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article course à pied

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JACQUES ROYUELA

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May 30, 2002, 4:17:32 PM5/30/02
to
Bonsoir Emmanuelle

J'ai trouvé ce texte sur un site internet qui je pense pourrait t'être utile
pour ta thèse sur la course à pied en espérant qu'il n'est pas trop tard.
Bon courage pour le sprint final!!! Je te souhaite de tout coeur la plus
belle des réussites.
Jacques


1 Un début de siècle angliciste

Les premières années du 20ème siècle sont dominées par les coureurs
originaires d'Angleterre et des USA.
Le procédé d'entraînement le plus utilisé est alors le spécifique. Il s'agit
pour l'athlète de courir à l'entraînement à l'allure de compétition et sur
des distances proches de celles de l'épreuve.

Au tournant des années 10, l'hégémonie des coureurs anglo-saxons et de leur
procédé d'entraînement se trouve contestée. Un minuscule pays de 3,5
millions d'âmes émerge sur la scène internationale de la course à pied. Ce
pays, c'est la Finlande.


2 1910-1920 : les Finlandais volants

Dans les années 20, la Finlande est devenue le pays de la course à pied. Des
coureurs comme Kolehmainen (JO de 1912, 1920), Ritola et surtout Nurmi (1920
à 1934) ont fait de ce petit bandeau de terre, une nation collectionnant les
titres olympiques et autres records du monde en course à pied.

Si cette lame de fond finnoise doit beaucoup à un engouement populaire, elle
n'est pas le fait d'une méthode d'entraînement établie. A cette époque,
chaque coureur a un système qui lui est propre. Voyons pour preuve les
entraînements de Kolehmainen et du grand Nurmi.

2.1 Hannes Kolehmainen : adepte du long

L'entraînement de Kolehmainen reposait quasi entièrement sur les courses
longues effectuées à allure modérée. Avant les jeux olympiques de Stockholm
(1912), il commença à s'entraîner deux fois par jour. Le matin, il partait
pour de longues marches. L'après midi était le plus souvent réservé à des
sessions de course sur longues distances, à du renforcement musculaire et/ou
à des sprints sur la piste. L'essentiel du travail était effectué à une
allure régulière lente. Cette approche a influencé les débuts d'un de ses ad
mirateurs : Paavo Nurmi


2.2 Nurmi : le précurseur


12 médailles olympiques dont 9 d'or. Des dizaines de records du monde.
Détenteur simultanément de tous les records mondiaux du 1500 au 20 000 m,
Paavo Nurmi est une légende de la course à pied ; peut être le roi des
coureurs. Pour connaître la légende de ce roi finlandais, cliquez ici. Un
roi en avance d'une génération sur tous ses prétendants, Voyons ce qui est
susceptible de rendre compte d'une telle précocité en matière de course à
pied.

Paavo Nurmi

L'entraînement
Dans les premières années de son entraînement, Paavo s'est lui aussi
contenté d'effectuer de longues courses à allure modérée. Les résultats
étaient décevants. Mais, l'homme est curieux et tenace. Il se pose des
questions sur sa pratique ; se documente pour savoir ce que les autres font.
En épilogue de ses réflexions, il considère que ses piètres résultats sont
dus à un défaut de course rapide. Il décide donc de modifier sa pratique en
incorporant dans ses séances des portions de course à allure élevée. A
partir de 1920 son programme se décline comme suit :
- le matin : course d'environ 10 kilomètres ponctuée de quelques sprints
- l'après midi : course plus courte (5-6 kilomètres) avec une accélération
de l'allure dans les deux derniers kilomètres. La séance est terminée par
quelques accélérations de 100 m.
Les progrès ne se firent pas attendre. Ils encouragèrent Nurmi à poursuivre
dans la voie d'une intensité plus élevée. Avant les jeux de Paris (1924), la
séance matinale pouvait débuter par 30' d'échauffement, se poursuivre par
quelques sprints, enchaîner avec une course rapide sur 400 à 1000m puis
s'achever par une course à allure constante sur 3000-4000m.
Nurmi n'hésita pas à employer des portions de course réalisées à l'allure
prévue pour la compétition (entraînement de rythme). Mais à la différence de
ce qui s'était produit quelques décennies auparavant, il s'agissait, pour
lui, d'un procédé d'entraînement et non d'une méthode exclusive.
Dans les séances, Nurmi utilisait un chronomètre pour s'habituer à courir à
une allure régulière.
A ces séances de course s'ajoutaient des exercices de renforcement à base de
sauts, d'exercices de bras.
Cet entraînement était particulièrement diversifié et intense pour l'époque.
Pourtant, au-delà des seuls exercices physiques, c'est toute la vie de Nurmi
qui était pensée pour l'effort.

Un style de vie
Nurmi accordait une place importante au repos et à la récupération (sommeil,
sauna, massages), se souciait de son alimentation, ne fumait jamais ni ne
buvait jamais d'alcool. A ces règles de vie s'ajoutait un état d'esprit
résolument tourné vers l'avenir et ancré dans une volonté à toute épreuve.

Toutes ces caractéristiques ont fait qu'après Nurmi, l'entraînement en
course à pied ne fut plus le même qu'avant. Paavo avait compris que la
course est un style de vie à part entière ; il avait montré que
l'entraînement monotone était peu efficace ; il avait établit que
l'entraînement à allure élevée développait l'endurance. Pour la première
fois, un entraînement intense et diversifié prenait réellement le pas sur
les seuls procédés uniques de type courses lentes ou compétitions. Cette
conception a profondément marqué les méthodes d'entraînement ultérieures,
notamment celle provenant d'un autre pays scandinave : la Suède.


3 1930 : le fartleck suédois


Dans les années 30, un entraîneur suédois appelé Gosse Holmer s'est mis
à réfléchir à un système d'entraînement destiné aux coureurs de son pays.
Sa réflexion s'appuyait avant tout sur une philosophie : l'athlète doit être
libre de pouvoir créer par lui-même un entraînement qui s'adapte à sa propre
individualité. Il doit pouvoir tirer parti de ses ressources, de ses envies
du moment mais aussi des conditions de l'environnement.
C'est un athlète créateur, proche de la nature et de ses sensations que
Holmer imaginait.
Cette philosophie a amené les athlètes à tirer avantage de toutes les
ressources de l'environnement :

- les sols recouverts de neige étaient propices au renforcement musculaire
- les champs de mousse permettaient le renforcement ou la récupération après
la séance (course pieds nus)
- les arbres tombés servaient d'obstacles à franchir sous forme de bonds
- les branches accessibles permettaient les tractions des bras
- les rochers formaient de véritables parcours de bondissements
- les côtes étaient des incitations à accélérer l'allure en finissant au
plus vite sur les parties les plus raides.

Dans les faits, cet "état de nature" pensé par Holmer ne s'est pas traduit
par une liberté totale. Progressivement des formes de fartleck plus ou moins
codifiées ont émergé.
Les étapes qui suivent donnent un exemple de parcours de fartleck :
1) footing d'échauffement
2) exercices de bondissements, de tractions, de soulevés. prévus ou
improvisés en fonction des opportunités du lieu
3) Une ou deux courses en maintenant une allure régulière quel que soit le
relief du terrain.
4) quelques côtes pouvant durer de 1 à 2' avec l'objectif d'accélérer
progressivement l'allure.
Petite récupération marchée ou trottée.
5) Une dizaine de sprints très courts (50m) avec récupération active
Récupération de quelques minutes.
Le tout est répété sur une durée avoisinant une heure.

L'organisation et le contrôle de l'entraînement étaient loin d'être absents
du système pensé et appliqué en Suède. On les retrouve dans l'organisation
des séances et des parcours d'entraînement élaborés par l'entraîneur Gösta
Olander au cour d'une petite bourgade reculée répondant au doux nom de
Volodalen.
Dans les années 40-50, Olander a fait d'un hôtel perdu du fin fond de la
Suède sauvage, le centre d'entraînement le plus prisé du gotha mondial de la
course à pied.
Entraîneur des tombeurs de records que furent Haegg, Anderson, Strand.,
Gösta Olander est devenu l'expert (le sorcier ?) le plus prisé du moment.
Les spécialistes affluaient du monde entier pour venir s'entraîner à la mode
suédoise, dans "le paradis des sportifs".
Volodalen convenait parfaitement à la philosophie du coureur proche de la
nature. Les sols y étaient variés (sable en bordure des lacs, champs de
mousses, sentiers enneigés pendant l'hiver, terrain souple des sous bois,
côtes courtes des buttes et longues des collines), l'air pur, la nourriture
saine... Ajoutons à ces dispositions naturelles des adjuvants à la pratique
comme le ski de fond, le sauna et des moyens de contrôle consistant en deux
sentiers balisés de 400 et 220m et nous disposons du cadre idéal permettant
au coureur de se renforcer tout en respectant sa "nature" et à l'entraîneur
de vérifier les progrès accomplis.

Si nous parlons de renforcement du coureur c'est bien que contrairement à ce
que nous pourrions extrapoler à partir des notions de travail à la
sensation, de respect des envies et des caractéristiques de chacun, le
fartleck suédois est un procédé d'entraînement particulièrement dur.
Selon Gosse Holmer, ce qui compte pour déterminer l'intensité de l'effort,
c'est qu'à la fin de la séance l'athlète ait la sensation d'avoir été
stimulé sans pour autant être épuisé. Il doit toujours garder l'envie de
refaire une série, de reprendre l'entraînement dès le lendemain.

Cependant, les athlètes ayant pratiqué le fartleck suédois gardent le
souvenir d'un entraînement joyeux, motivant, mais particulièrement
difficile.

Si la philosophie sous jacente au fartleck suédois est emprunte d'un esprit
de nature, une avancée majeure en matière d'entraînement émerge dans les
années 40 sur une base toute autre.

4 1940 : l'entraînement par intervalles (interval training de Reindell et
Gerschler)

Dès les années 30 mais surtout dans la période d'après guerre, une
révolution touche tous les sports d'endurance. La nouveauté est initiée par
un entraîneur et un cardiologue.

En Allemagne, le Dr Hans Reindell cherchait un moyen d'améliorer la
rééducation de ses patients déficients cardiaques. Ses recherches, menées en
collaboration avec un enseignant de l'université de Freiburg, l'amenèrent à
penser que la méthode la plus efficace pour développer la fonction cardiaque
était la répétition d'efforts courts entrecoupés de brèves périodes de
repos. L'entraînement par intervalles (interval training) était né.

L'enseignant qui accompagnait Reindell s'appelait Waldemar Gerschler. Il fut
le premier entraîneur à adapter l'interval training au domaine de la
performance sportive. Un résultat probant de l'efficacité de ce procédé
d'entraînement fut l'avènement d'un coureur exceptionnellement rapide et
résistant : Rudolf Harbig (retrouvez la légende de Harbig en cliquant ici).
D'autres grands noms de la course à pied comme le Britannique Gordon Pirie,
le Belge Moens, les Allemands Schade et Luegg contribuèrent à la diffusion
du procédé par intervalles.

De nos jours, le terme d'entraînement par intervalles recouvre des pratiques
aussi nombreuses que différentes. Pourtant, à l'origine, la pratique de
l'interval training était bien définie :
- la durée des courses ne devait pas dépasser 1'. Pendant l'effort, la
fréquence cardiaque pouvait atteindre une valeur de l'ordre de 180
pulsations par minute.
- Les répétitions devaient être nombreuses (au moins entre 15 et 30).
- Les récupérations étaient incomplètes (entre 45" et 1'30").
Reindell et Gerschler considéraient qu'au niveau cardiaque, la phase active
de l'entraînement était moins la course elle-même que la période de
récupération (l'intervalle). C'est l'intervalle qui permettait d'accroître
le volume du cour et par la même sa capacité à apporter le sang au niveau
des muscles ; c'est donc lui qu'il fallait surveiller le plus. Selon eux, la
course ne devait pas reprendre avant que la fréquence cardiaque soit
retombée aux alentours de 120 puls/min. Si après 1'30", sa valeur était
supérieure à cette limite, c'est que l'intensité de l'effort était trop
élevée et qu'en conséquence, il fallait la réduire.

En dépit de ces règles précises, Gerschler lui-même, n'hésita pas à adapter
l'entraînement par intervalles à la compétition préparée. Il voulait que
l'athlète aille suffisamment vite pour s'habituer à l'effort de compétition.
Ainsi Harbig, qui était spécialiste de 400-800, fit-il des séances
comprenant beaucoup moins de répétitions que le nombre préconisé par
Reindell à une vitesse dont on peut douter quelle ramène la fréquence
cardiaque à 120 puls/min en moins de 1'30" (Harbig pouvait répéter plusieurs
200m en 23-24").

Entre de nombreuses courses par intervalles accomplies à un train moyen et
moins de répétitions réalisées à des vitesses plus importantes, un homme
avait fait son choix.


5 1950 : l'entraînement par intervalles de Zatopek
Zatopek est celui qui a poussé à l'extrême les principes de l'entraînement
par intervalles (pour retrouver la vie d'Emil Zatopek cliquez ici). L'homme
n'était pas sujet à se laisser influencer par le travail à la sensation. La
raison et une idée force dirigeaient sa pratique.
La raison, Emil la voyait du côté de la science allemande déposée dans le
procédé de l'interval training. L'idée était que le corps s'endurcissait par
un travail toujours plus important. Ces deux notions ont conduit cet athlète
à accomplir des entraînements d'une difficulté extrême.
Respectant le principe de l'interval training, Zatopek divisait la distance
de compétitions en distances courtes (200, 400m). Selon lui, un coureur peut
préparer un 5000m en faisant des 100m à l'entraînement, il suffit pour cela
qu'il en fasse 50 de suite !
L'année qui suivie la guerre, Zatopek faisait déjà 20 x 400 dans une séance.
5 ans plus tard, un entraînement pouvait comporter 40 x 400m effectués en
1'10"-1'15". En 1953, il poussa la quantité d'exercices jusqu'à effectuer
100 x 400m entre 1'10" et 1'20" dans la même journée.
Si le procédé l'amena à réaliser de grandes performances sur les distances
égales ou supérieures à 10 km, selon lui, il l'empêcha d'être rapide sur des
distances plus courtes. Comparant son entraînement à celui du russe Vladimir
Kuts, il remarqua que tous deux partaient d'une base commune (20x400m).
Cependant, alors que lui ne fit qu'augmenter la quantité sans varier
l'intensité, Kuts ne toucha pas au volume mais couru chaque répétition de
plus en plus vite. Cette évolution de l'entraînement expliquerait pourquoi
ce dernier domina les distances courtes (5000m) alors que Zatopek excella
sur le long.
Dans les deux cas, l'entraînement était particulièrement poussé. Gordon
Pirie qui s'est inspiré du procédé de Gerschler, de la sévérité de
l'entraînement de Zatopek et de l'augmentation d'intensité utilisée par
Kuts, déclara avoir utilisé la méthode des intervalles matin et soir.
Ajoutés à un footing d'échauffement de 30' et un parcours de récupération de
15', ces entraînements l'amenèrent à accomplir des distances hebdomadaires
pouvant dépasser les 300 km.
Une telle dose de travail était alors considérée comme inhumaine par la
plupart des athlètes de "l'ouest". Même si elles sont partiellement fondées,
nous verrons que ces critiques s'expliquent en partie par un contexte bien
particulier. Mais auparavant, arrêtons un instant le cours de l'histoire et
revenons sur les procédés d'entraînement vus jusqu'à présent (1ère moitié du
20ème siècle).


Un récapitulatif
La liste des procédés d'entraînement déjà rencontrés s'établie comme suit :
- le "spécifique" : course à l'allure de compétition sur des distances
proches de l'épreuve et utilisation des compétitions pour progresser
- la course longue et lente
- la vitesse : course sur des distances courtes (100 m)
- le renforcement musculaire
- le fartleck : course en nature "à la sensation"
- l'interval training en quantité (Zatopek) : nombreuses répétitions de
courses comprises entre 200 et 400m, entrecoupées d'intervalles de
récupérations incomplètes.
- l'interval training en qualité (Harbig) : le nombre des répétitions est
beaucoup moins important, la vitesse plus grande. Les récupérations restent
incomplètes.

Cette liste apporte un panel assez complet des différents moyens de travail
possibles en course à pied. La première moitié du siècle a donné les
principaux procédés d'entraînement. Dans les décennies qui suivent,
l'originalité provient davantage de l'agencement de ces différents procédés
au sein de méthodes complètes d'entraînement.


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L'entraînement au 20ème s. : 1900-1950, procédés

Dans Volodalen

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