MELMOTH wrote:
> Le "sp�cialiste" du son et de la Musique, qui intervient de temps �
> autre ici-m�me, t'affirmera sans honte qu'une �uvre musicale n'existe
> _QUE PAR ELLE-M�ME_, et n'a absolument pas besoin d'�tre interpr�t�e
> ou entendue...
> S'il lit...Il ne devrait pas avoir trop de mal � se reconna�tre...
Oh l'autre, h� ! Mais il lit, vieil homme, et m�me mieux, il se reconna�t
derri�re ces propos fielleux qui traduisent assez le d�sarroi de celui qui
les prof�re.
Et il persiste et signe.
Et il s'explique sur des prises de position qui ont peut-�tre �t� lanc�es �
l'emporte-pi�ce, pour le plaisir de la pol�mique, mais dans Paul & Mick, y'a
pol�mique, non ?
Tiens, je lis des pi�ces de th��tre, beaucoup, �norm�ment. Et comme tout le
monde, quand je lis les r�pliques, dans ma t�te, j'imagine les intonations,
le ton juste, l'attitude des personnages, la fa�on dont on pourrait �noncer
telle ou telle phrase, la fa�on dont moi, je l'entends. J'imagine aussi le
d�cor, � partir des indications de l'auteur, si elles existent. Si elles
n'existent pas, ou si elles sont sommaires, mon imagination me suffit
amplement. Alors apr�s, si je vais voir la pi�ce au th��tre, je me dis, deux
point, ouvrez les guillemets : Tiens ! Je n'aurais pas dit �a comme �a.
Tiens, il en fait trop. Tiens, le d�cor est minable. Tiens, c'est
int�ressant, cette fa�on de laisser la phrase en suspens, bref, lorsque je
vois la pi�ce, avec des vrais acteurs sur un vrai th��tre, j'y trouve une
confirmation ou une infirmation de ce que j'imaginais, j'y trouve aussi des
�clairages auxquels ne n'avais pas pens�, des pistes qui m'avaient �chapp�.
Bien s�r, une pi�ce est faite pour �tre jou�e, mais si je ne la vois jamais
la pi�ce, le texte me suffit amplement, et il y a des centaines de pi�ces de
th��tre que j'ai lues et que je n'ai jamais vu repr�sent�es. Et certaines
que je pr�f�re ne jamais voir, de crainte d'�tre d��u.
Il se trouve que je lis la musique comme je lis un texte. Oh, il ne s'agit
pas d'un don exceptionnel, de quelque capacit� inn�e et rarissime d'origine
magique ou extra-terrestre, mais tout simplement du r�sultat d'un
apprentissage long et rigoureux, et commenc� jeune. Les f�es ne se sont pas
pench�es sur mon berceau, les salopes, (et je le regrette. D�j� bambin,
j'eusse aim� tripoter les nichons opulents de mes accortes marraines) mais
j'ai appris, j'ai �tudi�, j'ai travaill�, et tous ceux qui suivent le m�me
apprentissage, et ils sont l�gion, sont parfaitement capables d'en faire
autant (mais ceux qui pensent qu'on peut y arriver en 10 le�ons avec une
m�thode miracle se fourrent le doigt dans l'oeil). Comme tous les musiciens
qui ont suivi cet apprentissage, je suis devant une partoche comme devant un
math�maticien devant une page d'�quations ou comme mon pote Marcel devant
une notice de montage d'un meuble Ik�a (il m'�pate, Marcel. Moi, je n'y
comprends rien). Les notes �crites sur le papier sont aussi limpides pour
moi que des mots sur la page du livre, et les indications de nuances, de
tempo, sont aussi claires que les didascalies d'une pi�ce de th��tre (et
quand bien m�me ces indications de tempo ou de nuances n'existeraient pas,
je suis persuad� qu'une oeuvre les porte presque toujours en elle-m�me et
que si l'on place la m�me partoche devant deux cents intrumentistes sans
leur dire comment, ni � quelle vitesse il faut la jouer, 90% trouveront
spontan�ment le m�me tempo et les m�mes nuances, il faudrait faire
l'exp�rience). Lorsque tu dis que je pr�tends "qu'une oeuvre n'a absolument
pas besoin d'�tre interpr�t�e ou entendue...", c'est vrai et faux. J'ai
besoin de l'entendre, bien s�r, mais pas forc�ment avec mes oreilles. Pas
forc�ment avec un disque. Pas forc�ment avec un interpr�te. Pas forc�ment
sous forme de vibrations sonores. �a s'appelle l'audition int�rieure,
facult� qui n'a rien de myst�rieux ou de paranormal, que tout le monde
poss�de, mais qui se travaille, s'entra�ne et peut s'am�liorer de fa�on
stup�fiante. Et �a finit par devenir aussi naturel que la lecture
silencieuse. Il faisait comment, Beethoven, pour �crire ses symphonies alors
qu'il �tait sourd comme un pot ? Il faisait fonctionner son audition
int�rieure. Bien s�r, tu me diras que je suis pas Beethoven (je ne suis m�me
plus bitovent, d'ailleurs). Mais enfin, le g�nie en moins, c'est un exercice
qu'on demande � tous les �l�ves des classes d'�criture musicale. Tu n'as pas
besoin qu'on te lise � haute voix mes �blouissantes contributions pour les
comprendre, non ? Bien s�r, puisque tu sais lire. Et bien je n'ai pas besoin
d'entendre une sonate de Machin pour savoir � quoi elle ressemble et comment
elle doit sonner. Et pour y prendre autant de plaisir qu'� la lecture d'un
bouquin de John Cowper Powys. La partoche me suffit.
Et puis, je ne vois pas pourquoi je me justifie. Si tu cherches la castagne,
tu vas la trouver. Le temps de r�cup�rer mon gant, et on se retrouvera sur
le pr�, avec nos t�moins. Je suis l'offens�, j'ai le choix des armes. Je
choisis le mortier M�rser Ger�t 040 de 600mm. Je tire le premier.
--
Paul & Mick Victor
non mais des fois !