promotions serait encore plus grand.
Aller au CNU, ce n'est pas aller à la soupe. Ce n'est pas non plus servir ses petits copains (car il faut ajouter aux promotions indéfendables de certains membres celles de leurs proches, promotions qui sont tellement grossières que l'on hésite entre le rire et l'indignation). Certains dossiers de promus sont proprement indéfendables par tout sociologue compétent et honnête. Il est faux qu'il s'agirait de rivalités d'écoles.
Certains font tellement le dos rond ou, même s'engagent désormais tellement pour défendre l'indéfendable que, dans la logique des récentes promotions, ils mériteront pleinement d'être à leur tour promus lors d'une récente campagne de distribution de récompenses !!!
Mais je relis les messages très convaincus de Suzie et d'Ali et, soudain, je me ressaisis. C'est juste que je n'avais pas tout compris.
Camarades, mobilisez-vous ! Vu les récents résultats, chacun, quel que soit son dossier scientifique et son mérite, a sa chance ! Voilà donc un système méritocratique ! Etre membre du CNU ou y disposer d'amis très proches constitue indubitablement et plus que jamais un atout. Le récent CNU l'a montré avec tellement d'éclat qu'il ouvre à chacun les voix de la réussite Il est temps d'en profiter.
Que ne démissionnent surtout pas ceux qui font tourner cette belle machine. Que serait la sociologie française sans les président et vice-président actuels du CNU, sans tous les bénéficiaires des récentes promotions ? Ce serait une science orpheline. Avec le CNU actuel, seuls des esprits chagrins pourraient ne pas voir que c'est la sociologie qui est aujourd'hui servie et magnifiée. Jamais cette instance n'a été aussi belle, aussi digne, jamais présidence n'a autant donné. A tous.
Cordialement à tous (aussi).
Alain Quemin
professeur de sociologie
Université Paris-Est / Institut Universitaire de France / LATTS (CNRS)
membre élu du CNU en 2007, démisionnaire en 2008, et ayant donc refusé de jouer le moindre rôle dans les promotions qui s'annonçaient pour 2009.
PS : Toutes mes excuses aux collègues dont l'avancement en 2009 est pleinement légitime. Il y en a. Je regrette que leur sort soit masqué par ceux qui ont été "servis" de façon indéfendable.
Bonsoir à tous,
Je tiens à remercier publiquement Alain Quemin pour son « long » mail, que j’ai patiemment lu (quel exploit !). Ne siégeant pas au CNU, son mail m’a permis de mieux comprendre les principes (ou les non-principes) qui ont régi le fonctionnement du CNU récemment. Sans lui, je n’aurais connu du CNU que les résultats des promotions récentes si discutées et les réactions outrées de défense (mais peu ou pas argumentées) de certains de ses membres.
Un souhait : que les autres membres du CNU (surtout ceux qui défendent les choix faits) prennent le temps d’écrire leur analyse de la situation et du fonctionnement du comité ; qu’ils en expliquent la réalité et qu’ils rendent compte des arguments utilisés. Le débat en sortira grandit parce que nous pourrons en tirer quelques leçons…
Les bons mots, les traits d’esprit, le mépris peuvent être amusants ou irritants. Mais ils ne servent réellement à rien dans le débat et les enjeux qui nous occupent.
Alain Quemin a eu le mérite de fournir une analyse de la situation. Ce n’est pas si fréquent. Merci.
Sérieusement vôtre
Olivier Martin
Université Paris Descartes
CERLIS (UMR CNRS 8070)
Paris, France
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Alain Quemin
Envoyé : jeudi 25 juin 2009 16:44
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