>> Sur quoi le [législateur] *magistrat* va-t-il bien pouvoir se baser pour
>> juger.
Tu as raison, c'est magistrat qu'il fallait écrire.
> C'est bien ce qui me gêne !
> Et qui remet en cause tout ce que je croyais avoir compris du droit
> français :
> A savoir : tout ce qui n'est pas explicitement interdit est autorisé,
> et tu ne peux être condamné que pour avoir transgressé une loi ou un
> règlement.
> En l'occurrence, il n'y a pas de loi ou de règlement qui régisse la
> plongée hors structure.
Je pense aussi, sauf que le Magistrat doit trancher. Il faut bien partir de
quelque chose.
Il aurait pu tout aussi bien dire :
Le mort était N1, mais çà ne compte pas, on dira qu'il était peu
expérimenté.
Le survivant était N2, mais çà ne compte pas, on dira qu'il était plus
expérimenté que la victime.
En droit français il existe la notion de mise en danger de la vie d'autrui.
Je crains que celà colle dans ce cas.
Le plongeur peu expérimenté n'avait donc pas les mêmes moyens d'évaluer sa
prise de risque en plongeant avec son copain. Qui de fait étant plus
expérimenté a exercé sans le vouloir une sorte de pression psychologique,
incitant à la prise de risque non correctement évaluée.
En français moyen, tu suis le plongeur expérimenté pour ne pas passer pour
un cachou.
Et on termine par les mêmes condamnations.
> Donc, il n'y a pas matière à jugement.
>
> Tout est foireux dans cette affaire : depuis la référence au niveau des
> plongeurs - et donc au CDS qui ne s'applique pas dans ce cas - en passant
> par la déresponsabilisation du "N1" (il le savait aussi que ce n'était pas
> prudent, et il n'avait pas un pistolet sur la tempe pour plonger),
Pas un vrai pistolet, soit, mais un "virtuel" = ne pas passer pour une
bille. Que savons nous des discutions qui se sont établies entre les deux
plongeurs ? rien, perso, si j'avais du faire cette plonge, j'y allai seul !
surtout si un N1 m'avait demandé de venir.... j'aurai refusé.
jusqu'à
> la sanction (18 mois avec sursis pour un homicide !) dont on sent qu'elle
> est tellement infondée qu'ils l'ont minimisée pour éviter un appel.
>
> Tout ça me rappelle la terrible sensation d'étouffement que j'avais
> ressenti en lisant "Le Procès" de Kafka.
Le talent en moins, si j'ose dire.
Pour revenir sur ce "pistolet virtuel", si je puis me permettre, j'ai plongé
un jour, avec un copain, nous avions l'intention d'aller assez profond, et
assez loin. Bi 20 sur le dos, relais 12 sur le côté et oxy à 6m.
Le temps de nous équiper de poser notre bordel une voiture arrive et deux
mecs en descendent, ah, vous allez plonger ? nous aussi, pas de Pb, le
siphon est à tout le monde... bref, il avaient des bi 10, et nous plongeons,
ils sont derrière nous, on fait notre plonge, au bout d'un moment je vois
des lumières derrière, putain ! ils étaient là les deux cons ! très loin de
l'entrée.... avec moitié moins d'air que nous !!!
On a fait demi tour, on a queuté la plonge à cause de deux cons qui nous
suivaient....
Surface ! on s'énerve un peu quand même, et qu'est ce qu'ils ont répondu ?
Je vous le donne Emile : ben on vous suivait ! comme çà ! sans rien
comprendre.....
On a éclaté = mais regardez vos manos ! vous êtes à 40 bars.... vous pensiez
aller encore loin comme çà ?
Bref, s'ils étaient morts ? aurions nous été tranquilles ? le juge aurait
peut-être cherché à nous responsabiliser..... il aurait fallu mentir, dire
qu'on ne les avaient plus vus dans l'eau..... mais dans nos têtes, quelle
torture....
Coupables de n'avoir rien fait..... mise en danger de deux imbéciles qui
voulaient nous suivre.....
Je ne suis pas magistrat, mais bon, ils sont vivants, j'espère qu'ils ont
appris quelque chose ce jour là, et nous on y est retourné une semaine
après.
Philippe Moya