L'usage de la dissonnance est peut-être vieux comme le monde,
et en tout cas attesté depuis le moyen-âge. Si l'on entend par
dissonnance un assemblage de sons qui n'ont pas entre eux de
rapports harmoniques (au sens physique).
Cependant elle a été utilisée de façon dialectique, c'est à dire
en opposition avec la consonnance, selon le principe :
- préparer une tension ;
- la faire entendre ;
- la résoudre.
C'est en particulier le cas dans les cadences, où l'alternance
est plus rapide et plus violente, afin de créer, par contraste,
un sentiment d'apaisement plus marqué (principe du marteau
chinois).
Selon ce principe une musique perpétuellement dissonnante
n'a donc pas plus de sens qu'une musique perpétuellement
consonnante.
Cependant le schéma précédent suppose, en partie, un acquis
culturel chez l'auditeur, puisque le sentiment de résolution lui
apporte la réponse à une attente induite par les séquences
semblables qu'il a déjà entendues (dans un style donné).
L'habitude venant, fut ressenti le besoin d'ajouter un peu de
sel à des choses trop entendues, d'où l'apparition d'accords
de 4 sons, d'abord bien spécifiques et préparés, par la suite
amenés de façon plus libre, puis accords encore plus riches
et / ou plus tendus, etc.
Mais toujours ce principe tension->détente.
Remarquons qu'à l'inverse ceux qui prétendent ignorer
totalement le rôle de la série harmonique font une impasse
peu soutenable, car les intervalles d'octave, quinte, tierce,
et septième furent historiquement acceptés dans l'ordre
même de leur place dans cette série !
Ce qui me dérange dans la musique dite "contemporaine"
(comme toutes les musiques l'ont été en leur temps), ce n'est
pas cette évolution de ce qui est considéré comme consonnant.
En effet, dans un cadre admettant des consonnances elle-même
plus "salées", il reste possible de les faire entendre comme un
apaisement de tension, pour peu que ce qui les précède soit
encore plus violent.
Ce qui me dérange, c'est ce que je perçois comme un évitement
délibéré de tout apaisement ; on a souvent l'impression que ces
gens considèrement toute consonnance comme une obscénité
(ce qui fut d'ailleurs théorisé par les plus extrêmes).
A partir du moment où tout est "permis", il n'y a plus moyen
de repérer un noyau de choses "interdites", c'est à dire promises
à se mouvoir vers du permis ; d'où une déconstruction de cette
alternance tension-détente qui, pour moi, est au centre de tout
intérêt musical.
(et d'un film, d'un bouquin... bref cela paraît lié au fonctionnement
de l'humain... et le fait est que cette musique sonne inhumaine ;
comment, d'ailleurs, ne pas relier cette impression avec des titres
du genre "marteau sans maître", "explosante fixe", et autres
expresssions glaciales qui, hélas, annoncent vraiment la couleur
du contenu).
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Alain Naigeon -
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