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HAITI-- Après séisme-- Tristes retrouvailles

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Annette

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Apr 4, 2010, 10:02:58 AM4/4/10
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Haïti: des familles refusent de reprendre leurs enfants éloignés par
le séisme

De Mike Melia (CP) – Il y a 20 heures

PORT-AU-PRINCE — Les associations qui oeuvrent à retrouver les
familles des enfants que le tremblement de terre a isolés en Haïti
sont souvent confrontées à des proches qui ne veulent pas reprendre
ces petits faute d'argent pour les faire vivre.

Elles ont déjà trouvé 700 enfants qui ont été séparés de leur famille
par le séisme du 12 janvier. Retrouver les parents est ardu, surtout
pour les plus jeunes enfants qui ne peuvent donner de numéro de
téléphone ou d'adresse. D'autant que les secousses meurtrières ont
déplacé des centaines de milliers d'habitants, qui survivent
maintenant dans des camps de fortune.

Souvent, le travail pour retrouver la trace des parents ou des tuteurs
ne débouche pas sur les joyeuses retrouvailles espérées.

L'ONG américaine World Vision, l'une des cinq organisations
internationales qui remplissent cette mission, a retrouvé les familles
de 12 des 300 enfants dont elle s'occupe. Cinq ont repris leur petit
mais les sept autres ont refusé.

"Nous voyons bien que les conditions de vie des parents sont loin
d'être idéales. Mais nous avons été choqués d'apprendre que les
parents ne les avaient pas recherchés ou qu'ils ne s'attendaient pas à
ce qu'ils reviennent", confie Noah Ochola, qui dirige le programme
Enfants en situations d'urgence à World Vision.

Lundi, une équipe a découvert Ana, une fillette de neuf ans, dans un
orphelinat en partie effondré à Tabarre, à la périphérie nord de Port-
au-Prince. Elle a un érythème sur le visage et le corps, qui n'est pas
traité, et elle dort avec 17 autres enfants sous une tente fabriquée à
partir de draps.

La fillette a expliqué à Mario Marcellus, un travailleur social
haïtien employé par World Vision, qu'elle voulait retourner vivre avec
sa demi-soeur adulte. Le problème, souligne la directrice de
l'orphelinat, Idalia Suprême, c'est que c'est cette soeur qui l'a
déposée là. "Elle l'a amenée ici parce que les temps sont durs", dit-
elle en montrant les maisons en ruines alentour.

La mère d'Ana est morte quand elle était petite. Son père, qui
n'habite pas loin, est venu lui rendre visite et s'est plaint que sa
fille n'avait pas sa place dans un orphelinat mais il n'a proposé
aucune autre solution, rapport Mme Suprême.

Mario Marcellus a retrouvé la demi-soeur dans un bidonville où elle
tente d'élever ses deux propres enfants. La convaincre de reprendre
Ana? "Ca va être difficile", soupire le travailleur social.

Le tremblement de terre n'a fait qu'amplifier un phénomène
préexistant. Avant le séisme déjà, la plupart des 50.000 enfants
vivant dans des orphelinats haïtiens avaient encore au moins un parent
en vie, selon Andy Brooks, chef de la protection de l'enfance à
l'UNICEF.

Jusqu'à 250.000 autres étaient des "restaveks" (reste avec, en
créole), des enfants envoyés dans des familles plus aisées pour
travailler en l'échange du gîte et du couvert - et parfois d'une
scolarisation. Quasi-esclaves, ils subissent souvent des mauvais
traitements.

Même dans les situations catastrophiques engendrées par le séisme, les
organisations humanitaires estiment que la meilleure protection pour
les enfants consiste à rester au sein de leur famille. S'en tenant à
ce principe immuable, elles ont mis au point des stratégies pour
convaincre les tuteurs récalcitrants.

Elles exhortent les parents à postuler au programme "travail contre
nourriture" de l'ONU. Pour que les enfants soient moins perçus comme
une charge, elles les renvoient chez eux avec des sacs de riz, des
sandales, du dentifrice et de l'huile. World Vision verse aussi entre
60 et 150 dollars en liquide (entre 45 et 110 euros), en fonction du
nombre d'enfants dans la famille. "Ca leur donne le temps de
réfléchir", explique Noah Ochola.

Parfois, la plus petite aide peut faire la différence.

Ramsey Ben-Achour, qui dirige la branche haïtienne de Heartland
Alliance, l'une des cinq organisations qui travaille sous l'égide de
l'UNICEF, se souvient d'un père de quatre enfants. Son épouse était
morte dans le tremblement de terre et leur maison s'était effondrée.
Deux de ses enfants étaient soignés dans un hôpital de campagne et au
début, il ne voulait pas les reprendre.

"Il pensait leur donner une vie meilleure en les laissant là", se
rappelle M. Ben-Achour. "Mais ce qui se passe en réalité, c'est qu'ils
deviennent des enfants des rues, essayant de laver des voitures,
rejoignant des gangs ou étant exploités sexuellement".

Lorsque l'association lui a donné deux matelas, des toiles de tente et
des rations alimentaires, le père a accepté de reprendre ses enfants.

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